L'avènement de la Lumière (2/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'avènement de la Lumière (2/4)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

Je fixais Minel d'un œil reconnaissant. Elle savait tellement de choses magnifiques ! Pour la première fois, elle m'apparut non plus telle qu'une alien affaiblie et ingénue, mais comme une créature lumineuse, emplie d'une force intérieure peu commune. Il émanait d'elle une énergie rassurante, protectrice, un peu comme celle d'Amoni.

 

Il se trouve que mes surprises de la journée ne s'arrêtèrent pas là. Minel se leva et m'invita à la suivre. Nous nous sommes dirigés vers le fond de notre joli jardin, dont les cultures épanouies étaient parcourues par des nuées d'insectes. Et, Minel me montra là un spectacle insolite.

Je pus y découvrir un vaste nid d'araignées. Sur mon monde, les araignées étaient pour la plupart des animaux sociaux d'allure très colorée et agréable. Elles érigeaient d'immenses toiles, et s'en servaient pour capturer la rosée, et recueillir le nectar de certaines fleurs, de même que l'eau de pluie qu'elles faisaient glisser habilement en de longs entonnoirs. Les araignées se nourrissaient également de fruits, et de pollens.

D'autres espèces d'araignées cultivaient le sol en faisant maturer différentes espèces de moisissures, mais aussi des plantes à fruits, dont elles transportaient sciemment les graines pour les semer.

Minel me montra une sauterelle en mauvais point, que plusieurs araignées transportaient. Je m'étonnais de cette pratique. D'ordinaire, les araignées ne mangent pas les autres animaux. Je m'aperçus qu'il en était bien ainsi. Les araignées déposèrent la sauterelle à l'intérieur de leur nid, et je pus voir strictement par l'esprit, ce qu'il advint d'elle. Cette sauterelle avait été atteinte par une plante vénéneuse. Une épine avait endommagé l'une de ses pattes. Les araignées s'activèrent autour d'elle et retirèrent l'épine. Puis, elles étalèrent un peu de leur soie sur la plaie. Au bout de quelques instants, la soie commença à absorber les restes de toxines.

La sauterelle alors, parvint à se déplacer faiblement. Les araignées la menèrent en une loge garnie elle aussi de soie, mais non collante. Ensuite, d'autres araignées s'approchèrent et l'invitèrent à se diriger vers une sorte d'alvéole. Dans cette alvéole, la sauterelle put boire un peu de nectar, et elle alla s'étendre sur le matelas de soie en toute confiance, afin de se reposer.

 

Mon esprit de petit alien curieux, me fit découvrir bien d'autres méandres en ces lieux. Certains abritaient des coléoptères, beaucoup de scarabées, mais aussi des fourmis. Tous ces insectes échangeaient entre eux, des denrées alimentaires, du miellat, ainsi que des provisions de terre séchée, qui leur permettaient d'ériger d'autres niveaux. J'étais émerveillé, là encore, de constater à quel point les animaux étaient organisés entre eux.

Nos talents pour soigner les insectes demeuraient, et j'en suis vraiment navré, très insuffisants. Et pour cause, les insectes étaient vraiment minuscules. Nous avions pris l'habitude de mener les insectes blessés aux soigneurs de l'esprit, qui eux seuls, parvenaient à reconstituer leurs membres et leurs ailes endommagées.

Mon cher petit Nerti était bien sûr l'un d'entre eux, et il se faisait une joie de pouvoir sauver de nouveaux insectes, dès qu'il percevait leurs pensées de désarroi.

 

Je m'affairais, tout l'après-midi durant, à écrire de nombreux chapitres sur les insectes et les arachnides sociaux, ainsi que sur ce formidable village peuplé par les animaux des bois que j'avais pu visiter. Le soir venu, je m'affairais en cuisine, et demeurais songeur en préparant le repas pour Amoni, Zilmis, ainsi que pour Erazel qui avait prévu de venir nous rendre visite.

 

Je fus interrompu en ma songerie par une voix joyeuse quelque peu sarcastique. Je m'aperçus que je pétrissais la même pâte à gâteau depuis plusieurs minutes déjà.

- Il me semble que votre mélange est fort à propos, me fit remarquer Erazel d'un ton claironnant.

Je me repris pour l'accueillir, et bégayais quelques paroles surprises.

- J'ai été témoin aujourd'hui de choses très étranges qui siègent en la contrée des forêts, exposais-je. Il se tient là plusieurs villages emplis d'animaux de toutes sortes qui se portent mutuellement assistance et qui me semblent d'un très haut degré d'intelligence.

- Bien sûr que les animaux sont intelligents ! répondit l'ancienne d'une voix joyeuse. Ils ont appris pendant des siècles et des siècles à se débrouiller sans nous. Maintenant, depuis que la radiance blanche se déverse en abondance sur notre sphère, ils ont pu aller au delà de leurs instincts limitatifs et communier davantage entre eux. Ils ont pu condenser en un temps record toute cette connaissance ancestrale et l'employer plus librement. Leur science de l'art d'user de telle ou telle plante est très honorable, et sans nul doute plus élevée que la nôtre en certains domaines. C'est pourquoi, les soigneurs ont prévu d'accueillir nombre d'animaux dans les lieux de soins. Les animaux s'intéressent aux soins internes du corps, qu'ils ne maîtrisent pas totalement. Nos soigneurs s'inspirent de leurs pensées très riches, et de leurs conseils, afin d'améliorer les breuvages. Votre ami Amoni en sait quelque chose.

- Je suis bien informé que de tels lieux existent, exposais-je, mais j'en ignorais toute la profondeur. Je pensais juste qu'il s'agissait de petits villages reculés, de quelques grottes.

- Non, exposa Erazel. Les animaux, depuis la hausse de la lumière blanche, s'en sont trouvés profondément modifiés. Les chats sauvages géants qui errent dans la forêt ne trouvent presque plus de gibier, certains se sont résignés à devenir végétariens. Par contre, d'autres sont devenus extrêmement féroces. Les animaux paisibles se sont donc retranchés dans ces petits villages pour passer la nuit avec plus de confort, et ils se sont bien davantage organisés pour explorer la forêt. Ils sont devenus très sensibles, très subtils, détectant les pensées hostiles des fauves, dès que ces derniers s'avancent dans leur territoire. Les écureuils n'hésitent pas à les bombarder de pommes de pin, et de fruits à épines, tandis que les éléphants des bois les chargent en les chassant à coups de pieds. Les chats sauvages en sont réduits à manger de maigres carcasses. Ils ne peuvent plus désormais se nourrir que de charognes. Cela, vous vous en doutez bien, met leur moral à rude épreuve.

Je méditais les paroles de notre si sage ancienne, et enfournais mon gâteau, m'occupant ensuite de préparer plusieurs salades à base d'algues.

Il en était ainsi certains jours, c'était à moi de m'occuper des repas, une plaisante activité, tandis qu'Amoni et Zilmis étaient appelés au centre de soins et au centre de maintenance en véhicules stellaires.

 

Erazel m'aida à mettre la table, ce qui ne prit guère de temps. Le soir venu, Amoni revint chez nous, et Minel se précipita pour le serrer contre elle.

Elle était toujours un peu nerveuse lorsqu'il devait s'absenter. Mais, Amoni était l'un des meilleurs soigneurs de cette région. Il était fréquent que les anciens sollicitent sa présence, et viennent le chercher, à toute heure du jour (ou de la nuit parfois), pour aider à stabiliser des blessés. Les anciens se matérialisaient dans l'entrée, et frappaient alors à notre porte. Il en était ainsi en cas d'urgence.

Autrement, plus fréquemment, Amoni recevait simplement un message psychique l'informant qu'il était attendu au centre de soins ou en un autre endroit, pour s'occuper de réduire des fractures, des épanchements, ou de stabiliser des hors mondes à la circulation sanguine chaotique. Lorsqu'il dormait, les anciens prenaient toujours la peine de faire venir un soigneur de l'autre hémisphère de notre planète.

 

Mon ami si sage était spécialisé dans les soins aux aliens. Notre mission pour aider les aliens des mondes en phase de développement, n'avait jamais été aussi importante qu'en ce temps. Les Denakhs, dont faisaient partie Nerti et Zilner, étaient un peuple fascinant. Des chercheurs éclairés nous rendaient visite fréquemment, très désireux de voir leur monde sortir du système des castes.

Les experts en soins des hors monde avaient répertorié nombre de blessures transgressives sur des jeunes enfants. Il en avait été débattu, et convenu que les hors mondes devaient sécuriser davantage les sites de maintenance.

Amoni m'expliqua ce jour-là que le centre de soins avait décidé d'envoyer des diplomates converser avec les émissaires Denakhs. Le but était de sécuriser les différentes installations portuaires sur lesquelles travaillaient les clones. C'était absolument impensable pour nous d'exposer un enfant (ou un adulte) à quelque péril que ce soit. Les Denakhs les plus cupides avaient créé des lignées de petits serviteurs dociles, résistants à la douleur, et faciles à reconstituer en cas de perte d'un ou de plusieurs membres. Tout ceci était pour nous évidemment une chose abominable. Les centres d'accueil des hors mondes situés près de ma planète, comportaient différentes unités de soins d'urgence pour des aliens en phase critique.

- J'ai été exposé ce jour-là, à des cas d'une extrême gravité, avoua Amoni bien plus pâle que d'ordinaire. Nous sommes heureusement parvenus à sauver les blessés.

Il commença à évoquer le cas préoccupant d'une petite victime coupée en deux, qui avait nécessité de patients efforts et Minel se précipita pour lui apporter un breuvage en l'invitant à s'asseoir. Je m'empressais mon à tour de le réconforter.

- Vous avez fait de votre mieux, ami. Le tourment politique intérieur que traversent ces planètes n'est point de votre fait. La seule tâche qui vous est dévolue est de pouvoir veiller ces petits, au moins le temps qu'ils se trouvent sur notre planète.

- C'est justement le souci, expliqua Amoni. Les clones qui ont été recueillis ont été reconstitués, et certains émissaires Denakhs demandent leur retour immédiat, afin de les faire travailler de nouveau à de périlleuses réparations.

- C'est absolument impensable ! répondis-je, profondément scandalisé.

- Oui, absolument, me rassura Amoni. Les conseillers Denakhs éclairés s'y sont farouchement opposés. Les petits rescapés seront donc confiés à des familles sur des planètes plus agréables. Il s'agit de familles de chercheurs, donc, des aliens intègres au comportement irréprochable. Ces enfants ont mérité d'être aimés, comme il convient pour tous ceux de leur âge.

J'en convaincs tout à fait. Il m'était fort douloureux d'imaginer des petits êtres comme Nerti et Zilner, retourner vivre sur le monde glacé et technologique des aliens Denakhs, principalement des orbiteurs géants et des cités stellaires.

 

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