L'enfant des étoiles (1/4)
Message du Professeur Zolmirel
Je reviens vers vous, et suis très heureux de pouvoir m'exprimer de nouveau. Je vous salue avec affection et vous remercie mes chers amis.
De l'autre côté du miroir, le temps passe différemment par rapport à votre planète, et le moment est venu de vous en dire plus maintenant.
Je vous ai déjà parlé de planètes, à de nombreuses reprises, et mon monde à cette époque avait déjà développé une glorieuse flotte spatiale.
Notre amie Erazel travaillait avec Zilmis et d'autres experts au parachèvement du vaisseau qui venait d'être lancé hors atmosphère.
Les deux moitiés de l'immense esquif avaient été reliées de main de maître par les ingénieurs et les si habiles petits techniciens qui vivaient sur mon monde.
A cette occasion, le vaisseau allait devoir être testé pour son premier voyage. Nous y étions tout naturellement conviés pour une raison bien précise. Zilner rêvait de devenir cartographe, ou plus couramment navigateur. Les rêves de cet enfant très pur étaient peuplés de nombreuses planètes variées qu'il aimait à explorer.
L'une d'entre elles en particulier avait attiré l'attention d'Amoni et du sage Zablinsk, qui était aussi très proche des enfants.
On y voyait une sphère aride, rocheuse et cratérisée. Cette planète appelait, et l'appel était bien sûr considéré comme primordial sur mon monde.
Zilner avait accepté que sa mémoire soit sondée, et les astronomes avaient aussitôt pu déterminer les coordonnées de cette planète. Ils avaient découvert un astre inhabituel qui émettait un signal plutôt discordant. Ce monde aspirait à être peuplé de formes de vie végétales. Il restait une quantité importante de volcanisme, mais la différenciation s'était opérée, et elle était devenue sphérique, suite à la fonte de la croûte qui avait lentement refroidi.
Erazel avait aussitôt décidé d'une expédition. Celle-ci allait prendre l'allure d'une sorte de croisière.
Ce matin là, je m'affairais à boucler un petit sac, Zilmis, quant à lui, était un peu attristé de se séparer de sa collection de poêles.
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Il y aura tout ce qu'il faut à bord, lui exposais-je.
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Oui, je suis juste un peu déconcerté, ce voyage est si soudain.
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Il est bienvenu, assurais-je.
Nous sentant surexcités l'un et l'autre, Minel nous jeta de longs regards interrogateurs. Elle était bien plus sereine, mais sa guérison demeurait fragile.
Amoni aurait été incapable de la laisser en arrière, de même que chacun d'entre nous. Orel et Dorian faisaient aussi partie de l'expédition.
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Il ne lui arrivera rien, assura Dorian, nous veillerons à la rassurer. Cette immersion dans l'espace peut être un choc. Mais un voyage réussi est une étape primordiale pour qu'elle puisse se réapproprier tous ses souvenirs. N'oubliez pas que c'est de là qu'elle vient. Songer que le vaisseau est un havre de paix l'aidera à se sentir mieux.
En ce matin béni, une lumière jaune inondait notre vallée de rayons d'or. Nos familles, nos voisins et amis nous saluèrent. Chacun de nous prit place dans la nef d'Erazel.
Elle s'installa aux commandes et ce premier vol frôlant la cime des arbres plongea Minel dans l'enchantement. Elle ouvrit des yeux émerveillés s'approchant des baies vitrées pour observer de près les cabrioles des petits lézards et des lémuriens dans les arbres. En ce matin, dans la jungle, régnait une vive agitation, un ballet d'oiseaux de toutes espèces se produisait, chacun d'entre eux arborant un plumage rose vif, bleu roi ou rouge ardent, participait à cette superbe formation aérienne.
Erazel s'écarta des oiseaux et notre nef s'envola bien plus haut, nous laissant tout le loisir d'admirer la région des marais.
Nous approchions du grand institut, Erazel fit faire un demi tour impeccable au vaisseau et le posa sur la grande esplanade réservée au déjeuner des étudiants. Deux petits lutins bondissants surexcités nous attendaient. Nerti et Zilner se précipitèrent à bord, fous de joie.
Amoni embrassa ses fils, de même que Minel et chacun d'entre nous.
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Nous partons pour de bon ! exulta Nerti en montrant le ciel bleu céruléen d'un grand geste triomphant.
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Ayu ikita nibalik sum, répondit Minel avec quelque effroi.
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Tout ira bien, assura Amoni.
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Vous allez voir ma chère, ce que les ingénieurs ont fait est une vraie merveille, assura Erazel.
La petite nef redécolla, Nerti et Zilner, emplis d'une joie communicative, fixaient le grand institut qui s'éloignait avec ferveur. Chacun d'entre eux avait prévu un sac avec leurs effets personnels. Il les déposèrent dans le compartiment spécial pour les bagages et se sanglèrent sur leurs sièges. Erazel vérifia que tout le monde était attaché, et fit prendre de la vitesse au navire.
Il y eut soudain une poussée très vive, extraordinairement grisante, puis un son aigu, magnifique. Le vaisseau répondait au quart de tour aux moindres effleurements de la sage alien.
Le ciel très bleu est devenu outremer, puis indigo et enfin d'un noir d'encre sillonnée d'étoiles. Un point doré intense fascinait notre regard. Il grossit rapidement.
Installé dans son vaste berceau, le superbe vaisseau stellaire attendait son premier envol vers les étoiles. Une gigantesque rampe d'embarquement avait été installée tout autour, permettant de charger des vivres, des cultures, et tout ce qui serait nécessaire au voyage, c'est à dire du mobilier, des lits, des armoires emplies d'habits et aussi bien sûr, de grandes quantités d'ouvrages, répliqués des meilleures bibliothèques.
Une partie de ces objets avaient été amenés par les anciens, par la voie de l'esprit, mais l'autre provenait de la gigantesque base voisine de Katiralda, où habitaient les différents ingénieurs et les petits techniciens.
Chacun d'entre eux avait droit à une place d'honneur pour le premier vol du superbe esquif, même les petits ouvriers aux mains si habiles.
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