L'apprentissage des petits aliens (7/11)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'apprentissage des petits aliens (7/11)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

Ils étaient étendus dans la petite salle d'hypnose.

Ils se relevèrent, fixant le professeur Linelys avec effarement. La séance d'hypnose avait été assez longue. Nerti et Zilner avaient tous deux mal à la tête, elle leur donna un remède.

Ensuite, elle leur tendit un long rouleau imprimé.

 

  • Merci beaucoup de nous avoir montré tout ceci, fit le sage petit Zilner.

  • De rien, mon enfant.

  • Pourquoi avons-nous été sauvés et amenés ici, et pas les autres clones de ce vaisseau ? questionna Nerti avec intensité. Cela est-il juste ?

  • Je ne puis répondre à cette question, fit la vénérable alien. Mais en ton cœur tu trouveras la réponse.

 

Nerti et Zilner saluèrent la grande alien et la petite assemblée d'astronomes, puis sortirent.

Leur esprit demeura dans un état de flottement conséquent. Lorsqu'une autre pensée se présenta à eux. Ils n'avaient point déjeuné !

 

Ils allèrent donc se rassasier, attablés à côté d'autres petits aliens. Chacun des petits êtres éprouvait lui aussi cette sensation de joie un peu folle. Ils avaient aussi vécu une régression hypnotique. Tous ensemble, ils avaient découvert qu'ils faisaient partie d'une très grande histoire.

 

Nerti et Zilner relatèrent une partie de leurs péripéties à leurs amis, puis ils gagnèrent la grande salle de réunion, où le professeur Zablinsk les attendait.

 

  • La semaine précédente, commença le professeur, nous avons regagné notre planète première, Thamnoth. A partir de l'amorce de ce lien télépathique premier, nous avons pu découvrir son peuple, les Gzokis. Je souhaite maintenant que nous accomplissions un travail d'importance. Celui pour lequel vous êtes venus sur ce monde. Ensemble, nous allons appeler vos frères, qui travaillent à bord des croiseurs. Nous allons tous les appeler, et ils vont nous entendre.

  • Pourquoi nous enjoignez-vous d'agir de la sorte ? demanda un petit alien au teint mauve.

  • Parce qu'aucun alien, qu'il soit clone, valet, ou premier, ne mérite de vivre dans l'esclavage.

  • Les premiers ne sont point des esclaves. Ce sont eux qui nous donnaient des ordres et ensuite nous devions faire tout le travail ! protesta le jeune être.

  • Ils sont leurs propres esclaves, les premiers obéissent aussi à une hiérarchie.

  • Cela n'est-il point dangereux d'agir ainsi ? Cela ne risque t-il pas de susciter leur courroux ? Il serait bien embarrassant d'avoir affaire à plusieurs centaines de milliers de vaisseaux de guerre … , émit Nerti.

  • Une très intéressante question. Qui amuse les anciens, précisa le professeur. Notre monde est parfaitement en sécurité. Les premiers éclairés et les diplomates siégeant à la tête des différents postes galactiques savent tout de nous, savent tout des êtres en souffrance. En cas de besoin, les êtres de Lumière et les Créateurs de mondes eux-mêmes nous protégeront. N'ayez donc nulle crainte. Leur concours en cet instant nous est pleinement offert.

 

Un murmure timide parcourut le petit groupe d'enfants impressionnés. Ces êtres immenses étaient rarement évoqués, cela leur redonna confiance.

 

  • Nous sommes des enfants, nous sommes juste des clones, reprit le petit alien mauve. Nous ne sommes certainement pas suffisamment habiles pour agir ainsi.

  • Bien sûr que si, reprit le professeur avec force. C'est une étape indispensable, vous faire prendre conscience de qui vous êtes, de votre importance. Ce message ne peut venir que de nous mes chéris, nous devons aider nos frères de l'espace. Nous sommes très puissants, parfaitement à même de le faire. Eux souffrent et n'ont pas la chance de vivre en un lieu aussi fleuri. Nous allons retourner sur Thamnoth, là nous prendrons attache avec les êtres du passé, ceux que nos lointains ancêtres ont du abandonner pour voguer dans l'espace. Nous arriverons ainsi à retracer l'empreinte qu'a laissé chaque vaisseau dans l'espace, puis à nous approcher de ses occupants actuels.

     

 

Les enfants fermèrent les yeux, attentifs à suivre la voix de leur mentor. La planète sépulcrale, Thamnoth surgit peu à peu, le temps remonta. Elle apparut alors, garnie de vergers, de marais, de zones fertiles. Des légions de vaisseaux brillaient, alignées avec faste sur un embarcadère. Chaque vaisseau faisait 800 mètres de long environ. Les plus vastes étaient stationnés dans l'espace. La guerre eut lieu, alors la planète fut ravagée.

 

Tous les croiseurs capables de voler s'en furent, loin dans l'espace. Le Grand Voyage commençait, celui des croiseurs héroïques cuivrés, des premiers temps. Les colons s'en furent, avec à bord les généticiens chercheurs, travaillant d’arrache-pied, pour recréer des individus en meilleure santé. Le temps passa en accéléré. Plusieurs génies parvinrent à stopper le dégénérescence cellulaire des premiers et à soigner ceux qui pouvaient encore l'être. Puis, ils mirent au point les premiers valets. La flotte massive de croiseurs se regroupa. Tous les Denakhs partageaient le même fol espoir.

 

La dynastie régnante se constitua, peu à peu engendrant le système des castes. Les aliens Denakhs avides s'installèrent près des lunes minières de Shanildra, Manza I et Manza II.

 

Le palais-vaisseau commença à se construire. Puis, toute la cité impériale des Denakhs transparut dans sa magnificence. Le temps passa, progressant jusqu'à l'époque présente. Rien n'avait changé. La cité impériale était gigantesque.

 

Il s'agissait d'un ensemble immense de croiseurs, de frégates, de longs courriers, de corvettes et d'escorteurs millénaires. Chaque vaisseau avait été arrimé là, et brillait sous l'éclat des étoiles lointaines. Chaque vaisseau était arrivé, mais n'avait plus volé depuis des éons. Des légions de créatures serviles, consciencieuses obéissaient aux ordres d'une impératrice impitoyable, perpétuant l'élevage des clones en couveuses. Les vaisseaux formaient comme une allée gigantesque, aboutissant au palais-vaisseau, la cité impériale était très étroitement surveillée.

 

La pensée de Nerti jaillit dans ce néant ordonné, froid, implacable. Il aperçut un tout jeune clone occupé à polir une cabine d'élévateur. Le petit être surpris se retourna. Il vit alors toute la scène, le groupe d'enfants concentrés, le professeur dévoué, les autres aliens plus sages et plus grands qui, amplifiant ce chant télépathique d'espoir infini, le faisaient résonner avec force dans toutes les profondeurs de l'espace. Le petit clone entendit le pépiement joyeux d'un oiseau rouge et or occupé à chanter sur une branche par la fenêtre entrouverte. Il fut frappé par la beauté verdoyante de la belle planète forestière, marécageuse. Il sourit largement.

 

La pensée de Nerti rebondit, trouvant un autre petit innocent occupé à remplacer une paroi blindée, suspendu dans le vide à plus de 300 mètres de haut. La créature glapit et se retourna. Au lieu de l'éclat froid et chatoyant des éclairages d’apparat rosés, verts et bleuâtres du palais-vaisseau, un paysage émeraude fastueux lui faisait face. Son regard en fut transporté.

 

Un premier grincheux arpentait un couloir en se querellant avec un valet surchargé de bagages. Des piaillements de colère retentirent. Les êtres s'interrompirent, figés de stupeur par ce spectacle. Qui pouvait ainsi agir de la sorte ? Qui donc pouvait engendrer de telles visions ?

 

Les pensées des enfants joyeux fusèrent à bord des vaisseaux, agissant par l'esprit pour toucher autant d'aliens que possible. Ils survolèrent un gigantesque long courrier en partance, l'officier chargé de contrôler l'altimètre et la poussée inverse tressaillit sur son siège.

 

Un petit clone gracile en combinaison blanche évoluait au dessus des redoutables réacteurs avec une perche de dé colmatage. Il avait réussi à repousser un gros bloc de glace qui alla se fracasser sur les blindages. Un autre clone craintif remonta aussitôt le treuil. La belle vision habita les deux petits aliens épouvantés. Émus jusqu'aux larmes, ils s'étreignirent.

 

Un premier singulièrement voûté, repoussant de laideur, courtisait avec timidité une alien d'âge certain couverte de rides, qui, de toute évidence, le trouvait sublime. Face à la belle vision, ils s'étreignirent sans s'en rendre compte en tremblant d'effroi. Passé ce moment d'égarement, ils en vinrent à s'excuser aussitôt de telles familiarités.

 

Dans une cuisine, un alien sévère corrigeait durement un petit clone qui avait malencontreusement ébréché un plat ouvragé. Des cris s'élevèrent et la petite créature glissa sur le sol. La vision mit fin à cette scène révoltante. Le valet colérique se figea de peur. Le petit clone parvint à échapper à son maître brutal.

 

Les aliens s’entre regardaient sans comprendre. Tous, ils avaient tous vu la même chose par l'esprit. Quel était cet endroit verdoyant et que se passait-il ? Qui étaient ces enfants ? Que leurs voulaient-ils ? Les anciens Gzokis avaient-ils réussi à faire reverdir Thamnoth ?

 

Passé ce moment d'effroi, la joie s'empara des cœurs. L'espoir s'était élevé, chassant l'horizon sombre de leur vie de servitude. Peut-être après tout qu'une autre vie était possible ? Une vie douce, sereine, paisible, comme ces étoiles de pureté que constituaient chacun des enfants réunis.

Le plus surprenant était qu'il s'agissait de jeunes clones. Comment avaient-ils donc réussi à projeter leur esprit si loin ? Comment concevoir seulement un tel prodige. Les aliens discutèrent avec animation de tout ceci. Aussi secoués qu'eux, les dirigeants n'eurent point le cœur de le leur interdire. Après tout, eux aussi désiraient voir reverdir Thamnoth. Peut-être qu'une autre vie allait leur être offerte ?

 

Le flux télépathique enfla et se replia. Les enfants se sentirent vaguement évanescents. Il en était toujours ainsi après une projection télépathique.

 

  • Félicitations mes chers enfants ! Nous avons réussi au delà de tous les possibles ! Nous avons atteint leur pensée ! Nous savons où sont nos frères à présent, émit le professeur Zablinsk.

 

Le cours s'acheva et tous les enfants sortirent pour aller gagner une salle d'étude, de détente, ou de repos.

Nerti et Zilner se regardèrent. Ce cours n'était en vérité pas ordinaire ! Ils frémissaient de joie à la pensée qu'ils avaient pu revoir les leurs, ils étaient si proches ! Leur peuple était immense. Ils se disaient la même chose. Ils se dirigèrent vers une salle de repos, où des petits groupes d'aliens étaient attablés devant des boissons pour deviser.

 

  • Peut-être que l'un des nôtres a survécu ? Peut-être notre mère est elle parmi eux ? fit Zilner

  • Je crois que le moment est venu de lire ce récit que nous a remis la sage Linelys après la séance d'hypnose, répondit Nerti.

 

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