Le rayonnement du monde intérieur (1/3)
Message du Professeur Zolmirel
Je suis votre ami à tous, présent en ce jour nouveau en vos esprits souriants. Je suis heureux de vous conter ce qu'il advint de notre folle équipée, vers les rivages intérieurs de notre sphère.
Cette aventure mémorable, m'avait permis de revoir mon père, Ektamirel, fait inespéré entre tous. Nos retrouvailles avaient été bouleversantes et je me rendis alors compte, combien il avait pu me manquer.
Avec mes amis, Zilmis et Erazel, nous apprenions chaque jour davantage à le connaître. Il nous expliquait quelles incroyables découvertes il avait pu effectuer, concernant l'épanouissement de la vie végétale. Ma mère Zephira, devenue Zephirel, me manquait également. Chez nous, lors d'une union, le nom qui est choisi est celui qui possède la plus jolie sonorité. Le prénom est suivi du nom, pour ne former qu'un seul mot, même s'il existe des variantes en d'autres contrées.
Nous étions arrivés depuis peu et fraîchement reposés, et mon père s'était fait un devoir de nous emmener vers une destination bien étrange.
Nous marchions en une jungle qui semblait millénaire, au point que les troncs des arbres immenses avaient tout envahi, de même que leurs racines. Ce lieu était enchanteur, malgré la pénombre émeraude qui nous surplombait. Nous devions suivre mon père avec précautions, pour ne pas nous perdre, car cette forêt était d'une taille prodigieuse.
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Ce lieu que vous vous destinez à nous montrer est-il encore éloigné ? demanda Zilmis. Voici bien deux heures que nous marchons.
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Ce lieu se mérite, exposa mon père. Vous verrez que lorsque vous pourrez le contempler, vous serez heureux d'être parvenus jusqu'ici.
Notre marche s'interrompit brusquement, peu après. Nous nous trouvions désormais face à une immense paroi de pierre, fort lisse, de couleur gris bleu. Mon père eut un petit rire, et nous montra un escalier interminable, qui semblait pour ainsi dire monter jusqu'au ciel. Commença alors une longue ascension. Elle n'était pas aisée pour nos petites jambes, et je réalisai que les êtres qui avaient taillé ces marches avec une telle perfection devaient être bien plus grands que nous.
L'escalier se mit à serpenter, emprunta un tunnel de verdure et ressortit de l'autre côté de la montagne, nous révélant les alentours en une vue à couper le souffle. Un peu abasourdis, nous nous sommes reposés en prenant une petite collation. Malgré son très grand âge, Erazel était parfaitement à l'aise et ne soufflait mot, perdue en une félicité très vive. Elle semblait enchantée que ce soit Ektamirel qui ait pris la tête de notre expédition, car c'était elle qui avait tenu ce rôle jusqu'alors, nous permettant d'échapper à de très nombreux périls.
Je devinais que malgré son apparente décontraction, elle scrutait tous les alentours, avec la sensibilité propre aux prescients et aux navigateurs. Lorsqu'elle m'adressa un sourire encourageant, je devinais que de bonnes choses nous attendaient, bien certainement, et que nous étions parfaitement en sécurité, malgré les passerelles de bois branlantes qu'il nous fallut emprunter à plus de 1500 mètres du sol. Nous étions tous bien fatigués, mais nous marchions d'un bon pas, aidés de nos facultés antigravitationnelles. De telles facultés transforment une randonnée exténuante en paisible cheminement. Hélas, bientôt, le soleil de ce monde étrange, nous frappa de son ardente face, et nous nous sommes trouvés dans un état de tétanie intense, causé par la chaleur. Erazel nous tendit des ombrelles à Zilmis et à moi. Mon père et elle, semblaient mystérieusement à l'abri de tout inconfort. Je sentis ruisseler subitement une cascade d'eau fraîche au ras de la paroi et me précipitais. Cette chaleur aurait été fort acceptable pour les vôtres, mais notre peuple des marais et des terres d'altitude aime la fraîcheur relative. S'il vous arrive de croiser un amphibien en fâcheuse posture, vous comprendrez de quoi il en retourne. Ne manquez alors donc pas de l'arroser.
Notre peuple est assez proche des tortues, et aussi des grenouilles par certains aspects, en dehors de la fragilité de leur peau humide. La nôtre étant par endroits assez fine et souple, se dessèche vite, surtout au niveau des membres, qu'il faut à tout prix protéger au moyen de crèmes. C'est aussi la raison pour laquelle nous aimons à être habillés de grandes étoffes, qui nous épargnent de pénibles brûlures.
Munis d'ombrelles et couverts de crème protectrice, nous avons pu reprendre notre marche sans encombres, Erazel cueillant même pour nous des fruits rafraîchissants que nous avons dégusté à l'ombre, tout près de ce sommet émeraude superbe.
Rassurés par ce spectacle agréable, nous étions emplis d'une joie croissante et aussi d'une sorte d'excitation que nous peinions à contenir. Loin devant nous, une sorte d'arcade de pierre jaune dorée se dressait, avec un certain nombre de fresques.Nous nous sommes approchés à pas mesurés. Ce fut alors qu'un spectacle mémorable nous parvint. Un peu plus loin devant l'arcade, une vive lumière blanche éclatait d'un halo fantastique. Elle nous attirait et nous effrayait en même temps.
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Il faut entrer dans la lumière, exposa mon père d'un ton important.
Il franchit l'arcade, et disparut aussitôt. Nous étions stupéfaits et trop surpris pour réfléchir. D'un même élan, nous l'avons suivi aussitôt, abandonnant toutes nos peurs derrière nous.
La lumière mystérieuse me fit l'effet d'un bain chaud, mais plaisant, une vague très agréable me traversa entièrement. Cette présence voyait tout au cœur de mon être, elle savait tout ce que j'étais ou n'étais pas en cet instant, mais ne s'en offusquait aucunement. J'étais aimé, accepté, sans la moindre hésitation. Zilmis me fixa avec un immense contentement, lui aussi avait ressenti cette merveilleuse acceptation !
Le passage s'ouvrit devant nous, révélant un sentier ascendant, garni de belles habitations, sculptées par un procédé mystérieux dans la paroi. Les fenêtres en étaient un véritable joyau d'architecture, où se mêlaient guirlandes florales et ornementations en forme de fines colonnades. Je réalisais que de part et d'autres, s'élevaient les façades d'une sorte d'immense palais. Un peu plus haut, des demeures très accueillantes entourées de jardins, de cascades et de beaux arbres fleuris s'élevaient sur la montagne.
Nous étions muets de stupeur, reconnaissant des aliens de peuples variés, tous luminescents, de même que de grands humanoïdes fort beaux, dont certains étaient sans nul doute androgynes. Chacun de ces êtres paraissait plongé dans le contentement le plus parfait. Ces êtres souriaient et répandaient de doux voiles de lumière, comme s'ils cherchaient à nous offrir un peu de leur bonheur.
Ektamirel en salua plusieurs qu'il semblait bien connaître et se dirigea vers le haut de la montagne.
Là, s'ouvrait un bien vaste jardin de guérison, où la nature, un peu sauvage, avait créé le plus fascinant assemblage de coloris qui puisse être. Muets de ravissement, nous avons parcouru ce superbe lieu, où par endroits, de petites zones cultivées apparaissaient. Une pénombre merveilleuse s'étendait autour des arbres en fleurs, et malgré l'exposition assez vive, le soleil nous frappait modérément, sans que je sois capable d'en comprendre la raison.
Nous avons marché longuement au cœur de ce jardin absolument gigantesque, où les experts de ce lieu avaient aménagé également de nombreuses fontaines, avec des cultures d'algues parfaitement épanouies qui se gorgeaient de cette eau si pure des sommets.
Mon père nous invita à en boire, et chacun d'entre nous l'a trouvée exceptionnelle. Je réalisais avec beaucoup de joie, que toute ma fatigue s'était complètement envolée.
Emplis de contentement, nous nous sommes dirigés vers une allée centrale, menant à une nouvelle porte de lumière, bleu pâle, cette fois.
Chacun de nous l'a franchie avec une grande aisance, découvrant juste après un spectacle des plus insolites.
Cette fois, le courant énergétique me causa une paisible sensation de fraîcheur. Je contemplais d'un air émerveillé une très haute construction qui nous faisait face. Juste devant nous, se tenait une pyramide absolument gigantesque, d'environ 300 mètres de haut, avec à son sommet, une étrange forme bleutée qui tournoyait.
J'observais mieux, et constatais qu'en réalité, le sommet était un très gros cristal, de couleur bleutée. Taillé en forme de losange, il était d'une beauté exceptionnelle. Son éclat était très vif, pourtant, nous pouvions le fixer sans aucune peine. Nous l'avons longuement contemplé sans parler.
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Quel est ce prodige ? osais-je demander.
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De la matière inverse est prisonnière à l'intérieur de ce cristal, c'est ainsi qu'il flotte et que son énergie est présente dans le sol, le sous sol. La pyramide est une réplique de ce cristal, un catalyseur géant, et elle possède la même forme. Très loin sous le sol, sa pointe renversée plonge, permettant d'étendre la radiance bleue à toute votre planète, celle des uranides.
Nous connaissions bien l'uranium et les uranides étaient les roches qui en contenaient naturellement, comme le pechblende. Elles étaient censées détenir quelque pouvoir mystérieux de régénération tissulaire, sur les végétaux et les animaux. Nos savants les avaient donc étudiées de très près, découvrant que ces roches permettaient de véhiculer l'énergie tellurique au système racinaire des plantes, et également, aux planètes, afin qu'elles puissent rayonner l'énergie de vie. Nos experts avaient étudié également d'autres roches, comme la magnétite, afin d'améliorer la réénergisation des blessés. Ils avaient découvert les pouvoirs de la lumière colorée, de certains cristaux, qui correspondaient à certaines longueurs d'ondes, sur lesquelles le systèmes cellulaires vibraient.
En générant ces longueurs d'ondes, on aidait un organisme vacillant à se stabiliser et Amoni, était passé maître dans cet art.
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Cette pyramide est connectée à toutes celles qui ornent la surface de votre planète. Vos prêtres le savent, et les processions de malades suivent exactement les lignes énergétiques qui relient ces sites entre eux. De même qu'ils boivent l'eau qui a été irradiée puissamment par ces cristaux. D'autres pyramides siègent aussi sur vos planètes sœurs. Elles servent aux Grands êtres pour se déplacer par delà les univers connus. Il en résulte un très grand bienfait. A présent, vous savez tout, mes chers enfants.
Cette fois, Erazel avait parlé, et je vis l'éclat de son regard rejoindre parfaitement celui de mon parent, comme les si grands sages pouvaient se comprendre ! A nouveau, un sentiment puissant de perfection m'envahit de la tête aux pieds. Baignés d'une douce euphorie, nous nous sommes étreints en ce lieu paradisiaque, contemplant à loisir des formes de vie splendides, à demi phosphorescentes, qui se plaisaient en un tel environnement.
Avec Zilmis, nous avions l'impression d'être revenus au Royaume des Bienheureux, sauf qu'ici, une forme d'énergie extrêmement vive siégeait, comme une vibration, que nous avons ressentie peu à peu de manière plus forte.
Je ressentais comme des secousses électriques, puis, peu à peu, vint une sorte de vibration.
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Il est temps de partir, exposa Erazel. Il ne faut pas trop s'exposer au départ. Ce lieu est nouveau pour nous après tout.
Un peu à regrets, mais heureux d'échapper aux vibrations incommodantes, nous l'avons suivie, franchissant de nouveau la porte de lumière. Elle nous mena vers une petite grotte et nous sourit d'un air mystérieux.
Elle leva la main en un geste ample et aussitôt, un passage subtil se dessina. A peine un quart de seconde plus tard, nous le franchissions et nous nous retrouvions devant notre jolie petite demeure.
Erazel nous fixa et éclata de rire.
- Vous devriez vous voir tous les deux ! s'amusa-t-elle.
Assez surpris, je fixais Zilmis et je réalisais qu'il était entouré d'un magnifique éclat saumon. Il sourit à son tour, appréciant vivement de toute évidence, la lumière bleu vert qui m'entourait dorénavant. Je réalisais que mon père, lui, était entouré d'un éclat blanc argenté, alors qu'Erazel diffusait une belle lueur jaune d'or.
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Cela va un peu durer, s'amusa Erazel. Puis, vous retrouverez votre éclat ordinaire lorsque vous reviendrez en des zones moins radiatives. Le corps sait s'adapter.
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Et pourquoi rayonnons-nous la même couleur que notre teint ? s'étonna Zilmis.
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Parce qu'il s'agit de vos corps émotionnels, les plus proches de votre corps physique et que cette lumière vous plaît réciproquement. Songeriez-vous à rayonner d'une autre couleur ? s'enquit-elle.
Nous avons convenu, assurément, que ces éclats nous plaisaient au plus haut point. Effectivement, Zilmis possédait des yeux bleu clair, et un teint saumon remarquable, et il fallait dire que cette radiance le magnifiait encore davantage. Erazel avait le teint un peu plus foncé, un peu plus bleu et mauve que le mien. Quant à mon père, il était d'un bleu vert plus clair, un peu plus gris, et ses yeux bleu noirs étaient superbes.
Nous nous sommes étendus, méditant et nous reposant en vue de l'heure du soir. Nos émotions avaient été riches et très intenses. Tout le jour durant nous avions chevauché, ne nous rendant nullement compte du temps qui passait ou de la distance en cet étrange lieu. A notre retour, pourtant, fort peu de temps avait défilé, à peine quelques heures. C'était consternant, car le soleil semblait être remonté sur l'horizon.
Peut-être des phénomènes comme les décrochages de temps étaient-ils bien fréquents en ce lieu ?
Mon esprit s’éloigna, entrant en une douce contemplation. Je m'approchais d'un autre espace psychique, désormais familier, celui où je pouvais retrouver ma famille, le sage Amoni et ses deux fils, Nerti et Zilner.
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