Les civilisations stellaires libres 11

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les civilisations stellaires libres 11

Message du Professeur Zolmirel,

 

Je suis là, votre ami, le petit alien au teint bleu-vert.

 

J’en étais resté au cours de ces péripéties dans les jungles millénaires de mon monde, à ce moment vraiment unique, où je comprenais enfin que Dorian et moi nous étions véritablement connus en une autre vie.

 

C’était une émotion très forte, très vive, mes amis, le sage Amoni, Nerti et Zilner la partageaient aussi. Eux ne ressentaient pas cet appel aussi vivement que moi, mais ils étaient tous certains que notre rencontre avec Dorian n’était pas le fruit du hasard.

 

Nous avions convenu de nous retrouver en nos appartements pour discuter de la mission qui se préparait. Des vaisseaux-lumière allaient et venaient au dessus de notre monde. La plupart, qui étaient immobiles depuis des mois, tournaient à présent en un lent ballet coloré.

 

Nous savions que les Êtres de Lumière agissaient ainsi pour réorganiser les énergies internes de notre monde et nous leur en rendions grâce. Par instants, des pans entiers de jungle s’illuminaient de lueurs fugaces et comme ce spectacle était beau !

 

Nous étions en nos appartements avec mes compagnons, en train de prendre une petite collation du matin. Les enfants devisaient gaiement des étoiles filantes qu’ils avaient pu admirer au télescope. Le sage Amoni distribuait des beignets et des boissons à tout le monde. Orel et Dorian assis près de nous éclairaient la pièce d’une douce lueur dorée et rosée très belle. Nous nous sentions honorés au-delà du possible de tels hôtes.

 

Leurs yeux se fixaient parfois, et nous sentions toute la joie, tout l’amour qui unissait ce peuple, communiant sans cesse par l’esprit.

Ils étaient de caractères différents, Orel prompt dans le discours et dans l’action et Dorian, d’une énergie toute aussi noble et joyeuse, mais plus posé, empli d’humour aussi.

 

Nos amis vinrent à nous exposer par l’esprit, qu’un monde quêtait notre intervention.

 

- Ce n’est pas le plus joli monde qui soit, ajouta Dorian, c’est un monde sépulcral, aussi, il est souhaitable de commencer par des zones glacées pour effectuer des semis stellaires.

 

- C’est en effet préférable, assura le sage Amoni, nous sommes bien sûr ravis de visiter de tels mondes, mais il convient de faire preuve de précautions.

 

Le sage porta son regard vers les enfants qui conversaient gaiement sur les petits animaux que l’on voyait se poser de temps à autre sur le balcon, et chacun comprit très bien.

 

- Nous avons déjà sélectionné des semis d’amibes et de formes de vie micellaires pour vous, assura Orel. Elles sont parfaitement à même de se stabiliser dans les couches de glace profondes.

 

- Vous voulez que nous semions des bactéries, des organismes unicellulaires ? demandais-je à nos amis Et ce, alors que la strate végétale n’est point encore constituée ?

 

- Mes chers, vous devriez considérer que sur certains mondes, la strate végétale n’est pas absolument indispensable pour que la vie animale puisse croître. Il est des formes de vie, strictement énergétiques, qui tirent leur subsistance uniquement des rayons stellaires. Elles n’ont pas besoin d’absorber de nourriture solide ou liquide.

 

- J’admets que nous avons découvert quelques mousses stellaires sur la paroi des astronefs les plus anciens. Cela dit, nous n’étions point au fait de ces propriétés concernant les animaux simples, exposais-je

 

- Vous allez très vite entrevoir que ces formes de vie sont nombreuses et fort bien constituées dans l’espace, assura Orel

 

Nous avons achevé notre repas et nous sommes sortis sur la pelouse, toute baignée de longues ombres bleues allongées. Le jour premier s’avançait sur nous.

 

Chacun d’entre nous respirait avec bonheur le parfum incomparable qui montait de la jungle brumeuse. Les arbres alentours s’élevaient en entourant notre petit bâtiment comme une mer d’émeraude.

 

- Je suis bien étonné, s’enquit Orel, que les arbres présents sur ce versant, ni les lianes, ne progressent vers votre édifice. On ne voit pas de traces de coupe.

 

- C’est parce que nous ne coupons jamais rien, exposa le sage Amoni. Les jardiniers sont si habiles qu’ils ont instauré un échange bénéfique avec les arbres. Nous prenons soin des arbres affaiblis et malades qui n’ont pas suffisamment de nutriments et de lumière. Nous les retirons de leur emplacement, et nous choisissons avec eux un nouvel emplacement où ils pourront s’épanouir. En échange, les esprits des arbres qui poussent ici, agissent pour qu’ils ne s’étendent pas sur la prairie, et les lianes restent uniquement sur les falaises. Il existe un équilibre parfait entre notre manière de vivre et la leur.

 

- J’en suis tout impressionné, assura Orel. Vous utilisez des engins bien étonnants, dit-il en montrant une plate forme à répulsion.

 

- Oui, cela est bien commode, répondis-je Ces plates-formes sont magnétiques, elles suivent les sillages internes de notre monde pour se déplacer. Les matériaux qui les constituent sont faits de composés naturels. Cela va des peintures et vernis qui les recouvrent, à la fibre de verre qui entoure ces engins, et aux huiles qui les protègent de la corrosion. L’isolant qui entoure les câbles, lui-même est une résine naturelle sans danger pour la vie, de même que le tableau de bord. Nous pensons à toutes les conséquences lorsque nous nous déplaçons. Il arrive que de tels engins chutent dans les rivières, et donc, nous agissons ainsi pour protéger toute la vie de notre monde. Lorsqu’un engin tombe à l’eau, il faut du temps avant qu’une équipe l’extraie et cela laisse des résidus. Tout résidu est voué à se décomposer. Les sages ont estimé que cela était bien ainsi.

 

Nos amis sont montés dans la petite plate-forme garnie de sièges confortables. Amoni a fait décoller l’engin lestement, la porte du hangar se fermant d’elle-même derrière nous. Je surveillais du coin de l’œil le petit Nerti, toujours espiègle, qui avait tendance à se pencher un peu trop pour admirer la jungle vue du dessus et le tirais en arrière à plusieurs reprises.

 

- N’as-tu point le vertige ? s’amusa Dorian

Le petit alien cessa de regarder au dessus du vide, il sourit largement en une expression adorable à notre nouvel ami.

- Non, pas du tout. Et toi ? demanda t-il avec candeur  

- Non, répondit-il en riant. Ce n’est pas conseillé pour un pilote. Mais en te voyant, je suis plutôt alarmé. Il faut faire attention, ton père qui est aux commandes est en train de verdir, jeune inconscient… Le vertige que l’on ressent pour autrui est souvent bien supérieur à celui que l’on peut éprouver soi-même. Lorsque l’on est parent, cela est encore plus. Y songes-tu ? 

 

Amoni qui percevait cette tirade eut un air ravi.

 

Dorian se pencha et fit asseoir le petit alien téméraire près de lui. A cet instant très précis, une bourrasque vive secoua notre petit transport en tous sens.

- Merci, fit le jeune Nerti un peu embarrassé. Tu savais ? demanda t-il éperdument

- De rien, jeune aventurier. Une chute libre n’est point conseillée au dessus de cette jungle, avec autant de fauves qui vont boire en cette heure… Nous voyons les possibles… exposa Dorian le plus naturellement du monde

Nerti acquiesça, très impressionné de la prescience de notre grand ami. Je l’étais tout autant, je constatais que le jeune alien en vint à s’apaiser parfaitement.

 

La plate forme se posa et Amoni remercia chaleureusement Dorian.

- Quelle joie de voir qu’il entend vos paroles ! se réjouit le sage. Il ne cesse de s’agiter.

 

Nerti eut le droit à de sévères remontrances de la part de mon ami. Amoni était tout embarrassé de cette situation, car parfois le petit Nerti devenait trop imprudent, aussi menaça t-il de le laisser en arrière.

- Il sera difficile de t’emmener en mission, je le crains, si tu te conduis ainsi, avertit-il le jeune alien. Tu devrais montrer plus de raison qu’un jeune immature tout de même ! Et il n’est point question que tu donnes du souci à nos nouveaux amis.

 

Nerti eut l’air fort attristé. Il s’excusa pour l’avoir fait passer comme un père incapable de prendre soin de ses enfants aux yeux de tous. Il expliqua qu’il se tiendrait tranquille dorénavant, car il avait très envie, depuis toujours, d’aller dans l’espace.

- Tu dois le mériter, répondit le sage Amoni d’un ton plus calme en le fixant intensément

 

Et mon ami entra dans le hangar, tenant la main du petit Zilner, plus jeune et bien plus impressionnable. Trois belles nefs toutes fraichement polies rivalisaient d’éclat.

L’immense ancêtre Erazel se tenait là à deviser d’un ton fort joyeux à deux petits mécaniciens Ilstirr.

 

- Vous avez accompli là un merveilleux travail, leur dit-elle. Elles sont toutes étincelantes et ces accélérations m’ont l’air optimales !!!

 

- C’était une grande joie, répondit l’un des aliens. Nous attendons avec émoi les images de mondes souriants que vous allez pouvoir nous rapporter ! Et les collectes d’échantillons !

 

- Vous serez invités dans la grande serre dès notre retour ! assura Erazel avec courtoisie

 

Elle les salua et s’en vint vers nous pour nous accueillir, le visage éclairé d’une lueur de bonheur ineffable. Elle embrassa chacun de nous, en terminant par Nerti qu’elle prit par la main pour le mener vers l’une des nefs.

- Tu as encore agi inconsidérément, petit lutin farceur ! dit-elle avec gravité. Nous allons dans l’espace mon enfant, il n’est point question de jeux, mais de périls où il nous faut faire preuve d’à propos. Sais-tu ce qu’est l’à propos ?

 

Nerti avait les larmes aux yeux, il acquiesça. Le sage Amoni le serra près de lui. Je vis bien là qu’Amoni et Erazel conversaient par l’esprit.

 

Dorian prit la main du jeune Zilner et l’invita à admirer les nefs de plus près. Nous nous sommes éloignés de nos amis pour les laisser deviser.

 

Dorian fixait affectueusement le jeune Zilner, qui lui paraissait terrifié à l’idée de voguer si loin de notre maison. J’en connaissais la raison, car Zilner avait été victime de très graves blessures dans l’espace. Notre grand ami se mit à genoux et désigna les nefs alignées.

 

- Laquelle prend-on ? demanda-t-il au petit alien timide

Zilner fixa ses pieds avec angoisse

- Je veux bien rester ici, et laisser Nerti voyager à ma place… Il en rêve tellement, alors que moi … je ne suis pas très courageux…murmura craintivement le petit alien

- Quelque chose me dit que Nerti va venir avec nous, lança Dorian d’un ton empli de joie. Ils sont juste en train de lui expliquer les dangers de l’espace. Cela est très noble de ta part. Nous sommes une vraie équipe maintenant. Et toi aussi, tu en fais partie. Tu es bien plus courageux qu’il n’y paraît. Alors, laquelle prend-on ? demanda Dorian très sérieusement

- Nous devons voguer par une route comportant un grand nombre d’astéroïdes, il faut donc un vaisseau relativement petit, avec suffisamment de plantes et de vivres pour épurer l’atmosphère, et assez de place pour huit personnes, réfléchissait le petit être

- Sept, corrigea Orel

- Nous comptons toujours une personne en plus, au cas où nous ramènerions des compagnons sur les mondes visités, exposa Zilner de sa voix grêle. Celui du milieu me semble parfait, dit il en désignant le vaisseau de taille moyenne, en forme de dôme argenté magnifique d’environ 40 mètres de diamètre.  

- Celui du milieu ! J’aurai choisi comme toi ! fit une voix. Excellent, cher petit cœur ! lança une Erazel très satisfaite. Il s’agit en vérité de mon vaisseau personnel ! Je l’utilise pour chaque mission, je connais moins les deux autres.

 

Près d’elle venaient Amoni et Nerti. Mon sage ami serrait très fort la main du jeune alien et on voyait qu’Erazel avait su tout de suite trouver les mots justes pour les réconcilier, car leurs yeux brillaient d’émoi. Le petit alien remuant avait été mis au courant des nombreux dangers que recelait l’espace. En particulier sur la présence des plantes, des organismes invasifs, qu’il valait mieux laisser là où ils étaient et ne pas approcher. Ils lui avaient aussi parlé des zones à risque. C'est-à-dire des lieux où un alien pouvait tomber malade et contaminer tout l’équipage en présence d’affections nouvelles inconnues.

 

C’étaient les principaux dangers, avec bien sûr la présence de bâtiments ennemis. Fort heureusement, la radiance naturelle de notre planète nous protégeait de tout cela. Les anciens percevaient le moyen d’éviter tous ces écueils.

 

Il arrivait que des équipages soient mal en point et dès leur retour, les prescients les guérissaient en les exposant à la lueur de cristaux régénérants. Tous les savants et biologistes étaient tombés d’accord sur un point, la lumière originelle, de la vie, celle produite par les grands cristaux corrigeait absolument toute déviance.

 

Les lieux stellaires habités de germes malsains, et de formes de vie parasites, végétales ou animales étaient des lieux qui avaient été désertés par la lumière.

 

A présent, tous les équipements à bord des nefs avaient été dotés de générateurs de lumière primordiale. L’air intérieur du vaisseau était le plus pur qui soit et rien ne pouvait y entrer. De même, la coque était entourée d’un périmètre radiant très puissant.

 

De plus, l’habileté des anciens à projeter chaque voyage nous départissait de tout écueil. Nous suivions toutes les directives de nos sages ancêtres. Eux seuls savaient où poser les nefs, quelles routes stellaires suivre, après quelle durée de voyage impartie il était nécessaire de nous poser. Les sages voyaient la direction à suivre sur les mondes hostiles. Ils se faufilaient entre les possibles vacillants, sélectionnant de main de maître les passages sûrs.

 

Et bien sûr, les mondes hostiles n’étaient visités que par des équipes de spécialistes. Il n’y avait pas d’enfants lors de ces missions, qui consistaient à corriger le peuplement premier d’un monde en une direction opportune.

 

J'ai été heureux de converser avec vous, amis de la Terre bleue,

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes :

Publié dans Messages

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F
Bonsoir Aurelia , <br /> Pourriez-vous nous en dire plus sur les cristaux régénérants et les mondes hostiles (si ce n'est pas trop demander )<br /> Merci infiniment
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A
Chère Françoise, Je vous remercie de votre vive contribution. Les aliens expliquent que les mondes où la vie inverse se développe et croît, sont ceux, qui ne sont pas irradiés par des étoiles brillantes. L'absence de lumière, d'énergie, crée des désordres et des aberrations génétiques dans la croissance de la vie, son évolution. Les êtres des mondes éclairés corrigent cette situation en implantant des formes de vie biominérales qui émanent leur propre lumière, de même que le sont les êtres vivants très purs qui peuplent le fond des océans. Les poissons, et autres invertébrés perçoivent la beauté de ces sites par une vision bien supérieure à la nôtre qui capte des longueurs d'ondes différentes. La vie biominérale, comme le corail est une émanation du cristal, c'est une vie première. Au fond des océans, cette vie parfaite est celle qui croît en l'absence de lumière blanche, près des filons hydrothermaux, où l'eau est très chaude, chargée de nutriments. En espérant avoir répondu à votre demande,