Le jour le plus attendu (4/6)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le jour le plus attendu (4/6)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

Je m'éloignais vivement de la demeure en pataugeant dans la boue du chemin, en compagnie d'Erazel.

 

  • Avez-vous donc idée, de filer ainsi dans le vent avec ce frêle esquif ? s'enquit-elle, en avisant le petit cylindre à répulsion, dont l'eau avait formé une flaque sous le siège du conducteur.

  • Je veillerai à ne pas être trop déporté, répondis-je en retournant le vaisseau par l'antigravité, afin de le vider de son eau.

  • Enfin, navigateur Zolmirel, je ne puis vous laisser faire. Souhaitez-vous donc vous retrouver la tête en bas, ou plonger dans l'un de ces marais ! ?

 

Je finis par accepter son aide et reposais le petit transport. J'avais déjà volé par grand vent, mais la situation était différente, il s'agissait de vents tourbillonnants bien plus vifs, où il est bien ardu de diriger un vaisseau.

 

Erazel prit place avec moi dans le vaisseau, et je le fis décoller avec peine. Aussitôt, une arcade s'ouvrit devant nous.

 

Nous l'avons franchie, et le vent cessa aussitôt. Nous nous trouvions en un grand hangar empli de petits vaisseaux identiques. L'absent que je venais précisément de ramener, avait retrouvé sa place.

 

Nous sommes descendus et Erazel émit une sorte de courant d'air tiède, qui nous sécha instantanément, ainsi que le navire. De même la boue qui formait des flaques épaisses autour de nos pieds, disparut du sol et du vaisseau.

 

Je n'osais parler, très impressionné de son action.

 

  • Il en est certes mieux ainsi. L'alien de ménage qui veille sur ce hangar sera bien plus heureux ainsi, éluda-t-elle face à mon air ébahi. Vous avez très bien agi en ce jour, me félicita-t-elle. Il est bon pour un père de sentir le soutien de son enfant.

 

Erazel aurait pu me ramener directement chez moi, mais elle veillait toujours à agir avec prévenance. Le fait de prendre soin des aliens de ménage et des mécaniciens faisait partie de ses habitudes.

 

Elle ouvrit une nouvelle arcade, et je me retrouvais devant le porche de notre jolie demeure. Le vent était moins vif, mais la fraîcheur s'insinuait autour de mon visage. Je voulus la remercier, mais à peine me retournais-je, qu'elle avait déjà disparu.

 

La porte de notre demeure s'ouvrit aussitôt et Zilmis se précipita vers moi pour m'étreindre. Je lui contais par le détail notre entrevue avec mon père et son souhait de redonner vie au jardin.

 

Un Amoni quelque peu inquiet de cette visite tardive vint à son tour. Minel se tenait à ses côtés et je souris largement à les voir ensemble. Ils étaient presque exactement identiques, en taille et en proportions, c'était incroyable !

 

Je me plus à songer à quel point Minel était merveilleuse. Son teint de porcelaine approchait celui de la neige des sommets, parée de rosé ou de bleuté suivant l'heure du jour. Ses yeux étaient tels la glace pure qui s'écoule des sommets, dans la région des montagnes. C'était une grande créature vaillante aux membres délicatement allongés.

 

Elle émit un son aimable de contentement en me voyant, et se pencha pour essuyer mon visage humide.

 

Cela me toucha profondément. Ensuite, nous nous sommes attablés en compagnie d'Orel et Dorian.

 

  • Vous revenez de plus en plus tard, ami, s'amusa Dorian.

  • Il s'agit de mon père. Il avait besoin d'un esprit un peu plus affirmé que le sien, pour faire jaillir sa pensée concernant la réfection du jardin.

  • Il est un peu tard pour œuvrer à cette fin, même si votre soin concernant votre père est admirable. Vous devriez être plus prudent concernant les petits transports du site archéologique. Ils sont en général faits pour remorquer des instruments légers au dessus du sol. Leurs déflecteurs ne sont point assez puissants pour contrer les grands vents qui sévissent dans la contrée des forêts où vit votre père, exposa Dorian avec bonté. Ils ne sont pas censés voler aussi haut.

  • Avec une onde antigravité convenable, il est possible d'y parvenir, exposais-je.

  • Oui, durant un certain temps. Mais l'effort est important, songez-y. Sans vouloir vous vexer aucunement, si vous devez aller en forêt voir votre père plus souvent, il serait bon que vous disposiez d'un vaisseau plus puissant.

 

Zilmis assura que c'était là une idée excellente, et ajouta les siens aux arguments de Dorian, tant et si bien que je ne trouvais rien à répliquer.

 

  • Je ne souhaite déranger personne, exposais-je avec embarras.

  • Enfin, il n'est là nul dérangement, vous le savez bien, répondit Amoni avec chaleur. Le souhait de vous pourvoir d'un nouveau vaisseau est bien plus vif que d'avoir à recoller vos membres ! En tant qu'ami et guérisseur, je vous le demande, ayez la bonté d'accepter.

 

J'acceptais donc, et épongeais mes yeux, ravi de sentir l'amour des miens pour mon humble personne. Encore une fois, c'était l'éloquence d'Amoni qui avait triomphé. L'infinie courtoisie des Kolals était toute à leur honneur, imparable et redoutable à la fois.

 

L'heure du soir s'allongea, et chacun de nous alla s'étendre car l'instant de la prière et du repos était venu. Je m'affairais au nettoyage de la vaisselle, ce qui ne prit guère de temps. Sur mon monde, nettoyer et ranger est rapide et amusant, grâce à l'usage de l'antigravité.

 

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