Le petit Kolal (3/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le petit Kolal (3/4)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

 

 

Le lendemain, il y eut une surprise, au départ, elle ne fut pas des plus joyeuses.

 

Je surpris Limmel qui cueillait des plantes dans le bois voisin. Elle était soucieuse.

 

  • Que fais-tu donc ? s'inquiéta Zilmis. C'est peut-être défendu.

  • Qu'importe. Cet enfant a besoin d'un breuvage revigorant. Il ne peut pas tenir sa tête et cela est dangereux pour lui. Il a aussi du mal à respirer, s'inquiéta Limmel. Ma grand-mère faisait ainsi avec les nouveaux-nés trop faibles.

 

Limmel passa en cuisine et prépara un breuvage à la senteur aromatique. Elle expliqua son idée à Amoni.

 

  • Vos intentions sont excellentes, mais la physiologie des Kolals diffère de celle des Galmols des montagnes, répondit-il. Le corps de l'enfant est atrophié, il est normal qu'il ne puisse soutenir sa tête. Ses voies respiratoires ne sont pas pleinement constituées. L'appareil l'aide à respirer pour l'instant. Et il a des soucis pour avaler comme tous les petits.

  • Le breuvage résoudra tout cela. Ma grand-mère disait que cela était bon pour tous les enfants de notre monde. Je vous en prie, cet enfant a besoin de ce remède, exposa Limmel d'un air soucieux. Il ne va pas bien du tout.

 

Amoni promena un senseur sur le remède qui chauffait, et parut très absorbé. Il le goûta, et sembla assez stupéfait.

 

  • Il me semble sans danger, déclara-t-il enfin. Je vais converser avec l'expert en naissances. Votre suggestion est bienvenue.

 

Un Amoni soucieux remonta à l'étage, où les soigneurs étaient affairés dans un bureau à consulter des dizaines d'ouvrages. Il y eut une conversation assez longue.

 

J'en perçus l'essentiel par l'esprit.

 

Comme l'avait prédit Limmel, le petit Kolal était dans un état préoccupant. Il peinait à respirer, son teint était devenu violacé, et il entrait peu à peu en stase.

 

Amoni revint dans la chambre, où le père de l'enfant était occupé à nettoyer son cou et son bras gauche avec une lotion apaisante. L'enfant avait régurgité son repas. Même s'il l'avait tenté, il était encore trop frêle pour se servir du petit vase prévu à cet effet, suspendu à côté du lit.

 

Son père était intervenu à temps pour nettoyer l'acide redoutable qui lui avait causé de vives rougeurs.

 

Amoni s'approcha du petit être, et le pauvre se convulsa à nouveau, réussissant cette fois à se servir du vase. Sa mère était en larmes et les soigneurs étaient désemparés. L'enfant n'arrivait pas à s'alimenter.

 

Il fut mené en une autre pièce, où il fut placé en stase. Les soigneurs installèrent une voie sur son abdomen. Si cela échouait, le petit Kolal allait certainement périr. Il en était quelquefois ainsi, hélas...

 

Mon cœur se serra à cette seule pensée insoutenable, des larmes me vinrent. Chacun était bouleversé, mais les soigneurs redoublèrent d'efforts, demeurant d'un calme absolu.

 

Amoni discutait avec les soigneurs.

 

  • Certains enfants tolèrent mal le miellat pur. On le mélange alors à un peu d'eau, et cela passe mieux, exposa-t-il.

  • Très bien. Achoz, mettez un peu d'eau de source avec le fluide nutritif, voulez-vous ? pria le soigneur à un jeune étudiant. Nous allons tout tenter pour sauver ce petit. Il fait partie des 10% de « naissances préoccupantes » que nous avons hélas encore aujourd'hui.

  • Avez-vous identifié les causes ? demanda Amoni.

  • Les villages de montagne prédisposent à ce type de naissance. Les deux parents sont très grands. Le corps plus grand de l'enfant consomme plus d'énergie, cela diminue l'alimentation du cerveau en nutriments et affaiblit le système nerveux. Il va être transporté dans un centre de soins dans la région des plaines.

  • Il se trouve que j'ai un remède, qui vient justement d'une habitante des montagnes, assura Amoni. Si on le fait prendre à cet enfant, cela peut marcher.

  • Ou pas du tout. Il serait risqué de faire prendre un remède inconnu à un nouveau-né en phase critique, répondit le soigneur d'un air catégorique.

  • Essayez de lui en donner juste un peu. Il ne contient nul composé dangereux, émit Amoni. Je l'ai goûté moi-même, et il est même agréable à boire.

 

Les soigneurs étaient assez frileux, ils consultèrent les parents du petit Kolal endormi.

 

  • Oui, oui, sauvez notre enfant, je vous en prie, fit le père. J'ai confiance en la science médicinale des anciens. Essayez de lui faire prendre un peu de ce remède, juste une très petite quantité. Cela suffira peut-être à le stabiliser.

 

Et il en fut donc fait ainsi. D'abord, il ne se passa rien. Puis, peu à peu, les plaques violacées sur le corps du petit alien diminuèrent. Sa respiration se stabilisa. Il parut dormir d'un sommeil très apaisé.

 

Chacun s'étreignit en pleurant de joie. Le suspense avait duré une demi-heure. Amoni fit prendre à l'enfant encore un peu de breuvage, et cette fois, son teint se colora d'un beau blanc nacré, comme celui de ses parents.

 

Amoni et Esvar revinrent auprès de nous.

 

  • Cela a marché ! lança Esvar, fou de joie, en se précipitant dans le salon. Il respire mieux, il pourra rester ici ! Vous êtes une formidable guérisseuse !!! exulta-t-il en embrassant Limmel.

  • Je vous en prie, il est normal de mettre à votre service mes humbles connaissances. Cela me fait tellement plaisir que cet enfant aille mieux ! répondit Limmel tout à fait radieuse.

  • Je crois que vous ne réalisez pas encore très bien ce que vous venez de faire, exposa Esvar. Vous avez certainement sauvé cet enfant. La santé des petits Kolals nouveaux-nés se dégrade vite lorsqu'ils sont amenés à bord d'un vaisseau.

  • Je vous donnerai tout le détail pour préparer ce remède, afin que cela n'arrive plus jamais, dit-elle aux soigneurs en s'essuyant les yeux.

  • Vous êtes très généreuse. Le remède permet au sang de mieux circuler de manière incroyable, il dilate les voies respiratoires, et en même temps, il apaise le système nerveux. L'enfant dormira plus, et il sera en mesure de mieux s'alimenter. Vous avez eu raison de chercher à nous persuader, fit Amoni. La science en remèdes des habitants de montagnes est précieuse.

  • Je n'ai rien fait d'exceptionnel. Toutes les femelles de ma province connaissent ce breuvage, fit humblement Limmel.

  • Vous avez sauvé notre enfant, déclara Lestidda en venant l’étreindre à son tour. Nous nous sentons honorés de vous connaître. C'est une grande chance de vous avoir parmi nous !

 

Ce soir là, Limmel fut célébrée pour son action merveilleuse. Chacun la remercia à sa manière. Lestidda lui offrit une très jolie tunique blanche brodée, comme celles qu'elle affectionnait. Son époux lui donna une série d'ouvrages passionnants sur la cuisine et les plantes médicinales utilisées par les Kolals. Quant à leur fils, il lui fit cadeau de porte bonheurs très jolis, avec des perles, des ramilles sèches, que les habitants fabriquent de leurs mains.

 

De mon côté, je savais déjà qu'elle était exceptionnelle. Amoni avait constaté que ses connaissances sur les plantes étaient très grandes. Elles auraient suffi à remplir plusieurs ouvrages.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

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