Le retour à la maison (1/2)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le retour à la maison (1/2)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Me voici en ce jour très particulier, pour un nouveau message. Nous étions revenus avec mes proches, du monde Intérieur, et tout nous semblait infiniment merveilleux.

 

Pour commencer, il y avait mon père qui était de retour, amenant avec lui une importante délégation des habitants de l'intérieur. Des échanges fructueux étaient en cours avec les Grands Anciens, et notamment Erazel, qui étaient chargés de veiller au bien être de notre sphère. Les anciens avaient pour habitude d’œuvrer en parfaite harmonie avec les génies des tréfonds intérieurs, qui permettent la bonne circulation des toutes les marées internes de notre planète, l'eau et la lave. Vous pouvez avoir l'impression que seule la lave parcourt le cœur d'un astre, mais il n'en est rien. Il existe de ce fait beaucoup de cours d'eau entièrement souterrains, des caves, des mers, et des lacs.

 

En cette période faste, notre monde tout entier était en phase d'ascensionner. Et ce qui avait commencé par l'apparition des vaisseaux des êtres de lumière et la réactivation des temples anciens, prenait désormais tout son sens.

 

Orel et Dorian étaient deux êtres de lumière venant de la constellation des Pléiades, et nous étions comblés de les avoir pour invités. En leur compagnie, Amoni avait cultivé nombre de dons à son sommet, notamment en matière de cuisine.

 

Ce jour là, j'étais parti de bon matin dans la forêt pour une cueillette de mousses et de champignons pleinement épanouis. Les enfants s'en étaient allées de nouveau au Grand Institut, leur deuxième maison désormais. A mon retour en notre jolie demeure, Amoni et Zilmis s'extasièrent, car j'avais récolté de nouvelles plantes inconnues très prometteuses. Je me rendis dans la serre pour les dupliquer comme il convient.

 

Mon si sage ami me parla avec amusement.

 

  • Il se trouve que les grands anciens ont conversé avec la délégation du monde intérieur, exposa Amoni.

  • J'en suis ravi, répondis-je, absorbé par l'arrosage de quelques touffes de jeunes champignons.

  • Ils ont considéré qu'il était opportun d'intensifier les efforts en vue de l'aide aux mondes frontaliers.

  • J'en suis ravi, répliquais-je encore, quelque peu surpris.

  • Nous allons avoir une importante arrivée de malades dans les jours à venir, et une délégation agricole sera envoyée très prochainement sur place, expliqua Amoni.

 

J'écoutais mon ami avec le plus grand soin. Amoni était très au courant de ce qui se tramait dans les autres mondes, contrairement à moi, qui préférais étudier la vie du sol. Ainsi, tout autour de notre système solaire, gravitaient plusieurs étoiles avec des planètes habitées et des cités stellaires sur les moins accueillantes. Il existait en ces lieux, des mondes sous assistance. Ainsi, en de tels lieux, des vaisseaux étaient envoyés régulièrement, avec en abondance des vivres, des remèdes, et beaucoup de matériel de survie. Les habitants de ces planètes dépendaient ainsi entièrement de notre savoir faire, et de la bienveillance des anciens, qui veillaient à leur sécurité.

 

Mais par la suite, les anciens avaient délibéré, et avaient considéré, que tout ceci n'était point souhaitable. Aussi, plutôt que d'envoyer des vaisseaux de vivres, ils préféraient développer des cultures permanentes en ces lieux, qu'il s'agisse de jeunes astéroïdes ou de lunes désertiques.

 

Amoni et moi-même avons pris soin des plantations ce jour là, puis, nous sommes retournés sur le chantier de fouilles. Le fait de reprendre ce travail passionnant me plongeait dans le bonheur. De nombreux jeunes archéologues avaient agi en notre absence et avaient merveilleusement déblayé le vieux temple. A présent, il resplendissait de beauté. Nous avons été chargé ce jour là, de photographier des fresques admirables et d'identifier les plantes qui y figuraient. Amoni fit merveille en déchiffrant des inscriptions presque entièrement effacées, tandis que Zilmis retournait au centre de restauration de vaisseaux.

 

Il s'écoula quelques semaines ainsi, notre vie paisible reprenant peu à peu son cours. Amoni se rendait également au centre de soins, et le soir venu, nous recevions des nouvelles des enfants, merveilleuses de fraîcheur, leur pensée virevoltant près de la nôtre avec une joie infinie.

 

Installé douillettement au salon, mon esprit s'évada et je l'ouvris pleinement pour recevoir la pensée de nos deux chers petits. Nerti et Zilner étaient maintenant de bien meilleurs télépathes. Les images étaient plus nettes, plus vives, et les émotions qui les accompagnaient étaient celles de deux jeunes cœurs bien grands pour leur âge.

 

 

 

 

Ce matin là, Nerti et Zilner s'étaient levés avec quelque inquiétude. En ce jour bien particulier allait avoir lieu leur première séance d'anatomie. Ils la redoutaient, tout comme les autres enfants.

 

Ils se présentèrent à l'heure convenue au cours du sage Zablinsk, en compagnie des autres enfants. La première partie du cours fut essentiellement théorique, et le sage Zablinsk leur avait bien recommandé de ne pas manger avant de venir. Cela fut une chose heureuse. Les enfants circulaient dans un couloir garni de baies vitrées, dans lesquels des experts travaillaient sur des corps pour guérir d'effroyables blessures.

 

Le lieu était d'une impeccable propreté et les murs bleu vif. Zablinsk détailla les différents soins prodigués.

 

  • Vous avez la chance de vivre sur un monde où les soins circulatoires sont très développés. Nous avons acquis de grandes connaissances dans la guérison des lésions artérielles et vasculaires. Les experts emploient une grande variété de résines et de pâtes entièrement naturelles pour permettre une coagulation quasi instantanée. En ce jour, vous allez vous exercer à guérir des coupures relativement peu profondes, ceci afin de savoir comment soigner votre entourage, et aussi vous-même.

 

Le sage Zablinsk passe dans une autre pièce en expliquant aux enfants comment comprimer le sang sur une plaie, positionner un garrot et recoller une coupure. Une partie des enfants écoute très attentivement, mais le reste du groupe semble assez mal à l'aise. Ils passent devant d'autres salles où sont prodigués des soins des entrailles, des greffes d'organes et des intubations.

 

Ensuite, les enfants doivent effectuer des soins sur d'autres petits aliens blessés. Nerti prend son temps pour soigner une coupure sur le bras minuscule d'un petit immature. Il hésite, et finalement lisse la résine comme le professeur Zablinsk lui a montré.

  • Pourquoi ne pas utiliser tes facultés ? demande Zilner qui lui est chargé de paralyser le petit être avec une sonde. Après tout, tu pourrais refermer cette plaie instantanément.

  • Je n'en suis encore qu'aux fractures, explique Nerti. Je dois encore m'exercer sur de la gelée de fruits pour que le résultat soit parfaitement invisible.

 

Zilner comprend, il rassure le petit alien et retire le bracelet paralysant. Le professeur inspecte les résultats. Il complimente les enfants pour leur implication. Un peu plus tard, ils ressortent de ce lieu, pleinement soulagés.

 

  • Cela s'est mieux passé que prévu, soupire Zilner. J'ai cru que le professeur allait nous demander de travailler sur une momie.

  • Non, rassure-toi. Seuls les futurs guérisseurs doivent s'exercer sur les momies, et ils sont beaucoup plus âgés que nous, explique Nerti.

  • Il y a une chose dont je suis certain, c'est que je ne souhaite absolument pas devenir guérisseur, expose Zilner d'un ton catégorique.

 

Un rire résonne dans le couloir et une silhouette familière s'avance. Erazel est là et apparaît dans la grande clarté menant à l'extérieur.

 

  • Cela ne m'étonne pas du tout, cher petit farceur ! s'amuse-t-elle.

 

Les enfants se précipitent à sa rencontre pour l'embrasser.

  • Cela est si heureux de te voir ! lance le petit Nerti.

  • Je passais, expose Erazel avec malice. Et je tenais à être là pour vous, ajoute t-elle. Ce n'est pas un lieu très agréable, pas vrai ? Mais tous ceux qui y travaillent le font avec une immense bonté, dont votre père.

  • Il sera certainement triste de ne pas nous voir guérisseurs, mais c'est vrai, explique Nerti. Moi, ce qui m'intéresse, c'est de voler dans l'espace !

  • Tu as tout le temps pour y penser mon chéri, explique Erazel. Il y a toutes sortes de manières de guérir. Le corps est soigné, mais aussi l'esprit.

  • Oui, peut-être. Mais pourquoi nous faire venir en ce lieu ? Il y a même une salle de lyophilisation ! répond Nerti avec quelque effroi.

 

Erazel invite les enfants à s'asseoir dans l'herbe et parle lentement.

  • Oui, en effet, dit-elle d'un ton très calme. Beaucoup de dignitaires sont ainsi momifiés avec le plus grand respect. D'autres n'en ont pas besoin, cela est le grand mystère. Le corps sèche de lui même et persiste. Vous devez voir là une cérémonie pour rendre hommage à ces êtres, pour les remercier de ce qu'ils ont apporté à notre monde.

  • Et après, il y a des squelettes ? questionne Zilner un peu effrayé.

  • Oui, tout à fait mon enfant. Le squelette est juste la partie minérale d'un être, c'est celle qui persiste le plus longtemps. Le corps est la demeure de l'esprit. Le corps est à la fois minéral, végétal, animal et réceptacle de la pensée. Lorsqu'il cesse de vivre, l'esprit prend simplement un autre chemin et s'élève dans la lumière pour gagner une nouvelle forme de vie.

  • Pourquoi le corps cesse-t-il de vivre ? interroge Zilner avec inquiétude.

  • Une fois que l'âme a accompli son chemin, elle déserte le corps peu à peu, et le principe de vie, le cercle parfait qui lui permet de glisser sur la trame du temps sans être affecté, cesse de tourner. Alors, le corps se fragmente, de plus en plus, sans se régénérer. Il vieillit en quelques semaines et cesse de vivre. Mais cela n'est pas la fin, assure Erazel avec un large sourire. Ensuite, l'âme choisit de revenir dans un nouveau corps, elle choisit un enfant.

  • Cela veut dire qu'avant, j'étais un autre être ? questionne Nerti abasourdi.

  • Nous passons tous de vie en vie, nous avons ce savoir très ancien en nous et tu l'as aussi. C'est sans doute pourquoi tu veux tellement être pilote...

 

Nerti ne répond rien et de grosses larmes coulent sous ses yeux. Il est profondément ému par les paroles d'Erazel.

 

  • Il n'y a que cela qui compte, expose-t-il. De pouvoir voler un jour. Pourquoi donc nous faire venir en un tel lieu ?

  • Un bon pilote doit aussi apprendre à stabiliser un blessé rapidement. Et c'est aussi en étant confronté à ce que l'on ne veut pas faire que l'on devient de plus en plus sûr de ses choix, affirme-t-elle avec sagesse.

 

 

Erazel sourit aux enfants et leur distribue de délicieux beignets qu'ils mangent tous sans même s'en rendre compte.

 

L'après midi venue, les enfants ont droit à un long cours sur les différentes pathologies de l'esprit, comme les angoisses, les phobies, l'amnésie, et aussi le dédoublement de personnalité.

 

  • De telles pathologies sont étudiées avec le plus grand soin dans les centres de guérison de l'esprit, explique le professeur Zablinsk. De tels centres comprennent une bibliothèque, un parc récréatif et des salons de discussion.

 

Le cours se déroule, et le professeur demande aux enfants de se rendre ensuite en salle de méditation, afin qu'ils puissent se reposer.

 

Cette nouvelle journée s'achève et les enfants reviennent bien vite chez nous, pour quelques jours de repos.

 

Le soir venu, les enfants racontent cette journée pas comme les autres à leur père. Le petit Zilner bombarde de questions le sage Amoni.

 

  • Je me demande pourquoi nous méditons. A quoi cela sert-il donc ? s'étonne-t-il.

  • A reposer l'esprit, explique Amoni.

  • Mais la nuit, nous dormons, notre esprit se repose lui aussi...

  • La méditation sert à rapprocher l'esprit du corps, à l'enraciner plus profondément, à le régénérer également. Cela active ses mécanismes intrinsèques d'autoréparation. Les failles disparaissent.

  • Les failles ? interroge Zilner. Que veux-tu dire ?

  • Tu n'es encore qu'un enfant, s'amuse son père en parsemant des aromates sur une tarte aux légumes savoureuse. Cela fait un peu de la même manière qu'avec les sondoscopes les plus sensibles.

  • Tu veux dire une faille logique dans le déploiement d'un logiciel ?

  • Oui, une faille qui s'installe peu à peu, quelque chose qui ne devrait pas être là, et qui dérègle tout. Voici pourquoi les soigneurs emploient l'hypnose, afin de reprogrammer les êtres atteints de failles.

  • Comment cela est-il possible ? questionne Zilner.

  • Souvent, les êtres atteints de ces failles psychiques vivent en des lieux, où ils n'ont reçu que fort peu d'amour. Voici pourquoi cette planète est parfaite pour assurer leur guérison.

  • Et qu'en est-il des brigands, de ceux qui aiment la violence ? interroge Nerti.

  • C'est une forme de déviance également. Nous en parlerons si vous le souhaitez quand vous serez un peu plus âgés. Tout est mis en œuvre pour tenter de les guérir.

  • Je me demande bien comment on fait pour rendre un brigand poli et honnête … interroge Nerti.

  • Tout être peut changer, s'il le désire seulement, assure simplement Amoni en serrant ses deux fils près de lui.

Les enfants s'apaisent grâce à sa présence. Il faut dire que mon ami guérisseur possède aussi en lui ce merveilleux fluide propre à calmer les êtres les plus agités.

 

Le soir venu, les enfants sont un peu plus sereins, et lorsque nous nous installons pour le dîner, l'énergie immense d'Orel et Dorian irradie si fort que nous en sommes tous pleinement comblés.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

Publié dans Messages

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P
Magnifique partage ! Encore merci Aurélia pour ces énergies d'amour et d'aventure.
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