Mars la verte (2/2)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Mars la verte (2/2)

Message du Guérisseur Lestrys (suite)

 

Ce jour là, j'emmenais Stency et Lokhaïl, jusqu'à une petite source et là, Célia nous invita à nous baigner les yeux et le visage, puis à la boire, car disait-elle, elle possédait des vertus excellentes.

En redescendant de la montagne, les enfants chahutèrent, et Stency, heureusement protégé par nos facultés antigravité, fit un vol plané assez mémorable, avant de se retrouver suspendu à un grand pin où Célia et moi même étions parvenus à le propulser. Je le mis en garde contre la chute redoutable, 100 mètres plus bas, à laquelle, il avait échappé. Bien sûr, pour les nôtres, une telle chute n'est pas mortelle, mais il s'ensuit de nombreuses fractures et beaucoup de blessures.

Les enfants descendirent la pente garnie d'éboulis avec plus de prudence, après tout, ils étaient encore bien jeunes. Cet accès de gaieté ne prouvait-il pas qu'ils avaient retrouvé toute leur joie de vivre ?

 

Nous les avons invité à jouer dans une vaste prairie, là où justement ils ne pouvaient pas se faire mal, et Célia et moi-même avons profité du spectacle grandiose de la montagne parée de lueurs bleues et émeraude, où volaient des nuées d'insectes de toutes les couleurs. Un papillon se posa même sur le front de ma ravissante compagne, chose qui m'impressionna beaucoup. Célia avait aussi le talent merveilleux de pouvoir charmer les animaux en imitant leurs cris. Elle pouvait siffler comme certaines espèces d'oiseaux, afin justement de les mettre en confiance et de les soigner. Elle m'expliqua qu'elle avait appris à soigner des pattes et des ailes d'oiseaux. Son peuple avait même mis au point un système pour dupliquer certaines plumes, et même des cornes, de certains herbivores.

 

Émerveillés des jeux des enfants dans l'herbe, accompagnés de nuées d'insectes, nous avons passé là un très joyeux moment. La lumière baignait les alentours, tout autour de nous. Notre regard était ému de la proximité des pins centenaires géants et de sortes de fougères, plus bas, d'une taille prodigieuse, entrecoupées de fleurs appartenant à des buissons aux feuilles vertes et blanches que je ne connaissais pas. Loin au dessus de nous, le ciel bleu était presque violet, tant son éclat était intense.

 

Les enfants un peu fatigués, vinrent s'étendre auprès de nous et nous avons somnolé à l'ombre, ravis de sentir leurs pensées si pures, si claires d'enfants émus se joindre aux nôtres. Stency avait mis sa petite main dans la mienne et je ne vis aucunement le temps défiler. La communion qui nous liait était parfaite, entière. Je sentais aussitôt lorsqu'il était en danger, voici pourquoi mes facultés antigravité étaient si vives à se déployer, de même que celles de Célia. Il me remercia en pensée de lui avoir fait échapper à une chute douloureuse. Il n'était rien que je ne puisse accomplir pour veiller au bien être de mon cher petit.

 

Après tout, Stency était venu du tréfonds de l'espace avec moi-même, voici déjà bien longtemps et ce, juste alors que nous venions de quitter notre base sidérale. C'était un très jeune petit clone alors, et nul ne se souciait ni ne s'occupait de lui, alors qu'il venait tout juste d'être séparé de sa mère.

 

Comme les tout jeunes enfants, il avait beaucoup pleuré, les génies de laboratoire ombrageux ne tolérant évidemment pas de telles manifestations si « faibles » l'avaient rabroué avec sévérité. J'avais été le seul à lui offrir un peu de réconfort, en cherchant à l'amuser, pour lui faire oublier le travail, en lui trouvant des livres, mais aussi en lui contant des histoires. Et Stency et moi étions bien vite devenus de très bons amis, jusqu'au moment où il s'était mis à me suivre comme mon ombre. A ce moment là, c'était moi qu'il avait choisi comme mentor, puis, inévitablement, comme parent. Même si ce mot est absent de notre langue pour qualifier le lien entre un chercheur en biologie âgé et un jeune clone, la nature de notre relation était très brillante, très profonde. Beaucoup de généticiens s'en étaient offusqués alors, par dépit ou par jalousie.

 

Je vis dans l'esprit du petit Stency qu'il ne se rappelait pas trop du visage de son ancienne mère, en revanche, il se rappelait très bien de moi, d'aussi loin que sa mémoire était présente. Il nous serrait très fort près de lui, Célia et moi-même et je vis à présent ce que nous étions devenus : une famille.

 

Le petit Lokhaïl, qui lui n'avait aucun parent ni instructeur pour veiller sur lui, était venu à nous un peu par hasard, et sans doute aussi pour d'autres raisons que mon esprit n'était point parvenu à comprendre. Car bien sûr, en ces cavernes lumineuses de la Terre intérieure où beaucoup de Passeurs et de génies œuvraient, leur souci était de procurer une vie meilleure à nombre de petits êtres en errance. Lokhaïl était l'un d'entre eux et les génies ou quelque autre puissance, avaient agi afin qu'il puisse aisément trouver son chemin jusqu'à nous.

 

Autrefois, cet enfant, comme tous les clones des Gris, avait un peau ridée et sillonnée de marques peu esthétiques, rosées ou bleutées. Mais peu à peu, il avait été recouvert de taches lumineuses, et son ancien corps s'était complètement désagrégé, pour ressembler au final à ce charmant petit être argenté qu'il était à présent. Ses yeux aussi avaient changé. De noirs, ils étaient passés à bleu nuit. Et j'avais bien sûr détaillé ces transformations dans mes recherches, afin d'écrire un livre consacré aux soins et à la transformation des aliens petits Gris, qui méritaient toute notre attention. Depuis, je l’espérais, cet ouvrage avait été diffusé comme les autres sur plusieurs mondes, dans plusieurs cercles de guérisseurs. J'avais aussi écrit d'autres ouvrages, afin de faire connaître ma culture, mon histoire, et bien d'autres travaux, sur la glaciologie, l'étude des plantes, les soins aux animaux, et envers les êtres humains.

 

Méditant sur mes travaux passionnants, je m'éveillais alors que je sentais les enfants bouger ; Cette communion psychique hors normes nous plongea dans une merveilleuse allégresse et le soir venu, nous avons retrouvé Darsimen, et tous nos compagnons pour la préparation du dîner. Célia et moi-même sommes reparus avec une cueillette abondante de baies sauvages et d'herbes variées pour préparer des remèdes.

 

Un peu fatigués de notre promenade mais heureux, les enfants lisaient au salon. Pour votre espèce, un livre est uniquement constitué de caractères visuels, mais sur notre monde, il s'agit d'un support cristallin, habité de formes-pensées, qui engendre un certain nombre de flux télépathiques et les restitue parfaitement. Avec de la pratique, on peut ainsi lire des ouvrages écrits dans toutes sortes de langues et les comprendre aisément. D'une certaine manière, un livre est constitué de pensée pure, et il en existe qui font comme de petits films, on se trouve instantanément transporté en d'autres lieux, d'autres époques, mais l'on se situe au cœur de l'action. La chose qui s'en approcherait le plus sur votre monde, serait un casque de réalité virtuelle. Sauf qu'ici, il s'agit d'une technologie de lumière, une technologie entièrement bénéfique, qui permet entre autres aux enfants de développer encore davantage les facultés de leur imagination, leur vision et leurs facultés à s'ouvrir aux chants télépathiques.

 

 

Je vous salue bien chaleureusement, chers amis de ce temps, grands voyageurs de l'esprit. Je suis très heureux de songer à votre intérêt pour Mars et les autres sœurs de la Terre, qui elles aussi abritent de brillantes civilisations de Lumière. Soyez bénis !

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

 

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