La non ingérence (6/6)

Message du Professeur Zolmirel (suite et fin)

Le soir venu, le petit Xalol s'éveilla, bien reposé de son excursion en forêt. Il y avait une surprise. Erazel était venue !

Il la contempla d'un œil radieux.

• Mais quel adorable petit ! Tu ressembles à un jeune papillon sur le point de s'envoler, lança-t-elle en le serrant dans ses bras.

• Oui, c'est vrai, je voudrais m'envoler dans l'espace, répondit Xalol d'un air ravi.

• Tu me combles de joie ! assura Erazel en l'embrassant.

Nous avons passé un excellent moment. Erazel mit le couvert en faisant voler les ustensiles à travers la pièce, ce qui amusa beaucoup le petit alien. Lorsqu'elle prit place à table, elle poursuivit ses tours. Xalol vit les ustensiles garnis de condiments effectuer de joyeuses pirouettes, avant de se poser dans sa main.

Émerveillé, il la questionna.

• Oooh ! Comment as-tu fait cela ? As-tu utilisé du fil invisible ?

• Non, mon cher enfant, dit-elle en riant. Pour les nôtres, il est aisé de déplacer des objets. Lorsque l'on devient âgé, cela est de plus en plus facile.

• Et pourquoi ? demanda Xalol intensément.

• Parce que notre vie intérieure est plus dense. On se détache des choses, nous sommes habiles à entrevoir ce qui est invisible, les liens des objets à la gravité, leur poids, et l'amusement d'un petit alien ! lança t-elle avec un clin d’œil.

• As-tu toi aussi voyagé dans l'espace ? répondit le petit Xalol avec une folle curiosité.

• Oui, tout à fait. C'est l'une de mes activités favorites ! Une bonne journée commence par un vaisseau en perdition réparé, plus deux volcans menaçants stabilisés et un long courrier intégralement remis à neuf ! Il faut un peu pimenter notre existence ! Que serait notre vie sans rencontrer deux ou trois sauriens affamés ?

• Et tu arrive à faire toutes ces choses ? lança l'enfant avec une admiration éperdue en éclatant de rire.

• Oui, absolument, assurais-je. Erazel est notre ancienne. C'est elle qui s'occupe de tout ce qui a trait au péril durant les missions stellaires.

• Vous êtes si sérieux, il faut bien que quelqu'un se charge de la partie la plus amusante ! émit-elle avec espièglerie.

   

Xalol, ainsi que nous tous avons ri de bon cœur.

Un peu plus tard, Amoni profita d'être dans la cuisine pour discourir avec Erazel.

• Ses parents m'ont prié de chercher à encourager ses aptitudes agricoles. Il n'est point très approprié de lui parler de l'espace avec autant d'entrain, parvint-il à exposer. Même si c'est très louable de divertir ainsi Xalol comme vous le faites.

• Il n'est point sage de songer à influencer ou contraindre un enfant en ses choix. Le fait de chercher à enfouir son attrait pour l'espace au fond de lui, ne fera que le rendre plus grand encore. Je le vois briller en ses yeux, émit Erazel avec bienveillance. Il est encore très jeune bien sûr, mais il sait ce qui est bon pour lui.

Erazel et Amoni revinrent avec un dessert qui embaumait le coulis de fruits. Il s'agissait d'un gâteau à plusieurs étages. Chacun y fit honneur, le petit Xalol perdu en une songerie heureuse.

Cette journée avait été assez intense pour moi aussi. J'avais ressenti avec émoi toute la pureté et la force de ses émotions d'enfant. Un contentement agréable me gagna. J'étais rayonnant de voir ma famille réunie autour de moi. C'était le plus beau cadeau que la vie avait pu m'apporter.

Je fais le vœu qu'un même soleil puisse illuminer vos existences.

Je vous salue bien, chers amis de la Terre bleue, et songe à vous avec affection.

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