Le vaisseau en péril (1/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le vaisseau en péril (1/3)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Je reviens vers vous mes chers amis, pour vous exprimer toute ma joie à l'idée de vous retrouver.

 

Nous nous trouvions dans l'espace, une fois de plus et notre voyage avait été un grand succès. Nous avions pu semer la vie sur une lointaine planète, ainsi que sur sa lune.

 

Mes compagnons et moi-même étions cependant impatients de rentrer chez nous. Il vous faut savoir que le voyage dans l'espace ne peut se faire que durant une certaine période, en particulier pour les enfants. Au delà, le « mal du pays » comme vous le nommez, est assez vif.

 

Cela commençait à affecter l'entrain de tout l'équipage, nous étions fidèles à nos postes, mais il nous était un peu plus ardu de nous lever le matin par exemple. L'annonce du retour chez nous qui approchait, nous redonna toute notre vigueur.

 

Nos tâches sur le vaisseau étaient agréablement réparties. Nerti et Zilner étaient affectés au tâches de câblage où ils excellaient, et aussi, à la cueillette des fruits au niveau de l'aire naturelle, un paysage immense bien vallonné, qui nous servait de lieu de détente.

 

Nos amis êtres de lumière l'avaient aménagé spécialement pour nous. Une aire de jeux se trouvait à proximité, avec des murs d'escalade, des zones où les enfants pouvaient réaliser toutes sortes d'acrobaties sans risques.

 

Il y avait peu de tâches à accomplir à bord, aussi, Minel et moi-même étions revenus à nos paisibles activités ordinaires. Elle s'occupait de confectionner des remèdes, comme Amoni lui avait appris, et je dessinais ce jour là des insectes butineurs. Minel s'extasia sur mes humbles portraits de libellules, de papillons et d'arachnides colorés. J'avais représenté de nombreuses variétés d'abeilles, ce qui semblait la fasciner. Sur notre monde, il en existait des rousses, aussi des bleues et des vertes. Les bourdons aussi sont présents, mais plutôt en montagne.

 

Orel et Dorian s'approchèrent, le visage intrigué.

 

  • Sur nos mondes aussi existent ces insectes, avec d'autres coloris, d'autres propriétés aussi. Le corps de toutes les créatures y est plus éthéré. Lorsque les enfants grandissent, ils développent également ces capacités.

 

Je fixais Nerti et Zilner occupés à effectuer d'incroyables sauts avec d'autres enfants. Le petit Nerti faisait maintenant 1m10, ce qui était assez grand pour un clone. Zilner avoisinait 1 mètre de haut.

Tous deux étaient en excellente forme, ils rivalisaient admirablement à la course.

 

  • Les enfants sont assez grands par rapport à ceux de leur espèce. La gravité de votre planète y est pour quelque chose, en plus de tous les bons plats que vous confectionnez, et aussi tout votre amour, assura Dorian.

     

Minel émit un son allègre et mélodieux pour exprimer sa surprise.

 

  • L'amour permet à un enfant de croître mieux et plus vite. Il le protège également de tout ce qui peut advenir. Les aliens Denakhs le nomment la « marque », car il s'agit de l'empreinte énergétique d'un maître ou d'un parent. En réalité, c'est bien plus qu'un fluide protecteur. L'amour relie un être à toute la création, toutes les formes de vie, exposa Dorian.

     

Je méditais ces si sages paroles, et me levais, car mon tour était venu de remplir quelque mission à bord. Ce jour là, j'avais été affecté à la vigie, qui est pour nous le centre de télédétection du vaisseau.

 

Je me rendis douze niveaux plus haut, au pont supérieur, là où les experts surveillent les différents « champs », émis par un vaisseau ou un objet à la dérive. Ils surveillent bien sûr ce que vous nommez les débris, ou la poudre spatiale, qui constitue un obstacle redoutable. Sans déflecteurs, un vaisseau serait transformé en peu de temps en une véritable passoire. Les parois à demi élastiques, sont faites pour se reconstituer quasi instantanément en cas de choc, elles sont parcourues d'un fluide intelligent.

 

J'observais avec curiosité tout autour de moi les différents pupitres de la passerelle. Le chef de la timonerie me désigna une console, et je déployais mes sens pour surveiller les variations environnantes. Un écran avec des courbes colorées de différentes couleurs se trouvait au dessous d'une carte de l'espace assez merveilleuse. Pour éviter la somnolence et la monotonie qui survenaient invariablement, je m'empressais d'explorer la carte juste au dessus des courbes, pour l'instant au vert. Cela se révéla une activité passionnante, car je pouvais grossir à volonté toutes les sections de la carte, pour faire apparaître des galaxies, des planètes, et des paysages variés.

 

Au bout d'environ deux heures, un son jaillit de ma console, et des courbes rouges s'affichèrent. Je bondis de mon siège avec effarement.

 

  • J'ai un signal ! Un signal de détresse, m'écriais-je, en me précipitant vers le chef.

  • Du calme, fit-il avec un sourire. Voyons cela.

 

L'expert, un Kolal posé, s'approcha et décrypta du regard mon écran. Il marmonna quelques paroles indistinctes et plusieurs sons aigus jaillirent instantanément du pont inférieur. Il venait d'envoyer un message télépathique aux anciens, chargés de surveiller notre trajectoire.

 

Aussitôt, plusieurs sons vifs jaillirent dans tout le vaisseau. Cela signifiait qu'il était de rigueur de s'asseoir ou de se cramponner fermement à quelque chose. Le navire émit un gémissement et vira de bord, dans un grondement sourd. J'agrippais une barre, pour éviter d'être précipité au sol.

 

  • Vous avez changé de cap ? exposais-je avec inquiétude.

  • Oui, en effet, assura l'expert. Du moins, les anciens en ont décidé ainsi. Nous sommes dans une zone pratiquement désertique de l'espace. Nous sommes les plus proches de l'esquif endommagé. Vous avez fait votre devoir, soyez loué pour votre vigilance, allez vous reposer à présent. Nous allons prendre le relais.

  • Pardonnez-moi, mais je suis incapable de cela. Quel est ce vaisseau, que lui est-il arrivé ? Que pouvons-nous faire pour l'aider ?

  • C'est un navire métallique de l'ancien monde d'après les échos reçus. Il a été percuté par quelque chose d'imposant qui a enfoncé la coque, il semble y avoir des brèches et des incendies, assura le Kolal.

 

Je blêmis à mesure que ces propos me parvenaient. Une main vive me saisit avec bonté. Erazel avait perçu toute l'intensité de la scène et était venue à ma rencontre.

 

  • Venez, me dit-elle. Vous avez fait tout ce qui était nécessaire.

     

Nous sommes sortis de la salle de timonerie et elle m'entraîna en un couloir bleuté au plafond bleu vert luminescent. Elle tendit la main et fit apparaître une porte dans le mur, comme elle en avait l'habitude.

 

Je réalisais que je me trouvais en un petit vaisseau léger. Je portais une tenue de lutte contre le feu, chose agréable, je n'avais pas eu à l'enfiler.

 

Erazel me fit un clin d’œil et émit un petit rire.

 

- Vous souhaitiez porter secours à nos amis. Vous voici au cœur de l'action à présent !

 

Évidemment, il n'était pas question d'approcher notre bâtiment avec tous ses passagers, d'un navire inconnu endommagé par un incendie.

 

D'autres anciens étaient là et murmuraient entre eux. Derrière nous, se trouvaient une équipe de techniciens en scaphandres, et des guérisseurs, dont Amoni. Mon si sage ami posa sa main sur mon épaule. À peine avons-nous eu le temps de nous sangler dans nos sièges que le vaisseau décolla. Je fus plaqué par une force écrasante, qui diminua progressivement.

 

Je fixais le vitrage avant, et j'aperçus un point brillant, qui grossissait régulièrement.

 

La silhouette d'un vaisseau de taille fastueuse apparut peu à peu. Il faisait environ deux kilomètres de long.

 

Toute la partie arrière droite du vaisseau inconnu était ravagée par un incendie aux proportions terribles. Des points brillants réguliers étaient visibles, et je retins mon souffle, car il s'agissait d'êtres de lumière en action. Il nous fut demandé de ne pas approcher. De toute évidence, le vaisseau en péril pouvait se disloquer d'un instant à l'autre.

 

L'immense vaisseau de cuivre des temps anciens, possédait la forme agréable d'un esquif allongé, à l'avant effilé, terminé par plusieurs ponts élégants hérissés de tourelles. A la place où siégeaient d'ordinaire les différents systèmes d'armement, les dispositifs de tir avaient été retirés. On avait préféré ériger des tours de télédétection, et des dispositifs de sondage. Il s'agissait d'un vaisseau de commerce, ou d'exploration. J'étais impressionné par l'âge héroïque du navire, de plusieurs millions d'années. Les êtres de lumière faisaient merveille, Orel et Dorian avaient semble-t-il appelé du renfort, car en quelques minutes les incendies furent maîtrisés. Un son plaisant résonna dans notre navire. Nous pouvions approcher sans risques et agir à notre tour.

 

Notre équipe de techniciens jaillit dans l'espace, afin de colmater les brèches au plus vite. Ils s'arrimèrent à la coque du géant et commencèrent à fixer de nouveaux parements de cuivre, que les êtres de lumière leur tendaient.

 

Notre vaisseau se posa dans un grand hall métallique, ancien, mais propre, où des traces d'incendie étaient également visibles. D'autres techniciens se déployèrent dans les coursives, poussant des parements neufs, sur des petits chariots à répulsion. Sans réfléchir, je bondis à leur suite. Non loin de nous, un incendie était visible. Je saisis une lance à incendie pour m'attaquer au foyer résiduel le plus proche. Des clones agiles se précipitèrent pour me soutenir, tirant à eux d'autres lances. Les lances étaient conçues pour de grands humanoïdes, et nous étions donc cinq par lance. Chacun de nous possédait un scaphandre pressurisé, aussi, le couloir fut-il vidé de toute son atmosphère, afin d'étouffer les flammes. En une dizaine de minutes, les incendies furent maîtrisés. Les techniciens purent commencer à souder des parements neufs, depuis l'intérieur cette fois.

 

De notre côté, nous avions de l'eau jusqu'aux chevilles. Aussi, les pompes entrèrent-elles en action pour aspirer toute l'eau et la purifier.

 

Chacun de nous se laissa tomber au sol, exténué. Nous sommes sortis de la zone confinée, et l'on nous aspergea d'eau et de mousse pour nettoyer nos habits, ce qui est la procédure standard. Puis, des personnes très dévouées m'aidèrent à m'extirper de mon scaphandre, et je fus emmené avec les autres au centre de soins.

Ensuite, je n'ai pas de souvenir, je pense avoir perdu connaissance. Pour un être des marais tel que moi, il est bien ardu d'affronter la chaleur.

 

 

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