Les semeurs de mondes (4/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les semeurs de mondes (4/4)

Message du Professeur Zolmirel (fin)

 

 

Erazel resta face au tableau de commande du vaisseau, les yeux fermés, tous ses sens déployés. Je perçus sa pensée, qu'elle eut le don de me partager, et alors, je le vis.

 

L'esprit d'Erazel s'était échappé et guettait, tranquillement installé sur le toit du vaisseau, malgré le blizzard à peine diminué. Je quittais mon corps et la rejoignis.

 

  • Vous semblez considérer là qu'il n'est nul danger. Alors qu'attendons-nous pour repartir ? Nos amis en orbite doivent être prévenus de la visite de ce vaisseau menaçant.

  • C'est déjà fait, fit tranquillement Erazel. Toutes les opérations ont été interrompues. Tous les orbiteurs ont regagné le vaisseau en mode furtif. Les experts sont même parvenus à récupérer à temps le drone qui a eu une panne. Notre position est invisible. Nous attendons sans bouger.

 

Un étrange vaisseau, en forme de sphère, pointue à l'avant, et l'arrière terminé par trois réacteurs immenses, plana de manière menaçante.

 

  • Qui est-il donc ? Et que veut-il ? demandais-je.

  • Il nous cherche, c'est un vaisseau de ferrailleurs, plus probablement des pirates. Les experts en ingénierie de vol sont occupés à mettre au point une diversion pour nous tirer de ce mauvais pas. Cela ne devrait plus tarder.

  • En effet, fit un Orel souriant en nous rejoignant. Il semble que nos pères aient envie de s'amuser un peu, fit-il en faisant un clin d’œil à Dorian.

 

Je frémis agréablement, car un vaisseau en forme de cylindre argenté était apparu subitement à l'horizon. Le navire pirate infléchit aussitôt sa course et se lança à sa poursuite. En peu de temps, les deux vaisseaux ne furent plus que de minuscules petits points.

 

  • Cela n'est-il pas dangereux pour les vôtres ? interrogeais-je.

  • Non, aucunement, répondit Orel. Les êtres de lumière adorent ce genre de course, qui est plutôt un amusement.

  • Les pirates ne sont pas du genre à plaisanter.

  • Ils sont peu conscients des écrins de vie qui fleurissent un peu partout dans l'univers. Eux ne sont avides que de gisements. Les plus vils, les spoliateurs de mondes sont régulièrement envoyés dans les « mers ».

     

Je frémis et réprimais un frisson. Les mers étaient les zones de vide absolu de l'espace profond. Il n'y existait pas la moindre étoile, et fort peu d'astéroïdes. Les vaisseaux des pillards échoués en ce lieu connaissaient là une terrible sentence.

 

Ma vision prit fin, et je m'éveillais. Autour de moi, montait la chaleur douillette du vaisseau, et je pris plaisir à contempler les parois bleu pâle où courait une lumière vivante. Comme répondant à ma pensée, il émit un son grave et profond.

 

J'admirais le doux panorama immaculé baigné de l'or du soleil levant. Toute sensation de l'effroi des heures précédentes m'avait déserté. J'aurais été fort heureux de pouvoir prendre une petite collation en ce lieu.

 

  • Téméraire, exposa Minel de sa douce voix, en percevant ma pensée.

  • Bien d'accord, fit Erazel, qui lança le décollage en peu de temps.

 

Nous avons alors émergé parmi les glaces. Nous n'étions pas les seuls, tous nos compagnons étaient là. Une cinquantaine de vaisseaux environnementaux regagnèrent notre immense esquif. Celui-ci s'était rendu invisible pour quelques heures, par mesure de précautions. Cela avait affaibli les systèmes d'énergie.

 

À bord, lorsque nous sommes montés, les génératrices tournaient à plein régime et l'éclairage avait été diminué au maximum.

 

Il était dangereux de laisser un vaisseau exposé dans l'espace, où il était facilement repérable. Les timoniers se réunirent et décidèrent de placer notre navire à proximité d'une lune magnétique. Au bout de deux heures environ, la couverture du vaisseau fut levée, mais la surveillance du ciel se renforça.

 

Erazel murmurait, assise devant la table, les yeux fermés.

 

Je savais qu'elle était en communion avec les autres anciens restés sur notre monde. Ils devaient s'occuper de sonder par l'esprit les intentions du navire inconnu, et au besoin de désactiver son armement, le temps que nous soyons en sécurité.

 

Les enfants en dépit de leur curiosité, ne s'approchèrent nullement. Malgré leur jeune âge, ils comprenaient que les anciens avaient leurs propres activités, et qu'ils étaient essentiels pour veiller sur nous.

 

Le soir venu, très satisfaits, nous contemplions la carte de la planète Lioko, qui avait été baptisée ainsi en raison d'une variété de fleur locale. C'étaient maintenant une centaine de zones qui avaient été végétalisées au cours de ce deuxième jour. Les travaux avaient avancé plus vite que prévu, grâce au grand nombre de participants. Notre mission était un succès, les premières plantules semblaient en parfaite santé.

 

Chacun de nous ce soir là, se resservit du plat préparé conjointement par Amoni et Minel.

 

  • C'est un mariage fort réussi, les complimenta Erazel avec un clin d’œil.

 

Chacun rit de cette remarque espiègle pleine d'espoir.

 

  • Nous sommes passés par des moments délicats, et chacun de vous a su faire preuve d'un courage exceptionnel, exposa Erazel. Je n'oublie pas non plus votre contribution, dit-elle à Orel et Dorian. Nous vous devons une fière chandelle.

  • C'était un plaisir, exposa Orel. Le vaisseau pirate a été appréhendé par les agents de protection des voyageurs stellaires. Il a tenté de franchir une zone interdite et il a été emprisonné dans un filet magnétique. Des explosifs ont été saisis, ainsi que, pire encore, des captifs. Il existait beaucoup d'esclaves qui devaient s'occuper de ce navire. Les conditions d'hygiène à bord n'ont pas été jugées suffisantes pour que ce navire reparte. Les pirates vont devoir le nettoyer parfaitement avant d'être jugés. Ils iront de un centre de lumière, afin d'être guéris de leurs mémoires.

  • Beaucoup d'êtres deviennent des brutes, parce qu'ils n'ont connu que la dureté et la violence. Nous tentons de leur montrer qu'il existe d'autres moyens de communiquer, de s'entraider, fit Dorian.

 

Chacun de nous parut surpris, mais considéra finalement qu'il en était très bien ainsi. Les travaux de plantation allaient pouvoir reprendre dès le lendemain. J'étais comblé que nos amis de lumière aient autant à cœur de tendre la main à tous ceux que nous rencontrions.

 

  • Il semble que tout soit possible pour vous, lança joyeusement Amoni.

  • La lumière se pose là où elle en a le plus besoin. Nous préférons tenter de soigner les criminels qui acceptent de changer tant qu'il en est encore temps, philosopha Orel. Les mondes à naître doivent être protégés de la cupidité de certains. Il existe d'importants filons d'émeraude dans le sous-sol de cette planète. Elle fera l'objet d'une surveillance particulière. Heureusement, ils ne sont pas faciles à détecter, et très en profondeur.

 

Chacun de nous ouvrit des yeux surpris. Sur mon monde, l'extraction des pierres précieuses, ou de tout autre matériau avait cessé en quelques années, suite aux inventions, telles les usines de cubage, qui fabriquaient des pierres à partir de lave, de densité, de teinte et de dureté variable. Ces usines permettaient d'extraire le métal liquide directement des coulées de lave, et aussi, de servir à la maturation des cristaux les plus parfaits. Il n'était donc plus nécessaire de chercher des pierres précieuses dans des mines, ou des grottes. Les anciens les plus sages pouvaient faire apparaître à volonté de très belles gemmes de couleur variée.

 

Je contemplais mes compagnons avec un bonheur ineffable. Tout le monde semblait radieux du dénouement de cette journée. Je me plus à songer que d'autres aventures nous attendaient immanquablement.

 

Aussi, soyez remerciés pour votre intérêt chers amis de la Terre bleue. Je vous envoie toutes mes plus grandes pensées de joie et de gratitude.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

  • qu'il ne soit pas coupé

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  • que vous fassiez référence à notre blog :http://www.unepetitelumierepourchacun.c

 

 

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