Les passages entre les mondes (3/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les passages entre les mondes (3/3)

Message du Professeur Zolmirel (suite et fin)

 

 

 

Le lendemain, je pus me lever. J'avais hâte d'aider nos nouveaux amis à réparer leurs machines. Bien sûr, Zilmis se rendit en salle des machines, avec les autres techniciens. De mon côté, j'avais été autorisé à une activité modérée, seulement.

 

Je me contentais donc d'aider l'équipe de déblayage à collecter les différents matériaux, qu'il s'agisse de métal, de bois, ou de céramique. Nous avons rempli plusieurs containers, et le lieu devint enfin plus accessible pour les techniciens.

 

De loin, je demeurais assis sur un siège, me contentant de lire et d'aider Zilmis lorsqu'il avait besoin de moi. J'avais l'impression de ne pas faire grand chose, mais il me confia que ma présence lui donnait des ailes.

 

L'équipe de techniciens put le même jour colmater des fuites et ériger plusieurs treuils gravitationnels, au niveau de la zone de méthanisation, à l'avant des réacteurs. C'était une zone très dangereuse, et les clones renforcèrent un certain nombre de conduites trop fragiles. Une quantité infinie de débris fut évacuée, pour être refondue en parements neufs et en tubulures.

 

  • L'ingénieur qui a construit ce vaisseau ne tient pas compte des normes en matière de méthane. Les conduites majeures doivent faire 5 cm d'épaisseur et les mineures, au moins deux centimètres. De plus, il n'existe pas de barrière subtile pour confiner et aspirer le gaz éventuel, déplora un clone adulte à l'ingénieur de vol.

  • Les normes sur notre monde ne sont point les vôtres, fit-il humblement. Si vous nous jugez dignes, nous serons heureux d'apprendre.

  • Notre rôle consiste juste à vous permettre de poursuivre votre voyage, mais votre requête sera examinée par les spécialistes sur les hors mondes, fit le clone plus courtoisement. Les galactiques sont toujours heureux de communiquer avec de nouveaux mondes.

 

Les travaux se poursuivirent, tout le jour durant. Je me trouvais en une salle annexe, et je lisais, agréablement heureux d'entendre les tintements produits par les experts. On sciait des panneaux, on remplaçait des câbles, des tuyaux vétustes, et on soudait de nouveaux parements plus résistants, sur le réacteur endommagé.

 

Le vaisseau fonctionnait au deutérium, avec une centrale d'inertion d'ions d'hydrogène lourds. La fusion de l'hydrogène en plasma d'hélium produisait une légère radioactivité. Les ions émis étaient réinjectés dans des circuits purificateurs, afin d'être neutralisés. Cependant, il s'agissait d'un système archaïque. Ce vaisseau ne possédait pas de cristal, de catalyseur, ni de réservoir à plasma, et aucune cuve de réacteur n'était visible. Il s'ensuivait une grande perte d'énergie. Cette matière, non conscientisée, s'échappait en une traînée ionique aléatoire. L'avant du navire ne comportait aucun collecteur de particules, ni d'hydrogène. Il s’ensuivait que ce vaisseau avait besoin de faire « le plein » assez souvent.

 

Je m'en étonnais et Zilmis me rassura.

 

  • Nous avons pu relier un collecteur de particules à la cuve d'hydrogène. Nous avons amélioré l’efficacité de la chambre athermale (de collusion), et des pompes cycliques. Les ions d'hydrogène lourd seront mieux redirigés, et le flux ionique sera plus concentré. Nous avons expliqué à nos nouveaux amis la maintenance à effectuer sur ces installations de collusion de particules. Les anciens ont estimé que nous devions escorter ce vaisseau jusqu'à une station stellaire des galactiques. Là, il pourra être transformé plus amplement. Les habitants seront instruits et soignés, ils devront passer des tests d'acclimatation, puis ils pourront rejoindre une nouvelle planète agréable.

  • Ce sont plein de bonnes nouvelles. Je suis ravi de cela, ils ont tous prouvé leur courage.

  • Oui, des émissaires vont être envoyés sur leur planète en vue d'une union, dit-il.

 

Le soir venu, nous sommes remontés à bord. Notre navire remorqua le vaisseau endommagé, puis accéléra en une vitesse relativement modérée. Quelques heures plus tard, le capitaine ordonna que le dispositif d'arrimage soit déverrouillé.

 

Nous nous trouvions, mes compagnons et moi, dans un petit salon confortable, face à l'espace environnant.

 

Le fier navire de nos amis, d'environ 800 mètres de long, passa près de notre position, avec majesté. Les parements neufs soudés hâtivement par les techniciens lui donnaient une allure un peu particulière. Tous les passagers s'étaient massés au niveau des hublots et nous faisaient de grands signes amicaux. Très émus, Nerti et Zilner leur répondirent.

 

De mon côté, à peine remis de mon épanchement, je me trouvais immensément apaisé. Le fait d'avoir Zilmis et Amoni à mes côtés m'emplissait d'une profonde euphorie.

 

Le beau vaisseau argenté plongea vers un astéroïde pourvu d'installations de cristal miroitantes : une base de nos amis humanoïdes et êtres de Lumière.

 

  • Alors tu as été à bord, dans le hangar principal ? Il y avait des pirates ? demanda Nerti à son père.

  • Oui, en effet, et tout prêts à s'en prendre à nous, exposa Amoni avec un sourire.

  • Ek gmorsh es gulita ! émit farouchement Minel.

  • Votre mère est un rempart absolu face à toute forme de danger stellaire, s'amusa-t-il.

  • Vraiment ? Que s'est-il passé ? questionna un Nerti fort curieux.

  • Ils ont été projetés en tous sens, naturellement. Ils ont fait connaissance, fort involontairement dois-je dire, avec un mur.

 

Chacun s'esclaffa. De nature pacifique en raison de sa qualité de soigneur, Amoni employait le ton raffiné qui lui était habituel pour conter cet affrontement.

 

  • J'espère qu'ils iront tous bien, fit le petit Nerti en fixant le vaisseau qui s'éloignait. J'aurais bien aimé leur parler.

  • Tout ira bien pour eux, fit posément Erazel. Les experts ont estimé qu'il était plus sage que les missions de contact ne comportent pas d'enfants. Nous vous avons déjà fait prendre beaucoup de risques. Songes déjà à toutes les péripéties que tu as traversées.

  • Mais moi j'aime beaucoup, assura Nerti.

  • En toutes choses, il est important de faire preuve de modération. Zilner et toi avez réparé de nombreuses armoires de câblage à bord. Vous avez aidé aux semis, et à apporter les « éminences » en cette grotte étrange. Dis-toi que tu as déjà parlé à beaucoup de hors mondes, mon cher petit.

  • Parfois, je suis un peu las d'être un enfant, soupira-t-il.

  • Tu devrais te réjouir, il est des mondes où les enfants n'ont pas le droit de voyager dans l'espace, ni de piloter des nefs, exposa Erazel en riant. Tu es à l'âge où l'on peut jouer et se rire de tout !

 

Chacun se leva, et Erazel s'amusa à pourchasser Nerti dans les coursives de notre vaisseau, lui faisant retrouver instantanément toute sa gaieté.

 

Je serrais très fort la main de Zilmis dans la mienne. Mon épanchement à peine guéri allait être soumis à rude épreuve. Nous devions repasser en translation dimensionnelle d'ici une heure.

 

  • Tout ira bien, fit Amoni en plaçant un dispositif constricteur sur mon bras sensible.

 

Il me fit prendre un breuvage apaisant, et je m'évadais loin, très loin. Cette fois, tout se passa bien, je perçus à peine le signal du départ et la formidable accélération. J'entrais en un sommeil des plus agréables, une joie sereine m'envahit aussitôt. J'ouvris les yeux, d'autres yeux et mon esprit sortit hors de mon corps. Dorian se tenait auprès de moi.

 

Je vous salue bien amicalement, chers amis de la Terre bleue. Je vous souhaite de vivre de pareils moments de grâce où vous vous dites que tout est parfait. Peu à peu, de tels moments se cristalliseront plus volontiers en vos vies.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

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  • que vous fassiez référence à notre blog : http://www.unepetitelumierepourchacun.com

 

 

 

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