La vie première (1/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

La vie première (1/3)

Message du Professeur Zolmirel

 

Nous nous tenons aux portes de votre temps. Je reviens pour vous conter la suite de notre voyage sur cette belle de nuit si particulière.

 

Nous étions tous réunis de bon matin dans la petite cuisine de nos appartements, frais et dispos.

 

Erazel apparut et nous conta par le menu détail tous les travaux qui avaient été effectués sur cette planète mystérieuse. Les meilleurs de nos botanistes avaient modélisé dans les moindres détails l'intégralité de ses écosystèmes. Nous avions entrevu ce miroitement infini de la vie, sa cristallisation au fil des millions d'années. Il en faut du temps pour peupler un monde nouveau-né de vie première, lorsqu'il est venteux, aride et sec.

 

C'est hélas la plupart du temps vrai pour la majorité des astres que nous découvrons, l'aridité est très présente. Il faut que l'astre ait accumulé suffisamment d’énergie mère, de fluide radiant en son cœur, pour que la gravité qu'il déploie soit de nature à retenir un peu d'atmosphère, puis au fil du temps, d'eau et de vie.

 

Fort heureusement, l'eau n'est pas le seul milieu favorable, il existe des formes de vie du soufre, du méthane, de l'acide. Ici, la vie du soufre était très développée, et les animaux avaient appris à faire avec. Il existait de nombreux lacs acides pourvus d'algues, et donc, les animaux buvaient cette eau riche en sels minéraux et en plantes, pour la filtrer.

 

Nous étions très favorablement impressionnés de cette possibilité. Il existait aussi des formes de vie inverses sur ce monde, des lézards très féroces, qui avaient donné du fil à retordre à d'autres missions que la nôtre.

 

  • Comment êtes-vous donc venus à bout de ces lézards ? demandais-je à Erazel, alors que nous parcourions un couloir bleu nuit avec Zilmis.

  • Oh, rien de bien compliqué, nous les avons endormis, mais les jeunes avaient encore très peur. Nous avons pu fertiliser plusieurs lacs avec des algues de meilleure qualité, plus caloriques également. Ces algues permettront la croissance de jeunes arbres. En se développant sur les berges, elles favoriseront la vie du sol, et la croissance des autres plantes.

  • Ce monde deviendra-t-il un jour comme le nôtre ? demandais-je avec espoir en entrant dans une salle de maintenance.

  • Chaque monde est différent, philosopha Erazel. Si la grande intelligence de cette planète a songé qu'il était bon d'encourager la vie du soufre, nous devons l'y aider, sans influencer son choix. Nous devons juste implanter les formes de vie en adéquation avec ce milieu.

 

Impressionné par sa sagesse, je saisis un drone de semis pour le nettoyer. Erazel fit de même. Quant à Zilmis, il s'occupa de quatre appareils défectueux, dont les ailes étaient tordues. Le dernier appareil, était le drone qui avait été recueilli par une équipe spéciale. Mon ami si talentueux le saisit, et le posa sur une table, puis, il ouvrit un panneau de commandes et y brancha un senseur dernier cri.

 

  • Tous les relais et les circuits fonctionnent bien, nous dit-il, face à nos regards curieux.

  • Alors pourquoi ce drone a-t-il été incapable de revenir ? demandais-je.

  • La réponse se trouve ici, fit observer Zilmis en ouvrant le conteneur transparent, qui abritait une variété inconnue de noix. Il s'est désactivé de lui-même, car il contenait une forme de vie exogène.

  • Cette forme de vie semble sans danger, à première vue, fit observer Erazel. Autrement, ce navire n'aurait pu entrer à bord. Néanmoins, il convient d'être prudents, exposa-t-elle en faisant léviter le conteneur dans une boîte métallique hermétique. Une équipe de chercheurs va analyser ces noix.

 

Chacun de nous acquiesça, un peu décontenancé par cette découverte.

 

  • Pensez-vous que ce sont ces oiseaux immenses qui ont agi de la sorte ? m'étonnais-je.

  • Absolument, c'est ce que le drone a enregistré, fit observer Erazel avec révérence. Ils sont très conscients que la vie est fragile.

 

Elle s'en fut avec le conteneur, et nous sommes restés à remiser d'autres drones. Notre mission sur ce monde toucherait bientôt à sa fin.

 

Les résultats de l'analyse nous parvinrent au bout de quelques heures.

 

  • Les noix étranges sont en réalité une forme de vie première très pure, émit Erazel avec un sourire. Il s'agit d'une vie biominérale, appréciant la pénombre des grottes. Et justement, les spécialistes ont repéré une lune susceptible d'abriter des grottes propices.

  • Cette lune est sans vie ? interrogea Orel.

  • Mais oui, et les nôtres sommes les seuls susceptibles de l'implanter avec succès en ce lieu. C'est en tout cas ce que les oiseaux en ont déduit en voyant nos appareils. Il existe tout au plus quelques bactéries, quelques formes de vie plasmatiques sur ces lunes.

 

Chacun de nous parut très impressionné de pareille découverte. Il fut décidé qu'une équipe se rendrait sur une lune éloignée pour y implanter ces organismes. À ma propre stupeur, je fus choisi pour cette mission.

 

  • Pourquoi ne pas y envoyer un drone ? exposais-je avec quelque effroi.

  • Je serai avec vous, fit Erazel pour me rassurer. Vous savez bien que certaines choses ne peuvent être accomplies par des machines, il faut une intention et une volonté agissante pour cela.

 

Disant ces mots, elle fixait le petit Zilner.

 

  • Ce sera à moi... de le faire ? demanda-t-il avec stupeur.

  • Mais oui, cette planète t'a choisi mon enfant. C'est toi qui le premier l'a entrevue par l'esprit. Et ton frère aussi est très important.

 

Nous nous sommes fixés du regard avec stupeur. Un vaisseau fort petit fut apprêté, avec à son bord huit prêtres. Erazel s'installa tranquillement aux commandes, alors qu'Orel et Dorian scrutaient les alentours. Les senseurs longue portée n'avaient rien détecté, mais les êtres de lumière semblaient bien au dessus de leurs capacités.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

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