Les civilisations stellaires libres 10

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les civilisations stellaires libres 10

La visite du hangar spatial

Un nouveau message,

 

Je suis votre ami, le professeur Zolmirel, en ce jour nouveau, je viens vous donner un nouveau message.

 

Plus avant, j’en étais resté à ce moment béni où Dorian a visité un vaste hangar spatial en ma compagnie et où il a eu la bonté de faire agir son fluide sur plusieurs navires très endommagés.

 

Ses compétences étaient vraiment très grandes et nous autres n’avions jamais vu cela. Même les plus sages anciens ne pouvaient accomplir de tels prodiges.

 

Je félicitais Dorian pour son action, notamment sur un petit vaisseau héroïque, en vérité une épave que nous avions récupérée sur un astéroïde. Cet astéroïde avait été nettoyé un peu plus tôt pour accueillir des zones arables, et les experts chargés de cette opération avaient offert le châssis tordu du vieil astronef à nos plus brillants chercheurs. Ils ne savaient point trop quoi en faire, et plutôt que de l’envoyer à la fonderie la plus proche, ils l’ont confié à des ingénieurs afin de l’étudier.

 

Nous avions également découvert de nombreuses épaves sous la jungle au fil des siècles, celles-là en assez bon état, car elles provenaient de nos ancêtres. Il s’agissait bien sûr des navires pionniers, les premiers à atterrir sur notre monde. Nos très lointains ancêtres avaient construit de vastes temples pour en abriter la plupart et de nos jours, de tels lieux sont révérés.

Ils constituent un mélange entre un musée et un monument planétaire.

 

Les prescients s’en approchent et viennent y méditer pour se relier à la sagesse de nos illustres prédécesseurs. Nous sommes les branches d’un même arbre et il est bon d’entendre les voix de ceux qui nous ont faits.

 

En un jour joyeux, Dorian quêta une fois de plus ma compagnie pour se promener en pleine jungle, un exercice qu’il adorait.

 

Nous avons croisé quelques lézards de belle taille qui marchaient parmi les halliers. Les lézards bipèdes, chez nous, sont intelligents et herbivores. Ils possèdent deux bras capables de saisir des objets, la plupart sont nerveux et un peu craintifs. Ils ont un langage fait de sons complexes. Les créatures siégeant dans les eaux ne sont point aussi avenantes. Cela dit, Dorian marchait d’un pas détaché, faisant s’envoler de temps à autre des nuages d’insectes et d’amphibiens.  

 

Nous avons grimpé au sommet d’une vaste colline et là, mon ami s’est assis sur un très grand rocher. Je l’ai rejoint. Tout en bas de notre position, le spectacle de la forêt émeraude parée de brumes nous ravissait. Nous ne parlions que par l’esprit, follement heureux de cette douce communion.

 

-     Que voilà un monde à la beauté rare, fastueuse. Vous prenez grand soin de cette féérie de verdure. Ais-je raison ? s’amusa Dorian

 

  • Oui, il en est bien ainsi, les agents de terrassement ont renforcé certaines collines et des canaux ont été drainés un peu plus bas. Ces canaux sont essentiels, ils permettent aux eaux dormantes de se renouveler et aux poissons d’aller pondre leurs œufs dans les lacs un peu plus bas, après les cascades. Les Kolals ont mandé notre présence pour soigner plusieurs édifices volcaniques menaçants.
  • Très intéressant, a répondu Dorian. En quoi consistent ces travaux ?
  • De même que pour les eaux, nous canalisons la lave en des chenaux qui lui sont spécialement dédiés. Cela prend bien du temps, il faut déplacer beaucoup d’arbres. La plupart sont amenés à bord de grands vaisseaux jardins. Le plus délicat est de creuser les édifices volcaniques pour permettre leur dégazage. Les anciens nous indiquent les lieux où il est possible de creuser sans risque, et la profondeur des tunnels à aménager. Ils sont en mesure de guider toute une équipe dans la plus parfaite sécurité.
  • C’est merveilleux. Les anciens savent exactement comment va réagir le volcan ?
  • Oui, ils le voient très précisément, ils le sentent. Les volcans permettent aux planètes de réguler leur pression interne, il est très important de bien les entretenir pour que l’air venant des profondeurs puisse s’échapper. Si les volcans sont obstrués, il y a des risques de séismes, des explosions. Les Kolals savent bien cela.
  • Nous agissons de même sur les mondes en formation, expliqua Dorian Les plus grands des nôtres peuvent entrevoir ce qui s’y est passé, ce qui s’y déroule et ce qui a bien des chances d’advenir.
  • Vous avez fait merveille sur nos temples anciens et sur ces vaisseaux, exposais-je à mon ami
  • En effet, mais je n’ai vu que des épaves. Me ferez-vous visiter vos navires ? Car il est bien un lieu d’où partent et décollent vos astronefs ?
  • Oui, c’est un peu plus bas, expliquais-je.  Mais trop loin pour marcher. Nous prendrons une petite plateforme.

 

Nous sommes revenus sur nos pas. Arrivés devant la tourelle qui abritait nos appartements, j’invitais Dorian à me suivre dans un hangar. J’ouvris une porte et une pièce claire en pierre blanche se révéla, avec trois petits transports à répulsion. Nous avons posé nos sacs et nous sommes assis à l’intérieur. Dorian était si grand qu’il a eu de la peine à y tenir, ce qui l’a beaucoup amusé.

  • Nous avons la taille d’enfants à côté des vôtres, m’excusais-je
  • Rien de grave, voilà qui est bien inattendu ! dit-il avec un grand rire

 

J’activais le petit transport qui s’éleva avec aisance. La porte du hangar franchie, j’émis une légère onde antigravité et celle-ci se referma docilement. La plate-forme a bondi au sommet des arbres, puis a dévalé la pente de la colline. Le vaisseau rebondissait contre les masses d’air avec légèreté. C’était grisant, merveilleusement libérateur. Une belle euphorie nous animait. Au bout d’une vingtaine de minutes, nous sommes parvenus près de la cité d’embarquement principal de Topel. Une vaste esplanade abritait des centaines de navires de toutes les tailles. Les pilotes et les techniciens s’entretenaient avec animation. D’autres êtres étaient chargés du transport de nombreuses denrées, de fresques rares, de blocs de pierre à rénover, de fossiles et aussi bien sûr d’êtres et d’animaux blessés. Il existait donc une grande variété de vaisseaux, parmi eux des vaisseaux touristiques aux couleurs vives.

 

  • Voici les transports planétaires expliquais-je à mon ami. Ici, il existe les services d’urgence, que ce soit pour des blessures, ou des problèmes de stabilisation des édifices, des intempéries, des forêts menacées par des incendies. Les agents de terrassement sont tout prêts à intervenir, les agents de dépannage de vaisseaux sont juste ici, dis-je en montrant des navires de remorquage très imposants. Nous pouvons faire face à toutes les situations, il y a rarement des problèmes, car les prescients viennent en aide à tous ceux qui en ont besoin au moment opportun. Les équipes présentes ici perçoivent tous les appels télépathiques instantanément. Il s’agit le plus souvent d’enfants tombés à l’eau, d’arbres qui penchent, ou de vaisseaux qui ne veulent pas décoller.

 

Dorian contemplait les équipes souriantes et détendues.

 

Une image apparaît, on voit une vaste esplanade en un matériau miroitant, poli comme du verre, parfaitement propre, où des aliens de toutes les tailles et de tous les teints chargent des navires élancés. Chacun de ces êtres a le regard pétillant de joie, d’une foi et d’une bonté inébranlable.

 

Dorian est interpellé car des enfants sont présents à l’intérieur des équipages.

 

  • Oui, les enfants ici aussi sont très importants. Ils sont très utiles pour entrer dans des grottes, par exemple, et cela nous permet de les former directement. Tous les enfants présents ici sont ravis de s’y trouver, ils ont droit à toute notre gratitude pour leur courage.
  • Je suis bien certain qu’il en est ainsi, on ne pourrait pas, en effet, trouver des enfants plus heureux. Les plus âgés prennent également ces missions périlleuses comme un jeu.
  • Oui, ils affrontent le danger avec détachement et avec le sourire, mais leur implication réelle est très grande. Les plus âgés sont responsables de toute une équipe, ce sont eux qui arrivent à voir comment procéder, lorsqu’il existe par exemple des incendies, ou des éboulements. Ils savent quels endroits sont sans danger pour se poser.

 

Nous avons continué notre avancée, parvenant à un bâtiment situé un peu à l’écart. Là, des alignements de vaisseaux plus petits, surtout circulaires, étaient visibles.

 

 

Chaque petite nef possède des séries de petites fenêtres rectangulaires ou ovales. Le bâtiment est gris bleu et bien ombragé, des arbres très hauts poussent tout autour, c’est un lieu magnifique. Pour le rendre encore plus beau, les habitants ont disposé des grands parterres de fleurs et de plantes grasses autour de l’aire d’envol. Même à l’intérieur du hangar abritant les vaisseaux, on voit beaucoup de grands bacs fleuris avec des variétés de mousses et de champignons très rares.

 

Les vaisseaux magnifiques sont blanc argenté, un peu brillants, mais pas trop, comme laqués avec un enduit mat. Ils sont formés de céramique et de métal étroitement coulés ensemble. Chaque navire fait 20, 30 ou 40 mètres de diamètre environ. On dirait que chaque appareil est neuf et qu’il vient tout juste d’être fabriqué. La coque est parfaitement polie et ne comporte pas la moindre imperfection.

 

  • Ce sont les vaisseaux de peuplement végétal, déclare le professeur avec un émoi particulier. Ils sont stérilisés dans l’espace. Lorsque nous allons sur un monde, nous veillons à ne rien apporter de chez nous, aucun microorganisme inattendu. Nos personnes aussi sont entièrement purifiées, de même que tous les objets et habits nécessaires à la mission.

 

Dorian est fort curieux et s’approche de l’un des dômes, il en fait le tour.

 

  • Ils résistent à tout, aux champs de lave, à la distorsion gravitationnelle, aux hautes radiations et même aux tempêtes. La forme sphérique est la plus aisée à piloter, mais certaines fois, il est préférable de prendre des vaisseaux en forme de torpille, car ces derniers n’ont pas les mêmes propriétés lors de la rentrée atmosphérique.

 

Comme Dorian est très curieux, le professeur ouvre la trappe de l’un des navires en montant sur une échelle et l’invite à entrer. L’intérieur est garni d’un revêtement moelleux au niveau du sol et comporte quatre petites pièces, plus une vaste zone de pilotage. Le réacteur à inertie gravitationnelle et le dispositif de propulsion est situé sous le navire. La cabine est garnie de petites lumières colorées délivrant un éclairage chaleureux. Les sièges, tout le mobilier visible, sont harmonieusement intégrés à l’habitacle sphérique. Dorian est très admiratif.

 

  • Pourquoi prenez-vous de si petits transports pour explorer l’espace ? Cela est risqué …
  • Ce sont des navires furtifs, pratiquement indétectables. Nos équipes vont souvent sur des astéroïdes collecter des formes de vie premières et cela n’est pas toujours autorisé… Nous ne faisons que prendre quelques échantillons, hélas, certains habitants ne sont pas fort heureux de nos études. Ils croient que nous avons des visées minières…
  •  Je comprends, dit Dorian
  • Ces formes de vie sont essentielles, nous les dupliquons et elles servent ensuite à recréer un biotope végétal très vaste. Un trésor…
  • Quand partons-nous ? demanda soudain mon ami avec un fol entrain

Je bégayais soudain, car ma joie était immense.

 

 

  • Vous souhaitez vraiment nous accompagner ? demandais-je incrédule
  • Et comment ! Je suis plus qu’heureux de vous voir à l’œuvre ! répondit aussitôt Dorian
  • Mais vous disiez que ce navire était bien petit…
  • J’ai pleinement confiance en vous. Cela me plairait de voyager à votre manière, avec tous vos compagnons.
  • Fort bien, répondis-je à mon ami. Je vais en parler au conseil qui préside chaque mission. Il faudra juste prendre un vaisseau un peu plus haut de plafond, fis-je observer à Dorian avec amusement, car il touchait presque la voûte de l’aile de pilotage

 

Mon ami a eu un long rire et je ris très vivement à mon tour. J’envoyais un message télépathique à Erazel, qui parlait lors des conseils.

 

Nous sommes revenus à l’entrée du hangar. Là se trouvaient justement Amoni, Nerti et Zilner. Nos amis, en parfaits télépathes, avaient apporté un excellent repas, que nous avons pris sur l’herbe en regardant les vaisseaux aller et venir sur l’aire d’envol. Amoni, d’ordinaire si posé, était empli d’une joie très vive. Lorsqu’une silhouette parut dans la clairière.

 

L’ancienne Erazel s’approcha et vint nous annoncer que notre voyage avait été jugé possible par le conseil. Chez nous les choses ne prennent guère de temps lorsqu’elles sont aussi attendues !!! A l’annonce que nous allions partir prochainement dans l’espace, le petit Nerti se mit à danser de joie autour de Dorian.

 

  • Nous partons ! Nous partons ! Et tu viens avec nous ! C’est un rêve ! exulta t-il
  • Tous les rêves sont appelés un jour à se réaliser ! répondit Dorian en embrassant le petit alien

Zilner, lui, plus réservé, était partagé entre une franche épouvante et une joie intense. Dorian vint s’asseoir auprès de lui pour le rassurer.

  • L’espace est une mer infinie d’étoiles, un océan de beauté. Tu verras que ce voyage sera très agréable, dit-il au jeune alien timide
  • J’ai peur, même si j’ai très envie de venir avec vous, répondit le petit être
  • Avec Erazel, nous ne craignons absolument rien, elle a déjà organisé de très nombreuses missions avec succès, dis-je à mon petit compagnon
  • Nous allons voir des planètes, pour de vrai ! lança Nerti avec un fol entrain

 

Cette joie contagieuse eut le don de dissiper tous les doutes du petit Zilner sur l’issue heureuse de ce voyage. Lui, ne voyait d’ordinaire que des sphères lointaines dans son télescope. Dorian le serra gentiment contre lui, son énergie immense apaisant aussitôt ses craintes. Je sentais que ce voyage ne serait vraiment pas comme les autres.

 

J’ai été ravi de vous conter la suite de nos aventures, je vous remercie pour le soin que vous prenez à lire ces récits, je vous embrasse,

 

Votre ami, le professeur Zolmirel

 

 

 

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