L'illumination de Mars (5/5)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'illumination de Mars (5/5)

Message du Guérisseur Lestrys (suite et fin)

 

  • Il est temps de revenir à bord, exposa notre si sage ami. Je vous rappelle qu'au départ, il avait été convenu que les enfants ne devraient aucunement être exposés à l'environnement.

  • Cela est bien vrai, mais Stency a été si brave. Il est juste de le récompenser de la sorte, dis-je au sage.

  • Oui, en effet, fit gravement Darsimen en tendant une tartine au petit alien. Tu as agi avec beaucoup de vaillance.

    Chacun de nous revint à bord du véhicule en peu de temps. Darsimen se confectionna une deuxième tartine, qu'il mangea, et se tourna vers le hublot, fixant un point éloigné avec malice.

  • Ils n'ont rien trouvé, on dirait, constatais-je, en voyant la vingtaine de camions revenir dans un énorme nuage de poussière.

  • Ou ils se sont frottés à des lézards mieux pourvus en armement et peu désireux de discuter, émit le sage en me montrant des traces d'impacts sur les blindages des camions. Les reptiles martiens sont paisibles, pour peu que l'on les laisse tranquilles. Ils ne nous feront rien, mais un convoi militaire de cette taille n'a aucune chance de pouvoir passer, assura Darsimen.

  • Où sont donc les lézards de Mars ? s'enquit le minuscule Schin avec candeur.

  • Tout autour de nous, cher petit cœur, répondit Darsimen en mangeant sa tartine.

  • Je ne vois rien, moi, fit le petit alien en nous fixant de ses grands yeux rouges.

  • Les lézards savent que nous revenons à notre point de départ, l'épave du vaisseau. Ils perçoivent nos pensées et en déduisent que nous sommes des explorateurs paisibles. De plus, nous n'avons pas d'armement, et ils savent qu'il est plusieurs enfants parmi nous, voici pourquoi ils se contentent de nous observer, ajouta Darsimen, le plus naturellement du monde.

 

Schin ouvrit de grands yeux ébahis, continuant de fixer la plaine rocailleuse alentours.

 

Je la fixais de même, et après un effort de concentration intense, je parvins à voir un, puis deux lézards, abrités derrière des dispositifs de dissimulation stéréoscopique. Ils étaient grands, même très grands et minces et avaient fière allure. Chaque lézard portait une longue lance ou une arme paralysante assez massive. Leurs habits étaient soignés, au niveau de leurs pattes, ils portaient de longues bandelettes claires. Leurs pieds étaient griffus, ils se déplaçaient un peu comme les dinosaures, mais avec une aisance bien plus grande. Leurs bras n'étaient point affectés de la vive clarté martienne, ni leurs têtes aux yeux vifs très intelligents. Ces lézards avaient le teint vert ou brun crème, ils étaient surpris de notre intérêt psychique. Ils portaient des sortes de gilets sombres, de larges ceintures munies d'armes et d'outils.

 

Satisfaits de s'être montrés, et pareillement rassurés après avoir examiné l'intérieur de notre transport garni de livres par l'esprit, ils s'en furent. Darsimen avait émis une onde d'invitation télépathique, mais les lézards avaient préféré s'en retourner dans le désert. Ils ne se mêlaient pas aux autres peuples.

 

Notre progression reprit donc, le tracteur rechargé de manière optimale, s'éleva avec grâce au dessus de la montagne. Il nous fut possible d'atteindre aussitôt une jolie vitesse de plus de 400 km/heure.

 

Peu avant l'heure du soir, l'épave fut visible. Cabossée et rudement tordue en tous sens, elle avait rebondi sur le flanc de la montagne. Mais les parements du vaisseau avaient résisté majoritairement.

 

Semna et Sizris sortirent en premier de notre transport, entourés par la barrière irisée mystérieuse que Célia savait si bien faire apparaître. Un sas s'ouvrit aussitôt dans la coque du navire. Nous sommes montés à bord prestement.

 

Le sas se referma, et une atmosphère douillette nous entoura aussitôt après la froidure martienne du soir.

 

La porte menant au hangar du vaisseau s'ouvrit, et nous avons reçu là un accueil triomphal. Des dizaines d'aliens se précipitèrent vers Semna et Sizris, et la grande Istigrit pour les féliciter. Le petit

Andezza, toujours endormi, fut abrité en une salle de soins. Notre venue exceptionnelle ranimait tous les espoirs.

 

Sans plus attendre, nous avons débarqué le matériel de décontamination apporté par Célia. Je sondais l'intérieur du navire. La contamination était faible, mais supportable.

  • Il s'agit d'un très grand guérisseur, fit Semna à plusieurs laborantins et à des professeurs Tarethos. Menez le tout de suite auprès des plus graves blessés. Son épouse fait des choses exceptionnelles, dit-elle en nous présentant.

     

 

Les professeurs Tarethos étaient de petits aliens malingres au teint verdâtre, de la taille d'un enfant (environ 1m 30). Leurs têtes allongées horizontalement, d'une largeur énorme reposait sur un cou frêle. Comme nous, ils étaient chauves, je constatais avec plaisir que leurs yeux étaient d'un beau rouge profond, comme ceux du petit Schin.

 

En cet instant, les deux savants étaient affolés. Malgré tous leurs soins, m'expliquaient-ils, ils ne pouvaient rendre leur santé à de nombreux aliens contaminés par les polluants.

 

Célia et moi même avons suivi un grand nombre de coursives métalliques faiblement éclairées. Ils nous menèrent en une salle, où une dizaine d'aliens très affaiblis possédaient le même teint grisâtre que le petit Andezza. Ils étaient tous en train de mourir lentement.

 

Célia s'approcha de chaque blessé pour lui faire avaler un remède à base de formes de vie lumineuses. Trois ne le purent, ils demeuraient inconscients. Leurs corps étaient couverts de plaies inquiétantes. Ne pouvant rien faire de mieux, j'y appliquais un onguent absorbant.

 

  • C'est au delà de mes compétences, fit Célia. Ils faut les immerger en une eau respirable, le temps que leurs lésions guérissent. Leurs systèmes cellulaires sont en train de se désatomiser.

  • Merci de ce que vous avez pu accomplir pour nos frères, fit un chercheur avec bonté.

  • Nous pouvons les sauver, insista Célia avec vigueur. Il faut juste que vous acceptiez qu'ils soient transférés en notre centre de soins.

  • Et où se situe ce centre ? demanda le chercheur avec surprise.

  • Au cœur de Mars. Il serait souhaitable d'établir un couloir vers votre navire, si vous acceptez, nous pourrons vous aider à reconstruire tout votre vaisseau, assura Célia.

  • En effet, c'est plus de reconstruction qu'il s'agit maintenant, assura Semna. Écoutez-la, leur peuple a des connaissances de l'esprit très élevées.

 

Un peu hésitants, les chefs de bord acceptèrent. Les premières mesures réalisées sur les blessés montraient en effet que le métabolisme basal reprenait son cours. Les compétences de Célia et de son peuple allaient tout changer, de manière évidente. Nous étions euphoriques, absolument enchantés.

 

Au bout d'une dizaine de minutes, des experts apparurent les uns après les autres dans le grand hall. Chacun d'eux était un alien entouré d'un voile irisé. Ils agirent sur la pollution par radionucléides à l’intérieur du vaisseau. Tout l'équipage reçut un traitement curatif. Chacun dut s'allonger. Pendant ce temps, les aliens éthérés connectèrent un passage dimensionnel au vaisseau. Par ce dernier, ils purent faire transiter les blessés dont l'organisme était le plus affecté. Ensuite, des experts se chargèrent de la chaufferie, de toutes les tubulures et des circuits de refroidissement des réacteurs, dont la majeure partie avait été disloquée lors de l'impact. La cuve d'hydrogène du réacteur avait parfaitement résisté.

 

Chacun put franchir le couloir se prolongeant en une fontaine de brillance en soirée. Eratsu portait le petit Andezza. Nous sommes parvenus en un superbe lieu paré de brillance, d'éclairages colorés à la beauté sans nom. Des arbres poussaient tout autour de nous et il faisait presque nuit.

 

Je serrai la main du petit Stency. En effet, dans un geste d'une bonté admirable, le peuple éthéré de Mars avait réussi à aspirer l'épave du petit escorteur rouge occupé par Semna et sa famille durant de longs mois. Le vaisseau avait été endommagé par un tir de grenade, mais avait résisté.

 

Sizris embrassa son épouse, la charmante Istigrit et berça le petit Schin en pleurant de joie.

  • Votre soin sur cette épave est tout à fait admirable, émit une aimable femme de lumière. Notre peuple se sent honoré de la venue de si vaillants chercheurs. Voici pourquoi nous vous faisons ce cadeau.

 

Je dois dire qu'une surprise nous était réservée de même. Tous nos compagnons nous attendaient dans la prairie scintillante de rosée de ce lieu hors du temps. Je fixais chaque goutte, me disant que la perfection de leur éclat arc en ciel était une vraie féerie où se noyait le regard.

 

Paul nous félicita, absolument comblé, avec le petit Nimlin. Juste derrière lui, en effet, je perçus la silhouette d'une dame mince occupée à peindre. Pressentant quelque merveille encore à venir, je me dis que ce lieu de paix nous réservait bien d'autres surprises.

 

Nous étions très favorablement impressionnés de contempler chaque arbre, dont le tronc même semblait comme surmonté de givre et brillait de mille feux.

 

Célia me mena vers un bel édifice clair, de forme arrondie, en cristal brillant entouré de végétation délicatement lumineuse. Un festin de chef à la grande table, nous attendait. Je m'assieds et contemplais tous mes compagnons. Le petit Andezza, assis près d'Eratsu et d'Istigrit avait le teint plus lumineux. Le petit clone parvint à ouvrir les yeux, et il put manger un morceau de fruit. Ensuite, sa mère alla l'étendre. Il guérirait, nous exposa Darsimen. Une telle possibilité serait accélérée par ce lieu de pureté.

 

Il ne pouvait exister en ce lieu que de bonnes émanations, propices à la vie. Tout ce qui était néfaste était aussitôt dissout.

 

  • Il en est de même de Mars exposa Célia. Il est des zones de pureté, des zones salines aussi. Le sous sol s'auto-épure. Le seul moyen qu'a trouvé la planète pour redevenir viable est de constituer des forêts de cristaux à partir de composés nocifs en sous col, le cinabre, la fluorite, l'uranium, et tant d'autres.

 

Nous avons devisé longuement, apaisés par une musique d'une beauté paisible. Nous nous sentions exténués, mais ravis de ce voyage impromptu, en un tel lieu habité par la grâce.

 

Je vous salue bien, heureux habitants de la Terre. J'espère par ce récit avoir changé votre vision de Mars, il s'agit d'un monde qui offre bien des secrets. Nous vous invitons à prendre le temps de la découvrir, puis de l'aimer, comme nous l'avons fait.

 

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