Les planètes amies (3/5)
Message du Professeur Zolmirel (suite)
Chacun de nous s'attabla, à l'exception de Nerti et Amoni, toujours inconscients et entourés d'un épais duvet chauffant. Mon ami au teint si clair était couvert de brûlures écarlates dues au froid. J'étais abasourdi de sa résistance. Nerti, lui, ne possédait que des brûlures sans gravité au niveau de ses mains et de ses orteils.
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Rien de grave, nous assura Erazel. Aucune glace ne semble infranchissable à un parent pour sauver son enfant. Votre sensibilité a été remarquable. Vous avez aussitôt décelé où il se trouvait, lança-t-elle en me regardant. Et vous, vous avez découvert ce vaisseau ! complimenta-t-elle Zilmis.
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Un modèle très intéressant, d'un coloris peu conventionnel, s'amusa mon ami. Je ne comprends pas pourquoi Nerti a pris un tel risque, soupira-t-il.
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Nul péril n'est trop grand pour rouvrir la porte de toute un monde. Nerti a ouvert un passage subtil, vers le royaume de ses ancêtres, vers la race oubliée, émit Erazel. Je vous dois quelques explications... soupira-t-elle, et pardon si je vous ai fait quelques cachotteries.
Nous lui avons assuré que nous ne lui en voulions aucunement.
Erazel a mangé lentement un petit beignet et s'est exprimée directement par l'esprit, car cela est bien plus commode.
Un flot d'images nous envahit aussitôt, ainsi que son fluide agréable.
« Nerti est un découvreur, nous dit-elle. Je guette ce cher petit depuis son enfance, et il ne cesse de m'étonner. Vous vous souvenez très bien du jour où il s'est avancé vers cette pyramide, en pleine jungle, alors qu'un rayon d'énergie fondamentale en est sorti ? Il a été quelque peu meurtri et Dorian a choisi d'apparaître à cet instant pour soigner la brûlure de Nerti, tout en s'assurant que ses corps subtils n'avaient pas été dérangés. On peut dire que cet enfant est un sacré farceur, et que rien ne l'effraie ! La pyramide a lu sa signature énergétique, et a depuis tissé un lien avec lui, avec sa forme de vie, les aliens Denakhs. Les pyramides des êtres de lumière sont vivantes et conscientes, elles habitent plusieurs dimensions et sont aptes à travailler dans l'invisible pour matérialiser toutes sortes de choses, des portails énergétiques, principalement, des sites de guérison et des lieux de captation de fluides.
Il en est aussi qui songèrent autrefois à en faire des armes défensives, mais cet usage est passé depuis sur ce monde. Nous avons également appris que les armes sont source de malheur et de destruction de la vie. Nous utilisons plutôt des formes de pensée agissantes, qui sont bien plus efficaces et bien moins dangereuses.
Nerti lui est un enfant et la pyramide, ainsi que les esprits qui y siègent, en accord avec l'esprit-mère de votre monde, ont décidé de recréer différents portails subtils. Ces portails étaient apparus au temps des anciens et étaient régulièrement utilisés. En raison de l'activité impérialiste de certains peuples, les spoliateurs de mondes, beaucoup se sont fermés sur notre planète. »
Chacun de nous était figé de stupeur par cet incroyable récit. Erazel nous avouait là toutes ses activités, depuis des années, et nous témoignait donc d'une confiance encore plus grande.
« Ces portails semblaient vouloir réémerger, nous expliqua-t-elle. Les astrologues étaient d'accord là dessus, il se passait quelque chose et l'arrivée des êtres de lumière a précipité les choses. L'activité énergétique de notre planète a grandement augmenté.
Plusieurs foyers de convergence ont été découverts. Nous cherchions à savoir bien sûr où le prochain portail réapparaîtrait. Je me doutais bien qu'il se rouvrirait non loin du grand institut. C'est ce qui s'est produit, et bien sûr, le petit Nerti était directement concerné. Évidemment, aucun d'entre nous n'aurait fait courir de risque à votre enfant, assura Erazel, avec émotion. Ce monde est plus souvent composé de jungles que de glaces et nous ne pouvions prévoir l'environnement arctique qui allait se présenter à Nerti.
Il avait voyagé très loin et j'ai mis un peu de temps à le rejoindre, soupira-t-elle, et à vous retrouver. »
« J'en conviens, soupirais-je, car cela est beaucoup d'aventures. Personne ne vous en voudra... Que va-t-il se passer maintenant ? »
« Vous avez vu l'esprit-mère et c'est d'elle dont dépend toute la suite. Nerti n'a fait qu'accomplir ce qu'elle lui a demandé, le saut vers l'impossible. Il a tracé un nouveau chemin. »
Et la pensée d'Erazel cessa sa course, chacun de nous s'étendit sur son siège douillet, pour une bonne nuit de repos. L'éclairage du petit vaisseau diminua fortement, nous avons aussitôt plongé vers le sommeil.
Au matin venu, une lueur aveuglante inondait l'habitacle. Erazel avait dégagé quelques fenêtres par l'esprit pour nous permettre d'y voir plus clair. Je m'empressais de nettoyer les plaies de Nerti et d'Amoni, toujours inertes, puis y étalais un onguent. Elles présentaient une allure rosée et violacée un peu alarmante, mais je savais que cela était normal.
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Je me demande bien où se trouve le four ? Et il n'y a presque plus de farine, ni de tubercules, exposait Zilmis avec quelque désarroi.
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Ce vaisseau est un navire médical de premier choix, il n'est point destiné à être le lieu d'un concours gastronomique si vous voulez mon avis, s'amusa Erazel. Nos amis les êtres de lumière y ont placé essentiellement des mets d'hiver.
Après une courte collation, Erazel agit pour dégager la neige de la surface de notre petit vaisseau. Je clignais des yeux, le soleil inondait la plaine de glace d'un éclat magnifique. Pour une fois, j'étais content de le voir. Je sortis brosser les réacteurs pour y retirer la neige, muni quand même d'un déflecteur.
Peu de temps plus tard, notre vaisseau était fin prêt. Erazel fit chauffer les réacteurs qui émirent une légère vapeur et contrôla l'appareil.
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Nous sommes parés, annonça-t-elle.
Installé aux commandes, Zilmis éleva un peu la vitesse des réacteurs et abaissa le levier magnétique. Le navire s'éleva de quelques mètres, puis jaillit vers le ciel.
Un peu plus heureux malgré notre repas frugal et sa frustration culinaire évidente, Zilmis parvint à sourire. Je me plus à songer à notre foyer douillet qui nous attendait, habitué de voir Amoni et Zilmis discuter de gastronomie, en de plaisantes conversations ponctuées des images les plus prometteuses.
Cependant, en ce jour étrange, d'autres fins nous attendaient. Je me retournais, avisant un éclat doré, et réalisais qu'un sillon doré étincelant s'élevait de la glace, juste à la verticale de notre sillage. C'était le passage du petit vaisseau qui créait cet étrange phénomène. Quelque peu effrayé, je fixais Nerti, toujours endormi. Un éclat doré puissant jaillissait de ses mains pour former comme une corde de lumière !!!
Erazel réalisa mon effroi et me fit un clin d’œil rassurant. Elle semblait considérer ceci comme très ordinaire. Incroyable !
Vivement concentré sur son pilotage, Zilmis ne s'était pas rendu compte de cet éclat doré immense. Sa pensée me parvint et je réalisais qu'il pensait à une nouvelle variété de cocktail aux fruits, sûrement en raison de toute cette glace.
Peu à peu, la silhouette rassurante du géant de lumière se dessina dans le lointain. Le vaisseau volait à basse altitude. Il se figea à notre approche. Le petit vaisseau décéléra et entra dans un grand hall brillant fastueux. Nous sommes descendus et un véritable concert avec un chœur joyeux d'êtres de lumière salua notre arrivée. Orel et Dorian nous étreignirent, et des soigneurs se chargèrent de nos deux compagnons blessés.
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Il sera très vite remis, exposa Dorian en fixant les mains dorées du petit alien endormi. Ce qu'il a accompli est à peine concevable pour un enfant si jeune. Normalement, les passages sont ouverts par des enfants un peu plus âgés, d'environ 11 ans.
Je fixais la plaine étincelante par une baie vitrée et je frémis, car quelque chose semblait jaillir du sol. Lentement, sous nos yeux incrédules, une pyramide fastueuse s'éleva, jusqu'à une hauteur prodigieuse. Constituée entièrement de cristal, elle était parcourue d'une énergie dorée qui semblait comme vivante. Puis, elle cessa de croître et se figea, un rayon doré fusant de son sommet, en vaste éclats concentriques.
La symphonie des êtres de lumière devint une véritable ovation, je me sentis inondé d'un amour prodigieux et je perdis connaissance.
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