La création des futurs (1/4)
Message du Professeur Zolmirel
Je reviens vers vous, mes chers amis, en cette période si propice à la cristallisation du végétal, juste avant sa renaissance. Cette période de votre monde que vous nommez hiver, n'existe que peu sur ma planète, à part en nos contrées des montagnes et des pôles. C'est pourquoi, elle me fascine autant.
Vous en êtes conscients maintenant, votre monde change, et vous avec. Vos organismes s'habituent, chaque jour qui vient, à de formidables hausses d'énergie. Ils peuvent désormais jongler avec bien davantage de possibles.
Sur ma planète, il en a déjà été ainsi, bien sûr et je poursuis donc mon récit de la glorieuse ascension de la planète Ellakhi.
Nous avions élu domicile en une nouvelle contrée, en un petit village agréablement ombragé, et couronné de lumière dorée. Les cultures s'épanouissaient sous les arbres centenaires. Mon ami, le sage Amoni, passait beaucoup de temps à tenter de stabiliser la demeure de l'esprit de Minel, sa radieuse compagne.
J'étais charmé et pour tout dire ébloui de son attitude. Elle était souvent un peu absente, un peu évaporée, allant au jardin pour nourrir les oiseaux, les lézards volants. Elle possédait une affinité profonde avec la vie animale et elle savait s'entourer des êtres les plus craintifs.
Nous passions de longues heures au jardin, moi occupé à dessiner, et à entretenir les massifs par l'esprit et elle à converser avec de nombreux oiseaux.
Ce matin là, sur la terrasse, une sorte de lérot au pelage roux s'était approché de Minel, occupée à feuilleter un ouvrage réservé aux jeunes enfants. Le lérot la fixait d'un air intrigué. Il bondit, sauta sur la table et s'assied d'un air attentif pour la contempler. Minel tendit lentement sa longue main blanche. Le lérot la renifla et l'examina avec curiosité. Il regardait sa propre main et celle de Minel, comme en proie à une intense réflexion.
Je ris de son attitude, car sur mon monde, les animaux sont très intelligents, ils passent beaucoup de temps à explorer, à s'interroger, en vue d'améliorer leur vie. Cette variété de lérot se nourrissait abondamment de fruits, et une entraide importante avait lieu entre les animaux à la saison des grands vents, celle où le soleil décline et où les fruits sont moins abondants.
Amoni s'approcha, une tasse à la main et se pencha vers Minel et moi-même. J'étais occupé à dessiner une très grande chenille jaune couverte de soies orangées sur un buisson. Le lérot frémit et prit la fuite.
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Tu as l'art d'attirer à toi les animaux les plus farouches, exposa Amoni en servant un breuvage qui embaumait, à sa bien aimée.
Minel répondit par un doux sourire modeste et poussa une série de gémissements étranglés. Avait-elle compris ? Je replongeais dans mon dessin, la chenille occupée à dévorer une feuille et quasiment immobile, était un sujet idéal.
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Très beau spécimen, assura Amoni, en me tendant une tasse fumante. Le suc de ces chenilles vénéneuses a de grandes propriétés antibactériennes.
Je remerciais mon ami. Effectivement, une sorte de miellat jaune d'or était exsudé par cette espèce et il suffisait de les brosser délicatement pour le recueillir. Cela permettait d'éradiquer toutes sortes de maladies de la peau très rapidement.
Minel s'approcha de moi et examina mes dessins. Elle était toujours heureuse de voir des représentations très grossies d'énormes araignées, de mille pattes et de papillons. Elle poussa de longs murmures ravis en me lançant un regard admiratif. Il y avait bien sûr beaucoup de dessins de plantes, mais c'étaient les animaux qu'elle préférait.
Elle prit place près de moi et m'entoura tendrement de ses bras en murmurant d'un air comblé. Je devins instantanément d'un rouge assez soutenu. C'était la première fois que Minel me montrait son affection. D'une nature assez timide, je bégayais avec ravissement lorsqu'elle me relâcha.
Amoni éclata de rire face à mon expression abasourdie. Minel s'approcha de lui pour l'entourer avec des gestes immensément tendres. Cette fois, ce fut Amoni qui devint écarlate. Lorsque sa bien aimée le couvrit de baisers, il trouva approprié de l'entraîner au salon.
J'éclatais de rire, ravi de cette communion si intense entre eux. L'énergie d'Amoni s'était stabilisée. La proximité de Minel lui permettait d'offrir son fluide ô combien immense, que d'ordinaire il employait pour soigner les blessés. D'une stature presque identique à la sienne, Minel absorbait aisément la foudre très intense de mon ami sans faillir. Presque aussi énergétique que lui, elle peinait cependant à discipliner ses pensées. Minel avait pris l'habitude de poser ses mains sur le sol, lorsque son fluide se réveillait. Elle comprenait instinctivement que cette énergie pouvait être dommageable pour tous nos appareils délicats.
Fort heureusement, à présent, ils pouvaient demeurer bien plus de temps ensemble. Amoni passait de longues heures avec Minel en promenade, à nommer chaque chose. Elle peinait à articuler, mais prononçait quelques mots, de mieux en mieux.
Ce jour là, Amoni et sa bien aimée devinrent envahis de nombreux éclairs, et ils s'empressèrent de gagner la forêt, improvisant une heureuse promenade.
Zilmis ayant prévu de passer ses journées à l'atelier de réfection de navires, je demeurais donc seul. J'en étais un peu surpris, et réjoui.
Je me dirigeais vers le salon, ayant fini de soigner le jardin, et m'installais à ma place favorite dans un petit fauteuil à ma taille.
Ce que j'espérais se produisit alors aussitôt.
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