La descente dans le monde intérieur (1/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

La descente dans le monde intérieur (1/4)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Je reviens pour vous exposer la suite de nos aventures. Toujours étions-nous avec la sage Erazel dans les cavernes de Lumière du monde intérieur de notre planète.

 

C'était un lieu hors du temps, hors de tout, où il nous fut donné d'observer les formes de vie bio minérales les plus exceptionnelles.

 

Notre petit transport fort bien conçu, pouvait résister aux températures les plus vives. Et c'est ainsi, qu'il me fut donné de les voir, en une eau soufrée très chaude, qui se déversait des parois à plus de 60 degrés. Cette salle, exceptionnelle en soi, contenait ainsi une atmosphère à plus de 90 degrés. Zilmis et moi-même ne pouvions proférer un mot, car les phares de notre petit véhicule éclairaient devant nous, ce qui, au premier regard, pouvait ressembler à des concrétions.

 

Il s'agissait non pas de stalagmites, mais de formes de vie exceptionnelle, dont nous pouvions avoir un aperçu. Cette vie cristalline s'épanouissait lentement, à l'intérieur de ces éminences de calcite, de forme tubulaire et arrondie au sommet. Nos instruments prirent de nombreux clichés et nous les avons vues sur un écran ! Nous étions figés de stupeur, car au sommet de chaque tube minéral, une créature palpitait lentement. Elle ressemblait pour ainsi dire à un embryon et était de nature essentiellement énergétique, vibratoire. Erazel nous laissa admirer ces créatures exceptionnelles. C'était la première fois de mon existence que je pouvais observer une forme de vie strictement énergétique.

 

Nous sommes restés à prendre un certain nombre de clichés, puis nous sommes dirigés dans une autre salle, bien plus tiède et inondée de lueurs dorées.

Notre si sage ancienne a avancé le vaisseau le plus doucement possible. En effet, tout autour de nous, un ballet majestueux de créatures minuscules, formait de multiples points de lumière colorés, brillants de lueurs vertes, bleues, rosées, toutes d'or ou blanc pur.

Nos appareils révélèrent des créatures minuscules, dont certaines étaient semblables à ce que vous pouvez observer au fond des océans, à savoir le plancton.

 

Ces êtres minuscules tournoyèrent joyeusement autour de notre vaisseau. Ils ne faisaient qu'à peine un centimètre de large pour certains.

  • Ce sont les adultes, nous exposa Erazel. Des formes de vie très pures qui nous souhaitent la bienvenue.

  • Et comment le savez-vous ? s'étonna Zilmis.

  • Ces êtres parlent par l'esprit, sur une fréquence bien différente de la nôtre, mais ils savent très bien se faire comprendre. Ils gardent ce lieu, les animaux menaçants ne pourraient y entrer. Ce sont des êtres du cristal, qui sont en harmonie permanente, qui communient constamment avec notre planète. Ils sont d'une grande élévation morale, extrêmement sages et aimants. Ils disent que nous sommes sur le bon chemin.

     

Nous nous sommes regardés à demi-incrédules. Puis, chacun de nous entra dans une douce transe énergétique, à la vue de ces êtres millénaires qui nous veillaient, une très grande allégresse m'envahit de la tête aux pieds.

 

Notre vaisseau poursuivit sa route dans des méandres de tunnels de pierre dorée ou nacrée, d'une indicible beauté, aux parois parfaitement arrondies et polies de mystérieuse manière.

Peu après, nous avons pris une petite collation, accompagnés de temps à autre, par la visite d'animalcules fluorescents dont certains ressemblaient à de minuscules méduses.

Nous étions comblés et à dire vrai, entrés en quelque rêve bienvenu.

 

Notre vaisseau repartit, traversant des salles emplies de chandelles de soufre millénaires, qui auraient fait le bonheur de nombreux minéralogistes que je connaissais. Nous descendions, toujours plus avant, certains à présent de nous trouver en un temple fort ancien, car des stèles couvertes de hiéroglyphes, des statues nombreuses parsemaient ce labyrinthe.

 

Je devins peu à peu quelque peu inquiet, par l'abondance de couloirs semblables, qui ne tardèrent pas à me dérouter. Mais Erazel dirigeait notre transport avec une tranquille assurance, ne se départissant jamais de son calme. Elle tournait et virait avec précision, semblant parfaitement savoir où nous diriger. Nous nous sommes arrêtés de nouveau en une salle fort vaste, gravée de fresques avec des inscriptions nombreuses en un matériau inconnu semblable à de la glace ou du verre bleuté et d'une solidité à toute épreuve.

 

Je mis la table comme d'ordinaire, et servis une infusion à mes compagnons, ma main tremblant quelque peu.

Zilmis quant à lui arborait un teint rose très pâle attestant de la sourde angoisse qui l'habitait.

  • Nous ne sommes point perdus, enfants. Buvez vite, cela va refroidir, et demeurez dans la joie ! Notre but est proche, émit Erazel.

 

Notre but était proche, effectivement. Le soir venu, notre labyrinthe prit fin et le tunnel changea mystérieusement, révélant un abîme sans fond. Le gouffre attirait intensément mon regard. Erazel y fit résolument plonger notre transport.

 

  • C'est notre route, en effet, exposa-t-elle avec un sourire confiant. Avez-vous entendu ?

  • Oui, il semble y avoir quelqu'un, répondis-je.

  • Au moins deux êtres, corrigea Zilmis, bien plus sensible aux échos télépathiques.

 

Notre si sage ancienne posa le vaisseau à l'entrée d'un couloir agréablement éclairé, qui s'ouvrait dans la paroi. Nous sommes descendus, et elle montra le puits.

 

C'était un spectacle angoissant, une immense cité de métal se dessinait au loin. Le sol en avait été fracturé à de nombreux endroits. Ce lieu était vide, devinais-je, et les habitants avaient sans doute été affectés de la hausse vibratoire, oblitérés ou obligés de fuir.

 

Nous avons pleinement réalisé ce péril en nous aventurant sur un raidillon, ponctué d'escaliers en pierre douteux, qui s'effritaient à chacun de nos pas. Chacun de nous dut enjamber un petit monticule de sable brillant, et je devinais que celui-ci avait été auparavant un alien.

 

  • Quel est cet endroit ? Pourquoi n'avons-nous jamais été informés de la présence de ces aliens si industrieux ? m'étonnais-je.

  • Ils étaient sous notre surveillance, assura Erazel. Des envahisseurs égarés avides de gisements, qui ont conclu que cette planète n'était pas viable. Ils ont péri au bout d'un an à peine. Une partie a pu fuir et a écouté nos avertissements. Cette cité sera entièrement fondue d'ici une semaine. Voici pourquoi, nous devons agir vite pour retrouver les survivants.

  • Je n'ai pas du tout envie d'entrer dans une cité fantôme emplie de carcasses, protesta Zilmis.

  • Je sais, répondit Erazel. Mais vous pouvez au moins le faire pour les enfants.

  • Que viennent faire les enfants là dedans ? questionna Zilmis.

 

Erazel ne dit mot et nous fit signe de demeurer silencieux.

 

Pas de doute possible, sur la paroi opposée, trois êtres très affaiblis étaient blottis dans une grotte. L'un des petits êtres ressemblait de manière troublante au petit Nerti. Je devinais que ces trois jeunes aliens faisaient eux aussi partie du peuple des Denakhs.

  • Comment allons-nous donc parvenir à les convaincre de nous suivre ? demandais-je. Ils ont l'air plutôt méfiants.

  • Nous allons devoir ruser, fit Erazel, qui n'aimait pas beaucoup cette idée. Il suffit d'en attraper un, les autres viendront. Attendez-moi ici.

     

Nous avons alors attendu, un peu inquiets, en nous cachant, comme Erazel nous en pria. Mon cœur se serra lorsque je la vis franchir le gouffre en un bond à priori impossible. Un instant plus tard, Erazel était de retour en portant une petite silhouette amaigrie dans un état épouvantable. Le jeune alien était très affaibli et il s'était apparemment évanoui sous l'effet de la peur. Erazel ne mit pas longtemps à ramener les deux autres infortunés. Je portais l'un des enfants, Zilmis se chargeant du plus jeune, le seul à être demeuré éveillé, qui nous fixait de ses grands yeux rouges surpris.

  • Il faudrait... faire prendre un bain à ces enfants, fit observer Zilmis en adressant un regard attendri au petit clone couvert de boue qu'il portait avec précautions.

  • Oui, en effet, exposa Erazel. J'ai entrevu un bassin chargé d'une eau bien chaude qui devrait faire l'affaire un peu plus haut.

 

Notre étrange randonnée en ce gouffre de nuit se prolongea longuement. Nous étions quelque peu fatigués du poids des enfants. Aussi, jugeant la traversée des escaliers branlants quelque peu risquée, Erazel nous fit léviter en sa compagnie vers le sommet de la paroi. En quelques secondes, nous nous sommes retrouvés auprès du vaisseau.

 

Un peu plus loin, une baignoire naturelle était traversée d'une eau bien chaude. Erazel et Zilmis baignèrent les trois enfants, tandis que je m'employais à leur trouver des serviettes, des chaussures et des habits. Hélas, nous n'avions rien de prévu pour des êtres aussi petits. Alors que cette réflexion traversa mon esprit, je découvris une pile d'habits clairs avec de petits souliers neufs qui iraient fort bien à chacun des trois enfants. J'étais abasourdi de songer que tous ces habits étaient parfaitement à leur taille. Un petit rire s'éleva. Je m'habituais à ses prodiges songeais-je en contemplant Erazel, occupée à soigner le plus atteint des trois aliens, couvert d'ecchymoses et de plaies dues à une chute sévère.

 

Zilmis et moi, avons assisté au spectacle peu agréable de la réduction d'une fracture. Zilmis retint ses larmes et je m'employais à poser une attelle sur le poignet du jeune clone, alors qu'Erazel avait fait agir son fluide pour ressouder en partie l'ossature du petit être. Le deuxième enfant possédait juste des plaies superficielles. Nous avons pu les vêtir et les coucher dans nos propres lits. Chacun de nous versa des larmes d'émotion, car ils nous rappelaient immanquablement Nerti et le petit Zilner. Le plus jeune des enfants n'était pas blessé, mais il avait lui aussi besoin d'être baigné. Il sanglota un peu, et Zilmis lui fit boire de l'eau mystérieuse pour l'apaiser. Nous lui avons enfilé des habits neufs et je m'employais à faire manger, je devinais qu'il était à peine capable de marcher.

 

L'heure d'aller dormir arriva et le minuscule alien se mit à sangloter en fixant son frère aîné. Comprenant qu'il voulait dormir à ses côtés, je l'allongeais auprès de lui. Une fois les enfants endormis, il ne nous restait plus qu'à faire de même.

 

Je fixais d'un œil résolu les sièges du petit vaisseau et y étendis une couverture.

  • Vous ne pensez tout de même pas à dormir là dessus ? demanda Erazel en riant. Ce n'est guère confortable.

     

Zilmis et moi-même avons contemplé sans y croire deux lits douillets exactement à notre taille qui étaient apparus dans la minuscule cuisine du petit vaisseau.

  • Comment avez-vous donc fait cela ? questionnais-je.

  • De la manière la plus naturelle du monde, s'amusa Erazel en se dirigeant vers la sortie du vaisseau.

  • Et vous ? Ne dormez-vous point ? interrogea Zilmis.

  • Je dois d'abord aller discuter, nous avons un invité, émit Erazel. Il semble que nos amis soient destinés à un autre chemin que celui qui les attendait. Des êtres se tiennent tout prêts pour leur venir en aide.

 

J'aperçus alors par la fenêtre du navire un valet Denakh de haute taille, au visage singulièrement hargneux et au caractère sans nul doute bien colérique. Erazel sortit et parla pour lui faire bon accueil, mais l'autre répondit par une salve de fureur brute. Pour une raison inconnue de moi, la conversation devint indistincte. Je plongeais en peu de temps en un sommeil douillet, Zilmis étendu auprès de moi dans le même état de pure félicité.

 

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