La renaissance (2/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

La renaissance (2/3)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

Notre pensée se replia un court instant, comme suspendue hors du temps.

 

 

Fou de joie, le petit Nerti filait comme une flèche dans le beau couloir bleuté du grand Institut.

 

  • C'est aujourd'hui ! lançait Nerti fou de joie. Ca y est ! Nous allons partir !

 

Zilner le suivait, et ensemble, ils prirent place dans un vaisseau en forme de bulle à demi transparente. Leur amie, une petite alien au teint mauve, les rejoignit, avec d'autres enfants. Le professeur Zablinsk manœuvra le vaisseau et celui-ci s'éleva, porté aisément jusqu'à la cime des arbres par un vent ascendant.

 

Au bout d'environ une heure, ils se posèrent en une prairie herbeuse, emplie de fleurs, où soufflait un vent vif. Le sage Zablinsk mena le petit groupe d'enfants en forêt, et un autre professeur ferma la marche.

 

Les jeunes aliens avaient le pas léger, et ils ouvrirent de grands yeux face à la canopée qui se déployait au dessus d'eux. Ils gagnèrent un marécage, où se déploie une variété de lentilles d'eau succulente, et firent une jolie récolte.

 

  • Nous sommes une parcelle du grand Tout, exposa le sage Zablinsk, et il nous faut honorer ce lieu, le remercier pour toute l'abondance qu'il nous procure.

 

Le sage se penche vers le marais et écarte les algues présentes à la surface. Alors, une eau noire et peu engageante apparaît. Tout autour d'eux, de fiers arbres lacustres au tronc blanc pur marbré de vert poussent à une hauteur prodigieuse.

 

  • J'ai besoin d'un volontaire, expose Zablinsk, pour faire un plongeon. Et aussi, pour montrer à tous combien est précieux ce que nous avons appris sur l'eau.

 

Chacun des enfants fixe l'eau avec effroi en reculant, à l'exception de Nerti.

 

  • C'est excellent ! assure Zabinsk. Tu ne le regretteras pas. Rassures-toi, ce lieu est sans danger. Maintenant, il faut élever le chauffage de tes habits au maximum.

 

Nerti s'exécute, pendant que Zablinsk lui enfile un casque de plongée avec d'étranges lunettes, il lui tend des gants et des palmes. Le professeur attache une cordelette à sa main.

 

  • Nous allons commencer par un premier plongeon, simulant une chute. Le sujet n'aura pas de gants, ni de palmes. Cette expérience vise à montrer qu'il peut aisément sortir de l'eau et se mettre hors de danger.

 

Nerti est très concentré et il saute dans l'eau. Il s'attend au picotement d'une eau glacée, mais une froidure supportable l'entoure. Il regarde autour de lui, et voit la vie de cette mare, comme au ralenti, avec son ballet d'amphibiens et de créatures phosphorescentes. De nombreux poissons chatoyants, pourpres, bleu azur, jaune soleil, enchantent son regard. Il entraperçoit une sorte de murène, et regagne la surface de l'eau un peu trop tôt à son goût. Nerti nage en des mouvements sûrs et réguliers, puis sort de l'eau. Chacun le félicite. Zablinsk essuie vivement ses mains et ses pieds menus. L'autre professeur approche un calorigène de Nerti.

 

  • C'est formidable ! lance-t-il. Bravo pour ton courage mon enfant !

 

Nerti est un peu désorienté.

 

  • J'ai besoin maintenant d'une autre immersion, expose Zablinsk. Cette fois, tu vas recevoir une tenue complète. Es-tu d'accord ?

  • Oh oui, professeur ! assure un Nerti très excité.

 

Alors, Nerti est équipé de gants, de palmes, et aussi d'une bouteille de plongée.

 

  • Nage jusqu'au fond de cette mare, le prie le professeur Zablinsk. Ce sont des images précieuses pour la science.

  • Que dois-je y trouver ? demande-t-il.

  • Il est en ce lieu certains êtres un peu mystérieux.

 

Alors, Nerti plonge de nouveau. Il gagne aisément l'eau profonde. Cette fois, elle lui semble à une température délicieuse, car le costume de plongée chauffant le protège parfaitement. Il y voit très bien, et éprouve une joie merveilleuse en frôlant des dizaines de poissons curieux, bariolés de rouge, de rose, et de bleu cobalt. Il gagne une jolie forêt sous marine, composée de corolles parfaites, de plumets d'algues soyeuses, et de mille concrétions fastueuses de formes de vie biominérales. Il parvient peu à peu au fond de la mare, et aperçoit une forme régulière dans la vase. Il s'agit d'un objet en pierre des plus lisses.

 

Peu après, Nerti tire sur la corde et remonte à la surface. Il tousse et ressent de l'inconfort au niveau de ses oreilles, qu'il frotte.

 

  • J'ai vu quelque chose, explique-t-il. Ce n'est pas très grand.

 

Le professeur Zablinsk promène un instrument au niveau de ses oreilles, afin de retirer des bulles d'air, et Nerti se sent mieux. Les aliens de son peuple n'ont pas d'oreilles externes comme les nôtres, juste un creux discret. Ils ne sont pas affectés comme nous des malaises liés aux paliers de décompression, mais passer d'un milieu aérien à une zone liquide est assez déstabilisant pour leur espèce.

 

  • Votre appareil pour voir sous l'eau est merveilleux ! lance Nerti. Il existe tellement de grenouilles lumineuses, et de poissons étonnants !

 

Le professeur Zablinsk est comblé. Ils reviennent au vaisseau. Puis, il installe un senseur près d'un écran. Alors, chacun peut voir les images précieuses ramenées par Nerti.

 

Le résultat ne se fait pas attendre. Ce paradis sous marin est si magnifique, que tous les enfants veulent aller l'explorer à leur tour. Alors, le professeur fait redécoller le vaisseau, et ils se posent non loin, dans une région volcanique.

 

Là, un lac assez grand s'étend, et chacun peut se baigner en toute sécurité, car l'eau y est très chaude. Le petit Zilner, à la vue perçante, s'étonne de voir un vaisseau se poser à l'horizon, puis deux, puis trois.

 

En soirée, ils reviennent au Grand institut. Ils se restaurent et à la fin du repas, le professeur Zablinsk s'approche de Nerti.

 

  • C'est une grande découverte, expose-t-il sans préambule. Suis-moi donc.

 

Un Nerti fort intrigué, suivi de Zilner, marche, ou plutôt tente de suivre les rapides enjambées du sage.

 

Ils entrent dans une salle emplie d'une vive activité. Un vaste bassin de verre est placé au centre, avec à l'intérieur, une statue, celle d'une jeune fille, qui tient devant elle une sorte de bouclier couvert de hiéroglyphes.

 

Nerti contemple la superbe statue, et le visage altier de quelque jeune princesse humanoïde des temps anciens.

 

  • Une idée ? demande Zablinsk au petit alien.

  • Non, pas du tout, répond Nerti d'une petite voix. On dirait une grande aventurière, quelqu'un qui ne craint nul péril pour explorer le monde. Mais elle ne vient pas d'ici.

  • Oui, en effet, répond un savant Galmol. C'est une hors monde... Ainsi, c'est donc toi l'enfant qui a trouvé cette statue. Félicitations, mon cher petit !

  • Je n'ai fait que plonger pour tester un nouveau dispositif de vision sous marine, répond Nerti. Je suis allé exactement où il m'a indiqué. Il devait savoir qu'il y avait quelque chose sous l'eau, répond le petit alien en se tournant vers le sage Zablinsk.

  • Une légère anomalie au niveau des détecteurs, et beaucoup d'intuition, il est vrai, se défend le sage. Mais ce lieu m'intriguait. Qui est-elle donc ? s'interroge-t-il face à la statue énigmatique.

 

La jeune fille porte une ample tunique brodée, et aussi, des instruments d'observation des étoiles. Elle semble fixer le ciel.

 

  • C'est une carte, énonce le petit Zilner après un court instant. Ce qu'elle tient dans les mains, ce n'est pas un bouclier.

 

Il s'ensuit une vive agitation, et les savants présents dans la salle murmurent d'un air ravi.

 

  • Cet enfant est pleinement dans le vrai, assure une grande Kolal à l'habit blanc pur. Nous avons devant nous une grande exploratrice, très certainement.

  • Il faut donc songer à une civilisation de type 4 ou au moins 5, qui a dépassé pleinement les antagonismes de la pensée réductrice du seul genre féminin, assure un autre expert.

  • Et une comme la nôtre, où le talent des jeunes à découvrir les mondes est pleinement mis en avant, assure Zablinsk.

  • Il est vrai que la plupart des civilisations humanoïdes inférieures se plaisent à représenter les femmes sans le moindre habit. Chez eux, une femme n'est mise en avant que pour sa beauté, sa capacité à enfanter, et son rôle de subalterne auprès des hommes qu'elle doit servir.

  • Il n'est là que nombre de nations pirates et barbares qui pensent de cette sorte de manière. Nos amis humains des Pleiades vivent en des mondes heureux, où l'art de déverser leur pensée s'est concrétisé pleinement au niveau de la sphère des femmes. Elles ont accompli des merveilles au niveau de la découverte planétaire, de la prescience, de l'écriture, et des inventions. Il serait logique que notre exploratrice vienne de ces contrées, exposa Zablinsk.

 

Ils continuèrent à deviser, et conclurent que seuls des experts en hiéroglyphes pourraient en savoir plus. Les savants félicitèrent Nerti et Zilner encore une fois.

 

Rayonnants de joie, les enfants allèrent se coucher.

 

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