Les passages entre les mondes (2/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les passages entre les mondes (2/3)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

Croisant dans l'espace en une région reculée, le sage Zolmirel relate la suite de son périple avec sa famille. Ils quittent leur orbite plus tôt que prévu, autour d'une planète qui vient de recevoir des semis prometteurs.

Leur vaisseau est presque paré...

 

Avec soulagement, nous avons regagné nos quartiers, sinuant au milieu des couloirs déserts. Il n'y avait plus âme qui vive dans les couloirs, chacun méditant en vue de la prochaine immersion dans l'espace. Un peu frissonnant, je serrais très fort la main de Zilmis. Nous nous sommes regardés avec émotion. Le nombre de rectangles visibles sur l'écran ne cessait de reculer.

 

Enfin, nous sommes parvenus en nos appartements, Amoni nous avait préparé à tous un breuvage apaisant pour faciliter notre translation dimensionnelle.

 

  • Quelques complications ? s'enquit-il par la pensée pour ne pas alarmer les enfants.

  • Une turbine de poussée bloquée. Les experts en maintenance hydraulique ont dû effectuer une sortie dans l'espace, et Dorian a pu la refaire fonctionner, émit Zilmis avec un sourire. Et il a aussi brossé un bon millier de drones !

  • Voici là bien des exploits, assura Amoni. Installez-vous donc. Le breuvage va faire effet d'ici une demi heure.

 

Je contemplais le séjour, métamorphosé et à présent vide de tout mobilier. Je pris place dans un fauteuil et sentis peu à peu mes paupières s'alourdir. Nous nous sentions tous somnolents. Nous avons pris place juste à temps sur les fauteuils destinés à nous protéger lors de la translation dimensionnelle.

 

Plus alerte que nous, Amoni vérifia que chacun était bien sanglé sur son siège. J'adressais un dernier regard aimant à ma famille et sombrais dans le grand sommeil.

 

Je perçus le signal du départ, comme au bout d'un tunnel. Un grondement sourd s'amplifia et se propagea à toute la coque.

 

La pression sur mon corps s'accrut au bout de quelques minutes, puis devint proprement insoutenable, avant de diminuer peu à peu. Je perdis connaissance, et m'enveloppais dans une masse cotonneuse. La sensation douillette se prolongea de la manière la plus agréable qui soit.

 

Plus tard, bien plus tard, j'ouvris les yeux faiblement.

 

Mon bras portait un bandage. Amoni me tendit un remède à la senteur fruitée. J'étais désorienté, et tout me semblait flou, indistinct.

 

  • Un épanchement, rien de grave, fit mon ami. Il vous faut juste du repos.

 

Je pris le breuvage docilement, et me rendormis.

 

Mon esprit, d'une insatiable curiosité, voulait lui en savoir plus. Je m'élevais hors de mon corps, intrigué par tout ceci. Nous étions sortis de la translation dimensionnelle plus tôt que prévu.

 

  • Il ira bien, exposa Amoni. Je dois rejoindre les autres soigneurs. Nous avons cessé notre course, car un signal de détresse a été repéré.

  • Veniir aussi... assura Minel, qui avait l'intention de le suivre.

  • Ce ne sera peut-être pas un beau spectacle, hésita Amoni.

  • Allez-y le cœur serein, répondit Erazel qui veillait sur les enfants, toujours endormis. Je serais avec vous.

 

Ils s'en furent donc, rejoignant le hangar principal du vaisseau.

 

  • Nous avons repéré un vaisseau à la trajectoire erratique. Il existe plusieurs brèches dans la coque, et les timoniers semblent peiner à relancer les machines. Nous ne parvenons pas à contacter ce vaisseau. Une équipe de sécurisation a été envoyée pour colmater les brèches, fit l'un des seconds capitaines, un Kolal serein. Une fois que ce sera terminé, vous pourrez monter à bord, avec une équipe de protection.

 

Minel et Amoni enfilèrent une tenue spéciale, destinée à les protéger des tirs les plus redoutables. L'équipe de protection arriva, avec parmi eux des tireurs d'élite, capables de désarmer sans dommages les éventuels assaillants de ce navire.

 

Ils entrèrent en salle de transfert.

 

Un écran montrait les efforts de l'équipe de sécurisation. Des clones aidés des êtres de lumière soudaient hâtivement des blindages sur la coque du vaisseau. Le résultat était peu esthétique mais solide.

 

  • Nous sommes parés, traduisit le second capitaine, face aux bips qui résonnèrent sur les instruments. Le couloir sera bientôt en place.

 

Amoni et Minel prirent place sur une sorte de toboggan, l'équipe de sécurisation en premier. Peu à peu, juste devant eux, un cercle blanc laiteux apparut, et une vapeur tiède les enveloppa. Ils s'élancèrent au signal, puis glissèrent, glissèrent, et se retrouvèrent dans une cale chargée d'équipements métalliques vétustes, où ils s'immobilisèrent.

 

Amoni entraîna Minel derrière une poutrelle de métal. Les autres soigneurs les imitèrent. Une fusillade éclata, elle dura longtemps. Enfin, le chef d'expédition reparut.

 

  • Une mutinerie, annonça-t-il. Une partie des passagers étaient des pillards déguisés. Nous en avons paralysé une quinzaine. Venez, il y a de nombreux blessés !

     

     

Et Amoni s'exécuta, le vaisseau était occupé par des humanoïdes et des aliens. Beaucoup étaient des voyageurs, des familles qui rêvaient d'une planète plus agréable. Ils enfilèrent un couloir avec des traces d'explosions, et durent enjamber plusieurs corps. Malgré cette épreuve, Minel demeura de marbre. Cependant, d'autres tirs les frôlèrent. Elle poussa Amoni dans un renfoncement et étendit la main. Un groupe de cinq pillards redoubla ses tirs, sans effet, ils ne firent que rebondir près d'elle. Il s'agissait de lézards et d'hommes épais. Minel fit agir son fluide en une onde implacable et les projeta contre un mur où ils s’assommèrent.

 

  • Excellent travail, fit le chef d'expédition, vous m'impressionnez. Entravez ces brigands, pria-t-il les autres. Nous touchons au but.

     

Amoni adressa un regard ébloui à sa compagne, et ils reprirent leur avancée, ponctuée de tirs à chaque pillard détecté par les instruments.

 

Ils s'immobilisèrent subitement, reconnaissant plusieurs officiers portant des livrées bleu acier, et des paralyseurs.

 

  • Qui êtes-vous ? demanda une grande femme brune en langage commun.

  • Mission d'entraide, fit le chef d'expédition, lui-même un homme décidé. Nous tentons en vain de vous contacter. Nous avons pu colmater les brèches sur votre bâtiment. Avez-vous des blessés ?

 

Ils se fixèrent du regard un court instant, puis, ne décelant nul mensonge, la femme se radoucit.

  • Merci pour votre aide, dit-elle. Nous vous sommes reconnaissants de vous soucier de nous. Il y a beaucoup de blessés, suivez-moi. Nous les avons étendus sur le pont comme nous pouvions.

 

Amoni et Minel suivirent le groupe, puis parvinrent à une salle très luxueuse et brillante. Il s'agissait en vérité d'une salle de jeux, et pour l'heure, elle était transformée en centre de soins improvisés. Les passagers, riches et pauvres, se relayaient pour soigner les blessés.

 

Amoni s'approcha d'un homme ayant perdu une partie de sa jambe et stabilisa rapidement l'épanchement, avant de fixer un garrot anesthésiant. Le blessé s'apaisa, et la douleur décrut. Minel nettoya la zone meurtrie, puis lui fit absorber un remède sous forme de gelée nutritive. Ensuite, une femme, qui était sa compagne, lui fit un bandage.

 

Peu après, Amoni se dirigea vers un clone ayant une blessure préoccupante à l'abdomen et un autre, plus âgé, atteint par plusieurs tirs. Près d'eux, un humanoïde aux cheveux noirs saignait. Il tenta de déterminer le blessé le plus grave, mais il n'eut pas besoin de réfléchir, de nouveaux soigneurs arrivèrent. Ils choisirent chacun un blessé.

 

Minel se démena près d'une table, afin de mélanger divers ingrédients et d'apprêter des cicatrisants épidermiques pour les soigneurs qui en avaient besoin.

 

Leurs efforts durèrent plusieurs heures et ils sauvèrent de nombreuses vies ce jour là. Minel passait près des blessés, leur donnant à boire, les réconfortant d'un sourire, d'une douce parole en sa langue étrange.

 

Il ne resta bientôt plus de blessés à soigner, et la salle de jeux retrouva son activité habituelle. Amoni et Minel aidèrent à transporter les victimes sur des lits à répulsion.

 

Encore choqués, les passagers prenaient place dans ce qui avait été un salon, par petits groupes. Des androïdes de ménage nettoyaient le sol couvert de débris et de traces de sang.

 

Ils parvinrent au centre de soins, d'une taille et d'une technologie rudimentaire. Amoni devisait avec plusieurs soigneurs, leur expliquant comment refermer des plaies de manière indolore à l'aide de colles organiques, de faisceaux cicatrisants. Un autre soigneur, leur montra comment inhiber la douleur. Puis, il rédigea un document officiel, pour permettre aux victimes d'accéder à un centre de soins galactique, où leurs membres pourraient repousser.

 

  • Ce vaisseau provient de la planète Listratim, qui est peuplée d'humanoïdes, fit l'officier guérisseur, un homme pâle et fort âgé. Nous ne possédons pas de prescients navigateurs, tout comme vous, et nous appréhendons à peine ce que peut être la télépathie. Nous sommes un monde en phase d'émergence, c'est pourquoi, nous avons pu être attaqués si facilement lors d'une escale sur un astéroïde. Nous sommes des victimes idéales.

  • Je ne suis pas d'accord, fit le chef d'expédition. Votre message de détresse télépathique a été capté. Grâce à cela, sur plus de 500 passagers et membres d'équipage, vous n'avez eu que 10 victimes. Vos blessés guériront.

 

Peu après ces événements, une équipe d'experts se rendit à la timonerie. J'étais de nouveau revenu en mon corps.

 

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