Le peuple des montagnes (5/7)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le peuple des montagnes (5/7)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

 

 

Je sortis de la cuisine, à présent propre, qui répandait une odeur agréable de savon aux essences florales. Zilmis et Limmel étaient plongés dans une passionnante conversation gastronomique.

 

Désirant sortir pour me rafraîchir un peu, je fus sidéré. Un androïde muni de pinces ôtait tout le contenu du jardin. Il récupéra un vieux matelas, des planches moisies, des tuyaux rouillés et beaucoup de vieux outils tordus ou cassés. Tout cela fut entassé dans un container.

 

Profitant de l'occasion, encouragés par les anciens, tous les villageois entreprirent de déblayer leurs jardins de divers objets inutiles.

 

La mère de Zilmis contempla avec joie son jardin de nouveau propre.

 

  • Merci... fit-elle timidement à l'agent en charge du transport.

  • De rien, nous sommes à votre service. La contrepartie vous sera livrée demain. Bonne soirée madame.

 

La mère de Zilmis était étonnée.

 

  • De quoi parle-t-il donc ?

  • La contrepartie, fit Erazel. Elle est offerte à chaque habitant en fonction de ses préférences. Lorsque des déchets sont collectés, ils sont pesés. Ensuite, les experts du grand convertisseur delta les retransforment en autre chose. La contrepartie peut être de l'engrais, des habits, du grain, des plaques de métal, des objets de votre choix.

  • Je ne savais pas, répondit-elle, abasourdie. Les membres du groupe dirigeant n'ont jamais parlé de ceci.

  • Évidemment, répondit Erazel. Ils n'allaient pas vous dire que la technologie peut aussi faire de bonnes choses pour l'environnement.

 

Le soleil descendait peu à peu au ras de l'horizon. C'était le moment où les Galmols mâles allaient revenir des champs. Il était temps pour nous de nous éclipser. Nous avions fait tout notre possible.

 

D'autres groupes d'anciens avaient accompli des prodiges d'ingénierie pour stabiliser tout un pan de la montagne, et consolider les maisons accrochées à son sommet.

 

  • Vous ne restez pas ? s'inquiéta la mère de Zilmis.

  • Nous reviendrons demain, fit Erazel. Nous comptons sur vous pour expliquer aux pères et aux époux que les anciens sont là uniquement pour veiller à leur bien être. Nous ne souhaitons pas changer vos coutumes religieuses. Seulement, nous ne pouvons rester insensibles à autant de détresse.

  • Merci d'avoir permis que tant de choses arrivent dans notre village, fit la mère de Zilmis avec hésitations. Nous sommes restés aveugles trop longtemps à l'aide qui pouvait venir de l'extérieur.

 

Chacun de nous s'éclipsa. Nous avions prévu de passer la nuit serrés tant bien que mal les uns près des autres dans le vaisseau.

 

Seulement, les anciens pouvaient offrir bien des surprises. En approchant de notre navire, nous avons aperçu une jolie demeure de bois, toute éclairée d'or.

 

  • Entrez donc, fit Erazel. Vous avez tous besoin de repos. Mes amis ont fait ces maisons pour les offrir aux habitants des montagnes qui ont tout perdu. En attendant qu'elles soient replantées ailleurs, nous pouvons les occuper.

  • C'est d'une telle beauté ! m'extasiais-je en découvrant des murs chaleureux avec des parements de bois offrant une grande richesse de veinages.

 

Zilmis et moi-même avons atteint une chambre agréable aux murs safran, accolée à une salle d'eau bleu nuit, dont les murs étaient décorés d'étoiles dorées.

 

  • Je suis tellement heureux que tu aies retrouvé ta sœur, exposais-je à Zilmis.

  • Oui, moi aussi. C'est juste que les Galmols mâles sont d'un naturel assez ombrageux.

  • Vraiment ? demandais-je avec stupeur. Ne seront-ils pas contents de voir que les blessés ont été guéris, que l'eau est revenue, que leurs maisons sont stabilisées, leurs garde-manger pleins, et leurs jardins nettoyés ?

  • Certains seront contents de voir tous ces bienfaits des grands anciens, et reconnaissants. Mais d'autres sont si fiers qu'ils seront très en colère que l'on ait agi sans leur demander leur avis, expliqua Zilmis.

  • Leur avis ? Mais les anciens ont demandé à leurs épouses et leurs enfants ? Ta mère a bien déploré l'état du jardin et de sa demeure ? Elle nous a priés d'entrer.

  • Ce n'est pas du tout pareil ! Dans la tradition, ce sont aux mâles de prendre les décisions, soupira Zilmis.

  • Quelle décision y a-t-il à prendre quand un enfant souffre ou qu'une maison est sur le point de basculer dans le vide ?! Voici bien là des palabres inutiles ! soupirais-je.

  • Je reconnais que c'est absurde. Nul père ne souhaiterait voir son enfant souffrir. Mais mon peuple est si fier et obstiné en ses croyances que l'action des anciens peut être considérée comme offensante.

 

Un peu interloqué, je méditais là ces paroles, puis n'y pensais plus. Son jardin avait été dégagé, son intérieur nettoyé et l'eau rétablie par Erazel. Le père de Zilmis n'avait qu'à bien se tenir.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

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