La fleur des montagnes (3/6)
Message du professeur Zolmirel (suite)
Le grand jour arriva. De bon matin, nous nous sommes embarqués à bord de notre vaisseau, pour la province hostile des montagnes. Une Erazel soucieuse tenait à nous accompagner.
La montagne avait été renforcée, mais il m'était pénible d'imaginer Limmel dormir en un lieu vétuste mal chauffé parmi la pierre où elle avait peu de confort.
Nous avons posé notre navire à l'écart du village, puis sommes partis à pied.
En arrivant dans le défilé, nous avons été agréablement surpris. D'énormes travaux avaient eu lieu. Temples de pierre et demeures millénaires avaient été restaurés. Les anciens avaient réparé tous les parapets, ainsi que l'intégralité du réseau d'eau potable. D'immenses linteaux de pierre étaient posés de manière harmonieuse sur la façade des maisons fragiles.
Nous avons salué tous les Galmols des montagnes que nous voyions. La plupart nous répondirent cordialement. J'avisais un groupe d'une dizaine de Galmols occupés à poser une colonne de pierre toute neuve sur la façade d'une maison lézardée. C'était du travail élégant d'une grande solidité.
Plus bas, les champs s'étageaient, et des vaisseaux agricoles dernier cri produisaient un bruissement doux. Des rigoles de récupération des eaux de pluie avaient été creusées un peu partout.
Nous nous sommes regardés en souriant. Autrefois maigres et maladifs, les habitants avaient l'air en bien meilleur santé. Ils arboraient pour certains des habits aux couleurs vives.
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Quelle heureuse métamorphose ! s'écria Zilmis. Je n'ai jamais vu mon village si beau !
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Les habitants sont très vaillants, répondit Erazel. Ils ont besogné durement à la reconstruction de leur falaise, de tous les édifices. Cela a été dur, mais ils ont fini par comprendre que nous voulions juste les aider. Nous aurions pu réparer absolument tout assez vite. Cependant, les sages ont jugé préférable de donner aux habitants les moyens d'agir par eux-mêmes pour les derniers travaux. Comme cela est dangereux, ils surveillent à distance que tout se passe bien.
Erazel sourit et nous fit un clin d’œil. À cet instant, la colonne de pierre récalcitrante que les habitants hissaient avec des treuils en s'essoufflant, se positionna exactement au bon endroit en un grondement satisfaisant.
Les habitants poussèrent des cris joyeux, nous nous sommes éloignés bien vite. Mais quelqu'un nous avait repérés. Le chef du village parut devant nous. Il récita des bénédictions, s'inclinant devant Erazel. Nous nous sommes inclinés de même.
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Sages parmi les sages, soyez les bienvenus ! Merci à vous heureux amis, de faire refleurir notre contrée de mille bonheurs. Nous sommes honorés de votre visite, nous louons l'action des anciens, nous pouvons de nouveau entendre les rires des enfants, émit le chef.
Il s'inclina de nouveau en souriant, puis s'en fut.
Zilmis était abasourdi.
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Je n'aurais jamais cru possible de telles paroles venant de lui, nous dit-il.
Chacun de nous rit discrètement. Nous approchions de la demeure des parent de Zilmis. Limmel venait d'annoncer son départ prochain à son père et à sa mère.
En nous voyant arriver, sa mère, larmoyante, se détourna de la porte. Malgré tout, elle nous fit signe d'approcher. Chacun de nous la salua.
Une Limmel presque aussi blanche que la façade de la maison garnie d'étais apparut.
Elle se précipita vers Zilmis pour l'embrasser. Elle portait toujours une tunique défraîchie. Les larmes vinrent à mes yeux.
Sa mère s'approcha, et déposa plusieurs bagages.
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Va mon enfant, fit sa mère. Il n'y a rien pour toi ici. Je sais que tu n'as pas été heureuse. Tu m'en vois bien attristée. Et toi, fit-elle à Zilmis, prends bien soin de ta sœur. Nous vous sommes gré d'avoir sauvé notre village, alors que nos pensées envers vous étaient si hostiles. La maison sera prochainement restaurée, et le jardin donne plus de légumes. Nous vous sommes reconnaissants.
Je contemplais l'entrée proprette, et le jardin qui avait reçu des soins attentifs. Chaque bordure avait été joliment délimitée. La mère de Zilmis portait une tenue élégante, son visage avait repris plus de couleurs.
Sa mère l'embrassa une dernière fois, et Limmel nous suivit en essuyant ses yeux. Chacun de nous saisit ses effets.
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Où est donc ton père, mon enfant ? s'enquit Erazel.
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Il est parti aux champs de bon matin. Il a préféré ne pas montrer son chagrin.
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C'est mieux ainsi. Ce moment est un peu pénible, mais nous sommes tous avec toi, fit-elle en l'entourant.
Limmel tenait à peine debout, elle nous suivit comme une somnambule. Tout était allé si vite !
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