L'enfant des étoiles (2/4)
Message du Professeur Zolmirel (suite)
Notre nef se posa dans le grand hall fastueux, empli de beaux éclairages roses et dorés. Un orchestre et une chorale de jeunes enfants jouait un air des plus joyeux.
Erazel nous mena vers les appartements qui nous avaient été attribués. Une coursive sans fin garnie d'un nombre impressionnant de vaisseaux de toutes les tailles nous permit d'admirer nombre de frégates et de croiseurs provenant de mondes amis.
Il existait également quelques vaisseaux de nos amis les êtres de lumière, qui semblaient faits de cuivre et d'or vivant.
Nous étions tous sur une sorte de tapis roulant très agréable et ce dernier devint ascendant. Après avoir pris deux élévateurs, nous sommes parvenus à la salle de repos. Mes yeux devinrent humides. Il y avait bien sûr beaucoup de Kolals, de Galmols et de petits Ilstirr, les trois peuples principaux de mon monde, mais également, un grand nombre de petits clones Denakhs aux grands yeux noirs débordants de gratitude.
Chacun d'entre eux était accompagné de clones adultes ou de valets de haute taille, habillés avec une extrême élégance.
Notre vaisseau recevait ses derniers approvisionnements. Le lancement aurait lieu en soirée, peu avant l'heure du soir, pour ménager le bien être de tous les passagers, qui étaient environ 800. C'était un petit nombre, compte tenu de la taille immense du croiseur.
Notre première étape serait la ceinture d'astéroïdes, puis différentes lunes lointaines bordant notre système, afin d'amener des vivres et des plantations autogènes.
Un peu tremblante sur ses jambes, Minel marchait près d'Amoni avec l'expression absente de quelque somnambule. Dorian tenait sa main dans la sienne, et je devinais que son fluide lui permettait de se sentir plus sereine. Nous avons gagné nos quartiers d'habitation, bordés d'un petit salon garni de fauteuils, et Minel s'effondra sur un siège, à demi consciente. Malgré son évanescence, elle semblait aussi bien que faire se peut.
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Que lui avez-vous donc fait ? demandais-je à Dorian avec effroi.
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Il l'a irradiée de son fluide effroyable, répondit Orel avec quelque ironie. Elle sera en léthargie pendant plusieurs heures. C'est le seul moyen pour que votre amie puisse s'habituer à ce qu'elle voit. Elle peut faire une crise d'anxiété et se mettre à courir dans tout le vaisseau.
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Oui, exposa Dorian, cet endroit la force à revivre de terribles instants, ne l'oubliez pas. Elle doit se sentir parfaitement en sécurité.
Minel se mit à somnoler, et chacun de nous en profita pour s'installer dans les quartiers du vaisseau et prendre une collation. Amoni resta avec sa bien aimée, tandis qu'Erazel nous mena jusqu'à la timonerie.
Plusieurs ingénieures stellaires, accompagnées d'anciens œuvraient au pilotage du vaisseau. Erazel nous fit admirer les gigantesques cuves de plasma en cours de charge, ainsi que la chaufferie, un extraordinaire ensemble de tuyaux de la taille d'un vaste terrain de sport pour votre monde. Les enfants voulurent s'approcher, mais nous ne pouvions descendre que jusqu'au niveau -3. Les zones proches des chaudières étaient interdites aux êtres vivants par mesure de sécurité.
Un certain nombre de petits robots circulaient dans ces travées formant un vaste labyrinthe de métal et de câbles, entrecroisés de tuyaux immenses.
Il advint naturellement qu'Erazel nous mena vers le lieu réservé aux bains, où un certain nombre d'aliens prenaient un bain de lumière sous de vastes cristaux, ceux qui avaient le sang plus chaud nageaient dans une immense piscine.
Zilmis était impatient d'admirer les cuisines, et il ne fut pas déçu.
Une cuisine à l'ancienne apparut, réplique d'un palais millénaire, où des lézards de belle taille s'affairaient, accompagnés de maîtres en gravité, et d'aliens furtifs, habiles à confectionner les meilleures sauces. Tous les participants semblaient dans leur élément et Zilmis mourait d'envie de les rejoindre.
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Ce moment viendra, assura Erazel en riant. L'un d'entre nous est bien discret, fit-elle remarquer en fixant le petit Zilner.
Très intimidé, Zilner ne soufflait mot, en effet. Il avait un peu de mal à songer qu'il puisse être à l’origine de l'une des destinations du fastueux vaisseau.
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Voici une surprise pour toi, mon enfant, assura Erazel en poussant une porte qui s'ouvrit à son approche.
Nous sommes entrés en une pièce extraordinaire. Elle nous plongea tous en un rêve éveillé. Le plafond était une merveille en mouvement emplie de planètes variés, de galaxies, d'étoiles et aussi de croiseurs, qui approchaient de notre position.
C'était une réplique exacte du ciel, où les ingénieurs avaient amélioré la visibilité des objets lointains. Si l'on fixait une région donnée du ciel, un flux télépathique d'images variées entrait dans notre esprit.
Chacun de nous s'allongea sur un siège moelleux, et se laissa emporter par la vue de ces mondes somptueux. Cet endroit était déjà empli de nombreux aliens, de jeunes étudiants ou même des astronomes plus âgés qui flottaient en une transe des plus parfaites. Ma main serra très fort celle de Zilmis, et nos yeux se fermèrent. Alors, nous nous sommes envolés aisément pour mieux explorer par l'esprit cet espace stellaire fascinant.
Au bout de plusieurs heures, chacun de nous se leva, avec les yeux brillants d'émoi. Nous nous sentions si bien, que peu de mots pouvaient qualifier notre allégresse.
Nous sommes retournés vers nos appartements, l'heure du soir approchait et un son cristallin plaisant résonna dans les coursives. Le signal du départ.
Nous nous sommes assis dans le petit salon, et je vis avec soulagement que Minel était profondément endormie. Un Amoni très ému nous servit des boissons soporifiques avant le départ. Elles étaient nécessaires pour nous permettre de passer sans heurts les différents portails subtils qui entouraient notre planète.
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Elles ne vont pas agir de suite, nous prévint Amoni, ce sera parfait.
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Oui, car nous allons faire escale deux fois, exposa Erazel.
Je fixais l'espace par la fenêtre, un petit vaisseau se posa avec célérité et accosta. C'était le dernier. Son occupant serait sans doute accueilli à bord du salon réservé à l'équipage, car il n'avait pas le temps de rejoindre ses quartiers.
Le deuxième signal code retentit, et cette fois, chacun de nous serra la main de son voisin. J'étais assis entre Zilmis et Dorian, c'était parfait.
Le compte à rebours, formé de rectangles dorés, s'afficha. Le nombre de rectangles diminuait.
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Bienvenue à tous, émit la voix mélodieuse de la capitaine du vaisseau, nous sommes réunis pour le premier voyage inaugural du Selianor Hazik, je suis extrêmement honorée d'être avec vous tous. Notre vaisseau va décoller d'ici environ trois minutes. Vérifiez bien la solidité de vos ceintures. Changez de siège au besoin. Je vous souhaite très bon vol.
Chacun de nous s’exécuta, tout fonctionnait parfaitement de notre côté. Un son plaisant retentit, on apprêtait les différents réacteurs, les dispositifs d'arrimage stellaire étaient retirés, les ponts mobiles et les grues géantes reculèrent de concert. Seuls des câbles magnétiques à détachement, les fameux câbles de rupture, maintenaient le vaisseau. La base sidérale qui abritait les quartiers d'habitation des experts en ingénierie stellaire et de tous les techniciens recula avec célérité. Elle devint bientôt un point éloigné.
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À nous l'espace, émit Erazel par la pensée.
Chacun de nous répéta cette formule issue du fond des âges. Le grondement des réacteurs s'intensifia, un sifflement plaisant se fit entendre, les moteurs neufs crachaient des torrents de photons. Le vaisseau avança peu à peu, les derniers câbles d'arrimage se tendirent et se détachèrent aisément. Nous étions libres.
Le vaste croiseur prit de la vitesse, puis accéléra encore, pour le fameux tour inaugural de la belle Ellakhi. Celui-ci était indispensable, car sur mon monde, les experts en vol stellaire devaient surveiller le vaisseau et confirmer que tout fonctionnait. L'envol du géant était bien sûr filmé par plusieurs petits vaisseaux escorteurs, au nombre de trois, qui retransmettaient des images à tous les habitants de mon monde.
Je pleurais de joie en admirant la splendeur émeraude de mon monde natal, chacun de nous en fit autant, très ému de pouvoir la contempler une dernière fois. Enfin, le vaisseau plongea dans l'espace. Il y eut une poussée plaisante, puis il prit de la vitesse. À peine quelques minutes plus tard, il commença à ralentir.
Nous étions parvenus à notre première destination en seulement quelques minutes. Les différents portails d'accélération qui s'étaient ouverts tout autour de ma planète, rendaient les voyages près des astéroïdes très rapides. Amoni contempla le petit monde cratérisé d'un astéroïde doré veiné de givre avec une pensée affectueuse pour son frère Esvar, qui vivait non loin de là.
Les enfants ouvraient de grands yeux éblouis, certains de vivre là les instants les plus exceptionnels.
Plusieurs croiseurs céréaliers massifs quittèrent notre bâtiment, accompagnés de vaisseaux forestiers, emplis de plantations. Ils devinrent bientôt une dizaine de petits points argentés. Leurs signaux lumineux amicaux se perdirent dans la nuit du vaste astéroïde et notre accélération reprit.
Elle devint plus vive, et dura plus longtemps, car nous devions gagner la région des confins de notre système.
Au bout d'environ 20 minutes, notre vaisseau décéléra de nouveau. Nous n'éprouvions nul heurt en un tel moment, car des compensateurs d'inertie invisibles absorbaient la quantité de G formidable qui s’abattaient sur nos corps frêles.
Cette fois, notre vaisseau aborda près d'une vaste lune grise moirée, veinée de vert pâle. Des canyons formidables abondaient à sa surface très intéressante. Une longue contemplation plaisante s'ensuivit et je me plus à imaginer quelles plantes pourraient peupler cet astre. Zilmis songeait avec nostalgie à notre logis confortable, qu'il avait eu un peu de peine à quitter et je le rassurais d'un regard. Nous allions vivre des moments très intenses et bienheureux.
Un vaisseau environnemental de la taille d'une petite ville quitta notre croiseur géant. De forme cylindrique et légèrement aplati au dessus, il abritait un écosystème entier qui allait être implanté sur cette lune.
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