La fleur des montagnes (2/6)

Publié le 15 octobre 2024 par Aurélia LEDOUX

Message du professeur Zolmirel (suite)

Nous nous sommes remis à l'ouvrage. Je priais Amoni de conserver les livres traitant d'astronomie, de vol spatial, de cuisine et de botanique. Il y en avait des piles entières un peu partout, sur des guéridons, des fauteuils, et même des chaises.

Cela va de soi, assura-t-il en essuyant et empilant les livres avec soin dans des caisses. J'ai aussi trouvé des livres de contes, des recueils d'aventures, qui plairont aux enfants !

Amoni et Minel étaient très rapides. Il en résulta trois caisses imposantes de livres en bon état, et une autre, pour ceux qui avaient eu moins de chance.

Erazel inspecta des livres dont les pages étaient presque désagrégés par le temps et les intempéries.

Ils devront être dupliqués, nous informa-t-elle. Sur notre monde, nul ne peut restaurer un ouvrage abîmé de la sorte. Il est heureux que les couvertures aient survécu. Les experts pourront en fabriquer de nouveaux.

Toujours un peu larmoyant à cette occasion, Amoni la remercia d'un air ému.

Soulagés d'avoir pu vider et dégager la bibliothèque, nous avons pu accéder à l'autre aile de la maison.

Après avoir gravi un escalier grinçant d'un autre âge, nous avons abouti à un palier, comportant trois portes. La première était un débarras, empli de vieux balais moisis, avec des arachnides très nombreux. La deuxième, était une salle de bains plutôt jolie, mais très endommagée par l'humidité. Et la troisième se révéla être une chambre agréable, si elle avait été moins poussiéreuse. Dans l'ensemble, tout était à peu près en bon état. Les murs jaune pâle, étaient couverts de tentures désagrégées par les ans. Le parquet poussiéreux était étonnamment propre en-dessous.

Nous avons redoublé d'ardeur, faisant léviter la literie avec les tapisseries jaunies par la fenêtre. Le lit en bois roux était de petite taille. Abrité à moitié dans une alcôve, il conviendrait certainement à une alien des montagnes.

Amoni et Minel passèrent l'aspirateur. De mon côté, j'époussetais les murs, le plafond, et tous les éclairages en cuivre.

Puis, la suite fut plutôt rapide. Une Erazel énergique anima brosses et serpillières. Ensuite, elle rinça les murs, et promena des chiffons doux sur le parquet.

Les murs possèdent des fissures, mais avec un peu de plâtre, cette pièce sera parfaite, assurais-je.
C'est bien vrai, répondit Amoni. Si Limmel souhaite changer quelque chose, ce sera toujours possible. Après tout, il faut qu'elle se sente bien. À dire vrai, vous ne m'avez pas dit quelles étaient ses lectures préférées ? nous demanda-t-il avec prévenance.

À ces paroles, Zilmis faillit fondre en larmes.

C'est trop de bonté, parvint-il à articuler en s'essuyant les yeux. Ma sœur n'a jamais eu la chance de vivre en une chambre convenable, d'avoir du temps à elle pour lire. Je vivais en reclus avec elle. Nous devions travailler tout le temps pour faire le ménage, la lessive, chez nos parents et dans les autres demeures. Le soir, nous étions si épuisés, que nous nous endormions aussitôt. La lecture était un plaisir interdit en notre région des montagnes.

Tout à fait révoltés de tant de privations, nous avons tous étreint Zilmis pour le réconforter.

Cela va changer, émit Erazel avec intensité. Cette vie fait partie du passé. Limmel n'aura plus à besogner si durement, elle aura droit à la vie qu'elle mérite. Je suis certaine que c'est une alien à l'esprit vif, qui aimera beaucoup lire. Le centre des hautes connaissances comporte un lieu où les aliens des montagnes et les autres peuples qui résident chez nous peuvent se cultiver suivant leur choix. Ils y sont les bienvenus.
Ta sœur bienvenue ici, en nos cœurs, assura Minel. Aliens des montagnes aux idées périmées pas intérêt de l'empêcher de lire, sinon eux avoir affaire à moi !

Chacun de nous éclata de rire. Nous avions considérablement avancé en nos travaux.

Au bout de deux jours, la future chambre de Limmel prit forme. C'était une pièce douillette, la plus jolie de la maison à présent. Il n'était rien que l'on ne pouvait faire pour une fleur des montagnes si attachante.

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