A la croisée des mondes (5/5)
Message du Professeur Zolmirel (suite)
Là, nous avons aidé Gaya à préparer des mets pour le midi en relatant notre récit. Après un moment agréable, il était temps pour nous de revenir en notre jolie demeure. Zilmis et moi-même nous sentions dégagés de tout, agréablement allégés. Nous allions être heureux, vraiment très heureux. Tant pis si sa famille refusait notre bonheur. Nous lui avions tendu une perche, à eux de la saisir ou pas. Je souris largement, alors qu'il me relatait par le menu détail ses escapades passées dans la montagne, en compagnie de son oncle et sa tante.
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Finalement, je crois que ce sont eux qui t'ont donné le goût de l'aventure. Cela ne t'a jamais quitté, dirait-on ? Il était juste enfoui en toi ! Je suis très fier que tu aies réussi à exprimer ton ressenti comme en ce jour, lui assurais-je.
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Je n'y serai point arrivé sans toi, ni sans vous tous, exposa Zilmis. Quelle merveilleuse manière de parler, fit-il à Amoni. Vous êtes si brillants, tous à votre manière.
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Il est des occasions où savoir bien parler est une aide heureuse et assez considérable. Après c'est aussi aux élans du cœur de s'exprimer spontanément. Il faut juste du temps pour qu'ils parviennent à sortir chez certains. Les nôtres, les Kolals, malgré notre extrême courtoisie, pensons qu'il est bon de laisser parler les émotions, avec des mots soigneusement choisis. Nous sommes toujours prompts à converser, et cela est un bienfait, conclut Amoni.
Il en était indubitablement ainsi. Après nous être promenés un long moment en pleine nature, nous étions un peu fatigués et heureux de retrouver notre vaisseau. Là, une surprise de plus nous attendait. Erazel devisait avec un alien au visage familier. Mon père était là ! Cela me fit l'effet d'un choc puissant.
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Que faites vous donc en ce lieu ? m'étonnais-je.
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Votre appel a été entendu, ami, exposa Erazel. Il m'a paru juste d'intervenir pour converser avec un jeune marié des plus épouvantés. Je crois qu'il m'a pris pour quelque génie des montagnes singulièrement courroucée, et qu'il va faire très attention pour se montrer bon avec son épouse. Il faut dire que la foudre est un atout frappant en ces circonstances, fit-elle avec un ample sourire.
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Et bien sûr, exposa mon père avec allégresse, je suis venu aussi, pour parler aux parents de Zilmis. Il y avait là un petit nabot grisâtre des plus vils qui a fait obstacle. Ce qu'il était vilain ! J'ai pourtant réussi à lui dire à quel point j'étais fier de toi. Je lui ai dit qu'il n'y avait pas de meilleur fils que toi dans tout ce quadrant-ci. Et aussi que pour notre famille, la venue de Zilmis était un grand honneur, une bénédiction absolue. Il a fini par se calmer, ensuite, ses parents ont consenti à m'écouter.
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Tu lui as vraiment dit cela ? demandais-je avec ébahissement.
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Oui, en effet, répondit mon père avec une tranquille assurance. Et ta mère a l'intention de venir leur parler demain. Ils ont intérêt à s'accrocher s'ils ne veulent pas que le toit de leur maison s'envole... ! C'est peut-être pour cela qu'ils vivent dans une grotte...
Chacun de nous éclata de rire. La venue de ma mère était également une heureuse surprise. J'appris également qu'Oralecto avait décidé d'aller « faire un tour », chez les parents de Zilmis. Sa venue toujours discrète et spectrale, risquait de leur causer un choc certain.
Nous sommes remontés à bord de notre vaisseau. Mon père et Erazel étaient occupés à deviser sur la manière de préparer certaines herbes sauvages. Nous les avons laissés en cette prairie paisible. Comme les anciens savent si bien le faire, Erazel pouvait se déplacer quasi instantanément en quelques secondes vers un lieu de son choix.
Je me mis à somnoler dans le vaisseau, Zilmis tout près de moi, bercé par la pluie subite de la jungle. J'entrevis une jolie demeure branlante, couverte de bâches et d'échelles.
Mon père avait commencé à remiser la demeure qui bordait la forêt. Il logeait pour l'instant dans le rez de chaussée de cette dernière, le temps que le toit de l'étage soit réparé. Par mesure de précautions, les anciens avaient entreposé ses livres en un temple voisin, le temps que les travaux soient achevés.
Tout était donc pour le mieux. Je ressentais une très grande joie en songeant à quel point mes proches avaient été là pour moi en ces moments intenses que nous venions de vivre. Je vous souhaite à tous de connaître la même grâce, amis souriants de la Terre bleue. Recevez toute ma gratitude pour ouvrir si grands vos cœurs et les emplir de lumière.
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