Le retour chez nous (2/2)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le retour chez nous (2/2)

Message du Professeur Zolmirel (fin)

 

 

Les procédures de décontamination avaient été un peu longues. Je me doutais que le vaisseau avait été passé au crible par des équipes d'aliens pointilleux. Il en est toujours fait ainsi pour protéger la population de la surface de ce qui pourrait venir d'une autre planète.

 

Je savais que la plupart de ces mesures étaient inutiles, voire excessives, mais chacun de nous s'y soumettait quand même, conscient de certaines formes de vie inverse qui seraient difficiles à éradiquer. Chose qui peut vous paraître étrange, cette vie inverse était surtout végétale, avec en particulier ces plantes envahissantes qui prolifèrent et perturbent un écosystème harmonieux. Il existait peu de microbes capables de prospérer en nous. Le travail des équipes de décontamination était surtout primordial au niveau de la coque des vaisseaux.

 

Je fixais avec admiration des équipes de petits aliens graciles occupés à décontaminer la coque d'un croiseur voisin avec des polisseuses à énergie. Une autre équipe de mécaniciens s'activait au niveau des trains d'atterrissage qui avaient un problème.

 

  • Ce sera réparé en moins de deux, s'amusa Erazel.

  • Votre vaisseau est en parfait état, tous les systèmes ont été vérifiés avec succès. Il est aussi très propre, nous félicita un alien dans le communicateur.

  • J'en suis ravie, assura Erazel, qui était opposée à la présence du moindre grain de poussière dans l'habitacle et dans la cale.

  • Vous pouvez repartir, merci pour votre visite, émit l'alien avec courtoisie.

 

Notre nef décolla alors en s'extrayant avec grâce du berceau de lumière. Le hangar s'ouvrit, révélant de nouveau le spectacle stupéfiant de notre planète.

 

C'était l'aube au niveau de la région des sables, et le soir, près de notre contrée. Erazel manœuvra souplement près du vortex. La route à suivre apparaissait en pointillés bleus sur le tableau de bord lumineux.

 

Notre navire accéléra en vitesse de pointe, plongeant dans l'atmosphère. Mon esprit s'évada agréablement. Les jungles émeraude fascinaient mon regard. Légèrement troubles à cette altitude, elles avaient quelque chose d'hypnotisant. Lourdement chargé, le navire rebondit sur les couches de plus en plus épaisses de l'atmosphère. Mais Erazel connaissait si bien son navire, qu'elle compensa ces variations en incurvant notre course avec des manœuvres de rétrocession habiles. Le vaisseau protesta légèrement, et se stabilisa dans un beau nuage jaune pâle. Tous ses freins à répulsion déployés, il ralentit au dessus de la station de maintenance spatiale.

 

Il s'engouffra dans le hangar, franchissant des barrières prophylactiques de nouveau, pour s'immobiliser sur le tarmac. Une grue géante se déploya, projetant une vapeur spéciale sur la coque. Un nuage blanc s'éleva, et celle-ci commença à refroidir.

 

Lors des rentrées atmosphérique, le navire était entouré d'un champ, il ne chauffait pas autant que les vôtres, mais on devait le laisser refroidir quelques heures. Nous sommes descendus, accueillis de nouveau par une équipe de décontamination, qui nous fit signe d'entrer dans un sas.

 

Cette inspection fut plus brève que la précédente. Avisant les enfants qui tombaient de sommeil, j'en fus soulagé.

 

On nous invita à passer des habits de fête, et chacun put sortir du hangar. J'étais profondément heureux de me retrouver dans la prairie.

 

L'heure du soir avançait, la famille d'Amoni et la mienne nous accueillit en poussant des cris de joie. Je fus comblé de bonheur de voir mes parents qui m'étreignirent ensemble. Esvar, le frère d'Amoni était là, avec son épouse, Minvela. Il leur présenta Minel, qui les fixa avec curiosité. Auprès d'eux, se tenaient leurs deux enfants, deux petits aliens au teint bleuté, qui accueillirent Nerti et Zilner comme il se doit.

 

Les quatre enfants s'entendaient à merveille. Ils se mirent à gambader en tout sens sur l'herbe verte. De mon côté, je me laissais tomber avec soulagement en un fauteuil.

 

  • Quelle aventure ! s'amusa mon vénérable grand-père, Oralecto. Une sacrée affaire ! Il faut dire que cette planète était fort éloignée. Si loin n'as-tu jamais été, lança-t-il avec un mélange d'amusement et de sagesse. Quant à toi, fit-il à Zilmis, tu es un jeune prodige de l'ingénierie stellaire. Tu soudes plus vite que l'éclair !

  • Merci, exposa Zilmis, agréablement surpris. Ce n'étaient que quelques parements à remplacer. Pourquoi ne voyagez-vous pas dans un vaisseau ? s'étonna-t-il.

  • Quand on est aussi vieux que moi, on aspire à d'autres activités. C'est aussi le privilège de voyager sans se déplacer, qui rend la choses merveilleusement grisante.

  • Mais tu étais avec nous, fis-je à mon grand-père avec affection. Erazel et toi nous avez tirés des pires périls.

  • Il le faut bien, tel est notre rôle, répondit-il avec bonté. C'est à ce prix qu'une nouvelle vie à venir peut jaillir sur une jeune planète.

 

Notre repas se poursuivit, puis nous avons pris congé, un peu fatigués de notre retour. Il en est ainsi, lorsque le corps revient dans un nouvel environnement. Nous devions nous réhabituer à une atmosphère légèrement différente, et à la gravité, au magnétisme de notre monde.

 

La tête un peu chancelante, je gagnais un petit transport, avec Amoni et les enfants. Nous avons salué Erazel, les êtres de lumière pilotant le petit vaisseau. Chacun de nous ne dit mot, un peu somnolent.

 

Nous sommes entrés en notre jolie demeure, tout à fait ravis de revenir. C'était l'heure du soir, et une pluie légère perlait sur la jungle. Nous sommes entrés chez nous, discrètement, soulagés que nos voisins et amis ne se manifestent pas.

 

Notre fatigue était si grande, que nous n'aurions pu garder les yeux ouverts plus longtemps, malgré la joie de les revoir.

 

Amoni et Minel entassèrent les bagages dans l'entrée, puis allèrent coucher les enfants. Chose inhabituelle, ils décidèrent que nous rangerions tout le lendemain. J'en étais absolument ravi.

 

Comprenant notre état, les êtres de lumière se retirèrent. Je gagnais mon lit à pas lents, et m'étendis, m'endormant aussitôt. Il en fut de même pour Zilmis.

 

Chacun dormit fort longtemps. Nous nous sommes éveillés le lendemain, en début d'après-midi.

 

Je gagnais la cuisine silencieuse, m'occupant de préparer un bon plat pour tous, puis Amoni me rejoignit d'un pas serein, avec Minel et Zilmis.

 

Nous avons cuisiné ensemble une recette simple, très heureux de nous retrouver en ce lieu douillet.

Les enfants parurent peu après, rassurés de retrouver leur environnement familier.

 

Amoni s'occupa de ranger la montagne de bagages qui encombrait l'entrée, pendant que le repas cuisait. Cela ne prit guère de temps.

 

En gastronome averti, Zilmis déposa plusieurs salades, avec des tartes aux légumes. Des gâteaux prometteurs attendaient, répandant une senteur plaisante dans la cuisine.

 

Chacun de nous s'attabla, heureux de fêter notre retour.

 

  • C'était vraiment une très belle aventure ! lança le petit Nerti. J'ai hâte d'y retourner, mais pas tout de suite.

  • Bien dit, assurais-je, heureux de retrouver mon existence paisible.

 

Je contemplais ma famille avec émoi, empli de bonheur de les voir tous réunis. C'étaient des moments qui compte, de ceux que l'on oublie pas.

 

Je vous salue, amis de la Terre bleue et vous souhaite de vivre pareilles aventures heureuses. Recevez toute ma gratitude.

 

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