L'enfant des étoiles (4/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'enfant des étoiles (4/4)

Message du Professeur Zolmirel (fin)

 

 

 

Nous étions repus, et je m'employais à débarrasser la table, lorsque des frôlements légers nous parvinrent de la petite chambre. La porte s'ouvrit et Minel apparut. Fou de joie, Amoni se précipita pour l'étreindre. Elle rosit d'émoi.

 

  • Askia nubalu item ? Suhust nehelli ? demanda-t-elle.

  • Nous sommes dans l'espace, répondit Amoni, en montrant les hublots masquant le spectacle impressionnant des arches stellaires. Mais tu es parfaitement en sécurité avec nous.

 

Minel sourit d'un air serein et étreignit chacun d'entre nous avec affection. Le sommeil semblait avoir gommé toutes ses peurs et je percevais en elle, ce côté inébranlable et presque intrépide que j'aimais tant. Encore une fois, je sentais une alien d'une force intérieure peu commune, et je frémis de joie lorsqu'elle m'embrassa.

 

Nous avons été nous reposer peu après, notre joie d'être ensemble nous faisant oublier tout le reste.

 

 

Le lendemain de ce jour faste advint, et je m'éveillais avec en mon esprit plus d'apaisement et encore plus de bien être. Erazel avait une surprise pour nous, et je crus bon de prendre avec moi tout mon attirail de dessinateur.

 

Les enfants s'éveillèrent et ils semblaient avoir retrouvé toute leur énergie, ce qui se traduisit par un certain nombre de jeux entre eux. Erazel immobilisa Nerti qui poursuivait son frère en riant.

 

  • Il est un endroit bien meilleur où vous pourrez courir tous les deux, annonça-t-elle en le chatouillant.

  • Où est-ce donc ? demanda Nerti qui gesticulait en tous sens pour se débattre, en riant à perdre haleine.

  • C'est une surprise, émit-elle mystérieusement avec sa facétie habituelle.

 

Nous l'avons suivie avec entrain, Amoni serrant près de lui sa bien aimée, Orel et Dorian commentant l'audacieuse architecture des couloirs bleu hyacinthe, vert d'eau, ou rose marbré dans lesquels nous marchions. Nerti, fou de joie, voulut se pencher par un balcon, et Erazel le tira en arrière avec vigueur.

 

Les niveaux de détente du vaste navire étaient visibles 80 mètres plus bas, l'aire des bains, les zones réservées aux activités sportives, comme la course, et aux acrobaties. Nous trépignions tous d'impatience. Nous sommes descendus dans une petite cabine et mon regard fut aussitôt attiré par une superbe lueur dorée et verte. Une vaste arcade s'ouvrait devant nous, donnant accès à une contrée splendide, comportant un paradis de verdure luxuriant.

 

Un vaste massif montagneux était visible à l'horizon, avec de verts pâturages, des forêts et même un grand parc aux chemins escarpés emplis de sous bois frais.

 

Nous nous sommes avancés en ce lieu féerique, les enfants, fous de joie, se mirent à courir à toute allure, poursuivis par une Erazel allègre. Chacun de nous se joignit à leurs jeux, heureux de gambader.

 

Un peu fatigué, mais ravi, je pris place aux côtés de Minel à une petite table. Nous nous trouvions sous d'immenses arbres aux troncs de cinq mètres de diamètre, dont les feuilles produisaient un doux frémissement. Je sortis mon nécessaire à dessin et commençais par représenter un beau champignon d'une espèce inconnue qui avait poussé en ce lieu. Minel croisa mon regard en riant de bonheur. Erazel nous rejoignit et fit apparaître des boissons, ainsi que des petits biscuits. Chacun s'attabla et se servit. Nous contemplions de loin Orel et Dorian occupés à chahuter avec les enfants. C'était un spectacle très amusant, car les êtres de lumière s'évanouissaient par instants, Nerti et Zilner tentant de les attraper en vain.

 

Ils vinrent prendre place à leur tour. Nous étions tout à fait ravis de retrouver le contact avec la nature.

 

Un peu plus tard, nous avons poursuivi cette longue promenade, puis goûté à un repos bien mérité sous les arbres, certains lisant ou sommeillant. J'avisais une silhouette et je tournais mon regard vers une grande alien radieuse.

 

Anzial était là et nous faisait des signes de la main. Elle vint nous rejoindre. Elle portait le petit Ikerti dans les bras, et l'installa au soleil. Le pauvre ouvrait à peine les yeux et était d'une pâleur de craie. Des milliers de petits points réguliers étaient visibles sur son corps, la trace d'un redressement génomique.

 

J'étais abasourdi et je n'en revenais pas qu'il ait pu être traité si vite. Normalement, il fallait du temps pour que les experts puissent calculer la correction d'ADN à apporter, tant les possibilités étaient nombreuses.

 

  • Voici Ikerti, lança-t-elle aux enfants, fort curieux de découvrir l'un des leurs.

  • Tout ira bien, fit Nerti à l'enfant, tu vas guérir. J'ai eu aussi la même opération que toi, dit-il en montrant son bras d'ivoire. Tu vois, tous les points ont disparu.

     

Zilner embrassa timidement le petit clone et Minel serra sa petite main en gazouillant des paroles. Elle montra sa nuque qui arborait un discret foulard. Une unique marque blanchâtre et rosée se devinait sous son crâne, celle d'une injection céphalique. Celle-ci aurait bientôt disparu.

 

Anzial fut très touchée de notre soutien.

  • Ikerti a juste été soigné au niveau de l'abdomen, dit-elle. C'est un enfant encore très jeune. Les généticiens ont agi très vite, car ils avaient à cœur de pouvoir le guérir sans délai. Ils ont travaillé toute la nuit ! Je n'arrive pas à y croire.

  • Ils ont été particulièrement impressionnés par cet enfant, je pense, exposa Amoni. Normalement, il est très peu d'incidents lors des vols. Ils veulent qu'Ikerti et vous-même puissiez profiter au mieux de cette croisière. Vous le méritez.

     

Bouleversée, Anzial peinait à croire à tant de prévenance et d'attention.

 

  • Que sommes-nous pour vous ? demanda-t-elle.

  • Tout sentiment d'indignité doit vous déserter, exposa Amoni. Je dirais de très excellents aliens de science.

  • De très talentueux chercheurs, confirma Erazel.

  • Des amis, dis-je simplement.

  • Notre monde comporte une grande délégation Denakh, assura Dorian, et des tractations sont en cours pour aider les dissidents qui veulent échapper au système des castes. Il existe plusieurs planètes de ce quadrant, qui comportent des colonies d'aliens et de lézards libres. Beaucoup d'espèces stellaires y trouvent refuge.

 

Croisant le regard des êtres de lumière, Anzial parvint à s'apaiser. Tout changerait, il fallait juste du temps pour ce faire. Les rayons très doux du soleil effleuraient nos visages, et ma peau sensible d'alien des marais en éprouva le plus grand contentement.

 

En cet endroit, il était bon de paraître en pleine lumière. Revigoré par l'énergie bénéfique du lieu, le petit Ikerti ouvrit les yeux plus grand et parvint à absorber un peu de miellat. Nous étions très touchés de nous trouver tous réunis en pareil instant.

 

Chacun fixa avec affection le petit alien du regard, en émettant les pensées les plus pures.

 

Je vous salue, chers amis de la Terre bleue, et vous souhaite de vivre de pareils instants de félicité profonde. Vous le méritez également.

 

Vous pouvez reproduire ce texte et en donner copie aux conditions suivantes : 

 

 

 

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