L'entraide spatiale (1/5)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'entraide spatiale (1/5)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Sur notre monde bien aimé, nous goûtions à une existence paisible. Notre planète continuait à s'éthériser de plus en plus, passant du stade matériel, au stade supra matériel, qui est constitué de nombreux fluides intelligents.

Nos amis êtres de Lumière continuaient à l'influencer, à stabiliser sa courbe dans l'espace, et à générer de puissants vortex photoniques pour veiller à notre bien être. Ces vagues étaient si puissantes que nous nous trouvions par instants en une sorte d'hébétude agréable.

 

Pour nos amis qui demeuraient sur des mondes voisins, il en allait également ainsi. De nombreuses délégations d'êtres de Lumière agissaient de même.

 

Nous étions de retour en notre demeure, après un séjour bien reposant et mémorable chez mon père, Ektamirel. Il avait fait très bon accueil à Amoni et Minel, ainsi qu'aux enfants. Je l'avais découvert plus disponible, attentif à cuisiner de bons plats et à raconter des histoires plaisantes.

 

Depuis, nos deux pensées se rejoignaient régulièrement, de manière parfaite. La télépathie possède des avantages infinis, nous pouvons rester liés, même si nous habitons loin les uns des autres.

 

Un matin comme tous les autres, je m'éveillais de bon matin, et partis faire une agréable récolte de champignons et de feuillages dans la forêt voisine. Les ors de l'aube paraient chaque plante d'un duvet étincelant. Une brume paisible planait, et l'ambiance douillette qui en résultait m'enveloppait comme un cocon protecteur. Je ressentais la parfaite harmonie de ce lieu, le souffle de chaque plante m'habitait. Je percevais en hauteur le déplacement des petits animaux des bois. Ici, il s'agissait de sortes de lémuriens occupés à chercher des baies, et d'un petit groupe de cervidés. Les animaux me regardèrent d'un œil intrigué sans s'effaroucher. J'étais des plus émerveillé de ce spectacle. Les lémuriens laissaient tomber des fruits que les cerfs et les biches mangeaient. Je détaillais avec émoi un faon aux grands yeux noirs et au pelage presque blanc qui se mêlait au coloris des troncs voisins.

 

Puis, je repris mon chemin, furetant au ras des arbres millénaires pour y trouver toutes sortes de variétés de moisissures délectables.

 

Plus tard, l'heure du jour étant déjà bien avancée, je revins en cuisine et apprêtais le petit déjeuner du matin. Pour nous, qui mangeons très peu, il était surtout prétexte à se retrouver et converser. En revanche, nous absorbions beaucoup de liquides.

 

Un Zilmis ensommeillé m'apprit qu'Amoni avait été mandé au centre de soins peu après son réveil. J'imaginais en riant, Amoni toujours si soigné, entrant au centre de soins précipitamment, en tentant de rajuster au mieux l'une de ses vestes brodées.

 

  • Il en est bien ainsi me confirma Zilmis, il a à peine eu le temps de se vêtir. Un transport l'attendait devant l'entrée.

  • J'espère qu'il n'est pas trop de blessés à déplorer en ce jour, dis-je en redevenant grave. Des négociations ont été engagées avec les Denakhs et nous recevons moins de clones blessés ces temps-ci.

 

C'était la vérité, nos amis, les délégués Denakhs avaient visité le centre de soins et avaient constaté par eux-mêmes un trop grand nombre de blessures redoutables sur de jeunes clones. Ils avaient envoyé plusieurs rapports détaillés aux experts en sécurisation des sites technologiques. La vérité était que depuis quelques mois, de nombreuses installations vétustes avaient été révisées ou fermées. De grands travaux avaient été engagés par les Denakhs, dont la plupart compatissaient au sort misérable des servants. Plusieurs dissensions politiques avaient éclaté, certains aliens Denakhs exhortant au changement, avec la fin du système des castes.

 

Nous étions heureux de cela bien sûr. Les Denakhs commençaient à entrevoir de nouvelles possibilités pour leur monde. À l'heure où je parle, les choses ont bien changé pour eux. Les clones ont été libérés et sont à présent considérés avec bien plus de bonté.

 

En cette époque, les premières révoltes silencieuses couvaient.

 

Je saluais Minel, qui se pencha pour m'étreindre ce matin là, et servis tout le monde en gelée d'algues roses, une sorte de bouillon au goût léger exquis.

 

Elle s'extasia sur ma récolte, que j'avais placée au frais en riant de joie.

 

  • Lestak em tuddaï, su emchat ?

  • Non, je n'ai pas été trop loin dans la forêt, répondis-je, percevant sa pensée.

  • Lieu pas trop dangereux ? demanda-t-elle.

  • Les fauves sont crépusculaires, et il en reste peu qui puissent représenter une menace.

  • Moi apprêté remèdes, expliqua Minel, en montrant une casserole emplie d'un baume de soins contre les douleurs musculaires.

  • Excellent, dis-je en sortant des bocaux d'une armoire. Nous allons pouvoir les remplir. Le centre de soins en a besoin.

  • Voici contre poisons, surtout oxydes métalliques, émit-elle en montrant un sirop de champignons violets qui dégageait une odeur de fougère.

  • C'est vraiment très bien. Il reste encore trop de petits blessés qui travaillaient à bord de navires non décontaminés. Certains ont été empoisonnés par un contact avec des débris métalliques.

 

Nous avons achevé notre repas, puis Zilmis partit au centre de réparation de vaisseaux stellaires, sa principale activité.

 

De mon côté, je priais Minel de m'aider à tenir un entonnoir pour y verser une gelée brûlante. Celle-ci avait l'allure laiteuse d'une gelée d'algues classique, destinée à transformer le jus de champignons, trop concentré, en baume de soins de couleur mauve. Ensuite, nous avons préparé divers pots emplis de colle épidermique, et de résines variées, dont les biologistes se servaient pour recoller diverses plaies. La résine était simplement déposée dans des bocaux sous forme solide. Elle devrait passer dans un épurateur, puis traverser un champ prophylactique, pour pouvoir être utilisée en soins internes.

 

Je continuais mon activité, en apprêtant les champignons récoltés le matin même pour le repas du midi, et des jours suivants.

 

Minel, de son coté, se pencha sur un appareil d'aspiration du sang. Ce type de machine était destinée à aspirer le sang d'un blessé, au niveau du sol par exemple, pour le réinjecter à l'intérieur du corps. Évidemment, l'intérieur était composé d'un savant assemblage de très nombreux filtres, pour ôter toute particule, du sable, ou des brindilles. Le sang devait ensuite être nettoyé de tout polluant, ou microbe éventuel.

 

C'était un travail complexe et minutieux, pour retirer ces filtres, vérifier chaque champ prophylactique, graisser et remplacer des pièces de la taille d'un mécanisme d'horlogerie. Elle avait beaucoup appris en peu de temps.

Occupé à cuisiner paisiblement, j'appréciais la compagnie douce de Minel, d'un naturel enjoué, toujours prompte à aider autrui. Je compris en percevant sa pensée, qu'elle appréciait de même ma présence. Je la considérais à présent de même qu'une sœur.

 

 

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