Le grand temple d'altitude (1/3)
Message du Guérisseur Lestrys
Me revoici de nouveau pour vous conter la suite de nos aventures dans les méandres de la Terre intérieure.
Je me trouvais avec mes compagnons, Eratsu, Célia, Darsimen, Lokhaïl et bien sûr Stency.
Nous avions goûté un repos bien mérité en un lieu des plus apaisants, construit au milieu d'une verdure brillante. Chacun de nous était bien sûr fasciné par les plantes, mais ici, elles revêtaient toutes les formes, tous les coloris.
C'était un spectacle absolument enchanteur. Les sons qui nous parvenaient étaient des plus harmonieux, le chant des oiseaux, le murmure de l'eau, ou du vent léger sur la cime des arbres.
J'avais l'impression de me trouver aux tout premiers instants du monde, avec en même temps celle d'être un très jeune alien.
Nous devions entamer la fin de notre pèlerinage. Nous étions très près de notre destination.
Parmi les enfants que nous avions emmené au grand temple de guérison, figuraient quatre petits blessés. Leur état était très encourageant. Le moins atteint avait pu se lever, il pouvait marcher un peu plus chaque jour et cela bien sûr, encourageait les autres.
Notre départ eut lieu le matin suivant, de très bonne heure.
Darsimen était tout à fait euphorique.
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En avant ! lança t-il joyeusement, voyant que nous chargions nos effets au ralenti. Ne faisons pas attendre les génies des sommets ! s'esclaffa-t-il.
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Elil, sais-tu si les habitants des sommets voient notre arrivée ? s'enquit le petit Lokhaïl.
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Oui, absolument, ils le savent certainement, répondit le sage.
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Y a-t-il des enfants là haut ? s'interrogea Stency.
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Je ne sais pas du tout ce que nous trouverons, répondit Darsimen en faisant léviter nos derniers effets et en s'installant aux commandes. Mais je suis sûr que nous serons bien accueillis.
Et notre départ commença. Notre chenille flottante s'éleva, pour gravir un sentier particulièrement abrupt nimbé de brumes.
Nous avons progressé ainsi durant des heures, les arbres se faisant de plus en plus rares, et l'herbe faisant place à la pierraille.
A l'avant de notre véhicule, Darsimen et Lokhaïl pilotaient avec une extrême habileté. Nous avons dépassé plusieurs petits groupes de marcheurs.
Notre position devint de plus en plus précaire, la chenille devenant trop large par rapport au sentier. Elle ne tenait plus que par les dispositifs antigravité.
Prévenant, Stency réprima un cri d'effroi en avisant l’abîme insondable visible par la fenêtre. Il y déploya un rideau, afin que les quatre enfants affaiblis ne s'effraient point.
L'altitude les éprouva durement, comme nous tous. Nous nous trouvions chancelants et peinions à respirer.
Eratsu distribua de l'eau mystérieuse à tous, et nous avons repris des forces en haut d'un piton rocheux un peu plus large, improvisant une petite collation.
Le plus vif des quatre enfants se leva, avec l'idée vague de faire un tour à l'extérieur. Célia le prit dans ses bras pour lui éviter cette tentation et il se mit à gémir. Elle le berça près d'elle pour l'apaiser.
Peu après, nous avons repris notre avancée, c'était à Eratsu et moi-même de piloter. Un sentier pierreux fort étroit se dessina, il semblait monter jusqu'aux portes du ciel. J'eus l'impression que notre avancée était celle de l'ascension d'une très haute aiguille de pierre, de plus en plus étroite.
Bientôt, en effet, nous sommes parvenus au sommet de cette gigantesque montagne. Alors, une arche de pierre jaillie de nulle part se dressa dans la brume.
Eratsu et moi-même étions fort inquiets.
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Comment se déploie la gravité au centre de ce passage ? s'enquit Eratsu. Il n'est plus là le secours de la pierre solidement ancrée dans le sol pour nous faire flotter.
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Il faut ajuster précisément le vecteur de poussée pour effectuer un ou deux rebonds, expliqua Darsimen. Vous avez là peiné durant des heures et nous allons vous remplacer, amis.
Darsimen et Lokhaïl prirent place aux commandes. Il y eut une poussée vive, vers le haut, et le sage propulsa notre esquif très en hauteur. Chacun poussa un murmure ravi.
Ensuite, notre transport commença à retomber. Alors, Darsimen déploya le dispositif d'antigravité, effectuant un rebond souple au milieu de l'arche de pierre.
Célia pouvait paraître en retrait, mais je sentis qu'elle faisait aussi agir son fluide pour nous propulser au delà de ce précipice. Lorsqu'un vaisseau déploie son système antigravité, cela appuie sur le sol placé au dessous. Il n'y eut non pas un, mais trois rebonds gracieux, mes amis donnant un vecteur souple à notre trajectoire pour ménager la solidité de ce frêle passage.
Ensuite, le chemin qui s'ouvrit devant nous devint de plus en plus périlleux. Un pierrier sans fin se révéla, avec d'énormes rochers, menant tout en haut d'une montagne plus immense encore. Quelques herbes rases peinaient à pousser parmi la pierraille, il y avait quelques traces de neige, et d'une matière luminescente extraordinaire inconnue de couleur blanche.
Pendant au moins quatre heures, Darsimen et Lokhaïl peinèrent, car les vérins antigravitationnels peinaient à nous maintenir à cette altitude. Quelque chose semblait dérégler le fonctionnement du navire. Célia et Eratsu prirent le relais, mais ils n'étaient pas aussi habiles pilotes, et cela entama leurs fluides respectifs qu'ils devaient employer pour corriger la sustentation du navire.
Nous avons fait plusieurs pauses bien méritées. Cependant, le jour commença à diminuer. Nous nous trouvions maintenant face à une troisième montagne grise, avec un ciel nuageux tourmenté au dessus de nous. Une pluie légère se déversait. Cette fois, un sentier envahi d'épines et de plantes rêches se déploya. Il nous fallut rouler, car le navire n'était plus maintenu par rien au niveau du champ magnétique tourmenté de ce lieu.
Notre progression reprit, régulièrement interrompue par des plantes qui s'étaient enchevêtrées dans les chenilles de notre véhicule. Un peu déstabilisé, je descendis pour retirer les lianes épineuses et couper des plantes sèches. Eratsu pendant ce temps faisait le guet.
Nous nous sentions observés par une faune peu amicale, qui attendait la moindre faiblesse de notre part pour nous assaillir.
Je remontais à bord du vaisseau et notre progression reprit. Secoués par les cahots du navire, les blessés les plus atteints dormaient, les autres risquaient de temps à autre un coup d’œil angoissé par la fenêtre, réprimant une peur intense. Une jungle touffue s'ouvrait devant nous.
Célia était extraordinaire, elle leur contait des histoires ou chantonnait pour les rassurer. C'était la plus alerte de notre groupe.
Cela se confirma par la suite. Eratsu descendit à son tour du vaisseau pour ôter des lianes sèches des roues.Cette fois, Célia monta la garde.
En même temps qu'elle, je perçus des animaux carnivores sinuer dans les fourrés. Célia ne pouvait employer son fluide, aussi, elle leva son paralyseur, tirant avec précision.
Il y eut plusieurs éclairs de lumière. Je me penchais et découvris des lézards carnivores très rapides aux dents proéminentes. Il y avait en tout sept animaux immobilisés.
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Prenez votre temps pour terminer, fit Célia posément à un Eratsu impressionné.
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Aglu ik imen, fit remarquer Lokhaïl en montrant l'avant du navire de forme conique.
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Un déflecteur en cet endroit ? C'est une très bonne idée mon cher petit, répondit Darsimen. Cet engin n'a de toutes manières pas été conçu pour rouler parmi les lianes.
Lokhaïl passa à l'action, Darsimen veillant sur lui, pendant qu'il dévissait un dispositif chargé ordinairement de repousser les insectes et les oiseaux, pour l'installer sous l'avant de notre transport.
J'étais ravi de toute l'ingéniosité de mes compagnons. Notre progression reprit et elle fut bien plus rapide. Le vaisseau escaladait aisément les plus grosses racines, il était temps, car une meute de lézards féroces apparut, harcelant notre transport.
Célia et Darsimen, en tireurs habiles, repoussèrent les animaux. L'un des lézards parvint à bondir sur le toit et je le balayais d'une onde antigravitationnelle fulgurante. Chacun de nous poussa un cri de joie. La lévitation magnétique du navire était revenue !
Darsimen invita aussitôt Eratsu à décoller. Notre esquif flotta à environ 4 mètres du sol, hors de portée des prédateurs les plus décidés. Nous avons poussé un grand soupir de soulagement.
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