Mars la verte (1/2)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Mars la verte (1/2)

Message du Guérisseur Lestrys

 

Message d'un alien du Nouveau Monde

 

Je viens à vous en cette douce journée de chaleur, de tiédeur bénéfique pour les plantes en ce joli mois de Juin.

 

Vous souvenez-vous de notre longue escapade sur Mars ?

 

Nous étions parvenus en un lieu tout à fait exceptionnel de cette planète, qui vous apparaît ô combien aride et poussiéreuse. Chaude et caillouteuse, elle l'était, avec par endroits des températures d'environ 60 degrés, et des radiations, qui ont un peu indisposé mes bras. Même si le bronzage est agréable chez vous, en donnant l'impression d'une bonne santé, sur ce monde, les rougeurs solaires étaient plutôt cuisantes.

 

Nous étions à présent en un lieu intérieur de Mars, un havre de paix et un espace empli de vie. Une image approchante serait une forêt équatoriale, ou ces cultures des Antilles, garnies de fleurs multicolores, là où les pluies abondent.

 

Avec mon épouse Célia, notre petit Stency et tous nos compagnons, nous étions radieux de voir combien les Martiens avaient réussi à résoudre de situations. Toute la vie de l'infra, c'est à dire de la dimension matérielle, avait été intégralement transmutée en ce lieu de séjour accueillant de la dimension suivante. Il ne restait que des ruines des anciennes civilisations martiennes et seulement quelques peuples d'autochtones, très variés prospéraient à la surface, entourés par certains bastions impérialistes de l'armée terrienne. Qui désirait garder ces terrains « conquis », pour des raisons économiques et minières, bien entendu.

 

En réalité, il ne s'agissait que de survie, car seulement très peu de plantes parvenaient à prospérer à la surface de Mars. Les vôtres n'auraient pu s'y déplacer qu'au petit jour et encore seulement en certaines régions abritant suffisamment d'oxygène.

 

Pour un alien, il n'en est évidemment pas du tout de même. Nos poumons sont aptes à respirer pendant une période assez prolongée une atmosphère raréfiée. Ceux des enfants étant plus fragiles, ils n'ont par précautions pas été exposés directement à ce monde. Nous avons veillé à les entourer de protections contre les rayonnements dangereux, de même que tous les membres de notre équipage.

 

Bien sûr, le monde intérieur de Mars, était bien plus accueillant, et en ce lieu, nous n'avions strictement rien à redouter.

 

Avec mes compagnons, le sage Darsimen, mais aussi Issaltir, Mellkit et mon formidable ami Eratsu, nous étions ce jour là penchés sur les images de graphies nombreuses qui couraient à la surface des stèles martiennes. Nous avions découvert ces stèles un peu partout. N’étant pas aussi bon linguiste que mes compagnons et préférant m'occuper des yeux des enfants encore très jeunes et fragiles, je veillais à leur appliquer une lotion. Les yeux des plus jeunes sont très grands et facilement irrités par la poussière. Il est important de leur apprendre dès le plus jeune âge à se protéger. La transformation de l'adorable petit Lokhaïl étant achevée, c'était maintenant un enfant empli de joie tout argenté, qui bondissait allègrement sur les sentiers à travers toute la montagne. Stency et lui s'entendaient comme deux frères et jouaient sans cesse à se poursuivre à travers tout le verger.

 

Mon ami Paul avait du partir un temps, pour retrouver une jeune femme tout à fait avenante. Et c'était donc notre petit groupe qui devait veiller sur son jeune, le petit Nimlin, un enfant plutôt effacé. Ce petit était vraiment adorable et je m'y attachais aussitôt, ainsi que le sage Darsimen, qui avait un talent très particulier pour parvenir à amuser les plus jeunes.

 

Nimlin était comme tous les petits clones aux grands yeux noirs de notre monde. Il s'agissait d'une parfaite réplique du petit Stency au même âge et comme il me plaisait de pouvoir veiller sur lui !

Comme pour Stency, sa croissance avait cessé brutalement, en raison des besognes ardues que l'on le forçait à effectuer. L'absence de Paul, plongeait le petit être dans des sortes de crises d'angoisse assez vives, que seul Darsimen parvenait à apaiser.

 

J'espérais donc que son père referait rapidement son apparition. En attendant, Célia et moi-même faisions tout notre possible pour que notre petit groupe ne manque de rien. Leur santé était excellente, nos organismes étaient parvenus aisément à s'épurer de la faible quantité de radioéléments à laquelle nous avions été exposés. Nous goûtions chaque jour de cette nouvelle vie à l'intérieur de Mars, Mars la verte.

 

Ulphéniel, notre guide, vint de bon matin nous donner des nouvelles du petit Andezza et de toute sa famille. Sizris, Istigrit et la radieuse Semna, nous manquaient un peu, de même que leur enfant, le petit Schin. Heureusement, ils allaient merveilleusement bien. Leur départ serait retardé, car Andezza, ayant frôlé la mort, avait encore besoin de repos.

 

A présent, leur navire était en partance, exposa-t-il, alors que l'heure du soir était avancée. Malgré sa consistance lumineuse, et l'absence du besoin de se nourrir, Ulphéniel pouvait prendre un repas, en certaines occasions, simplement pour partager des moments avec nous.

 

Il nous rejoignit en cuisine et prépara des plats à base de fruits avec une spontanéité merveilleuse. Chacun de nous vit là l'expression d'une gentillesse absolue, et nous avons redoublé d'efforts, nous surpassant même, en confection de beignets, de pâtisseries et de cakes aux légumes. Il me faut admettre que je ne me connaissais pas un tel talent, mais en écoutant mon intuition, je fus à même de préparer les plus merveilleuses spécialités pour tout notre petit groupe.

 

  • Le sage qui s'ignore est celui qui accomplit les plus grands prodiges, philosopha Darsimen avec un large sourire. Mars serait-il un monde permettant d'élever le talent gastronomique à son sommet ?

  • Il est certain que ce lieu fourmille de vie, je suis ravi d'être parvenu à photographier ces échantillons de radiolaires ! lança allègrement Issaltir en montrant de magnifiques clichés d'organismes biominéraux, sur le mur.

 

Chacun de nous loua leur beauté, car la vie première des grottes fascinait tous les explorateurs de l'espace. Certains travaux de Mellkit et d'Issaltir sur la croissance des plantes à l'intérieur de la serre, prouvaient que ces formes harmonieuses, d'étoiles, de galaxies, pouvaient améliorer la croissance végétale de manière parfaite, si l'on prenait la peine de disposer des petites pierres colorées à intervalles réguliers autour des plantations. Ce jour là, Stency et Lokhaïl avaient pris plaisir à participer à une telle activité.

 

  • A vous de me dire si ces plats présentent un goût meilleur, demanda Issaltir. Cela prouvera à quel point nos travaux sur les échantillons de jeunes plantes ont abouti.

 

Le dîner, en effet, se révéla excellent. Et je ne fus pas surpris de découvrir un peu partout dans notre jolie petite demeure, ces motifs harmonieux de cercles décoratifs de différentes tailles. Ayant mangé un minuscule morceau de tarte, le frêle Nimlin but une grande rasade d'eau mystérieuse et s'endormit sur les genoux de Darsimen.

 

Je ne m'en alarmais aucunement. L'eau de guérison avait souvent cet effet là sur les enfants les plus éprouvés. Nimlin, comme nous tous, avait vécu de pénibles épreuves et ses mémoires avaient besoin d'être épurées. Le soir était un moment sensible pour lui, car son père lui manquait bien davantage à ces occasions. Ce fut Ulphéniel lui-même, qui tint à bercer le petit alien et à aller l'allonger. Connaissant le grand pouvoir de guérison des êtres de Lumière, chacun de nous s'en estima ravi. Je remerciais notre guide.

 

  • Soyez vivement remercié de prendre soin de ce petit. Il n'a pas eu beaucoup de chance jusqu'alors. Paul est le seul qui soit parvenu à l'approcher. Pourtant, c'est un Terrien...

  • Oui, et cela est très logique. Vous lui rappelez involontairement ses tourmenteurs. Il en est souvent ainsi lorsqu'un enfant très jeune est brutalisé, il se reconnaît dans une autre espèce. C'est un processus de guérison qui peut prendre du temps. Nous sommes toujours ravis de pouvoir secourir de tels êtres, exposa Ulphéniel.

 

Je méditais ces paroles, ravi d'en apprendre davantage sur les processus de guérison de l'esprit. Ainsi, c'était une sorte de barrière émotionnelle qui empêchait le petit Nimlin de se trouver parfaitement bien avec l'un d'entre nous. Même mon adorable compagne Célia, qui pourtant était bleue, peinait à nouer un lien avec cet enfant.

 

Fort heureusement, après une nuit reposante, le matin venu, Nimlin semblait un peu plus serein. Et il y avait une surprise. Son père, Paul, du moins celui qu'il avait choisi, était de retour !

 

Le petit alien rit de bonheur en se précipitant vers Paul, qui le souleva et le fit tournoyer. Ses rires se mêlèrent à ses larmes et chacun de nous pleura de ravissement face à autant de joie.

 

Paul embrassa son fils et s'approcha de notre petit groupe. Je vis à son regard combien il était heureux, il semblait bouleversé. Je songeais avec bonheur que quelques siècles allaient lui être concédés en plus par ce brillant transport qui l'habitait : l'amour. Son visage était plus clair, plus rieur, et ses yeux exprimaient le même magnifique éclat, cet indicible contentement que procure la proximité de l'être aimé. La différence entre la vie, et la vie puissance un million, se tenait face à nous.

 

En alien de science obstiné, je m'étais refusé à conceptualiser l'amour. J'y avais renoncé, car nulle équation mathématique satisfaisante n'aurait pu rendre compte de ce brillant éclair d'absolu. L'énergie qui jaillissait de ma main lorsque Célia s'approchait pour la serrer dans la sienne était si phénoménale que souvent, je songeais qu'elle aurait suffi à envoyer une arche stellaire à l'autre bout de l'univers connu !

 

Elle rit doucement face à ma pensée et ses yeux exprimèrent la même joie indicible que les miens. Stency embrassa l'adorable petit Nimlin qui riait de bonheur, pour lui dire au revoir.

 

  • Nous partons, m'annonça Paul. Ma compagne se nomme Imilès, elle veut connaître Nimlin. C'est assez difficile d'expliquer ce qui m'arrive, mais je vous remercie tous du fond du cœur. Nous nous reverrons bientôt, j'en suis certain.

  • Soyez heureux, et même très heureux, mon ami, lança Eratsu avec un large sourire. Vous allez nous manquer, mais nous nous réjouissons tellement de vous voir si rayonnant, que nous sommes comblés pareillement.

 

Paul nous embrassa tous, en terminant pas moi. Il me dit ces mots que jamais je n'oublierai.

 

  • Qui sait ce qui peut seulement se passer en un jour, alors qu'il se lève de bon matin ? Nous avons tous les deux été atteints de plein fouet par une énergie des plus parfaites. Je suis heureux de notre si long voyage, et ne saurai assez vous remercier.

 

Je le remerciai de même, ainsi que Célia et nos adieux furent très émouvants. Je regardais au loin, le petit Nimlin qui courait dans la prairie en tenant la main de son père. Le soleil en cette heure émit un rai d'or très particulier et, allez donc savoir comment, ils disparurent mystérieusement à notre regard.

 

Nous venions de voir se produire quelque chose de tout simplement prodigieux. Nos amis étaient entrés dans la dimension suivante, un monde de lumière, et alors, ils avaient disparu à nos yeux. Mais aucun de nous ne s'en alarma, nous songions tout simplement que cet état était une bénédiction immense.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

Publié dans Messages

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article