La rescapée (2/2)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

Nous sommes revenus à notre vaisseau rapiécé. Cette fois, ce furent Orel et Dorian qui se chargèrent du pilotage. Nous étions tous trop bouleversés pour agir. Les êtres de Lumière ont cette capacité merveilleuse de ne pas laisser leurs émotions entraver le cours de leur vie, lorsqu'il s'agit de passer à des choses pratiques et délicates.

 

Un peu secoués, nous sommes entrés au salon, Orel et Dorian se chargeant de la cuisine du soir. Amoni était occupé à s'éponger les yeux, partagé entre une joie infinie, et une peine immense liée à la séparation avec sa bien aimée. Zilmis sanglotait, et je ne valais guère mieux.

 

Je sentais la douleur terrible de mon ami, comme une brûlure liée au manque de l'être aimé. Je l'avais connue aussi, et pour nous, qui sommes des êtres si énergétiques, cette absence est une souffrance.

 

Lorsque vint le matin, je m'éveillais, profondément engourdi. Orel, Dorian et Amoni étaient déjà partis pour le centre de soins. Leur pensée allègre me parvint, un Dorian amusé expliquant qu'Amoni avait été incapable d'attendre, et qu'il s'était éveillé dès l'aube.

 

Un peu soulagé de son départ, je m'affairais. J'étais heureux de ne plus ressentir le chagrin de mon ami, car pour des êtres qui pratiquent la télépathie, nous sommes reliés en permanence au niveau du cœur, et les émotions d'un membre de notre famille affectent tous les autres. J'adressais à Amoni toutes mes pensées de joie et d'allégresse, puis partis m'affairer au jardin. Là, Zilmis était occupé à poser les déflecteurs flambants neufs sur notre vaisseau. Je l'étreignis, et nous avons éclaté de rire, fous de joie.

 

Il avait également commencé par revêtir l'avant du vaisseau de plaques de titanium ultra du plus bel effet, et avait corrigé l'inclinaison d'une partie de la voilure.

 

Tout ceci nous réjouissant grandement, nous avons passé un moment des plus agréables, moi à m'affairer aux plantations et dans la serre, et lui à achever la fixation des nouvelles plaques.

Nous sommes ensuite sortis pour aller visiter les cultures de nos nouveaux voisins. Il y avait là nombre de denrées bienvenues.

 

Comme sur notre monde tout est plus ou moins offert, nous recevons tout ce dont nous avons besoin, en échange de services, de présents, ou simplement de notre travail. Afin de manifester un geste de bienvenue, nous avons offert des livres en échange de provisions en fruits, en condiments et en graines. Il y avait là tout ce que nous ne pouvions faire pousser nous-mêmes.

 

Ce petit lieu agréable ressemblait un peu à une épicerie de par chez vous. Ce fut aussi l'occasion de faire connaissance avec certains de nos nouveaux voisins, spécialisés en préparation de confitures et en fabrication d'ustensiles de cuisine. Les yeux de Zilmis s'agrandirent de joie, lorsque nous eûmes le loisir de visiter un atelier de fabrication de couverts, de plats et de poêles.

 

Nous sommes revenus en soirée avec la joie au cœur, tout heureux de confectionner un gratin, avec une mousseline de champignons.

 

Une heureuse surprise nous attendait. On frappa à la porte, et ma mère, ainsi qu'Erazel entrèrent. Ma mère possède un prénom assez approchant de l'un des vôtres qui est Nelly, et par commodité il est heureux de la nommer ainsi.

Toutes deux ne tenaient plus en place, car une nouvelle des plus heureuses nous parvint. Notre union, à Zilmis et moi-même, avait été agréablement accueillie. Un prêtre avait déterminé la période astrologique la plus propice pour la bénir, et la cérémonie aurait lieu bientôt.

 

Ma mère entra, tout à fait ravie de découvrir notre intérieur douillet décoré de boiseries claires. Erazel était habitée d'une vive allégresse. Nous leur avons servi un gâteau, et elles nous ont félicités avec emphase.

 

• Un pilote et un prescient navigateur ! s'extasia Erazel. Voici un couple des plus à propos pour partir en quête de nouveaux mondes !

• Mais, je n'en suis qu'au début de mon apprentissage, exposais-je.

• Oui, mais la promesse de débuts heureux, laisse envisager un avenir de découvreur de mondes des plus radieux ! lança Erazel.

• C'est bien vrai, exposa ma mère. Et tes ouvrages plaisent beaucoup aux jeunes étudiants.

 

Son compliment m'alla droit au cœur et je demeurais muet de contentement.

Zilmis exposa avec embarras qu'il n'était nullement prescient, mais Erazel eut un sourire énigmatique en lui faisant un clin d’œil.

 

Nous avons conversé joyeusement, jusqu'à la nuit tombée. Peu après leur départ, Amoni, Orel et Dorian revinrent.

 

Ils avaient eux aussi de joyeuses nouvelles. Notre amie allait bien mieux et recommençait à chanter, même si elle ne parlait pas encore, elle pouvait de nouveau formuler des sons. Orel et Dorian avaient passé la journée en compagnie de leurs amis êtres de lumière, puis étaient passés prendre Amoni au centre de soins.

 

Le soir venu, nous nous sommes réunis tous ensemble, afin de prier pour notre amie si attachante. Je visualisais avec soin chacune de ses fibres nerveuses en train de s'étirer et de se reconstituer, pour reformer la nouvelle trame, permettant à sa pensée de se cristalliser pour de bon en son cerveau, puis de s'exprimer.

 

Il ne faisait aucun doute que sa guérison était déjà bien avancée.

 

Je vous souhaite de partager ces moments de connivence absolue avec vos proches aimés. Soyez certains que le destin de notre monde sera aussi le vôtre et cela se fera. Nous vous remercions de manière très vive pour votre intérêt concernant la vie sur les mondes amis.

 

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