Le peuple des montagnes (2/7)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le peuple des montagnes (2/7)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

 

J'aidais à charger le vaisseau, principalement de remèdes, de produits nettoyants et de vivres. J'y retrouvais Zilmis, Amoni et Minel. Les parents d'Amoni nous accompagneraient également, de même que d'autres vaisseaux, que nous devions retrouver à l'entrée du défilé rocheux menant à la contrée des montagnes.

 

Très touché, Zilmis était au bord des larmes.

 

  • Je suis très ému de vous voir tous réunis pour cette mission, exposa-t-il.

  • C'est une mission d'entraide, assura Erazel. Elle est vitale pour cette région. Les pensées des habitants sont devenues si âpres et si pleines de désespoir qu'il s'est produit des glissements de terrain, qui ont emporté les terres agricoles. Ils n'ont plus rien à manger là haut. Nous devons être joyeux et prévenants envers les habitants. Par contre, le pouvoir politique et la prêtrise s'opposera sûrement à notre venue. Nous devrons certainement les chasser de ce lieu pour pouvoir approcher les habitants, soigner les blessés.

 

 

En peu de temps, Erazel fit décoller le vaisseau. Je me tournais vers Amoni et Minel, qui avaient mis entre parenthèses leur cérémonie de fiançailles prévue bientôt.

 

  • Tout cela attendra notre retour, exposa Amoni tranquillement. Je ne suis pas très à l'aise avec les cérémonies kolal. Il y a des choses plus urgentes à faire, surtout si des blessés attendent des soins.

 

Je réprimais un sourire amusé. Je savais que les cérémonies Kolal pouvaient être très longues. Minel et Amoni devraient se prêter à un rituel particulier, comme passer sous une cascade, être bénis par des prêtres, par la famille toute entière d'Amoni, et prier de longues heures durant. Malgré tout, je me réjouissais de découvrir la culture de mon ami, la musique des Kolals était très belle, c'était un peuple raffiné et bienveillant.

 

Bien que nous soyons des Galmols, Zilmis et moi-même, nous avions été autorisés à assister à la cérémonie si nous le désirions. J'en étais tout à fait heureux. Les Kolals se souciaient peu de la religion ou des croyances des autres peuples, ils aimaient à inviter tous ceux qui étaient chers à leur cœur, simplement pour partager des moments de bonheur.

 

Je priais intérieurement, espérant vivement qu'il en soit de même avec les Galmols des montagnes.

 

Hélas, par le passé, ils avaient fait montre de dureté, réservant à Zilmis un sort bien misérable. Très pâle, il était presque blanc, signe chez lui d'un mal-être intense. Je serrais sa main dans la mienne pour le réconforter.

 

Notre esquif arriva en peu de temps près du défilé, qui était la « porte » menant au territoire occupé par les derniers Galmols des montagnes. C'était un peuple fier et ombrageux, qui échangeait peu avec les nôtres.

 

  • Il y a eu depuis beaucoup de dissensions, exposa Erazel en sortant du vaisseau et en scrutant les environs, presque entièrement masqués par la brume. Il s'est produit une division entre les Galmols traditionnels, et les réformateurs, surtout les jeunes. Ils ne veulent plus rester cloîtrés dans les montagnes à cultiver des terres pauvres. Ils aspirent à voyager, découvrir le monde et s'amuser. Il y a eu des affrontements avec quelques blessés, mais ce sont les éboulements et les glissements de terrain qui ont fait le plus de victimes.

 

Erazel continua de scruter la brume, et, satisfaite, nous invita à remonter à bord du vaisseau.

 

  • Ils arrivent, nous dit-elle. C'est très bien, nous serons nombreux.

     

N'entendant, ni ne voyant rien, nous lui faisions aveuglément confiance. Les senseurs étaient inopérants en ce lieu. Nous avons perçu par l'esprit au moins quatre vaisseaux très grands, de 40 mètres de long. Amoni reconnut un navire médical, une unité de soins internes, des vaisseaux de terrassement, et plusieurs convoyeurs agricoles chargés d'engrais.

 

C'était une mission bien plus importante que nous l'avions cru ! Bientôt, 50 vaisseaux, grands et petits, nous entourèrent, volant avec une parfaite maîtrise en cette zone accidentée, coiffée de pinacles rocheux.

 

  • Comment comptez-vous entrer ? s'inquiéta Zilmis. En voyant autant de navires, les habitants vont prendre peur.

  • Nous allons procéder en douceur, expliqua Erazel. Les anciens ont prévu une entrée festive, fit-elle en riant. Ensuite, les vaisseaux pourront intervenir.

 

 

Un peu déconcertés, nous avons enfilé nos habits de fête, comme elle nous y invitait. Chacun de nous prit un instrument de musique différent. N'étant pas musiciens, nous devions juste agiter des sortes de grelots.

 

Nous nous sommes retrouvés à l'entrée du défilé. Nos voisins et amis étaient là, tous parés de leurs plus beaux habits. En voyant leurs teints blêmes et leurs genoux qui s'entrechoquaient, je songeais qu'ils faisaient preuve d'un grand courage de se tenir là.

 

  • Mon frère a épousé une Galmol des montagnes, lança tristement une de nos voisines. Ses parents se sont opposés à ce mariage, ils sont venus rechercher leur fille, et il ne l'a jamais plus revue.

  • Nous sommes là pour que cela n'arrive plus, fit une voix agréable. Que tous ceux qui ont perdu un ami ou un proche de la sorte restent vaillants. Nous sommes là pour libérer cette province de siècles de privations et d'obscurantisme !

 

Je reconnus aussitôt Oralecto mon vénérable grand-père, ma peur reflua aussitôt. Il m'entoura gentiment de son bras, et me lança un long regard fier. Sans un mot, nous avons pris nos instruments et commencé à jouer, tant bien que mal. Chacun de nous se mit en ordre de marche et commença à avancer, en chantant de manière hésitante.

 

Nous sommes entrés dans le défilé étroit ceinturé de hautes falaises grises qui menait au village de Zilmis. Nous étions une cinquantaine d'aliens de tous horizons, Kolals, Galmols, Ilstirr, avec même quelques aliens de nuit.

 

Fixant avec crainte le haut des falaises, chacun redoubla d'efforts, la musique enflant en un son joyeux, qui n'avait sûrement plus retenti en cette contrée depuis bien longtemps.

 

Chacun de nous craignait de recevoir des pierres, ou des choses plus dangereuses encore.

  • Nul ne sera blessé, nous vous protégerons, avait assuré Erazel en distribuant des dispositifs protecteurs à tous.

 

Effectivement, des pierres, assez petites, puis de plus en plus grosses atteignirent notre groupe. Entourée par les anciens vigilants, notre petite assemblée put avancer sans heurts, les pierres ne faisant que rebondir sur nous sans nous atteindre.

 

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