L'écrin d'émeraude (3/3)

Message du Professeur Zolmirel (suite et fin)

 

 

 

Un petit lac d'eau très chaude attira notre attention. Nous en avons récolté une partie.

 

Ensuite, nous avons progressé vers le fond de la grotte. Un spectacle d'une indicible beauté se révéla alors. Je peinais à en croire mes yeux.

 

C'était magnifique, et chacun de nous versa des larmes de joie. Une eau très pure miroitait en un petit bassin. La roche phosphorescente tout autour luisait de blanc crème et de rosé.

 

Au dessus, des plantes magnifiques et des formes de vie biominérales s'épanouissaient. Je perçus des rivières de verdure émeraude, vert d'eau, bleu vif ou blanc pur. Toute cette vie nous appelait. Nous nous sommes approchés, restant à bonne distance pour ne pas perturber cette vie si rare.

 

Des perles de lumière flottaient entre chaque plante. Je bégayais de bonheur. Chacun passa un temps certain à prendre des clichés. Limmel identifia plusieurs types de plantes qu'elle reconnut au premier coup d'oeil.

 

• Ces formes-ci sont vraiment très étranges. Elles émettent leur propre lumière, je n'ai jamais vu cela. Et leur déploiement aussi est très étrange, fit-elle en montrant plusieurs sortes de plumets. On dirait que toute leur structure cellulaire a muté en autre chose de plus... métaphysique.

• C'est comme une forme de vie extradimensionnelle, ajouta Erazel. Comme si on se tenait au seuil de quelque chose de bien plus grand.

• Pensez-vous que le cœur de cet astéroïde soit habité ? demandais-je par la pensée à Amoni.

• Ca ne fait aucun doute, les mondes les plus grands sont habités par des êtres sages qui les veillent.

   

Nous étions si émerveillés, que nous avions presque oublié l'essentiel. Nous devions prélever des échantillons, au niveau du sol et à bonne distance uniquement. Nous étions presque certains d'y découvrir des spores et du pollen.

 

Chacun de nous s'exécuta, et murmura une prière. Erazel s'approcha à son tour, effaçant nos traces au niveau du sol. Nous sentions là quelque majestueuse puissance en action.

 

Nous nous en sommes retournés, heureux de cette magnifique découverte.

Un Amoni bienveillant s'approcha de l'animal endormi. Il fit un bandage sur sa patte sans l'éveiller, avec une sorte de paille végétale qui se dissoudrait en quelques jours.

 

Encore une fois, j'admirais le courage de mon ami. Il en fallait pour oser soigner ainsi toutes sortes de créatures menaçantes.

 

• Cela va cicatriser, fit un Amoni confiant. Il faudra qu'un soigneur surveille les pensées de ce lieu pour vérifier s'il va bien.

• Ce sera fait, émit Kalahar, mais pas par moi. Je ne suis pas très à l'aise avec les animaux féroces. L'univers des plantes m'est plus agréable, dit-il en riant.

 

Il nous invita à quitter ce lieu bien vite. Nous sommes repassés près du volcan. Cependant, le vent avait changé de sens. Une chaleur suffocante régna bientôt. Nous marchions en hésitant sur des roches de plus en plus brûlantes.

 

Il nous fallut pousser au maximum nos déflecteurs et nous élever sans plus tarder dans l'air, afin de parvenir indemnes au sommet de la caldeira.

 

Un peu désorientés, mais ravis, nous avons contemplé le volcan rougeoyant au loin dans l'air crépusculaire. C'était un spectacle étourdissant de beauté. Nous sommes restés à l'admirer et à nous remettre de nos émotions, puis avons regagné notre esquif.

 

Chacun chargea les échantillons, ravi de notre récolte. Cependant, une sourde menace se profilait.

 

Un animal proche d'une sorte de singe aux longues dents proéminentes et muni de griffes se précipita pour nous assaillir. Son pelage superbe était bleu pâle, mais il semblait peu porté sur la conversation.

 

• Vous n'êtes pas invité à monter à bord, fit tranquillement Erazel en le balayant aisément d'un simple geste.

   

L'animal hargneux poussa une plainte stridente. Quatre autres animaux surgirent à leur tour. Minel alors, projeta son fluide en une onde implacable. Les singes hargneux semblèrent heurter une porte invisible. Ils tombèrent les uns sur les autres, s'expliquant avec force grondements.

 

Erazel en envoya valser quelques autres dans les airs. Ayant fait un joli vol plané dont ils ne comprenaient pas l'origine, ils s'enfuirent en couinant.

 

• Excellent ! fit notre guide en riant. Vraiment, on ne s'ennuie pas avec vous !

• C'est un plaisir ! assura notre si sage ancienne.

 

Nous sommes montés à bord du vaisseau, heureux, mais un peu fourbus par cette expédition.

 

Je laissais aller mes pensées, contemplant le clair obscur fascinant dessiné par l'étoile dorée. La lumière fastueuse soulignait chaque cratère d'un cercle d'or. Les montagnes effilées étiraient leurs ombres à l'infini. Une joie très grande m'envahit. Malgré la faune hostile et le péril du volcan tout près, notre mission avait été un succès. Tout le monde était indemne, et notre récolte d'échantillons était promesse de nouvelles découvertes !

 

Notre esquif revint près de la citadelle. Zilmis désigna à tout le monde une file de vaisseaux en piteux état, qui venaient d'arriver au niveau du centre de maintenance..

 

Minel s'enquit de l'état de Limmel, qu'elle considérait comme sa jeune sœur.

 

• Toi grand courage ! J'espère nous faire bien d'autres voyages ensemble !

• Avez-vous apprécié cette expédition ? questionna Amoni.

• Apprécié n'est pas le mot que j'emploierai pour tout, mais notre découverte finale valait vraiment tous les périls que nous avons traversés ! lança-t-elle joyeusement. Je n'ai jamais vu autant de plantes mystérieuses !

 

Une fois que nous sommes revenus à l'aire d'embarquement, Minel l'étreignit en descendant du vaisseau. Chacun de nous en fit autant. Il en était ainsi dès que nous revenions victorieux d'une expédition.

 

Je vous salue, chers amis de la Terre bleue et vous souhaite aussi de vivre de belles escapades ! Recevez toute notre gratitude !

 

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