L'avènement de la lumière (1/4)

Publié le par Aurélia LEDOUX

L'avènement de la lumière (1/4)

Message du Professeur Zolmirel

 

Chers amis de la Terre bleue, j'en reviens à mon histoire, j'étais de retour en mon joli village. Ma planète subissait alors d'importantes transformations. Mon monde tel que je l'avais connu n'était plus. Désormais, se dessinait une planète nouvelle, un soleil nouveau. Tout ceci était follement excitant, et nous plongeait, mes amis et moi-même, dans un océan de perspectives nouvelles.

 

Mon monde avait changé, les forêts avaient changé, les tourbières et les marais aussi. Nous parcourions notre petit village, Amoni et moi-même, afin d'y faire quelques emplettes. Les villageois nous échangeaient volontiers toutes sortes de provisions, comme du grain, de la farine, des légumineuses, mais aussi des variétés rares de champignons. Je me plongeais avec joie dans un traité de mycologie reprenant les principales espèces qui se développaient en ce milieu, aux sols très particuliers. Cela dit, mes surprises ne s'arrêtèrent pas là.

Notre ravissante amie, Minel, se trouvait souvent au jardin. Elle avait gardé intact ce lien qu'elle avait tissé auparavant avec la vie sauvage, les animaux, mais aussi les plantes. Je me trouvais, comme d'ordinaire en sa compagnie, sur un fauteuil. Au fil du temps, une complicité croissante nous reliait. J'en étais venu à l'apprécier bien davantage, et elle aussi, semblait-il. Sa présence légère, discrète et aérienne, avait quelque chose de fascinant. Elle était pour ainsi dire restée la même, une enfant, quoiqu'étant une alien de haute taille dans la fleur de l'âge. J'étais enchanté de sa prévenance, de sa douceur et aussi de cette sorte de qualité métaphysique développée sur mon monde par les plus grands prescients.

Ce jour là, comme d'ordinaire, j'étais installé en sa compagnie, occupé à dessiner un certain nombre d'arachnides. Le soleil était haut dans le ciel, et je m'occupais des travaux du jardin, comme arroser, sarcler et récolter, directement par la voie de l'esprit. Cela nous est possible au fil des siècles et nous permet de nous consacrer fort agréablement à deux activités en même temps.

Bien sûr, j'aimais aussi beaucoup me promener dans les allées du potager pour réaliser ces actions de mes propres mains, mais en ce jour, je sentais que tout un passage de mon nouveau livre germait en mon esprit. Le soleil réchauffa l'atmosphère, et je m'endormis peu à peu. Ce n'était pas un sommeil ordinaire.

Je sentis une présence agréable, virevoltante et légère.

J'ouvris les yeux, d'autres yeux.

 

Minel se tenait face à moi, et nous étions dans une jolie salle de forme hémisphérique, au plafond très clair. C'était pour ainsi dire une sorte de temple, un lieu de l'esprit. Elle me sourit gentiment, prit ma main dans la sienne, et ensemble nous nous sommes envolés. Nous avons traversé aisément le plafond, gagnant une hauteur merveilleuse, celle d'où précisément on peut admirer toute la canopée. Un paradis pour moi ! Minel m'expliqua ainsi par la voie de l'esprit, qu'elle avait noué des liens assez forts avec différents petits animaux des bois.

Les animaux sur mon monde, je l'ai dit déjà, étaient très intelligents. Ils avaient tissé entre eux des relations intenses et pacifiques, dans le seul but de se soutenir. Ils communiquaient pleinement avec leur environnement, le marais, les tourbières ou les profondes forêts humides garnies d'arbres millénaires. Mais, le plus étonnant, était cette merveilleuse symbiose qui régnait entre les différentes espèces. C'était un fait, les animaux s'entraidaient.

Il existait sur mon monde de nombreuses espèces d'écureuils, de lémuriens volants, et d'autres petits animaux à fourrure essentiellement frugivores. Ces animaux adoraient se promener près de la canopée, pour y récolter des fruits mûrs à point. Il les accumulaient, et les entreposaient ensuite en des lieux ombragés, qu'ils construisaient tout spécialement à cet effet. Au niveau du sol, de grands troupeaux d'herbivores se promenaient, surtout des cervidés, des animaux proches des hippopotames pygmées, et de bovins, ainsi que de petits éléphants, qui ressemblaient à des mammouths munis d'une longue fourrure soyeuse. Au fil des siècles, ces différentes populations d'animaux étaient étroitement entremêlées, afin de s'unir pour se protéger des prédateurs. Ils avaient ainsi édifié de véritables petits villages, les éléphants et les cervidés transportant des troncs d'arbres assez lourds, et les écureuils et autres animaux possédant des mains, comme des sortes de kangourous, nouant habilement les troncs d'arbres entre eux, pour en faire des palissades.

Minel me fit ainsi entrer en un de ces merveilleux villages d'animaux, nous sommes arrivés sous la forme d'esprits. Les animaux déambulaient autour de nous, et nous regardaient d'un air joyeux et insouciant. Nous les avons suivis. Différents troupeaux de cervidés franchissaient une arcade construite en une sorte de torchis, et passant sous un feuillage dérobé.

Juste derrière, une porte étroite menait à l'intérieur du village. Les murs étaient constitués de branchages, et de plusieurs épaisseurs de glaise. Ils étaient façonnés avec des herbes sèches, des feuillages, et tout ce qui peut constituer un matériau sec, mêlé d'argile. Les animaux astucieux avaient renforcé les soubassements des murs avec des pierres, mais aussi des troncs d'arbres morts imposants. Juste devant nous, s'étendait une série de petits monticules de terre, pour ainsi dire des cabanes de hauteur différente. Chacune d'entre elles était dédiée à une activité. Les animaux qui surveillaient l'entrée nous regardaient rapprocher d'un œil amusé. Nous étions confondus de bonheur de nous trouver en ce lieu. Ils étaient heureux, nous avouèrent-ils, d'avoir des visiteurs tels que nous.

Minel prit ma main, et me fit entrer en une sorte de hutte de branchages, avec à l'intérieur plusieurs fosses, chacune d'entre elles, abritant une petite salle. Les animaux qui arrivaient ici avaient souvent besoin de soins. Les écureuils, les lémuriens, les lérots, et des sortes de hérissons, dont seul le dos est épineux, s'occupaient de soigner les nouveaux venus. Leurs mains étaient munies de griffes, et cela leur permettait de brosser le pelage des cervidés et des faons qui venaient en ce lieu. Certains se nourrissaient de leurs poils, et trouvaient donc cette activité très gratifiante.

Une autre salle, un peu plus loin, abritait, elle, comme un centre de soins. Les animaux blessés recevaient là la médecine la plus attentive. Des blaireaux, des belettes, mais aussi des ours de petite taille, s'occupaient de panser les plaies, en les ayant auparavant lavées et désinfectées. Ils avaient construit des palissades, ainsi que des réflecteurs permettant de faire entrer un peu de lumière en ce lieu, au moyen d'objets en métal brillant. Je m'approchais, fasciné, et constatais que certains animaux possédaient des plaies très inquiétantes.

 

J'ai été émerveillé de voir que plusieurs ours détenaient une science médicale quasiment identique à la nôtre, pour réduire des fractures, stopper des épanchements, curer des abcès, mais aussi faire agir leur fluide énergétique pour hâter la guérison de ces plaies.

Les animaux blessés recevaient là les meilleurs soins, et ensuite, ils étaient menés dans un lieu de repos, une grande hutte dont le sol était recouvert de paillis, le plus confortable qui soit. Il en était de même pour les jeunes animaux, qui pouvaient eux aussi bénéficier de beaucoup d'attention.

Minel, près de moi, échangeait par l'esprit avec des castors, des pandas, mais aussi d'autres animaux à fourrure (ces espèces ne sont pas semblables mais assez proches de ceux qui se trouvent en vos contrées). Bien sûr, tous ces animaux étaient essentiellement frugivores et végétariens. Sur mon monde il en était ainsi, et cela avait donc permis à des espèces autrefois antagonistes de se rapprocher.

Des maisons plus basses et abritant des animaux plus petits servaient à accueillir des reptiles, des serpents, des tortues et des grenouilles, ainsi que de minuscules écureuils. L'animal qui se rapproche le plus de ce type d'écureuil est le chinchilla. Sauf qu'ici, les écureuils ont de véritables mains, et un langage extrêmement complexe.

Il s'ensuivait que ce lieu était très propre, une fosse isolée servait à recueillir les bouses, et à faire de l'engrais. Tout semblait parfaitement organisé.

Auprès de ces animaux, je me sentais apaisé, immensément serein et radieux, en songeant à la paix qui habitait ce joli village. Je me laissais absorber par la beauté des huttes de roseaux et de glaise, où les tiges des plantes étaient habilement nouées par des cordes. Minel m'expliqua qu'à la nuit tombée, les portes étaient fermées, et que chacun pouvait aller tranquillement se reposer. Les guetteurs étaient constitués d'animaux nocturnes, comme certains ours et certains fauves, dévoués à cette tâche.

Ainsi, il existait donc peut-être des villages d'animaux nocturnes ? suggérais-je.

Minel m'assura qu'il en était bien ainsi. Les animaux nocturnes, me dit-elle, vivent surtout dans des grottes, et aiment avoir plus de tranquillité, mais ce principe était identique. Il existait de-même des villages d'animaux crépusculaires, qui eux, faisaient le lien entre ces différents lieux de vie. Nous avons pu nous promener encore longuement en cet endroit, afin d'admirer plusieurs huttes abritant les réserves d'eau, ainsi que les réserves de vivres, pour passer la saison des pluies et des vents.

Nous sommes revenus sur nos pas, et nous sommes élancés depuis la cime des arbres, en un vol plané des plus magnifiques. Depuis le sol, les animaux nous regardèrent, et nous saluèrent par l'esprit de la manière la plus agréable qui soit.

Nous nous en sommes retournés vers les collines, et notre jolie vallon.

Je m'éveillais et sortis de ce songe, avec l'impression de quelqu'un à qui l'on vient de faire un merveilleux cadeau.

 

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