Le croiseur héroïque (4/4)
Message du Professeur Zolmirel (suite et fin)
Nous sommes descendus sur le quai, rejoignant notre fidèle guide Kalahar. Il connaissait très bien Dersima.
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Ce vaisseau a vraiment besoin de vos compétences, exposa Dersima, à un lézard imposant, qui le contemplait d'un œil averti.
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C'est incroyable qu'il soit parvenu à atterrir, fit-il d'un air abasourdi. A moins que vos sages n'aient procédé là à quelque magie à l'intérieur. Nous allons nous en occuper de suite, émit-il joyeusement.
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Il se trouve effectivement que les meilleurs experts ont agi sur la structure, émit Dersima avec bonté en fixant Erazel.
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C'est une très bonne chose, fit le lézard. Nous avons aussi les experts les plus efficaces.
Chacun de nous, muni de ses bagages, gagna un petit balcon. De loin, nous pouvions voir les travaux qui commençaient, sans gêner aucunement.
Un alien un peu évanescent fut amené près du vaisseau, installé sur un fauteuil sculpté. Une musique joyeuse commença à enfler, jaillissant d'on ne sait où. Il se mit à chantonner, empli d'une joie communicative, comme un enfant. Alors, son siège s'éleva dans les airs, et il tournoya, au gré de la musique. Puis, tous les objets nombreux présents à l'intérieur du vaisseau sortirent d'un même mouvement sous les yeux effarés du capitaine et de sa famille. Les malles et les caisses furent disposées en premier, près du mobilier, puis les vases et les objets fragiles s'envolèrent jusqu'à des étagères.
Tout ceci ne dura que quelques minutes. L'alien vénérable regagna le sol, puis en vint à s'assoupir.
Il fut emmené par d'autres aliens vers ses appartements.
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On ignore comment il fait cela, émit Kalahar.
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Je n'ai jamais rien vu de tel, commenta Erazel. Il n'a pas ébréché le moindre vase ! C'est un très grand pouvoir.
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Il comprend tout, mais il a un peu de mal à communiquer. C'est un alien un peu absent maintenant. Malgré tout, il continue d'aider au chantier, il assiste à chaque rénovation. Il dit que c'est sa récompense, de voir les vaisseaux antiques arriver, et repartir comme s'ils venaient d'être construits.
Zilmis, qui possédait une très grande habileté en matière de réfection de vaisseaux, était perdu en une songerie heureuse.
Notre première journée sur Dersima, fut consacrée à la visite du très vaste centre de maintenance.
Il nous fut donné d'assister à l'atterrissage d'une épave de cargo, qui venait d'être remorquée dans l'espace. Les opérateurs du chantier géant agissaient avec une infinie précision, pour la positionner dans son alvéole. C'était très dangereux, car des fragments pouvaient se détacher, et heurter les bâtiments en dessous.
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C'est pour cette raison que chaque vaisseau est entouré d'un champ protecteur, exposa notre guide. En plus, un filet magnétique a été posé au dessus de la cité.
Un autre vaisseau apparut bientôt dans le lointain, puis un troisième. L'activité de ce lieu était prodigieuse. On découpait, on sciait, puis on soudait de grandes plaques de métal.
Le vol spatial avait effectué d'importants progrès, encore plus vite que pour vos ordinateurs. C'était pour cette raison que chaque navire devait constamment être amélioré.
De même, une longue file de pièces en mauvais état apparut. C'était tout ce qui était régulièrement récupéré dans l'espace, concernant les routes spatiales. Certains peuples avaient encore des avaries, et d'autres ne possédaient pas autant de scrupules que nous, pour trier et retraiter chaque fragment de métal.
C'était un spectacle amusant. Les pièces métalliques gagnaient chacune une file distincte et plongeaient vers le four adapté. Les autres composés gagnaient un convertisseur delta pour y être recyclés.
En soirée, Zilmis resta rêveusement à la fenêtre, afin de contempler les grands oiseaux de métal et de céramique qui se posaient. Le soleil se levait à la surface de l'astre.
Il éclaira bientôt l'autre portion du complexe, là où les ateliers tournaient à plein régime. Les fours laissaient échapper une discrète vapeur. Celle-ci était purifiée, et servait à créer des nuages artificiels autour du complexe, pour filtrer les ultraviolets, tout en améliorant le chauffage des bâtiments.
Je le vis soudain. Un bel éclair d'or pur étincela dans le lointain. Un vaisseau très effilé en forme de flèche jaillit subitement. Sa silhouette était d'une harmonie parfaite. Il luisait d'un éclat tout doré somptueux. Le temps parut suspendre sa course. A peine un instant plus tard, et il avait déjà disparu.
Zilmis et moi, nous sommes regardés. Nous nous comprenions en une connivence absolue. Cela existait, cela se pouvait !
Tout était possible pour ces mécaniciens de génie. Ils pouvaient transformer une vieille épave en un croiseur rutilant ! Chacun de nous s'essuya les yeux.
J'ai été ravi de délivrer ce message. Je pense bien à vous, amis de la Terre bleue et vous adresse toutes mes pensées les plus affectueuses.
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