Le voyage vers la guérison (1/2)
Message du Guérisseur Lestrys
Nous nous trouvions perchés sur une haute éminence rocheuse. La tempête de neige qui avait sévi à l'extérieur nous avait admirablement épargnés, grâce à la prescience merveilleuse d'Eratsu et Darsimen.
Nous avons pris place dans notre petit transport de bon matin, tout à fait émerveillés de voir les blancs sommets alentours. Tout un paysage neigeux se déployait à perte de vue. C'était vraiment un très beau spectacle. Le petit Stency, un peu effrayé, fit quelques pas dans la neige fraîche et monta bien vite sur notre esquif. La neige pour les nôtres, est synonyme de mort, car c'est un milieu bien trop froid. Plus hardi, le petit Lokhaïl aida à charger les provisions d'eau mystérieuse que nous avions recueillie dans la caverne. Il saisit un peu de neige pour l'examiner, et ses yeux s'arrondirent de joie.
En petit alien curieux, Lokhaïl déposa la neige en un vitrage adapté, et l'observa à l'aide d'un senseur grossissant. L'image de superbes cristaux de glace apparut sur l'écran. Les petits blessés contemplèrent ce prodige avec beaucoup d'intérêt. Chacun d'eux était plus vaillant, mais par instants secoué de fièvres, de frissons, ou d'accès de toux déchirants. Stency, toujours aussi prévenant, donna à boire aux enfants les plus déshydratés. L'un d'entre eux était plus alerte, mais il avait perdu une grande quantité de fluides. Son amaigrissement devenait préoccupant.
Je m'empressais de baigner les enfants, dont la peau, par endroits, se désagrégeait, laissant apparaître des zones de peau nouvellement formée, bien brillante. Le petit alien de Kolménide, et l'alien au teint bleu nuit présentaient cette pathologie.
Bien peu accueillante, l'eau du bain, grisâtre, disparut un court instant, puis une eau claire et tiède reparut, de manière inexplicable. Il en était ainsi depuis notre départ, et nous nous en réjouissions. Cela permettait de baigner régulièrement les enfants, pour leur éviter de se gratter. Les petits clones Denakhs étaient gravement blessés, et il fallait régulièrement refaire leurs bandages.
Habitué à cet exercice, je leur appliquais des lotions cicatrisantes, avec des onguents, du miel et une matière inerte parfaitement naturelle, qui imite très bien la peau des nôtres. La taille des plaies diminuait. Les bandage usagés redevenaient eux aussi tout propres, par un mystérieux pouvoir de ce lieu.
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Vraiment, voilà qui est fort utile, exposais-je à Eratsu. Et voilà qui évite bien de l'ouvrage en lessive.
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Il est logique qu'il en soit ainsi. Les êtres de lumière nous prodiguent leur aide, depuis le lieu où ils se tiennent. Rien de souillé ne peut persister longtemps en ce pays. Si nous devions laver quelque bandage en cette contrée, il nous faudrait prélever de la neige, les génies des sommets pourraient s'en offusquer vivement.
C'était la vérité, bien sûr. Notre petit transport était pourvu de tout ce qui est nécessaire à une maison. Les réserves d'eau potable et domestique se reconstituaient mystérieusement. Nos habits, parfois tachés de boue ou d'aliments, retrouvaient en peu de temps leur netteté. Tout restait donc d'une propreté impeccable, ce qui est important lorsque l'on soigne des blessés. Nous aurions été par ailleurs très peinés de devoir salir quelque endroit que nous traversions.
Le petit Stency alla dormir, auprès des enfants apaisés, et je pris place sur le siège du navigateur aux côtés de Darsimen.
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Ce lieu est vraiment superbe, exposais-je, alors que notre petit esquif bondissait avec virtuosité au-dessus de reliefs glaciaires.
Des grottes bleutées mystérieuses s'ouvraient loin sous nos pieds, à intervalles réguliers. Je ne pouvais en détacher mon regard, émerveillé par cet endroit. Je percevais sa vie, une vie de l'eau, souriante et cachée, qui s'écoulait en dessous, avec des amibes, des formes de vie très pures, qui peuplaient ce lieu. Il existait des sortes de colembolles, tout comme sur votre niveau, mais colorées. En plus, venaient des sortes de minuscules papillons, et des formes de vie lumineuses superbes, qui bondissaient joyeusement autour de notre esquif.
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La vie qui peuple ce niveau est très douce. Il existe une suprême harmonie entre chaque créature vivante. Ces animaux se nourrissent des minéraux contenus dans la glace, exposa Darsimen. Ils sont en parfaite sécurité ici, et très bien adaptés au froid. Nos petits ressentent cette vitalité les gagner pleinement. Toute l'eau qu'ils contiennent s'occupe de régénérer leur corps. Ils ont à nouveau l'espoir de renaître.
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C'est la première fois que je parcours un lieu si blanc, exposais-je.
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Nous allons bientôt redescendre, assura paisiblement Darsimen, en montrant au loin un paysage fastueux avec un très grand désert de pierre à perte de vue.
C'était une vue à couper le souffle, avec des tons gris ardoise et brun ocre qui se répondaient parfaitement. Darsimen fit accélérer notre esquif en vitesse de pointe, et le lança au sommet d'un précipice en riant de joie.
Il augmenta la déflexion du navire, de sorte qu'il conserva son altitude pendant une dizaine de minutes. Un pierrier imprenable se dessina, avec des zones salines blanchâtres et rosées, où jaillissaient des sources chaudes. Non loin de là, un beau lac volcanique révélait une lave dorée superbe. Les enfants s'éveillèrent, et poussèrent des cris admiratifs.
Tout aussi joyeux, Darsimen fit faire un arc de cercle au vaisseau, afin de nous faire admirer la vue.
Des fontaines de lave d'un beau rouge doré jaillissaient en un bouillonnement constant, puis la lave refroidissait peu à peu, formant des plaques sur lesquelles on aurait cru possible de marcher. En raison du mouvement de convection interne, ces plaques se fendillaient, et se liquéfiaient de nouveau. En contrebas du dôme de lave, une belle coulée d'or jaillissait.
Les enfants poussèrent des gazouillements de joie, même les plus affaiblis. Je m'empressais de les faire boire, et leur fis prendre des remèdes. Le petit gris affaibli accepta de boire une minuscule cuillerée de miellat. Cela représentait un exploit pour lui. Il retomba en un profond sommeil, Lokhaïl venant pour le border.
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