Les planètes amies (4/5)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Les planètes amies (4/5)

Message du Professeur Zolmirel

 

 

A mon réveil, je me trouvais toujours à bord du vaisseau lumière. Nous revenions vers les régions plus fertiles du Sud. Le vaisseau se mit à survoler la jungle émeraude, puis se figea subitement.

 

Nous étions parvenus au dessus du grand institut. Les différentes clairières alentours étaient littéralement envahies de navires, et des aliens de provinces très variées descendaient de leurs vaisseaux. Des nuées de reporters et d'informateurs avaient installé leurs objectifs sur les crêtes alentours.

 

Nous allions assister à la transformation !

 

Je n'en croyais pas mes yeux. Cela nous faisait une joie supplémentaire de nous réjouir !!! D'ici quelques heures, le glorieux vaisseau de métal et de céramique prendrait son envol, du moins une moitié.

Je fus rassuré de voir que Nerti et Amoni pouvaient ouvrir les yeux. Eux aussi verraient le décollage !

 

Les êtres de lumière nous invitèrent à prendre place dans un petit vaisseau agréable, et Orel et Dorian activèrent le décollage. Nerti avait bien reçu pour instructions de se reposer, mais il ne tenait pas en place et ne cessait de fixer la fenêtre.

 

Enfin le vaisseau se posa, et Nerti, assis dans un siège flottant que je poussais, put retrouver le professeur Zablinsk, ainsi que Zilner, son jeune frère. Amoni avançait à l'aide d'une canne, un onguent spécial masquant les meurtrissures cruelles dues au froid sur son visage. Erazel et Zilmis lui donnaient la main.

 

Zablinsk nous fit signe de prendre place dans un élévateur, et nous avons rejoint la salle d'envol.

 

Celle-ci était immense, et plus de 3000 aliens discutaient avec allégresse des qualités du futur vaisseau. Un écran géant avait été déployé, afin que tous assistent à l'envol du navire de près d'1,5 km de long. Il était fin prêt pour l'espace et avait pris sa décision.

 

L'envol commença par une cérémonie religieuse. Une vingtaine de prêtres et prêtresses entamèrent un chant solennel, avec un orchestre de musiciens Ilstirr. Ensuite, ils bénirent le vaisseau, les ingénieurs de vol, les experts en gravité et les ouvriers qui avaient conçu le navire avec tant de patience. Je constatais avec plaisir que les ouvriers avaient tous été installés au premier rang, la place d'honneur. Sur mon monde les bâtisseurs étaient très respectés.

 

Le professeur Zablinsk, plusieurs anciens, des professeurs d'astronomie firent des discours brefs, et invitèrent chaque spectateur à prononcer des bénédictions. Enfants et adultes se recueillirent. Puis chacun de nous se mit à chanter le chant d'envol, pour saluer le vaisseau. Nous ne le reverrions plus, du moins, il ne reviendrait plus sur notre monde. Les stations de remisage étaient essentiellement situées dans l'espace pour un navire de ce type.

 

De plus, les experts en agencement des matériaux avaient constaté des déformations structurelles importantes lorsque des esquifs trop imposants devaient atterrir, occupant une vallée entière.

 

Notre chant résonna très fort dans la grande salle et le vaisseau répondit par plusieurs éclats lumineux multicolores. Zilner poussa un long murmure ravi. Un bruit sourd intense résonna, puis le grondement sourd s'amplifia. Les réacteurs, apprêtés quelques jours plus tôt, venaient de démarrer. Une partie de l'écran montra plusieurs aliens experts en timonerie, dont deux ingénieures Kolals remarquables. Le capitaine du vaisseau, un autre Kolal posé aux yeux verts sereins fixait notre assistance avec un bonheur immense. Il félicita toute l'équipe et expliqua quelle serait la trajectoire d'altitude du vaisseau. Des experts en gravité suivraient le navire, à bord de vaisseaux escorteurs pour parer à toute éventualité.

 

Un certain nombre de fermes et d'habitations situées sur la trajectoire d'envol avaient dû être vidées entièrement de leurs occupants pour ce jour exceptionnel. Cela n'avait pas nécessité un grand effort, car bien entendu, chacun tenait à assister à ce jour historique !

 

Assis près de moi, le petit Nerti trépignait de joie dans les bras de son père. Les cuves des réacteurs bleuirent, puis devinrent or, et enfin d'un blanc incandescent. La réaction du cristal était parfaite, et la conversion allait pouvoir maintenant s'opérer.

 

Les opérateurs en translation dimensionnelle n'étaient pas visibles sur les écrans. Ils étaient quelque part, au centre du vaste vaisseau, les yeux fermés, en train de relier leur esprit à celui de leurs confrères. C'était après tout de haute magie qu'il s'agissait, et même les plus éminents chercheurs Kolals n'étaient pas parvenus à mettre à jour les équations de la courbure de la matière.

 

Il y eut une onde psychique soudain très vive, puis l'énergie se replia, et s'épanouit de nouveau, en une note grave qui fit trembler légèrement tout le bâtiment. C'était une sensation merveilleuse et chacun serra la main de son voisin. L'énergie enfla et la silhouette du vaisseau sembla trembler un court instant. Nous avons retenu notre souffle. Je fixais le géant de titanium ultra endormi dans la pénombre, dont seules quelques minuscules fenêtres dorées luisaient sur l'écran. Les agents d'appontement avaient retiré les dernières grues géantes, et les rampes à répulsion se repliaient lentement vers le fond de la cale. A présent, la coque du vaisseau tenait grâce à ses propres vérins magnétiques ! Il y eut une grande ovation.

 

Une onde puissante jaillit, s'élevant vers les aigus, elle devint de plus en plus vive et accéléra. Les réacteurs se mirent à cracher des torrents de photons. Enfin, le proue inachevée du navire se dressa lentement, le vaisseau orienté de manière oblique vers le ciel. Il était impatient d'aller rejoindre son autre moitié qui l'attendait depuis au moins 5 ans.

 

Le sifflement devint de plus en plus aigu, puis le temps sembla vaciller et s'arrêter un court instant. Chacun cessa de respirer. Le navire commença alors à s'éclairer de toutes parts, il devint entièrement lumineux. Un silence absolu suivit ces incroyables instants. Il devint étincelant de lumière, puis en vint à disparaître complètement. Le bruit lui aussi devint inaudible.

 

Ensuite un son plaisant, grave et sourd, tel un gong qui résonne se produisit, et l'instant d'après, le vaisseau réapparut au dessus des montagnes émeraudes du grand institut. Il était passé !!!!

 

 

A présent, il s'élevait glorieusement vers le ciel azur ! Un véritable triomphe salua cet exploit. J'embrassais Zilmis, Amoni et les enfants. Orel et Dorian exultaient eux aussi, et ils étreignirent tous ceux qui passaient à leur portée, qu'il s'agisse d'aliens bleus, roses, ou verts !!! D'ailleurs autour de moi, tout le monde s'essuyait les yeux et étreignait son voisin.

 

 

Notre petit groupe se rassied et Erazel distribua biscuits et boissons à tous ceux qui nous entouraient.

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