Le grand temple de verdure (2/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le grand temple de verdure (2/3)

Message du Guérisseur Lestrys (suite)

 

Notre vaisseau progressait toujours dans la jungle, avançant à vitesse modérée, pour ne pas effaroucher la vie très dense, de ce niveau.

C'était un ravissement de formes, de couleurs et de senteurs également. Il existait des nuées d'oiseaux chanteurs, qui s'amusaient à se poursuivre sur les branches, en gazouillant joyeusement, exhibant fièrement leurs somptueux plumages éclatants de vert, de pourpre, ou de bleu profond. Des fleurs de toute beauté s'épanouissaient au niveau de lianes, là où de nombreux lézards vivaient. Des singes, des lémuriens et des sortes d'écureuils, de lérots bondissaient sur les branches avec une agilité merveilleuse. Tous ces animaux mangeaient les fruits des arbres ou buvaient le nectar des fleurs. C'était une vie lumineuse, paisible et parfaite.

 

Chacun de nous contempla ce spectacle de la jungle en pleine santé et en éprouva une très grande joie. Même Stency, qui s'éveilla plus serein, en parut ravi.

 

Eratsu continuait à mener notre esquif sur le chemin, dont la largeur diminuait. Un entrelacs de lianes au dessus de nous, toujours plus épaisses, faisait diminuer la lumière. Il fixa Darsimen d'un œil interrogateur.

 

  • Nous sommes bien dans la bonne direction, confirma le sage.

 

Notre progression continua, et il faisait presque nuit à présent, Eratsu dut allumer les phares du navire. Nous pouvions à peine nous faufiler en une voie étroite, qui semblait faite pour nous.

 

Cette progression étrange continua durant environ une heure, nous faisant douter, puis espérer alternativement. Cependant, Nous avions confiance en Darsimen, le plus grand prescient de notre groupe, l'un des plus sages aliens qu'il m'ait été donné de connaître aussi.

 

Nous avions presque perdu espoir, nous attendant à devoir passer la nuit en ce lieu, lorsque quelque chose de doré, droit devant, attira notre attention.

 

Un cercle lumineux jaune d'or flottait au milieu du sentier sinueux. Nous avions trouvé la grande porte lumineuse !

 

Comme répondant à un mystérieux signal, les petits blessés s'éveillèrent et se dressèrent, fixant le prodige avec un émerveillement presque douloureux à voir. Ce lieu les appelait, inévitablement.

 

Eratsu ralentit la vitesse du navire. Nous avons franchi lentement le passage de lumière, et aussitôt, tout changea.

 

Alors que nous venions de quitter l'obscurité, il faisait plein jour dans le lieu où nous avons émergé. Et pour cause !

 

Des nuées de plantes admirables éclairaient autour d'elles en des cascades de verts étincelantes. Des fleurs aux couleurs vives, chamarrées de rose, de jaunes soutenus leur répondaient en une infinie harmonie de verts d'eau, de tons émeraude et blanc pur des plus magnifiques. Autour de nous, des petits étangs à l'eau cristalline révélaient des nuées d'amphibiens phosphorescents aux couleurs vives. Des lézards et de oiseaux, également lumineux, égayaient de leurs chants ce lieu serein. Derrière les buissons, des fauves au pelage soyeux sommeillaient, ou jouaient avec leurs petits. C'était un lieu de parfaite harmonie. Nous nous sentions pleinement aimés et accueillis.

 

Nous avons poursuivi notre route, et, un peu hésitants, nous avons posé notre vaisseau en une agréable clairière. Nous en sommes descendus, encore un peu évanescents.

 

À cet instant, un être magnifique s'approcha pour nous accueillir. Je reconnus l'un des aliens luminescents au teint turquoise qu'il m'avait déjà été donné d'approcher par le passé. Il semblait radieux, et nullement surpris de nous voir.

 

  • Je me nomme Eskalto, nous dit-il avec bonté. Soyez les bienvenus dans le royaume du Temple de verdure. Votre visite m'a été annoncée. Nous sommes des plus navrés pour l'incident avec le fauve. Nous n'aurions jamais permis qu'il soit fait de mal à votre enfant.

  • Vous êtes un Passeur ? exposais-je avec admiration.

  • En effet, assura-t-il en riant. C'est l'une de mes fonctions premières. Dans les grottes des niveaux plus matériels de la Terre, j'apparais sous la forme d'un point lumineux évanescent et je peux guider les voyageurs vers des lieux plus sécurisants.

  • Merci de nous avoir sauvés, en ce cas, lança le petit Lokhaïl joyeusement.

  • Je ne suis pas le seul à avoir agi, répondit-il d'un ton affable. Nous sommes toujours très heureux lorsque les êtres de Kolménide peuvent gagner ce plan et réussir à se stabiliser.

 

Il se tourna vers le vaisseau, fixant un point derrière nous. Nous nous sommes retournés et avons assisté à une chose incroyable.

 

Le petit clone Denakh avançait en vacillant, descendant lentement les marches du vaisseau. Il parvint sur l'herbe, la foulant pour la première fois. Il poussa un rire léger, qui résonna comme le son clair d'un ruisseau. L'enfant, très affaibli, s'immobilisa pour reprendre son souffle.

 

Notre guide s'approcha de lui, et le fixa. Nous avons compris que leur conversation, très intense, était télépathique. Il prit la main du petit rescapé, et celui-ci parut s'illuminer de l'intérieur.

 

C'était une très belle scène, et chacun de nous essuya ses larmes de bonheur.

 

Notre guide nous mena en un étagement de belles constructions splendides, toutes en pierre blanche, avec des fontaines, de vastes massifs de roses, des buissons chargés de fruits, et une grande pergola, où une table était dressée.

 

Chacun de nous y prit place, et je me tournais vers Eskalto, éprouvant quelque inquiétude.

 

  • Qu'en est-il des trois autres enfants ? lui demandais-je.

  • Ils sont en de très bonnes mains, exposa-t-il en montrant cinq êtres de lumière qui entraient à bord du petit vaisseau. Nos amis vont tenter d'agir sur leurs souffrances psychiques, ce sont des épreuves très grandes, profondément enracinées en eux.

 

Tout à fait ravi, je parvins à m'apaiser. Darsimen semblait comblé par la venue du petit convalescent à notre table. Il arrangea des coussins autour de lui, pour le maintenir sur son siège.

 

  • Que voilà un enfant des plus courageux, lui dit-il. Brave petit cœur, veux-tu un peu de gelée de fruits ? lui demanda-t-il.

 

L'enfant, qui ne parlait pas encore très bien, poussa un couinement affirmatif. Il goûta les fruits, et parut émerveillé.

 

Chacun de nous en fit de même, tout à fait heureux de pareil instant. Les êtres luminescents de ce lieu avaient cuisiné pour nous les plats les plus délicats, mariant chaque saveur avec un infini raffinement.

 

  • Vous avez eu beaucoup de courage, pour amener ces petits à notre niveau, assura Eskalto. Nous voyons que vous avez cependant besoin de repos. Ne vous souciez de rien ! Nous sommes comblés de vous faire bon accueil. Une fois reposés, vous pourrez reprendre votre route.

     

Il en était bien ainsi, effectivement. Une bonne nuit de sommeil nous serait profitable à tous. Après notre repas, nous avons déambulé en ce lieu, une sorte de palais somptueux, avec de grands bâtiments blancs entourés de halliers fleuris, et des colonnades, où se tenaient de petites constructions harmonieuses.

 

C'était là que se déroulaient les activités. Nous avons appris qu'il s'agissait d'un centre de recherches, mais aussi de guérison.

 

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