Les activités sur mon monde (2/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les activités sur mon monde (2/4)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

 

Notre navire habilement restauré, aux parois bien brillantes, polies si habilement par les enfants, prit de l'altitude, survolant, une partie plus sauvage de la forêt, plus humide aussi. Un vert panorama splendide nous souriait à perte de vue, là où le soleil dessinait des ors sur la cime des arbres lointains. Des vapeurs gracieuses, soulevées par le vent autour de quelques petits torrents attiraient des nuées d'oiseaux et des lézards volants de toutes les couleurs.

Le vaisseau accéléra de belle manière, et bientôt, une clairière familière apparut. Amoni le posa avec légèreté. Puis, chacun de nous descendit.

 

Nous avons pris nos quelques effets, et nous sommes avancés vers la jolie maison forestière, aux fenêtres toutes illuminées d'or. Fou de joie, mon père Ektamirel se précipita pour m'étreindre. Je versais des larmes d'émoi, il semblait transformé.

 

Avec beaucoup de bonheur, je lui présentais Zilmis, Amoni, et Minel, puis Orel et Dorian. Il paraissait enchanté de notre venue.

 

  • C'est la première fois que je vois des êtres de lumière de si près, avoua-t-il en riant. Du moins ici...

  • Nous sommes exactement comme vous, fit Dorian pour le rassurer. Nous sommes juste un peu plus énergétiques que vous.

  • C'est bien certain, soyez tous les bienvenus ! exulta-t-il, en montrant la maison complètement transformée.

 

L'entrée avait bien changé. Un jardinet propret avec de grands bacs de végétation en parfaite santé s'y étendait. Un petit salon de lecture jouxtait une serre. Je découvris avec bonheur un beau séjour pourvu de lanternes à plasma toutes dorées, qui donnait une ambiance chaleureuse, puis un autre salon, avec une vaste bibliothèque. Ensuite, venait le laboratoire, où mon père avait dupliqué des plantes et des formes de vie bioluminescentes. Des touffes de champignons très denses croissaient sur des souches, dans de grands bacs de verre, à l'hygrométrie et la température strictement contrôlées.

 

Il nous mena vers les chambres à l'étage, au nombre de trois. Je découvris une chambre bleu pâle avec un grand lit suffisamment long pour Amoni et Minel. Puis, une deuxième chambre, avec une alcôve et une troisième, qui comportait plusieurs lits d'enfants. Les lieux étaient brillants de propreté, et tout semblait neuf.

 

  • C'est extraordinaire, assurais-je. Félicitations ! Voilà de très belles pièces.

  • Merci, répondit mon père, très touché de ces propos. Erazel m'a beaucoup aidé, assura-t-il.

  • C'est un bel ensemble de couleurs pastel, assura aimablement Amoni. Nous sommes très heureux de votre accueil.

 

Mon père s'excusa de n'avoir point prévu de chambre pour les êtres de lumière.

 

Orel et Dorian s'en amusèrent.

 

  • Nous ne dormons point. Disons, point aussi souvent que les vôtres, cela n'est pas nécessaire. Nos cycles de régénération se font autrement. Nous pouvons aussi passer aisément d'un lieu à l'autre. Donc rassurez-vous, ce n'est pas grave du tout !

 

Nous sommes redescendus dans le séjour. Mon père nous fit visiter la cave, qui abritait une vaste chaufferie reliée aux serres, et les réserves de provisions, d'eau et de semis. Le recycleur était installé le long du mur. Il s'agissait d'une vaste cuve, destinée à purifier toute l'eau domestique. Le recycleur, était relié à une citerne d'eau de pluie, enterrée dans le jardin. La pièce comportait aussi un atelier pour entretenir les vaisseaux spatiaux, avec de nombreux outils.

 

C'était une très jolie demeure. Nous sommes remontés, heureux de nous affairer pour mettre la table et préparer le repas du soir.

 

Mon père était très gai, mais un peu larmoyant. Je compris qu'il n'osait poser la question qui l'inquiétait le plus. Devinant sa pensée, et toujours très subtil, Amoni dissipa sa peine.

 

  • Si vous le souhaitez, nous resterons avec plaisir, dit-il aimablement.

Chacun acquiesça aussitôt. Zilmis était ravi de mieux connaître mon père, qui lui avait fait bon accueil.

 

Ils se dévisageaient avec curiosité, et mon père le questionna sur ses activités dans le grand hangar.

 

  • Réparez-vous toujours des longs courriers ? demanda-t-il avec une joie contagieuse.

  • Oui, répondit Zilmis, très heureux de parler de sa passion. Je fais les navires régionaux et planétaires. Mais en effet, lorsqu'ils ont besoin de bras là-haut, je suis appelé en renfort, dit-il en riant.

 

Les plats chauffaient, la table était mise. Amoni et Minel avaient monté tous nos effets à l'étage avec une belle efficacité. Chacun de nous prit place, désireux d'entendre une bonne histoire.

 

  • Et comment se passe cet appel ? questionna mon père, en servant des boissons fruitées à chacun.

  • C'est très simple, assura Zilmis. Lorsque ma présence est requise, je reçois un message télépathique. Nos amis de l'espace ménagent une porte d'accès transitoire, et je peux me rendre aussitôt sur les stations d'appontement, pour dépanner les croiseurs en détresse. Je reçois de la même manière les schémas techniques et les problèmes rencontrés par les navigateurs. Hier, je me suis rendu sur un navire en panne au niveau de la portion australe de notre monde. C'était un vaisseau lourd d'export de marchandises. Un intersystèmes, précisa-t-il. La voilure a été endommagée par un astéroïde mineur non répertorié. Et deux réacteurs auxiliaires sont tombés en panne, car les relais magnétiques avaient été coupés net. Nous étions quatre sur cette panne.

  • Êtes-vous sortis dans l'espace ? questionna mon père avec quelque effroi ?

  • Non, aucunement. Les sorties dans l'espace sont trop dangereuses. Le vaisseau a été remorqué en station de maintenance. C'est une rampe d'amarrage située dans l'espace, mais pressurisée, et avec tout le confort et les outils nécessaires.

  • Intervenez-vous directement sur le blindage endommagé ? s'enquit mon père, très curieux.

  • Ce type de navire est trop grand. Nous commandons des treuils gravitationnels, pour opérer sur les parements. Lorsqu'il s'agit d'un navire autogène, le parement se reconstitue après plusieurs heures. Lorsqu'il s'agit d'un navire inerte, dont la coque n'a pas été conscientisée, la structure peut être démontée et remplacée. Ici, ce type de navire était un peu entre les deux. Les ingénieurs l'avaient modifié, pour qu'il réponde à des normes de sécurité plus grandes. Nous avons réussi à déverrouiller certains parements, pour les écarter suffisamment. Cela nous a permis de nous faufiler au niveau de la voilure pour remplacer les tubulures magnétiques. Il existait de nombreux câbles rompus. Des relais primaires et secondaires en fluide réfrigérant avaient été coupés net. L'impact faisait environ un mètre de diamètre. Le navire a été littéralement transpercé par un roc stellaire.

  • Il devait exister des déflecteurs endommagés, exposais-je.

  • Oui, tout à fait, plusieurs miroirs ne fonctionnaient plus. Cela a été résolu par deux de mes compagnons. De mon côté, je devais m'occuper de reconnecter tous les réacteurs pour soigner ce vaisseau.

  • Vous en parlez comme s'il était vivant, fit observer mon père.

  • Oui, c'est bien vrai. Ils sont un peu vivants, exposa Zilmis avec une sorte de mysticisme religieux. Nous ressentons un peu ce qu'ils sont, comment ils réagissent. Ils ne sont pas habités de la même conscience que la nôtre, mais la forme de vie cristalline siégeant au cœur de chaque navire est habitée d'une vitalité propre. C'est grâce à elle que le bâtiment tout entier peut avancer dans l'espace. Elle sait ce qu'elle a à faire et est très consciente de cela. Pour cette raison, les ingénieurs installent le cristal au centre de la zone environnementale abritant les jardins. Ils veillent à ce qu'il se sente le mieux possible. C'est grâce au cristal que la réaction de translation dimensionnelle peut s'opérer sur le navire tout entier.

     

Chacun de nous était suspendu au fil de cet incroyable récit. Surprenant un léger bouillonnement, je trouvais préférable de faire un saut en cuisine. Minel m'y accompagna. J'agis en peu de temps sur le repas qui cuisait, presque à point à présent, pour réduire à température. Minel apprêta de nombreux plats. La conversation du séjour continuait de nous parvenir.

 

  • Voici là une activité bien passionnante, exposa mon père. Vous avez dû y passer des heures.

  • Cela a été plus rapide que prévu, assura Zilmis humblement. Ici, le roc n'avait pas besoin d'être dégagé. Lorsque le roc est prisonnier de la voilure, cela prend bien plus de temps. Il faut faire venir des experts en vie stellaire pour vérifier qu'il ne contient pas d'amibes avant de l'extraire. Aussi, les ingénieurs préfèrent qu'un ancien agisse par l'esprit pour extraire les rocs prisonniers. Ils assouplissent la coque provisoirement, puis le roc peut être dégagé sans dommages. Ensuite, il est stocké en lieu sûr, avant d'être envoyé aux laboratoires dans un caisson hermétique. Ce type de roc est examiné par des chercheurs.

  • C'est tout à fait fascinant, lança Amoni.

  • Nous avons l'habitude. Ici, le but était de reconnecter les réacteurs, pour relancer la machine centrale. Les passagers commençaient à être inquiets. La pâte thermale commençait à refroidir. Les cuves d'hydrogène transforment ce fluide en plasma d'hélium. C'est une réaction qui peut se ralentir lorsque les circuits internes sont perturbés. Il existe bien sûr des circuits de compensation, vers les chaufferies, les serres, les fours du vaisseau. La température du bâtiment a été augmentée d'un degré. Pour un navire de deux kilomètres de long, cela fait un changement considérable. Cette procédure était nécessaire pour que le navire puisse rester en poussée mineure pendant la phase de test. Nous avons changé des tubulures endommagées, en agissant depuis des tourelles d'accès. Ces tourelles se déploient tout autour du vaisseau, elles permettent d'opérer. Nous y sommes assis et pianotons sur des consoles pour toutes les opérations de maintenance courante. Tout est semi automatisé. Ensuite, nous devons vérifier visuellement la qualité des réparations, et effectuer des tests d'étanchéité. Ici, tout s'était bien déroulé. Les réacteurs pouvaient être remis en route. Nous avons évacué le hangar. Puis, le vaisseau a redémarré comme il faut. C'était très impressionnant. Les ingénieurs de bord ont estimé que le phasage des réacteurs était bon. Ensuite, le vaisseau a été inspecté en détail, au niveau des miroirs déflecteurs. Il y en avait une vingtaine à changer. C'était un vaisseau d'une planète amie, les hors mondes ont été ravis, conclut Zilmis en souriant.

  • C'est incroyable, exposais-je avec une folle admiration. Je n'arrive pas à croire que tu puisses aller dans l'espace pour faire tout cela et que tu sois de retour pour dîner le soir venu !

  • C'est une activité bien agréable, fit Zilmis. La réparation a duré quatre heures. Elle était difficile, mais très riche d'enseignements. Les ingénieurs et les autres techniciens ont été merveilleux. Chacun a pu aller se nettoyer et se reposer ensuite.

  • Cela n'est-il pas dangereux d'agir ainsi ? questionna Amoni. Vous pouvez inhaler de la poudre de métal, et des vapeurs nocives.

  • C'est vrai, admit Zilmis. Lorsque le métal est chauffé, nous agissons pour cette raison depuis les tourelles d'accès, ou en scaphandre. Toutes les zones de travail comportent des dispositifs d'aspiration et la zone de travail est ceinturée d'une barrière étanche. Pour les vaisseaux plus petits, le travail se fait sur la coque directement. Il n'est pas possible de mettre en œuvre autant de moyens de protection. Tous les ouvriers subissent une décontamination systématique de leur organisme, de leurs habits. Les fluides du corps sont nettoyés chaque mois au centre de soins, de manière indolore et rapide. Il existe une très faible exposition, et elle est corrigée par ce moyen.

 

C'était la vérité, sur mon monde, tous les habitants subissaient un nettoyage cellulaire mensuel lorsqu'ils étaient exposés à des polluants de niveau 4, comme le métal. Les enfants, qui travaillaient au niveau du hangar stellaire du grand Institut, avaient bénéficié des mêmes protections. Parfois, il n'y avait rien à nettoyer, et parfois, le dispositif de ressourcement détectait des polluants mineurs sur quelques cellules, qui étaient aussitôt ôtés. Ce dispositif était très agréable à utiliser. Il s'agissait de traverser simplement des rideaux de lumière ionisés.

 

Pour éviter toute pollution, les vaisseaux planétaires devaient employer uniquement des matériaux biodégradables, comme l'acier, et des huiles, des peintures naturelles. Ainsi, les habitants pouvaient les remiser sans danger.

 

Les vaisseaux stellaires, étaient eux, construits avec des matériaux bien plus résistants et délicats à employer, comme le titanium ultra et l'astrocéramique blanche, ainsi que le shanil. Ces minerais, étaient très durs. Ils abritaient du titane amélioré, dans une matrice de silicium, et possédaient une structure micro-cristalline pratiquement indestructible. Il existait aussi des alliages, comme l'aluminium, ou l'acier transparent, qui permettait de couvrir un vaisseau de grandes baies vitrées à l'épreuve des astéroïdes mineurs. Différents feuillets de métal souple, étaient superposés à des feuillets de carbure, de titane, et de silicium. Ces matériaux étaient élaborés dans des fours ultra, les ingénieurs leur incorporaient une mémoire de forme, pour que le matériau s'étire en cas d'impact, et se reconstitue en quelques minutes.

 

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