La quête de la vie première (1/3)
Message du Professeur Zolmirel
La vie s'écoulait doucement, au rythme des saisons. Le petit Xalol était retourné vivre parmi les siens en la région des montagnes.
Il nous manquait un peu, mais nous nous réjouissions d'avance de le retrouver d'ici quelques mois.
Le frère d'Amoni nous envoyait régulièrement des photos de ce petit. Sa croissance était incroyable. En quelques semaines, sa taille avait été multipliée par deux. Il arborait maintenant le visage un peu étonné des petits Kolals aux longues jambes fines, qui ont grandi très vite en peu de temps.
Son dispositif orthopédique avait été retiré, et il avait passé avec succès tous les tests d'aptitude neurale et cérébrale. Comme c'était un petit très précoce, ses parents décidèrent de l'envoyer au Grand Institut, où ils lui rendraient visite régulièrement.
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Tout se passe bien, fit Amoni, le visage réjoui. Xalol apprécie beaucoup les cours de découverte en forêt, les visites de vaisseaux, il adore les livres, bien sûr. Et il est très heureux de retrouver Nerti et Zilner là bas !
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Sa passion pour les livres semble aller de soi, s'amusa Zilmis. Il a un oncle sur lequel il peut compter en ce sens.
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Et une tante qui les restaure admirablement, répondit Amoni, car Minel avait fait merveille sur une collection d'ouvrages abîmée par le temps. Ses parents sont un peu tristes de la séparation, mais très soulagés. Ce petit grimpe absolument partout ! Il est encore plus curieux que Nerti, ce qui est un exploit.
Nous avons bien ri et discuté sereinement, ce jour était un jour de repos pour tous. Limmel avait confectionné une tarte aux légumes, et chacun s'affaira au jardin l'après midi venue, ou en cuisine.
En soirée, Erazel vint nous retrouver. Elle semblait d'humeur allègre. Elle prit place au salon, dans la pièce de l'autre maison que nous venions tout juste de restaurer.
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Tout ceci est bien champêtre, mais fort joli, dit-elle en avisant les fenêtres antiques et les meubles gravés de fleurs nombreuses. Il existe une fissure au plafond et cette poutre est tordue, ce qui en est je crois la cause, dit-elle en montrant un tronc de champignon géant qui avait été posé là tant bien que mal.
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Votre aide sera la bienvenue, exposais-je, nous avons uni nos efforts en vain pour redresser cela.
Erazel eut un rire joyeux, elle étendit la main, redressant la poutre de manière parfaite, et éliminant la fissure du même coup. Il y eut un craquement agréable.
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Merci beaucoup, cela évite des jours d'efforts, répondit Zilmis avec gratitude.
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Je vous en prie, ce n'est rien voyons, assura l'ancienne d'un air posé. Il se trouve qu'une mission dans l'espace est prévue bientôt. Ils recherchent des explorateurs expérimentés, et des experts en plantes, émit Erazel en fixant Limmel avec intensité. Votre famille a suscité un vif enthousiasme, étant donné vos recherches si abouties.
Limmel devint aussitôt blême, en proie à une peur intense. Son teint, d'ordinaire rosé, approcha celui d'Amoni, au visage nacré.
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Je... je n'ai jamais été dans l'espace, parvint-elle à articuler d'une petite voix.
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Rien de grave, ma chère, émit Erazel avec un rire joyeux. Cette mission n'est pas très éloignée. Vos connaissances sur les plantes compensent largement cela !
Chacun de nous sourit largement, nous étions tous pressés d'y retourner.
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Il s'agit d'un astéroïde un peu en bordure de notre système. Il se nomme Dersima, ce qui signifie lune de la désolation, approximativement. Des foyers de vie première ont été détectés. Le conseil des sages a estimé qu'il serait bon d'envoyer une équipe de chercheurs pour en prélever des fragments. Cela permettra de la multiplier en laboratoire, et de la semer plus largement sur l'astre.
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Que se trouve-t-il sur cet astéroïde ? s'enquit Zilmis.
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Une cité de chercheurs en vie première, et des stations d'appontement, destinées aux ferrailleurs de l'espace. La faible gravité permet d'amener des bâtiments fragiles en ce lieu, et de les restaurer.
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Ils restaurent des épaves, émit Zilmis d'une voix émerveillée.
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Oui, fit Erazel. Il existe aussi des lieux de recherches sur les vaisseaux, cela va sans dire.
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Je ne me sens guère à l'aise pour cette mission, exposa Limmel d'une petite voix. En même temps, je suis curieuse de découvrir de nouvelles variétés de plantes.
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C'est tout à fait normal, assura Erazel d'un ton enjoué. Nous allons vous faire passer des tests de résistance à la poussée.
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Mais les femelles des montagnes ne vont jamais dans l'espace ! fit-elle d'une voix incrédule.
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Il faut un début à tout ! Vos sœurs des montagnes sont devenues pilotes, navigatrices et expertes en poussée lumière ! C'est quand même mieux que de récurer des marmites !!! répondit-elle avec un grand rire.
Chacun de nous rit de même. Les femelles des montagnes qui habitaient encore les villages d'altitude, étaient pour beaucoup recluses en cuisine et condamnées à une vie de servitude. Nous nous réjouissions que ces traditions désuètes disparaissent peu à peu.
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