Le vaisseau en péril (2/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le vaisseau en péril (2/3)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

 

Je perçus le son plaisant des conversations. Les clones étaient remis et devisaient autour de moi. Un visage familier me souriait gentiment.

 

  • Comment vous sentez-vous ? questionna Amoni.

  • Mieux, exposais-je, constatant que l'on avait placé un fluide régénérant autour des mes mains meurtries.

  • Vous avez juste été réhydraté, m'expliqua Amoni. Il n'y aura pas de suites.

     

Je réprimais un frisson, car pour ce faire, on avait sûrement placé un tube dans ma gorge.

 

  • Rassurez-vous, fit mon si sage ami. Le dispositif a été retiré.

  • J'en suis heureux, et soulagé que ce soit indolore, fis-je en massant mon cou. Comment se portent les occupants du navire.

  • Ils vont bien, il y a eu juste cinq blessés graves, mais pas de victimes. C'est un miracle, compte tenu des avaries. Les blessés ont été placés en stase. Ils sont stabilisés, mais ils portent des brûlures. Il faudra plusieurs mois pour les guérir. J'ai fait tout ce que je pouvais sur la fillette. Ils vont être envoyés dans des centres de soins spécialisés. Ensuite, ils pourront reprendre une vie normale.

  • J'en suis bien heureux, soupirais-je. Les êtres de lumière sont arrivés à temps.

 

Je me levais avec précautions. Un homme affable de grande taille m'examina, et me laissa partir, jugeant que mon corps avait bien refroidi.

 

 

Je n'étais pas le seul à avoir été légèrement blessé. Zilmis portait plusieurs marques sur ses mains de technicien expert. Il avait soudé sans attendre les nouveaux parements sur le métal brûlant. Amoni étala un onguent épais pour apaiser les rougeurs.

 

Je scrutais son visage et attendis, mais pour une fois, Amoni demeura muet, ce qui pour lui est plutôt rare. Je perçus vaguement les images des blessés, dont une enfant affreusement meurtrie. En cet instant, je compris que c'était Amoni qui avait le plus besoin de réconfort. Zilmis et moi-même l'avons étreint tendrement.

 

  • Vous êtes si courageux, et si noble, soupirais-je, face à l'épreuve insoutenable qu'il avait traversée.

Amoni baissa les yeux et sourit d'un air triste.

 

  • J'aurais aimé pouvoir faire plus, mais je ne connais que peu la physiologie des humanoïdes, nous avoua-t-il. Leur peau est bien différente de la nôtre, et je ne connais pas le moyen de faire repousser leur chevelure.

  • Soyez apaisé, assura Erazel. Il existe un centre de soins spécialisé dans les brûlures, non loin d'ici. Les blessés viennent d'y être transportés à l'instant. Leur épiderme sera régénéré, et leurs cheveux seront replantés comme il faut. Il ne subsistera nulle trace de cet effroyable événement.

 

Chacun de nous sortit de la petite salle. Dans les couloirs, des êtres humains, hommes et femmes, frottaient les parois, aidés d'aliens énergiques. Ils étaient décidés à faire disparaître toutes les traces de l'incendie, en particulier l'odeur prenante, qui subsistait en certains endroits, malgré le système de ventilation poussé au maximum.

 

Des techniciens munis de perches sondaient toute la coque du navire, encore très chaude, guettant la moindre braise. Plus bas, des robots à bord d'excavatrices, retiraient ce qui restait des parements tordus et de nombreux tuyaux endommagés. Les débris étaient transportés jusqu'au système des fours, afin d'être refondus et réutilisés.

 

Nous avons appris avec bonheur que ce vaisseau était un navire ferrailleur. Le capitaine, un alien avenant, nous adressa un profond message de gratitude.

 

  • Je vous remercie d'avoir sauvé les blessés, nous dit-il, et d'être arrivés si vite. Nous étions occupés à remorquer ce cargo, lorsqu'une explosion s'est produite. Notre navire l'a violemment heurté.

     

Je fixais un écran et compris que les ferrailleurs avaient découvert un cargo imposant, dont il ne restait plus que la structure porteuse. Il était très difficile de déplacer un tel esquif. Aussi, les ferrailleurs avaient prévu de le découper pour en recycler le métal. C'était un travail bien périlleux.

 

  • Vous avez sauvé nos deux filles, émit le grand alien en présentant le second capitaine du vaisseau, une femme rousse. Elles étaient ensemble lorsque l'explosion s'est produite.

  • Il faudra du temps pour qu'elles se remettent, mais elles sont parfaitement en sécurité, exposa le guérisseur du vaisseau. Vous pourrez les voir dès demain, lorsque les premiers soins seront achevés.

  • Et pourquoi pas tout de suite ?

  • Les soins sont en cours, répondit le guérisseur.

 

Je compris que les parents avaient été tenus à distance, pour ménager leur douleur. La vision de telles blessures était un choc immense pour des proches.

 

Nous étions nous aussi en état de choc. Nous sommes remontés à bord de notre vaisseau, soulagés d'échapper à l'odeur persistante de l'incendie.

 

En entrant à bord de notre vaisseau, nous avons dû être décontaminés, au niveau de nos habits, de nos ongles et de nos voies respiratoires. Chacun de nous a dû se dévêtir entièrement pour être purifié d'éventuels polluants.

 

D'autres vaisseaux de décontamination partirent aider les rescapés. La mission de nettoyage dura en tout trois jours.

 

Notre croiseur ralentit fortement pour se positionner non loin du vaisseau endommagé.

 

 

À bord du géant, des équipes de lézards, d'humains et d'aliens brossaient le sol, les murs et les plafonds avec une mousse spéciale, afin de retirer toute la suie et les fragments de métal. C'était un travail pénible. Les zones les plus inaccessibles et les plus abîmées étaient dépolluées par des robots nettoyeurs, toujours très nombreux sur un vaisseau de cette taille.

 

Une fois la décontamination achevée, il ne fut plus nécessaire de porter de masques. Des armées de techniciens habiles se succédèrent pour restaurer les parements endommagés, et les canalisations fendues.

 

Plusieurs vannes de retrait d'atmosphère étaient endommagées, et du méthane avait explosé dans l'épave, c'est ce qui avait généré un incendie si grave. Nos experts avaient choisi de prêter main forte aux ingénieurs de nos nouveaux amis, afin de réviser les systèmes de sécurité de l'immense vaisseau.

 

Le capitaine du vaisseau nous exprima toute sa reconnaissance. Il était un peu gêné d'autant d'entraide, et ne savait trop comment nous rendre la pareille.

 

  • Ce n'est pas nécessaire, fit notre capitaine. Nous nous sentons honorés de pouvoir préserver un esquif si magnifique d'un âge inouï.

 

En effet, chacun se démena, et les réparations durèrent en tout une semaine. Au bout de ce temps, notre immense vaisseau fut amené plus à proximité du superbe navire cuivré. L'épave du cargo avait été découpée, et entreposée en lieu sûr dans la cale, avant d'être fondue.

 

Je contemplais d'un œil réjoui le fier vaisseau de nos amis Denakhs, en compagnie de Minel et des enfants.

 

C'était la première fois qu'elle le voyait, et elle en fut très émue.

 

  • Vaisseau très ancien... vraiment très vieux, de notre peuple, émit-elle avec difficultés. Vaisseau cuivré du premier exode, voici 8 millions d'années.

 

Le capitaine du vaisseau nous avait courtoisement invités à bord, afin de tous nous remercier. L'incendie avait causé des dommages considérables, qui n'étaient à présent plus qu'un mauvais souvenir.

 

Avec Amoni et Zilmis, nous avons été conviés dans le grand hall de réception. Métamorphosé, il brillait avec faste, décoré de centaines de lanternes à plasma. Le métal terni des parois avait été brossé et brillait de superbes reflets bleutés.

 

Une table avait été dressée dans la grande salle de réception. Juste derrière celle-ci se tenait un trésor. On percevait les cales du navire. Il nous fut permis de les visiter.

 

Minel s'extasia face à des centaines de vaisseaux, de toutes les tailles, et de toutes les époques. Des équipes de techniciens les restauraient de main de maître. On apercevait des navires en forme de torpille, de disque ou de scarabée. Les enfants voulurent en visiter les cabines, mais Minel les en dissuada, de même qu'Amoni.

 

  • Vous êtes habillés en blanc, les prévint-il, et je doute que des aliens de ménage soient passés par là, fit-il en avisant un petit vaisseau biplace poussiéreux.

 

Amoni, qui était le plus grand, porta les enfants à tour de rôle pour qu'ils puissent voir l'intérieur des vaisseaux.

 

Juste derrière nous, le capitaine du vaisseau ami s'étonnait face à un Dorian amusé.

 

  • Je me demande bien comment les vôtres ont pu apporter tout ce cuivre, demanda-t-il. Nous n'avons aperçu nul vaisseau de transport. Vous avez pu aider à ressouder les parements externes comme cela, avec des plaques venues de nulle part. Et il se passe quelque chose de très étrange à propos des réserves de méthane. Normalement, l'explosion aurait dû tout vaporiser dans l'espace. Or, nos réserves sont inexplicablement hautes ! Je ne parviens pas à comprendre la cause de tout ceci.

  • Il nous plaît d'aider ceux qui nous ressemblent, fit Dorian avec bonté. Vos cœurs sont ouverts et aimants. Il faut un amour immense pour transformer des navires de marchandises éventrés en beaux vaisseaux brillants. Lorsque nous voyons des êtres tels que vous en danger, il nous est possible d'accomplir ce que vous qualifiez de miracle.

 

Me doutant qu'il avait été fort aisé à Dorian et aux siens d'ôter tout ce méthane de l'espace pour le replacer dans les cuves, j'étouffais un rire subit.

 

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Publié dans Messages

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