La fusion (2/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

La fusion (2/3)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

 

Notre arrivée dans les cuisines du vaisseau fut saluée par quelques rires. Erazel s'amusait à jongler avec les différents éléments culinaires qui se trouvaient là, et s'empressa de s'occuper de la vaisselle. De nombreux jeunes apprentis cuistots eurent de longs rires admiratifs.

 

Nous avons fait merveille, tant Zilmis, qu'Amoni, pour préparer un grand nombre de plats qui embaumaient. J'élaborais à mon tour une recette typique des marais, et les apprentis me questionnèrent afin de la reproduire. Chacun des plats se mit à cuire, puis fut goûté avant d'être servi aux passagers du vaste navire.

 

J'étais ravi de voir que les enfants apprenaient à Minel à réaliser quelques beignets aux herbes succulents. Elle se montra très intéressée et heureuse de participer.

 

Notre après midi avait filé comme une flèche et chacun se retrouva pour l'heure du soir.

 

Chose inhabituelle, Minel avait saisi un ouvrage réservé à des enfants très jeunes et tentait de déchiffrer chaque graphie, afin de l'écrire sur une ardoise.

 

J'attirais aussitôt l'attention d'Amoni, qui s'empressa de la rejoindre. C'était le couronnement de notre voyage. Le traitement de notre amie avait fonctionné au delà de nos espérances et la sphère de communication présente en son cerveau était à présent pleinement réceptive à l'apprentissage de la langue, comme il peut en être chez les tous jeunes enfants.

Je m'essuyais les yeux et Zilmis en fit de même, lorsque Minel put lire ses premiers mots d'une voix hésitante.

 

Au cours des jours qui suivirent, ses progrès furent proprement renversants. Et, ce que nous avions tous espéré advint graduellement. Minel commençait à parler, d'une voix douce et mélodieuse. J'étais abasourdi par sa mémoire et tous les efforts qu'elle déployait. Au cours de nos différentes activités, pour entretenir les plantations, récolter ou cuisiner, elle prenait toujours un ouvrage avec elle, afin d'apprendre à nommer chaque chose.

 

Nous nous sommes étendus sur l'herbe en fin de journée pour nous reposer, et elle se tourna vers moi, les yeux brillants. Je me levais, et elle m’entraîna dans une joyeuse farandole, pour que je puisse nommer chaque arbre, chaque plante que nous rencontrions. Tout à fait allègre, mais un peu essoufflé, je m'approchais d'un lot de champignons prometteurs.

 

Je lui nommais les différentes espèces comestibles et lui appris l'art de récolter les sujets les plus parfaits, pour laisser les autres se reproduire. Nous avons pris chacun un panier et sommes revenus les bras chargés. Minel excellait à cet art, et semblait rayonnante de joie d'avoir trouvé une activité qui lui procurait autant de bonheur. Elle me tendit des racines d'herbes qu'elle avait déterrées, et qui me semblaient également parfaites.

 

Le soir venu, Amoni s'approcha d'elle, afin de soigner ses mains aux ongles maculés de terre.

 

  • Il ne faut pas fouiller avec tes mains, exposa-t-il avec bonté. Nous avons des outils pour cela, des bâtons en forme de pieux et des pelles. Tes ongles sont très résistants, mais il faut faire attention, dit-il en brossant ses mains si blanches.

  • Ongles ? demanda Minel.

 

Et Amoni lui montra ses ongles. Alors, elle prit sa main dans la sienne et la serra très fort en lui adressant un long regard ému. Mon si sage ami devint instantanément écarlate et je crus bon de filer rejoindre Zilmis qui contait une histoire aux enfants.

 

Nous sommes partis nous coucher peu de temps plus tard. J'embrassais Nerti et Zilner. Les enfants dormaient l'un près de l'autre en des lits entourés de boiseries de couleur claire. Leurs jeux favoris étaient disposés autour de leur chevet pour qu'ils se sentent aussi à l'aise que possible dans l'espace.

 

Amoni et Minel vinrent les embrasser à leur tour et diminuèrent la luminosité de leur chambre.

 

Je partis rejoindre Zilmis, songeant moi aussi au noir de l'espace. Étant petit alien, mes parents et mes grands ancêtres, comme Oralecto, me contaient de nombreux récits sur les premiers explorateurs de l'espace, si courageux, qui gagnaient le ciel à bord de machine hasardeuses.

 

Cela remonte pour vous à l'invention des machines volantes, puis de l'avion à réaction. Il s'agit de récit infiniment anciens, notre monde étant une civilisation d'âge immense par rapport à la vôtre. Au lieu de l'invention de la fusée, qui est peu maniable, les experts, avaient développé l'antigravité, pour élaborer les premiers croiseurs sidéraux. De tels esquifs permirent de gagner de petites lunes, puis des astéroïdes lointains, puis enfin, la région des confins, en à peine une année.

 

Nous avions atteint un seuil technologique, les croiseurs ne pouvant aller plus vite, ni plus loin en un temps acceptable. C'est alors que les ingénieurs découvrirent le stade le plus élevé de la matière, qui est le plasma. Il s'agit à dire vrai d'une supra matière, car le plasma est la forme de vie rayonnante la plus active dans le stade dimensionnel suivant, celui de l'éther.

 

C'est celui qui régit tout le voyage spatial.

 

Le précepte était le suivant. Si un vaisseau spatial était transmuté en matière-énergie, alors, il pourrait s'affranchir des barrières de la pesanteur, mais aussi du temps. Le temps pourrait s'incurver et même reculer. C'est ce que les plus brillants étudiants en physique avaient prophétisé.

 

Je relatais cette histoire à Zilmis et tous deux, nous nous sommes alors étreints, nos deux pensées se rejoignant dans le sommeil.

 

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

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  • qu'il n'y ait aucune modification de contenu

  • que vous fassiez référence à notre blog : http://www.unepetitelumierepourchacun.com

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