Au delà de Mars (2/2)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Au delà de Mars (2/2)

Message du Guérisseur Lestrys (suite)

 

 

Je répondis ensuite aux questions insistantes de Stency.

 

  • Qui sont donc ces drôles de petits personnages ? demanda-t-il. Je n'ai jamais vu ces créatures.

 

Effectivement, derrière nous, une centaine d'êtres au teint vert, parfois bleuté ou olive, babillaient entre eux. Les êtres étaient assez petits, avec un crâne absolument énorme et aplati aux grands yeux perçants, d'une magnifique teinte rubis. Chacun des êtres portait soit une tunique parées de hiéroglyphes dorés sur fond bleu ciel, ou étoilé, soit une ample soierie multicolore.

 

  • Ce sont des Tarethos, les frères de nos amis, expliquais-je à Stency, les habitants de la planète Arétha.

  • Où vous êtes chaleureusement conviés ! lança Semna avec exubérance en levant son verre.

 

Chacun de nous rit de joie, mais le petit Stency, très curieux, avait encore bien des questions.

 

  • Sur cette planète existent aussi des Denakhs ?

  • Oui, absolument. Les laboratoires de cette planète sont gigantesques. Les nôtres ont noué une très ancienne alliance avec les généticiens de ce monde, et certains chercheurs ont été très heureux de partir habiter là bas, expliquais-je à mon cher petit.

 

Stency parut heureux de ma réponse. Le fait d'apprendre pour un enfant que l'on pouvait tout naturellement partir si loin, de si joyeuse manière, avait quelque chose de profondément agréable.

 

Notre repas se poursuivit dans une très vive allégresse et je m'enquis auprès d'Istigrit de la prochaine destination de nos amis.

 

  • Nous revenons chez nous, expliqua-t-elle. Certains sont en mission depuis plus d'un an. Cela fait tout de même beaucoup. J'aspire à m'occuper de ma famille et Sizris aussi, bien entendu, fit-elle en aidant le petit Schin à tenir sa cuiller.

 

J'avais remarqué le lien profond qu'elle entretenait avec cet enfant extrêmement jeune, mais je n'osais formuler ma question. Après tout Istigrit était une dame, et certaines curiosités peuvent être de nature à offenser les nôtres, au point que certaines questions restent soigneusement évitées.

 

  • Je ne suis point partisane du grand tabou, exposa Istigrit avec un sourire. Sur Arétha, les choses sont plus simples. Schin est né sur Mars, même s'il vient d'au delà de Mars. Il a brisé sa coquille peu après notre arrivée.

  • Nous savons que c'est très rare, mais Schin n'est pas un clone, exposa Sizris en embrassant le petit alien. Semna et moi-même avons uni nos fluides pour faire sortir l’œuf sans dommages. Il a été examiné par les êtres de Lumière, le choc lié à l'impact du vaisseau ne l'a heureusement pas affecté.

 

Je murmurais une prière, ainsi que des bénédictions. En effet, il était rarissime que les nôtres puissent porter un enfant de manière naturelle. De telles naissances étaient considérées avec une sorte de vénération religieuse. Le fait de donner le jour à un petit alien de cette manière ne m'avait été rapporté que très peu de fois au cours de mon immense vie. Pareille manifestation ne se produisait qu'une seule fois au cours de la vie d'une mère. Il en est bien sûr fait ainsi sans doute en raison de notre longévité immense, car nous pouvons vivre parfois plus de 1000 ans.

 

Bien sûr, le recours au clonage était devenu universel, mais il existait encore parfois, des aliens nouveaux-nés. Ayant vu nombre de prodiges en ma vie, je savais que l'abdomen des mères devenait pour ainsi dire luminescent et gazeux, afin de laisser aisément sortir l’œuf. Il en est ainsi pour notre espèce si énergétique au bassin étroit, même si certaines mères avaient besoin du fluide de leurs proches pour accomplir cette transmutation.

 

Je réalisais que mes compagnons s'étaient tus, chacun fixant le petit Schin avec des yeux luisants d'émotion. Darsimen sourit largement et félicita ses parents.

 

  • Je me sens honoré d'avoir pu vous connaître. Pour avoir donné ainsi le jour à une nouvelle vie, les dieux vous sont favorables. Soyez bénis, chers amis, et que ce petit si agréable se voie comblé de grâces célestes, exposa le sage.

  • Nous ne sommes que d'humbles chercheurs répondit le petit Sizris. Nous n'avons rien de particulier, nous nous aimons. Il est vrai que nous espérions très fort avoir un enfant, sans y croire vraiment.

  • L'amour est immense, enfants, exposa le sage, d'une voix rayonnante. Il surpasse tout ce que nous sommes capables d'accomplir en génétique, en ingénierie de vol, en tout... C'est votre amour, qui sans nul doute a fait refleurir votre héritage ancestral, pour vous redonner la grâce génétique de porter une nouvelle vie.

  • Sizris sera un très bon père, exposa Semna. Le conseil des anciens avait donné sa bénédiction pour que lui-même et Istigrit se voient offrir un clone d'ici un an. Ce clone devait abriter à parts égales leurs deux ADN qui ont été jugés d'excellente qualité, tout comme le petit Andezza. Notre voyage a duré un an, et l'ADN de Schin est de merveilleuse qualité. Nous n'avons pas eu besoin de le redresser, incroyable ce que la nature peut accomplir ! Il sera en très bonne santé. Il est encore très jeune, mais il commence déjà à parler. Je suis sûre que d'ici quelques semaines, il comprendra bien plus de choses, car ses yeux bougent très vite. Cet enfant est un cadeau du ciel ! Ce sont les experts en génétique supérieure qui vont être un peu surpris de nous voir revenir avec un jeune !

 

Chacun d'entre nous rit de bonheur, face à cette déclaration. Effectivement, Schin fixait alternativement nos visages, et semblait comprendre qu'il était question de lui. Andezza aussi semblait ravi de la venue de son jeune frère. J'étais très heureux d'apprendre que ce peuple pratiquait ainsi le clonage à parts égales. Et je devinais aussi combien Semna avait hâte de prendre soin de son petit-fils.

 

Je songeais que j'ignorais alors le lien de parenté entre Semna et le couple.

 

  • Semna est ma mère, exposa Istigrit. Ma mère originelle. Elle a fui le régime des castes, ajouta la charmante alien par la pensée.

 

Une conversation psychique des plus agréables débuta entre nous.

 

  • Lorsque j'ai vu le jour, Semna a vu que j'étais très faible, elle a réussi à me ranimer. Ensuite, je me développais mal. Les généticiens Denakhs ont voulu l'arracher à moi, car j'étais trop frêle. Elle s'est rebellée, et elle a pu me garder. A l'âge requis, j'ai atteint mes deux ans, mais je peinais encore à marcher longtemps. Les généticiens ont donné des ordres pour que j'aille rejoindre les autres jeunes clones chargés de la maintenance des vaisseaux. Semna se refusait à me voir partir, cela lui était insoutenable. Alors, elle a fui sur Arétha, où elle connaissait un généticien, qui nous a abritées. Ensuite, ma croissance a repris et je suis devenue très grande, expliqua Istigrit en riant.

 

J'exprimais alors toute mon admiration envers Semna, qui, comme de nombreuses premières, s'était vue confier un enfant. Ainsi, elle avait osé se rebeller contre la séparation ancestrale des mères, la plus cruelles de toutes, pratiquée sur mon monde pour tous les enfants dès l'âge de deux ans. Depuis, bien sûr, le système des castes avait été entièrement aboli. Les mères avaient désormais le droit de garder leurs enfants à leurs côtés et pouvaient même les instruire elles-mêmes en salle de recherche, ou en simulateur de vol, occasion pour elles de rencontrer un époux. Les choses avaient bien changé. C'était grâce à des aliens à l'esprit noble et indépendant, comme Semna.

 

Assez surpris, je vis un petit alien au teint vert, superbement paré d'un habit écarlate, s'avancer vers le petit Schin et l'embrasser. C'était un Tarethos. Il semblait de caractère affable, par rapport à l'impérieuse Semna. Je ne fus qu'à peine surpris, lorsqu'il prit place à ses côtés.

 

  • Voici Littendu, mon époux, le présenta fièrement Semna. Il est arrivé hier, avec la mission de secours, qui va nous ramener sur Arétha. Il va y avoir une cérémonie, chez nous, pour rendre hommage aux victimes, qui seront emmenées sur notre monde. Littendu travaille au laboratoire des naissances. C'est lui qui a été chargé de l'identification génétique des victimes, puis de leur réplication, ou de leur multiplication, suivant leurs dernières volontés.

 

J'appris ainsi avec beaucoup d'étonnement et de joie, que pour ces êtres qui pouvaient vivre un temps immensément long, plus de 3000 ans en moyenne, parfois bien plus, le corps pouvait être aisément reproduit. Évidemment, pour votre monde, répliquer des êtres après leur mort prendrait un temps infini, compte tenu de votre longévité. Mais pour ce peuple, un enfant pouvait être quasiment adulte en environ 7 à 8 ans.

 

Chaque habitant, suivant son souhait, était ou non répliqué. Parfois, l'âme revenait se poser à l'intérieur du nouveau né, parfois, elle poursuivait son chemin. Une autre âme pouvait alors venir se poser à l'intérieur d'un jeune alien. Mais chaque famille avait la joie de retrouver un peu de l'enfant ou du parent qu'elle avait perdu, que ce soit par l'apparence, et parfois aussi, par l'âme, qui pouvait se souvenir de tout. Il s'agissait bien sûr d'un traitement assez particulier. La réplication intervenait après une période de deuil nécessaire, et l'enfant à venir, faisait alors l'objet de tous les soins, permettant ainsi cette heureuse continuité de la vie.

 

Je considérais bien là que Littendu faisait un travail remarquable. En plus de sa tâche de généticien, il était chargé de la cérémonie funéraire, qui consistait à rendre les corps meurtris des victimes au sol de leur monde, en louant leur courage, et leurs bonnes actions, puis à y planter des arbres, ainsi que des variétés de fleurs exceptionnelles.

 

La multiplication, expliquait Semna, était pratiquée, lorsqu'un individu ne désirait pas que son corps soit recréé à l'identique. Il existait différents courants de pensée, mais certains généticiens pensaient qu'une réplication cela risquait d'entraver le développement de l'âme, qui devait suivre une nouvelle voie. Lors de la multiplication, l'ADN du donneur était alors offert, afin d’encourager l'enrichissement de la banque de données planétaire, en vue de la création de futures lignées de clones.

 

Tout heureux, ma pensée se mit à vagabonder d'agréable manière en mon esprit. J'étais émerveillé de ces facultés, de ce respect de la vie chez nos amis. Il y avait là nombre de possibilités inexplorées.

 

Je vous salue bien affectueusement, chers amis de ce monde souriant. Recevez toutes mes bénédictions, pour votre grand courage, votre soif de liberté et votre ouverture à tout ce qui vous semble improbable. Nous sommes avec vous en pensée, êtres du haut plan et de l'Intraterre et nous veillons vos pas.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

Publié dans Messages

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