Le rayonnement du monde intérieur (3/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le rayonnement du monde intérieur (3/3)

Message du Professeur Zolmirel (fin)

 

Les premières parties de ce texte sont consultables juste ici :

Dans ce message, le sage Zolmirel communie par l'esprit avec Zilner, le fils de son ami Amoni, qui lui conte quelle fut sa journée au centre de soins.

 

Zilner cligna des yeux, fixant la petite ombre meurtrie.

  • Laisse-toi soigner, dit-il simplement.

  • Et pourquoi me soignerais-tu ? Qui es-tu ? répliqua la pensée du petit alien blessé.

  • Je m'appelle Zilner, je suis un enfant de ce monde, mais autrefois, j'étais un clone Denakh, un petit esclave, comme toi.

  • C'est vrai ? s'étonna l'enfant.

  • Oui, mon père est le soigneur Amoni. Il guérit beaucoup d'enfants. C'est lui qui nous a guéris mon frère et moi.

  • Pourquoi ? Nous ne sommes que des clones, nous ne sommes rien... Juste nés pour servir et mourir.

  • Ce n'est pas la vérité, répondit paisiblement Zilner. Tes maîtres pensaient cela, mais les êtres de Lumière t'ont recueilli, ils viennent toujours secourir ceux qui méritent d'être aidés. Et moi je veux t'aider.

  • Je me demande bien pourquoi tu le ferais...

  • Parce que ce que tu as vécu est horrible. Je l'ai vécu aussi et j'ai été aidé, j'ai pu guérir. Et toi aussi, tu le peux, si tu laisses les soigneurs examiner ton bras, expliqua Zilner.

  • Ils vont encore entrer, comme la dernière fois, et me paralyser...

  • Non, répondit Zilner. Ils ne veulent plus te paralyser, les blessures ont bien régressé. Ils préfèrent te laisser le choix.

  • Le choix ?

  • Entre te laisser soigner, ou souffrir...

  • Pourquoi m'ont-ils capturé ? demanda le petit clone avec réprobation.

  • Parce que c'était le seul moyen de te sauver, tu as perdu une grande quantité de fluides et ton bras était dans un état épouvantable, exposa Zilner. En plus, il ne te restait presque plus d'air.

 

Le petit Zilner se lève et fait quelques pas vers la table en tendant la main. Il aperçoit un jeune clone dont le visage est couverts de meurtrissures. Le petit être se recule encore dans l'ombre. Déçu, Zilner quitte la salle et laisse la porte ouverte.

 

Nerti, qui l'attend dans le couloir le fixe avec peine.

  • On dirait qu'il n'a pas voulu... soupire-t-il.

  • Tu oublies notre botte secrète, expose le petit Zilner avec un sourire, en déposant une fine pâtisserie sur une assiette.

 

Ils se cachent, puis attendent quelques minutes. Le petit blessé s'approche de la porte et regarde au dehors avec crainte. Puis, un peu ébloui par la lumière, il revient à l'intérieur de la pièce douillette. Apercevant le gâteau, le petit clone se penche, puis constate que la pâtisserie embaume. Il en mange un minuscule morceau, ensuite, de peur d'être surpris, il s'empresse de tout engloutir.

 

Nerti et Zilner se regardent et éclatent de rire silencieusement.

 

Le petit clone continue de marcher, puis parvient à une porte donnant sur un superbe jardin fort paisible. Une autre pâtisserie est posée dans une assiette sur une belle table et juste devant, un alien est à demi assoupi sur un siège.

 

Avançant sans faire de bruit, le frêle petit clone parvient près de la table et se cache sous la nappe. Il tend une main hésitante et mange le deuxième gâteau avec plus de modération, cette fois. Puis, il sort de sa cachette et se redresse. Un grand alien au teint pâle le fixe de ses yeux noirs perçants et parle de manière fort joyeuse.

  • Je suis vraiment ravi que mes tartes aux fruits te plaisent à ce point, mon enfant, expose-t-il.

  • Vous êtes le guérisseur Amoni ? demande timidement le petit alien.

  • Oui, absolument. Si tu me permets de te soigner, tu auras un autre gâteau. Acceptes-tu ?

  • Je ne veux pas retourner de là d'où je viens, avoue le petit clone.

  • Rien de plus normal. Ce ne sera pas le cas, expose Amoni. Tu seras soigné et confié à une famille, évidemment.

  • Qu'est ce qu'une famille ? s'étonne le jeune clone.

  • Un parent, qui veille sur toi et te protège d'absolument tout, comme je puis le faire avec mes fils, que tu as rencontrés.

  • C'est d'accord, je veux bien essayer. Vos fils ont l'air heureux, ils ont l'air... de vraiment habiter ici, comme s'ils avaient pu oublier tout ce qui est douloureux, expose le petit clone farouche.

  • En effet, ils ont presque tout oublié. Ils peuvent s'en souvenir, mais sans douleur. Les nœuds émotionnels de leur passé ont été dénoués. Dis-moi quel est ton nom, mon enfant ?

  • Zerbaïk, répond le petit clone.

  • Tu es très courageux, Zerbaïk. Maintenant, donne-moi ton bras, que je puisse en ôter toute la douleur et régénérer ton articulation. Ensuite, nous veillerons à soigner ton visage de manière parfaite, et il n'y paraîtra plus.

 

Le petit blessé montre son bras et Amoni en défait le bandage. Hélas, la cicatrisation ne se passe pas comme prévu. Une partie du bras du petit alien ne parvient pas à se reconstituer. La plaie est très grave, mais Amoni étale une résine de soins d'un air très détaché. Il s'agit d'une pâte incolore, qui aide les cellules des muscles et l'épiderme à se multiplier.

 

Amoni veille à agir avec beaucoup de délicatesse, car le petit clone a déjà été très éprouvé.

  • C'est mieux, dit-il. Nous avons là cependant les meilleurs experts. Ils sont un peu différents de nous. Veux-tu les rencontrer ?

  • Oui, je veux bien, répond timidement le petit clone farouche, en mangeant un autre gâteau que lui tend Amoni.

  • C'est très bien, mon cher petit. Ils sont très attachés au bien être des enfants. Nous veillons chaque jour à accélérer la libération de milliers de petits esclaves. Leur peuple est semblable à ceux qui t'ont recueilli.

  • Pourquoi ais-je été recueilli ?

  • Parce qu'il leur est insupportable de songer qu'un enfant précieux comme toi puisse mourir seul dans l'espace, expose Amoni d'un ton grave.

 

Peu après, une clarté dorée légère illumine le petit jardin et Dorian apparaît. Il prend place tout naturellement sur un siège, tout près du petit clone effrayé et se présente.

  • Je suis Dorian, je suis ici pour te soigner, et te libérer de la peur, si tu le permets, dit-il simplement.

  • Merci... de m'avoir aidé, répond le petit clone en sanglotant. Je suis d'accord pour être guéri.

 

Ce qui commence par des sanglots devient une rivière et Dorian prend la main blessée du jeune alien dans la sienne. Le pauvre éprouve là quelque réconfort, car l'énergie des êtres de Lumière est considérable, comme si elle pouvait aspirer la nuit de chacun de ces cœurs meurtris. Dorian fait asseoir le petit Zerbaïk sur ses genoux et promène sa main sur son visage défiguré.

 

Nerti et Zilner, très impressionnés approchent, car ils sont toujours ravis de voir les capacités prodigieuses des êtres de Lumière pour soigner. Dorian leur fait un clin d’œil et continue de soigner le petit clone empli de larmes. Son fluide est si intense, que le malheureux ne tarde pas à s'endormir. Nerti, toujours curieux, fixe le visage du petit immature, un peu plus regardable, à présent, et son bras, dont la peau arbore à présent plusieurs croûtes rosées, bien plus rassurantes.

 

  • Tu es vraiment merveilleusement doué ! s'extasie le petit Nerti. Je me souviens que son bras était hier un amas sanglant bien peu agréable. Et maintenant, toutes les cellules revivent.

  • Ce n'était pas facile de le faire venir jusqu'ici, expose Zilner avec un rire. Heureusement qu'il a un faible pour les pâtisseries !

  • Vous avez très bien œuvré, mes chers enfants. Grâce à vous, d'ici quelques semaines, ce petit pourra faire connaissance avec une famille et ensuite faire le bonheur de ses parents, expose Amoni.

  • Je suis toujours étonné qu'il y ait si peu d'enfants naturels, chez les Denakhs. Sont-ils tous vraiment stériles ? demande Nerti.

  • Oui, répond gravement Amoni. C'est pour cela qu'ils clonent autant de petits serviteurs, autant d'enfants, qu'ils vendent même à des peuples impérialistes, comme eux. Mais maintenant, des Denakhs nombreux vivent sur des mondes libres et aspirent à avoir un ou deux descendants. Les clones très jeunes sont parfaits à leurs yeux et ils les comblent de bonheur. D'une certaine manière, la nature tend à équilibrer les choses...

  • Tu veux dire qu'avant de pouvoir un jour de nouveau avoir des enfants, ils devront donner une famille à chaque petit clone en souffrance ? s'étonne Zilner.

  • C'est une manière de voir les choses, mais oui, c'est une possibilité bien réelle. L'aridité du cœur les empêche d'enfanter, sans doute bien plus sûrement que le patrimoine génétique qu'ils croient avoir perdu à force de mutations. Pour qui ne sait offrir pleinement son amour aux plus jeunes, aux plus faibles, le fait d'enfanter ne saurait être une fin heureuse. Car quelle âme accepterait alors de prendre place en un corps aussi dénaturé, diminué ? La nature sait aussi cela, conclut Amoni.

  • Il avait très peur de guérir, très peur de devoir retravailler de nouveau sur quelque horrible vaisseau, j'ai vu ses pensées, expose Zilner.

  • Il va aller beaucoup mieux, maintenant, reprend Nerti, avec une gaieté communicative. Une fois que tu l'auras soigné, il sera bien plus apaisé. Je me souviens très bien quand tu m'avais soigné ainsi, c'était merveilleux, expose le petit alien en fixant Dorian avec une grande admiration.

  • Nos vaisseaux en recueillent régulièrement dans tout l'espace, dans un état très grave. Certaines missions ont été spécialement formées pour ménager une porte de sortie à l'intérieur de certains navires abritant des servants. C'est très amusant de voir la tête de leurs anciens maîtres une fois qu'ils se retrouvent sans domestiques pour astiquer le sol et œuvrer en cuisine ! s'amuse Dorian.

  • Voilà qui est tout à fait scandaleux, d'élever ainsi autant de clones comme des esclaves et de les conditionner afin qu'ils ne voient jamais la lumière ! Tout cela parce que des êtres vils et cruels sont incapables d'apprendre à nettoyer et réparer un vaisseau eux-mêmes. Votre action est très méritoire pour sauver ces enfants, s'écrie Amoni.

  • Il y a eu aussi beaucoup de nouveaux dissidents chez les clones, expose Orel, qui prend place à son tour. Des pensées semées un peu partout dans l'univers ont fait leur office, chez les aliens de Kolménide également. Nous avons même dans nos rangs quelques généticiens très dévoués à la guérison de nombreux enfants.

 

Dorian sourit et continue de masser le bras de l'enfant endormi. Nerti et Zilner s’approchent et alors, ils sentent, pour la première fois des pensées très pures et légères s'échapper du petit blessé. Ce dernier est plongé dans un rêve merveilleusement plaisant.

 

 

La pensée amicale de ma famille bénie entre toutes, s'éloigne et le couloir psychique se replie. Je suis empli de bonheur en songeant à ce nouveau petit être qui va pouvoir bénéficier d'une vie meilleure. Tous les enfants ont le droit de rêver un peu et aucune idée, aucune vaine cause perverse ne devrait jamais faire mourir un petit innocent, ni même un homme ou un alien. Voilà une vérité qui a été clamée dans tout l'univers connu, par delà tous les mondes libres.

 

A notre tour, nous espérons, chers êtres de ce monde, vous envoyer cette énergie de renouveau, de purification, sur votre Terre, de même que les êtres de Lumière qui nous ont si fidèlement apporté leur aide, puisqu'ils sont revenus à l'instant le plus approprié. Sur votre planète également, ils s'en reviennent et vos écrits du passé sont là pour témoigner de la présence des êtres de l'espace, sur votre monde autrefois prospère. Vos anciens ont contemplé leurs faces et s'en sont trouvé fort aise, car ces êtres d'amour étaient comme eux et prompts à illuminer la Terre de prospérité, d'abondance et d'harmonie. Nous formulons nos plus grandes pensées d'espoir, de renouveau, de couronnement de tous vos rêves, chers amis de la Terre bleue. Apprenez aussi à reconnaître ceux qui vous tendent la main et à accepter leur aide au moment opportun. Nous vous bénissons et nous vous aimons.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

Publié dans Messages

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