Voyage sur la planète gazeuse (2/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Voyage sur la planète gazeuse (2/4)

Message du Professeur Zolmirel

 

Le lendemain, il en fut bien ainsi, j’avais passé une nuit fort agréable, empli de contentement par la proximité de l'être aimé. Nos esprits s'étaient élevés au firmament, et l'énergie qui nous unissait était immense. Ma vision entra en un champ de prescience que je n'avais jamais encore expérimenté jusqu'alors. Je compris que Zilmis possédait une capacité de s'immerger dans son environnement peu ordinaire. Il agissait avec intuition sur les pannes des aéronefs, les résolvant les unes après les autres avec une belle assurance.

 

Ce matin là, nos travaux de découpe du métal avançaient bien, le petit Zilner nous aidant avec une joie très vive en aspirant la sciure de métal, en vissant et boulonnant de nouvelles pièces de ses doigts si agiles. La famille d'Amoni devait partir ce matin là, et nous nous sommes tous étreints, certains de nous revoir bientôt. Esvar, Minvela et leurs deux enfants prirent place dans le beau vaisseau bleu et mauve, qui s'éleva à toute allure.

 

Les travaux sur notre vaisseau avançaient bien. Celui-ci avait déjà pris une allure plus rassurante, et il n'était plus besoin de le bâcher, puisque le toit avait été réparé le matin même pour empêcher l'eau de s'infiltrer. En vérité, le vaisseau posait un problème, car il n'entrait pas dans notre hangar.

 

C'est alors que mon grand père, le vénérable Oralecto, nous rendit une petite visite impromptue.

 

Il apparut, assis sur une souche d'arbre ancienne. Il s'approcha et me félicita, puis, il bénit notre union. Il prononça des bénédictions en voyant Zilmis pour la première fois.

 

  • Mes enfants, je suis si heureux ! Je suis tellement fier de vous !!! émit-il avec une grande bonté

  • N'es-tu point heurté par... mon âge ? demandais-je à voix basse.

  • Nullement, nullement. L'âme connaît et reconnaît les êtres, siècles après siècles, le regard de l'âme est pur et sans faille, si ce regard t'inspire de l'amour, alors c'est que l'être aimé se tient devant toi. Point n'est besoin de se questionner, philosopha t-il. Nous faisons partie des mondes où les êtres conservent leur apparence jeune durant de très nombreuses années, c'est une grande chance. Alors pourquoi se soucier de l'âge ?

 

Je réalisais que notre apparence ne changeait pas, siècle après siècle, en effet. Notre âge réel était insoupçonnable, à part notre regard qui en disait plus ou moins long sur nos mémoires.

 

  • Qu'est ce qui vous ferait plaisir, mes enfants ? demanda Oralecto avec malice, voyant notre astronef en fâcheux état.

  • Il est superbe, mais il ne rentre pas dans le hangar, déplora Amoni.

  • Eh bien, si le vaisseau ne rentre pas, il suffit juste d'agrandir un peu le hangar !!! Voilà donc ce que nous allons faire ! lança t-il d'un ton empli de bonté.

     

Nous avons alors vu, sans le croire pleinement, le hangar, en effet, pousser en largeur et en hauteur, le tout se faisant sans un bruit. La bosse qu'il formait au niveau de la rocaille était maintenant bien plus vaste. Amoni a ouvert la porte et s'est avancé, découvrant des trésors de ferraille dans des caisses séculaires, apportées là par Zilmis, ainsi qu'un intérieur entièrement nouveau repeint en rouge cuivré et garni de nouveaux outils.

  • Ce sera mon petit cadeau, murmura Oralecto d'une voix un peu absente.

 

Je me retournais, avec l'intention de le remercier, mais il avait déjà disparu, comme les très grands anciens savent le faire.

 

  • Voilà qui est peu ordinaire, s'amusa Dorian. Il y a là tout ce qu'il faut pour rénover notre ami !!!

Chacun rit et se mit au travail, dans la plus parfaite allégresse. Les travaux avançaient bien.

 

Et le lendemain suivant, notre esquif était prêt pour sa première sortie officielle. Il n'était pas encore tout à fait achevé, mais nous avions hâte de l'emmener aux docks pour le montrer à nos amis.

 

Nous étions attendus en effet ce jour là, pour préparer notre future mission.

Nous avons atterri devant les docks et nombre de petits techniciens fort curieux nous entourèrent, ainsi qu'une Erazel emplie de joie. Elle vint tout de suite à notre rencontre.

 

Elle salua Zilmis avec beaucoup de chaleur.

  • C'est donc vous l'expert ? dit-elle en riant, Soyez très bienvenu, c'est votre maison à présent ! Venez, je vais vous faire visiter les lieux, nous avons arraisonné deux épaves, nous dit-elle avec un entrain fort joyeux.

 

Nous nous sommes avancés à sa suite, voyant là le lézard Alantakiu, occupé à visser et à boulonner les réacteurs d'un très vaste navire argenté, dont le flanc gauche était en cours de réfection. Un autre bâtiment, qui lui provenait d'un astéroïde, était aussi présent pour inspection. Les épaves avaient été décontaminées les semaines précédentes de toute forme de vie inverse éventuelle. Mais il restait sur les flancs de l'une d'entre elles un peu de mousse stellaire que les botanistes du complexe s'étaient empressés de dupliquer en laboratoire. La mousse stellaire ne se développe que dans le vide spatial, en présence d'une énergie photonique suffisante. Elle est employée pour modifier la trame de vie dans le niveau subatomique d'une planète, c'est à dire pour enrichir son sol en l’absence d'atmosphère suffisante. Elle agit de même avec la structure d'un vaisseau, causant évidemment des trous importants.

 

Nous avons passé là une journée formidable avec Erazel, certains de vivre des instants bien mérités. Elle apprécia beaucoup la conversation de Zilmis et se désolait tout comme nous qu'il n'ait vu que si peu de contrées.

Zilmis était un peu timide, mais s'extasia dès qu'il entendit Erazel nous conter l'une de ses aventures. Il devint allègre lorsqu'elle nous fit monter à bord d'un disque argenté pour aller nous rendre au centre d’intervention le plus proche.

 

Là, des missions nous attendaient. Comme pour les équipes de réserve, nous serions affectés à notre prochaine sortie dans une vingtaine de jours. Cette rotation des équipes est indispensable. Les missions d'intervention ont lieu pour tout risque, le sauvetage d'individus, dans un marais par exemple, en présence d'un incendie, ou dans une zone spatiale dangereuse. Cela est très varié et Amoni était spécialisé dans ce domaine afin de stabiliser rapidement des blessés.

 

Entre temps, un événement que nous attendions tous allait se produire. Le petit Nerti était définitivement guéri, et allait pouvoir nous être rendu. Les êtres du pays du Soleil allaient nous envoyer un vaisseau. A bord de celui-ci voyagerait le petit alien intrépide. Ensuite, lors de son voyage de retour, le lézard Alantakiu y prendrait place avec une délégation de Galmols allant visiter le pays du Soleil.

 

Le jour venu, arriva le petit vaisseau tout brillant, jetant des éclats d'or sur le paysage alentours. Nerti parut à la fenêtre, une paix immense se lisait sur son visage. Amoni fondit en larmes et serra le petit alien dans ses bras. Nerti et Zilner pleuraient tous deux. Nous étions fous de joie. Nerti entra dans notre maison et nous trouva, Zilmis et moi-même occupés à mettre la table. Je lui tendis un présent, un vaisseau miniature capable de planer et il m'embrassa. Zilmis s'approcha alors timidement et lui offrit un objet qu'il avait confectionné lui-même. C'était une poupée alien figurant un petit spationaute. Nerti le remercia pareillement, il me fixa d'un air intrigué et comprit à nos sourires que j'avais trouvé mon « autre ». Il détailla Zilmis d'un œil surpris. Les Galmols des montagnes ont le teint saumon avec de subtiles nuances d'orangé et de rose. Quand on s'est habitué à ces variations on apprécie cette coloration, surtout que Zilmis possédait un regard bleu confondant des plus uniques. Je réalisais que le petit alien semblait apprécier ce nouveau membre de notre famille.

 

Je lus dans le regard de Nerti plus de calme, plus de maturité aussi. Il montra fièrement à Zilner son ventre parcouru de milliers de petits points minuscules, là où les généticiens avaient corrigé son ADN. Songeant aux milliers d'aiguilles qui avaient servi à le soigner, Zilner blêmit. Je n'osais songer à cela, et exposais à Zilner toujours très émotif, que Nerti n'avait absolument rien senti puisqu'il était endormi.

  • C’est comme un voyage, expliqua Nerti. Tu t'endors à un endroit et te réveille deux ou trois fois à un autre endroit, baigné de lumière avec les murmures apaisants d'êtres tellement âgés, encore dix fois plus âgés qu'Erazel ! Ils te parlent et te font suivre une sorte d'initiation, pour que tu renaisses dans la lumière. Puis, tu te réveilles ici, et c'est comme si s'était écoulé un jour à peine, alors que tout un mois a défilé.

  • Tout un mois sans rien manger ? s'étonna le petit alien timide .

  • Oui, mais tu ne sens rien, c'est la lumière qui s'infiltre en toi et te permet de continuer à vivre. Ils ont besoin de ce stade minimal de survie du corps pour corriger tout ce qui ne va pas à l'intérieur, expliqua Nerti.

     

Chacun écouta son récit avec attention. L'après midi venu, nous l'avons passée sur les chantiers de fouilles qui avaient repris, une fois que les eaux s'étaient retirées. Beaucoup de palais fragiles avaient été ôtés de là par les anciens, mais celui sur lequel nous étions en train de travailler à cette époque avait été laissé en place, car il se tenait au sommet d'une colline tout près d'une pyramide fastueuse.

 

Nerti devait se ménager, il resta à lire une partie de l'après midi. Il souffrait de temps à autres de vertiges, mais il était bien plus posé. Son caractère avait changé, ne diminuant en rien son envie de nous accompagner dans l'espace pour la prochaine mission. Cela mit du baume au cœur de Zilmis qui était encore un peu craintif à cette idée.

 

Cette existence paisible se poursuivit. Nous avions mis au jour des fresques admirables, représentant entre autres, des aliens, des êtres de lumière et… des humanoïdes. Nous en étions fort surpris.

 

En notre quadrant existent plusieurs planètes dites « gazeuses ». C'est à dire qu'un vaisseau peut se noyer en leur atmosphère. J'étais fasciné par ces mondes, d'un grand mystère. Et comme la fascination ne vient jamais seule, je sentis que quelque chose nous appelait en ces lieux.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :

 

 

 

Publié dans Messages

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C
J'étais un peu jaloux de Nerti ; moi aussi j'aurais voulu avoir un petit vaisseau spatial.
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C
Le professeur Zolmirel sait très bien raconter les histoires : )
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