Les semeurs de mondes (1/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les semeurs de mondes (1/4)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Me revoici pour vous conter la suite de notre fabuleux voyage. Nous étions prêts et parés pour atterrir sur un tout nouveau monde.

 

Les enfants qui trépignaient de joie un instant auparavant, en virent à arborer un visage impressionné, une fois que nous avons pris place dans le vaisseau de reconnaissance piloté par Erazel.

 

Installé tout près de la fenêtre, le petit Zilner pouvait voir le miroitement bleu céruléen de cette belle de nuit si particulière, qui formait un panorama splendide par rapport aux terres ocres et orangées.

 

Notre petite nef décolla en douceur, répondant au quart de tour aux plus infimes impulsions d'Erazel. Un bruit sourd et plaisant s'éleva de la structure, le vaisseau réagissant avec une grande fluidité. Nous avons pris la suite de la petite escorte, composée en tout de neuf vaisseaux de reconnaissance. Le but était de trouver un point précis pour nous poser.

 

Nous nous sommes rapprochés de la surface, tous nos senseurs déployés. Les premières données d'exploration parvinrent à nos scanners de télédétection. Il s'agissait d'un monde relativement froid et venteux, avec des zones de glace propices à la vie. La « limite » entre le pergélisol, et les steppes plus arides constituait le lieu où nos plantes avaient le plus de chances de s'épanouir. Il s'agissait d'un lieu de vie avec une moyenne de température à 0 degrés, ponctué de geysers et d'une chaleur volcanique bienvenue pour tempérer ce climat.

 

Les experts et les ingénieurs s'entretenaient déjà, déterminant des lieux de semis en d'autres régions de ce monde. En tout, une cinquantaine de sites fastes furent répertoriés. De mon côté, peu attentif aux murmures télépathiques des ingénieurs de végétalisation qui nous précédaient, je me laissais pleinement absorber par la beauté du paysage. Il s'agissait d'un monde assez rocailleux, avec de superbes chaînes de montagnes et un désert rocheux à perte de vue, ponctué de lacs de lave et de rivières de soufre. Il existait également des lacs acides, de couleur verte ou jaune, à la beauté extraordinaire.

 

Ce qui devait se produire arriva. Nous n'étions pas seuls sur ce monde. Il existait de petits groupes d'animaux bipèdes, principalement des lézards, et quelques herbivores, dont la forme la plus proche chez vous, est un mélange entre le buffle et le mouflon. Il existait également quelques reptiles volants, ceux-là inoffensifs. Ce monde possédait déjà un peu de vie animale, avec une vie souterraine assez importante, notamment de petits animaux à fourrure creusant des terriers et également une vie propre aux grottes. Les experts passèrent au dessus de plusieurs grottes pour filmer à distance la vie première qui s'y était établie. La vie à ce niveau était parfaite, il ne nous serait pas permis d'explorer les zones souterraines, pour ne point la troubler.

 

Le désert requérait nos soins, les foyers de plantation étaient insuffisamment diversifiés et abondants. Notre groupe de petits vaisseaux survola de splendides canyons et je fus positivement impressionné par l'un d'entre eux, qui donnait sur une zone d'éboulis compacte.

 

De retour à bord de notre vaste navire, les experts m'interrogèrent pour désigner un lieu de peuplement. J'en fus tout à fait surpris. Aussitôt, je m'empressais de parler de ce canyon si agréable, et ils parurent enchantés.

 

  • C'est entendu fit un Kolal de haute taille. Votre mission sera donc d'habiller ce lieu des plus fastueuses plantations, exposa l'expert. Vous pouvez prendre ici tout ce dont vous avez besoin, fit-il en nous faisant entrer dans la serre de revégétalisation.

 

J'étais un peu déstabilisé, mais assez content de tout ceci. Après quelques bégaiements intimidés, je me concentrais et dessinais une petite roselière en indiquant le nom des plantes à mes compagnons. Le sol étant aride et pauvre, avec très peu d'eau et beaucoup de vent, je sélectionnais les plantes les plus propices à végétaliser un désert.

 

Ils parurent agréablement heureux de ce projet et chacun empila des bacs à fleurs sur de petits chariots. De mon côté, je m'occupais des mousses et des lichens, ainsi que des moisissures, indispensables pour favoriser la vie du sol en ce milieu rocailleux. Amoni sélectionna des sortes de noix, qui mettent plusieurs décennies pour germer, en laissant jaillir de jeunes arbres au moment propice.

 

Tout le monde œuvra avec la joie au cœur, Erazel se chargeant de déplacer les plantes les plus imposantes par l'esprit. Plusieurs containers de cactus et d'herbacées plus tard, nous étions parés.

 

Une nouvelle fois, notre nef décolla, cette fois, elle était isolée dans ce beau ciel azur ponctué de nuages jaunes étincelants. Nous avons survolé un volcan de belle taille aux parois brun roux, qui était surmonté d'un nuage clair.

 

Zilner, qui était près de la fenêtre était follement ému, et serrait très fort la main de son père. Minel, de son côté, paraissait absolument ravie de contempler ce nouveau monde. Nous avons survolé une sorte de rivage, avec d'étranges protubérances rondes au niveau du sol en nombre infini. Incapable de savoir de quoi il en retournait, Amoni fixa du regard les formes grises.

 

  • Ce sont des animaux, dis-je en transcrivant la pensée de Minel. Des sortes de crustacés dans leurs coquilles. Ils se nourrissent d'algues et de plancton.

  • C'est tout à fait juste, répondit Erazel admirative, les senseurs viennent de confirmer cela. Il en existe des milliers et des milliers.

 

Notre nef continua sa progression, et aboutit finalement au sommet d'un haut canyon rocheux. Des experts placés au sol nous firent signe. Ils avaient délimité pour nous une zone de sécurité, entourée de hauts piquets. Des champs de reflux avaient été disposés en un périmètre suffisant, afin de nous protéger. Orel et Dorian, qui s'étaient joints à notre mission, s'empressèrent d'aller aider les experts à ménager une voie d'accès vers le bas du canyon.

 

Notre travail commença, Erazel excavait précisément le sol à l'aide d'un senseur dernier cri, qui détectait les formes de vie. Évitant avec soin les chenilles et les insectes endormis sous nos pieds, elle retira des mottes régulières, et ameublit le fond, au niveau des racines. Elle nous fit signe et chacun s'écarta en retenant son souffle. Ensuite, elle marqua les emplacements sur un écran et appuya sur un bouton. Du vaisseau, jaillirent des jets incurvés, composés d'eau et de fertilisant, qui allèrent arroser le fond de chaque trou.

 

Les enfants éclatèrent de rire, et chacun se mit joyeusement au travail. C'était à nous de jouer, Erazel déployant ses sens autour de la zone, afin de surveiller les alentours. Une autre équipe débarqua et s'empressa d'aller semer des graines au fond du vallon.

 

Le petit Zilner, fou de joie, disposait des plantes à cire, et des cactus très résistants de ses petites mains habiles. Le froid de ce lieu était intense, aussi, chacun de nous avait revêtu un habit polaire.

 

Notre activité dura environ une demi heure. Ensuite, nous sommes descendus par un petit chemin, rejoignant une sorte de cuvette naturelle. J'étais empli de gratitude. Les techniciens avaient disposé avec le plus grand soin les plantes suivant mes recommandations, concernant l'ombrage et l'apport en eau d'une source saisonnière. Je découvris une petite roselière qui aurait pu appartenir aux confins désertiques de mon monde. Le fond du vallon était tapissé d'herbes épaisses, qui retenaient l'humidité. Ensuite, grimpant sur les flancs venaient des plantes de plus en plus résistantes, avec à leur sommet des cactus épanouis.

 

  • Ils seront bien sur ce monde, exposais-je avec émotion.

  • Cela est leur chemin, philosopha Erazel. Et le nôtre est maintenant de quitter cet endroit.

  • Et la cérémonie ? Il n'y en a pas ? interrogea Nerti.

  • Non, exposa Erazel. La vie a su trouver son chemin jusqu'ici. Peut-être que d'autres que nous sont passés avant. Nous ne faisons que ce qui nous semble nécessaire, ni plus, ni moins. Il faut savoir s'effacer devant ce que la nature a mis en place d'elle-même, mon enfant, car cela est nécessairement parfait. Nous tentons d'en comprendre les lois, de l'imiter, mais nous pouvons juste nous en approcher le plus possible.

 

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