Les activités sur mon monde (3/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les activités sur mon monde (3/4)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

Je déposais sur la table plusieurs plats à l'odeur prometteuse, suivi par mon père, qui apporta de la sauce, avec d'agréables entremets. Chacun se servit, et l'ambiance devint fort allègre.

 

  • Combela costa it … leteman i su, exposa Minel avec bonté.

  • Elle vous remercie pour votre charmant accueil, émit Amoni d'un air radieux. Elle passe ici de très agréables instants.

  • De quelle province venez-vous ? questionna mon père en toute innocence.

     

Nous lui avions un peu parlé de la tragique histoire de Minel, pour ménager sa sensibilité, mais peut-être avait-il oublié cela. Malgré tout, Minel avait bien guéri, et elle parvint à répondre avec assurance.

 

  • Li venir espace, exposa Minel d'une voix sereine. Autrefois, ingénieure en poussée stellaire dans autre vie. Monde des Denakhs manque de chaleur, de bienveillance. Ici, votre monde, bien plus joyeux, bien plus insouciant.

  • Vous êtes vous aussi une vaillante voyageuse de l'espace, mais quel bonheur ! lança mon père, tout à fait radieux. Acceptez-vous de parler de vos activités ?

  • Je reconstitue trame connaissance d'avant. Moi oublié, et lire beaucoup de livres sur réacteurs navires stellaires, apprendre la langue aussi, exposa Minel d'une voix charmante.

  • Cela viendra, cela va venir à coup sûr de manière rapide et satisfaisante, assura mon père. Vous avez eu beaucoup de courage jusque là. Je suis bien certain que vous allez encore une fois épater les experts !

     

Chacun de nous éclata de rire, comblé de pareils propos. J'étais soulagé que mon père se soit souvenu à temps de la longue guérison de Minel. Je vis bien à son expression qu'il l'acceptait pleinement.

 

Notre repas se déroula dans la plus parfaite allégresse. Peu après, j'aidais à apporter les ustensiles à la cuisine. Minel les disposa dans le polisseur à vaisselle. C'était un appareil un peu comme le vôtre, mais muni de brosses rotatives, et avec des compartiments pour chaque couvert ou assiette.

 

Je perçus la pensée quelque peu affligée de Minel.

 

  • Comme j'aimerais pouvoir mieux parler votre langue. Je suis intimidée, et les mots s'envolent de mon esprit, soupira-t-elle. D'habitude, je parle mieux.

  • C'est normal, répondis-je en saisissant sa main. Vous vous en êtes très bien tirée. Mon père est conscient de vos immenses efforts. Il vous apprécie beaucoup. Soyez plus indulgente avec vous-même. Certains verbiages prennent du temps à être mémorisés parfaitement. Ici, vous êtes chez vous, et nul ne se formalisera s'il manque des mots.

 

Minel me fit un sourire de gratitude. Mais je devinais que le soir même, elle allait sûrement redoubler d'efforts et s'absorber en quelque lecture. Elle parvenait à lire parfaitement notre langue, et aussi le Denakh. Cependant, les mots étaient difficiles à formuler pour elle. Les conversations allaient trop vite, pour qu'elle ait le temps d'assembler une phrase complète en notre langue.

 

Nous avons pris une infusion, observant les derniers points pourpres tomber sur les plus hauts arbres de la forêt qui sommeillait peu à peu.

 

Puis, la fraîcheur de la nuit nous fit rentrer. Mon père tira les rideaux, pour éviter que de grands papillons de nuit n'entrent. En cette région, ils pouvaient former des nuées. J'écoutais le chant des grenouilles au loin, et fermais toutes les portes. J'embrassais mon père, et allais me coucher.

 

Zilmis était rayonnant que son récit sur la réparation du fastueux navire ait ainsi accaparé les esprits.

 

  • Tu le racontes si bien, exposais-je.

  • Ton père est si bon de m'accepter. En ma province des montagnes, les androgynes n'ont point le droit de raconter des histoires, de voyager dans l'espace, de rire, de vivre, tout simplement.

  • Cela est ton passé, et n'a plus à être. Je sens qu'Erazel songe à effectuer là quelque action d'éclat pour mettre à bas toutes ces fausses croyances. Nos amis de lumière pourraient bien avoir eu vent de ces plans pour aider les aliens femelles esclaves en ces provinces. Les androgynes méritent aussi tous la liberté.

  • Est-ce une pensée que tu as perçue ? s'enquit Zilmis par l'esprit.

  • Oui, elle prend forme peu à peu, dans l'esprit de notre si sage ancienne. Les anciens ont accès directement à la souffrance qui jaillit de ces provinces archaïques. Ils la ressentent pleinement, et ne peuvent plus la tolérer. En refusant la technologie, l'enseignement de la science, et le monde moderne, les aliens des montagnes stagnent en leur idéologie d'efforts, et de labeur. Certains ont la curiosité de découvrir d'autres manières de vivre, mais les autres ne les laissent pas faire.

 

Chacun de nous s'endormit, et je fis un rêve étrange.

 

Le père de Zilmis, d'un naturel des plus bougons, entassait avec réticences de la vaisselle sale dans un polisseur à vaisselle.

 

Mais la scène changea. Sa fille s'emportait contre lui, hérissée de colère. Le polisseur à vaisselle disparaissait, et le père de Zilmis devait laver à la main une montagne d'assiettes.

 

- C'est trop facile ! disait-elle. Tu m'as obligée pendant des années à être la servante de la famille ! À toi de frotter maintenant ! Et cela a intérêt à être propre !

 

La cuisine avait grand besoin de soins, Zilmis n'aurait jamais accepté d'y entrer pour rien au monde. Après le nettoyage des plats, des couverts et des casseroles, le père à Zilmis dut frotter les murs, les étagères, sans oublier tout le mobilier, les surfaces de cuisson et le sol.

 

Figée comme une statue, sa fille en colère parut se détendre. La scène s'éclaira, et Zilmis apparut peu à peu, dans une lumière éblouissante, le visage radieux. Il courut vers son père et ils s'étreignirent tendrement dans la cuisine chaleureuse, qui avait recouvré son lustre d'antan.

 

Je m'éveillais peu à peu, tout d'abord intrigué par la lumière qui venait de la gauche de la pièce. Étrange...

 

J'avais si bien dormi, que j'avais oublié que je séjournais chez mon père. Le matin jaillissait sur la forêt, avec le murmure des oiseaux.

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