Le rayonnement du monde intérieur (2/3)

Publié le par Aurélia LEDOUX

Le rayonnement du monde intérieur (2/3)

Message du Professeur Zolmirel (suite)

 

 

La pensée de mon ami me parvient avec beaucoup de netteté. Ses deux fils et lui avaient participé à des expériences tout à fait palpitantes au grand centre de guérison. Ils avaient tenté de rassurer une dame alien mystérieuse, incapable de parler. Pour notre monde, ce type de créature était une sorte de miracle. Bien sûr, il était très attristant qu'une alien demeure incapable de s'exprimer, mais les grands sages et les prêtres éprouvaient pour ces enfants purs, une sorte de vénération religieuse. Ils étaient convaincus que la lumière de l'âme brillait plus magnifiquement chez de tels êtres ingénus, que chez un alien de science des plus habiles. La dame mystérieuse avait été arrachée à un sort peu enviable, car les généticiens pratiquant le clonage, ne toléraient aucunement ceux qu'ils nommaient « rebuts » ou « imparfaits », qui étaient purement et simplement supprimés.

 

Nous, au contraire, étions tout à fait ravis de leur présence. Les guérisseurs veillaient à stabiliser leur état émotionnel et les prêtres les invitaient à venir s'approcher des sites sacrés. Évidemment, les guérisseurs souhaitaient rendre leur intégrité neurologique à ces êtres, et les prêtres y étaient un peu opposés. Dès lors, un compromis avait été trouvé. Les êtres à la cognition non pleinement installée étaient soignés au bout d'un certain temps, afin qu'il puisse exister toujours suffisamment de ces êtres lors des grandes cérémonies. Étant donné que de nombreux aliens déficients ou absents existaient chez les hors mondes, les guérisseurs et les prêtres étaient ravis de les accueillir.

 

 

 

Totalement oublieux de ces divergences entre les prêtres et les guérisseurs, Nerti et Zilner étaient ravis de se rendre au centre de soins, où des experts tentaient d'entrer en communication télépathique avec de nombreux aliens incapables de parler. Étant donné leur âge, on les avait affectés au quartier où vivaient les plus jeunes immatures.

 

Patients, ce jour là, Nerti et Zilner attendaient sur un siège, concentrant leurs pensées vers une petite silhouette à peine visible. C'était un exercice plutôt difficile. Le petit clone qu'ils devaient contacter ce jour là était terrifié, le pauvre avait rampé sous une table et s'y terrait, fort peu décidé à en sortir.

 

Nerti avait entrevu l'espace d'un instant le bras et le flanc du malheureux, couvert d'un bandage impressionnant.

  • Il a peur de nous deux, conclut Nerti après un instant. Et je suis le plus grand. Il vaut mieux que je sorte, tu auras plus de chances sans moi.

 

Le petit alien sortit, laissant le frêle Zilner tenter d'approcher par l'esprit le farouche petit clone. Zilner se leva de son siège et s'assied sur le sol, afin de paraître encore plus minuscule. Il faisait de son mieux, mais le sillage émotionnel du petit clone était étouffé par des pensées de peur sans nom, liées à des explosions multiples. Zilner attendit sans bouger.

 

Enfin, une série d'images lui parvinrent. Un navire minier habité de féroces lézards avides avait tenté d'attaquer une base stellaire galactique, installée sur une lune minière. Cette lune abritait, entre autres, d'importants gisements de métal et de diamant rose. Les récents traités sur la stabilisation des mondes, interdisaient formellement d'exploiter une sphère de vie à venir, sous peine de sévères représailles. Les planètes et lunes constituées, c'est à dire sphériques, étaient protégées par ce traité. Seuls les astéroïdes, les ébauches de mondes, pouvaient être exploités librement, de même que toute épave ou débris spatial.

 

La pensée se précisa, et Zilner, vit un superbe vaisseau cuivré essuyer un tir de barrage fatal, détruisant, une partie de la propulsion arrière. Des dizaines de petits êtres graciles se précipitaient dans l'espace pour réparer et souder hâtivement des parois de blindages. Le petit clone courait, courait dans un couloir, entrant dans un sas et enfilant sa combinaison à toute allure, il attachait un filin de sécurité et rampait en souplesse sur le propulseur gauche géant du lourd navire, afin de rejoindre une dizaine d'autres petits clones, occupés à remplacer des câbles. Il y eut soudain une terrible explosion. Le petit clone poussa un long cri d'épouvante, sa vue se brouillant, il se mit à tourbillonner en gesticulant en tous sens pour se raccrocher à quelque chose. Mais, c'était impossible, il s'éloignait du vaisseau à toute allure. Les autres clones restés sur leur position tentèrent de lui lancer un câble, en vain, le câble était trop court, et tout allait tellement vite. Son cœur se serra, il allait mourir bientôt. Le petit être entra tout naturellement en stase, pour limiter les pertes d'énergie. Son corps s'engourdit, et le froid, un froid intense, y pénétra.

 

 

Il s'éveillait sous l'effet de la douleur qu'il repoussait courageusement. Il ne pouvait plus bouger à présent et il tourbillonnait toujours. Autour de lui, il n'y avait que le vide, immense et glaçant. Étrangement, quelque chose de lumineux et semble t-il, de très grand, semblait grossir à vue d’œil. Une sorte de minuscule vaisseau s'en détachait et approchait. Le petit clone cessa de tourbillonner, sous l'action d'une énergie inconnue, il se stabilisa et fut aussitôt entouré d'une sorte de gaz chaud. Un bras articulé se déplia et le saisit avec douceur, comme on peut cueillir une fleur, puis le déposa dans un hangar. Le sas se referma et des silhouettes d'un blanc éclatant approchèrent, si brillantes, qu'il ne pouvait voir leur visage. Le petit clone se convulsa de peur et sanglota. Des mains emplies d'énergie lui ôtèrent son équipement et il fut emmené en une très belle salle dorée.

 

  • Du calme mon enfant, nous allons nous occuper de toi, murmura une voix amicale. Ton appel a été entendu.

 

 

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