L'apprentissage des petits aliens (8/11)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'apprentissage des petits aliens (8/11)
Message du Professeur Zolmirel

 

Le début de ce long texte venu d'une seule traite est consultable ici :

 

 

 

Ils le lurent ensemble, attablés l'un près de l'autre. Cela les accapara longtemps. Une fois le récit achevé, ils réalisèrent qu'ils pleuraient.

 

  • C'était un valet, fit Nerti avec conviction. Elle a peut-être été recréée à l'identique.

  • Non, fit Zilner. Souviens-toi, il est défendu aux généticiens de créer deux fois la même créature. Cet honneur n'est réservé qu'aux premiers. Les valets sont forcément différents.

  • Oui, mais ils peuvent comporter des différences mineures. Un généticien a pu inscrire de très légères différences en son ADN, pour que son âme revienne l'habiter. Nous la trouverons ! Nous trouverons qui elle est devenue ! Elle doit être à peine plus jeune que nous, fit Nerti.

  • Elle doit être plus grande, exposa Zilner. La croissance des valets est très rapide. Mais je n'ai jamais vu de petits valets à bord des vaisseaux. Pour devenir l'élite, ils sont placés dans des instituts très fermés, dont ils ne sortent pratiquement pas.

  • Nous devons essayer de la trouver par l'esprit. Le nom du vaisseau est déjà un bon indice. Ensuite, nous saurons qui est notre créateur, émit résolument Nerti.

 

Les enfants étaient épuisés, ils regagnèrent leur chambre pour y méditer, mais tombèrent endormis. Ils s'éveillèrent juste pour dîner.

 

Le passage psychique se referma.

 

 

 

J'avais été ébranlé positivement par cette vision, par cet échange trans planétaire, auquel les sages de notre temps officiaient avec un immense dévouement. Ne faisaient-ils pas éclore de nouvelles fleurs en des esprits éteints, par une telle action de grâce ? Les enfants agissaient de même manière qu'avec ces mondes stériles où nous semions la vie. Ils butinaient les esprits sombres, cupides, des généticiens aliens, pour en faire jaillir une minuscule graine d'espoir. Leur pensée pure, parfaite, immensément puissante, pouvait opérer de tels miracles. Peut-être cela ferait-il advenir des fleurs nouvelles très surprenantes ?

 

Je rejoignis Amoni, justement occupé à soigner les fleurs sur la terrasse. Nous étions comblés que les enfants puissent trouver nombre de réponses à leurs questions. Il était tout naturel qu'ils souhaitent retrouver leur mère, même si celle-ci avait sans doute pris la forme d'une très jeune alien dans sa réincarnation récente.

 

  • Cela arrive t-il ? demandais-je à mon ami. Que deux êtres se retrouvent une vie plus tard ?

  • Bien sûr ! fit-il en riant. N'en sommes-nous pas la preuve ? Nous nous sommes reconnus ! Et vous avez reconnu Zilmis ! Il vous a reconnu de même.

  • Que va t-il se passer si les enfants nous ramènent une nouvelle petite alien à la maison, en disant qu'elle abrite l'âme de leur mère ?

  • Je pense que cela n'arrivera pas, pas tout de suite, émit Amoni sagement. Ils sont encore trop jeunes pour la reconnaître. Si elle veut vraiment leur bien, elle viendra à eux une fois qu'ils auront dépassé leur âge d'enfant.

  • Ils se reconnaîtront, alors, ils vont la retrouver... murmurais-je, favorablement impressionné

  • C'est bien certain. La mort ne peut effacer de tels liens.

  • Songez-vous que cette enfant puisse avoir les mêmes traits que son ancienne apparence ? demandais-je à Dorian qui était installé près de la porte.

  • Oui, l'ADN commun suscite la même apparence, mais ce n'est pas toujours le cas, dit-il en riant. Orel a un frère, s'amusa t-il. Et on peut dire qu'ils ne se ressemblent guère !

  • C'est parce qu'il est bien plus patient que moi, répondit Orel en s'esclaffant.

  • En fait, je ne suis pas sûr que le contraire puisse exister, émit Dorian en riant.

  • Tu ne dirais pas cela si une légion de pirates était à nos trousses. Oublies-tu qui leur a échappé la dernière fois pour venir en aide à ces naufragés ?

 

Dorian et chacun d'entre nous rirent de bon cœur. Je parlais de ce qui m'intriguait présentement.

 

  • Cette action que tentent les professeurs pour faire changer les Gzokis et les Denakhs est admirable, assurais-je. Je me demande si quelques plantes subsistent sur Thamnoth.

  • C'est un monde où nous ne pouvons aller. Pour l'instant, reprit Dorian. Vous l'avez dit, les habitants doivent changer d'abord. Ils se sont tellement enfoncés dans la noirceur, que même un semblant de lumière pourrait à leurs yeux représenter un danger. Des génies à moitié fous officient là bas. Ce sont pour certains de grands généticiens, mais ils auraient tôt fait de découper le moindre visiteur en rondelles, par méfiance et pour les expériences.

  • C'est dommage, fis-je, sincèrement peiné. Je commençais à songer à certaines variétés de plantes qui pourraient voir le jour sur ce monde. Cela redonnerait un peu d'espoir aux habitants.

  • Cela se fera, me dit Dorian posément. Il faudra juste un peu de temps. Le lien s'est mis en place maintenant. Le plus important va avoir lieu.

 

 

 

Cette conversation avec Dorian date de deux siècles, mais je m'en souviens très bien. Effectivement, de grandes choses ont eu lieu. Le monde des Gzokis a commencé à changer. Quant à celui des Denakhs, il a été complètement modifié. Suite à des révoltes silencieuses, puis à la venue d'un souverain éclairé, l'esclavage et les castes ont été complètement abolis. Les jeunes clones ont été de nouveau considérés avec bonté. Les aliens cruels qui les maltraitaient, ont du changer radicalement d'attitude. Beaucoup de jeunes êtres ont été soignés puis confiés à des familles avec succès.

 

Il va de soi que sur mon monde et dans tous les mondes alliés, certaines pratiques étaient formellement interdites. Elles ont été de même abolies depuis peu par tous les navigants stellaires. Les activités ont été strictement réglementées à bord des vaisseaux. Le décolmatage des grilles de réacteurs en activité par des êtres vivants a été formellement interdit. Pour nettoyer les fines particules de glace et de roche, la « poudre spatiale », il faut obligatoirement se poser. Cela est mieux pour l'équipage et aussi pour le vaisseau. Les collecteurs d'hydrogène à flux direct, ont été remplacés par des dispositifs latéraux, aspirant les ions d'hydrogène lourd par captation électromagnétique instantanée. Les dispositifs semi-latéraux, utilisent des barres d'éjection, permettant de chasser les blocs de poussière spatiale.

 

Donc, l'action des enfants Denakhs a permis tout cela. Cette vision, ce futur, s'est réalisé.

 

Je vous salue bien, amis de la Terre bleue, je vous dis merci d'avoir suivi ce voyage. Maintenant, grâce à lui, vous commencez à entrevoir que nous tentons de toucher votre monde de la même manière, pour y amorcer un changement véritable. Votre idée de la vie dans l'espace évolue et nous en sommes bien aise.

 

 

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :

 

 

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